Souvenirs en textes

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La mort d'AC2 m'a été assez douce, parce que j'en étais loin et que j'évitais d'y penser (et aussi, soyons honnête, parce que j'avais perdu depuis beau temps tout espoir de le voir se relever). Mais AC2 a été pour moi de beaucoup plus qu'un jeu ; il a été mon premier vrai MMO, celui sur lequel je me suis installée, auquel j'ai consacré des centaines d'heures. C'est aussi grâce à lui que j'ai la chance d'avoir pu réaliser en partie mon plus vieux rêve, faire de la plume un métier. J'avais promis aux potes que je posterais "ma" chronique AC2, à savoir mon tout premier texte publié, quand il se serait passé assez de temps pour que ça ne pose pas de problème légaux - et puis, bien sûr, j'ai oublié.

En souvenir du bon vieux temps ; en souvenir de mes premiers donjons ; en souvenir de mes premiers dragons ; en guise d'au revoir aux terres que j'ai si longtemps foulées et aux joueurs que j'ai si longtemps fréquentés... Je dédie la chronique à Aliena, par qui tout est arrivé, et à Yusai, mon monarque AC2, ainsi qu'à tous ceux qui m'ont fait passer de bons moments en jeu.

J'espère que ceux à qui AC2 a inspiré des écrits viendront les poster à la suite, histoire d'ensevelir la pierre tombale sous une tonne de bouquets


***


Chasse au dragon

Moi qui m’étais planifié une petite après-midi peinarde, à lézarder sous le soleil de printemps... J’avais même emmené ma guitare pour quelques impros en solo. Beh c’est raté : réquisitionnée pour la chasse au tyrant, et au pas de course !

Un moars et ça repart

L’avantage de la chasse aux moars, c’est qu’on n’a pas besoin de s’y rendre en armure blindée lorsqu’on est un guerrier expérimenté. J’ai donc dessanglé mon plastron de guerre pour enfiler un léger justaucorps rouge, seyant à souhait. Okay, peu de chances que je rencontre un beau lugien mâle dans les parages, mais je roule des hanches à tout hasard, en éviscérant les moarsman d’une épée distraite. Ces gros euh… machins – difficile de trouver un terme qui les caractérise mieux – tiennent de l’hybride entre un batracien géant et un ours imberbe au dernier stade d’une épouvantable maladie de peau. Leur odeur est aussi proprement insoutenable. Mais j’ai promis à Poussin III (je me perds un peu dans les noms de nos derniers protégés) de lui offrir une armure forgée sur mesure ; et dans le genre supermarché sur pattes, on n’a rien inventé de mieux encore que les moarsman sur tout Dereth. Je fais donc fi de l’odeur pestilentielle le temps de récolter les matériaux qui me seront nécessaires, tout en surveillant les alentours au cas où : on trouve fréquemment des plantes rouges à teintures dans la région, et j’en fais une grande consommation.

22 les gars, vla le patron

Un appel attire mon attention et me détourne du génocide en cours : c’est le patron, c’est Yusai, c’est mon boss à moi ! Il s’adresse à tout le clan :
- Les gars, j’ai besoin de quelques volontaires pour une petite chasse au tyty couveur, on n’a plus de trophées en stock.
Un moarsman plus téméraire que ses comparses profite de mon immobilité temporaire pour s’essayer avec l’énergie du désespoir à déchirer mon armure de ses griffes palmées. J’encaisse patiemment ses coups le temps de répondre à l’appel.
- Vous avez déjà trouvé un tank, Yu ?
Un tank, c’est… un gars comme moi. Enfin, une gonzesse, en l'occurrence. On ne tape pas très fort ; on ne tape pas très vite ; on n’a pas la mémoire nécessaire à l’apprentissage de sorts très complexes ; mais alors, qu’est-ce qu’on encaisse ! Nous sommes nécessaires dans un groupe comme… absorbeurs d’attaques. Nous injurions, titillons, exaspérons nos cibles afin qu’elles laissent en paix les vrais tueurs. Un rôle un peu ingrat, mais que je n’échangerais pour rien au monde : l’ivresse d’être en première ligne vaut tous les honneurs du monde.
- Nop, on a pas de tank, ramène tes fesses au hall, Maoh ! me répond mon bien-aimé suzerain.
- Eh oh eh hein, pas sur ce ton ! grommelle-je, avant d’entamer la lente incantation magique qui me téléportera au hall de la guilde.
Frénétique et puant plus que jamais, le moars poursuit ses efforts ; alors que le portail se matérialise lentement devant moi, il parvient enfin à passer une attaque qui laisse une goutte de sang perler sur ma peau.
- Bien joué, vieux, ai-je le temps de glisser au moars épuisé avant d’être engloutie dans le tunnel.

Concertation…

J’émerge au hall, ouvrant grand les yeux pour m’accoutumer à la pénombre qui y règne, puis rejoins Yusai et la petite troupe, que j’examine d’un œil dubitatif.
- Euuuuuuh dites les gars, je sais bien qu’on part pour une chasse plutôt peinarde, mais peut-on vraiment se passer de soigneur ?
Faut dire, je me méfie. Mes aptitudes secondaires font de moi une bonne soigneuse d’appoint, rôle dont je déteste avoir la charge : j’ai un mal fou à me concentrer à la fois sur les insultes dont j’abreuve mes cibles ET sur une surveillance efficace de la santé de mes compagnons.
- Gromf arrive, me rassure Yusai.
Excellente nouvelle ! Les sages lugiens soignent à la fois les blessures et l’énergie de leurs compagnons. Lorsque je me joins au groupe, les blagues fusent déjà :
- Et alors je lui dis : « Tu rigoles ? Avec ce cure-dents ? » et paf ! Je lui explose le crâne en un tournemain ! Eheheh…
- Eh eh Baran
- Trop fort Baran
- Salut les gars, les interromps-je ; quand vous aurez fini de mesurer le tour des chevilles de Baran, l’un de vous pourra aller choper le portail couveurs pour en faire profiter le groupe ?
- C’est fait ! me rétorque jovialement Barandos, le plus immodeste de tous mes compagnons de guilde.
L’arrivée de Gromf complète notre petite troupe : nous nous préparons alors au combat. Une onde de lumière rouge m’indique que Gromf vient de lancer un puissant sort de vitalité ; Lesdre affine nos réflexes de combat et améliore notre vitesse de course ; j’invoque un cercle de protection d’armure… Quand la ronde des buffs s’achève, notre vaillante petite troupe ressemble à une de ces fichues guirlandes clignotantes de Noël qui mettent systématiquement le feu au sapin (chez moi en tout cas). Barandos incante alors le portail vers Gevoth, la région glacée de Linvak où sévissent les tyrants couveurs et leurs portées…

Action !

Tandis que je fais un petit détour pour aller me rafraîchir (la séance moarsman m’a laissé une sale odeur sur la peau), mes compagnons repèrent le terrain. Lorsque je les rejoins, le silence s’est fait et la tension est palpable : notre proie n’est plus loin, je l’aperçois à mon tour… Les archers du groupe plissent les yeux pour mieux viser la bête immense ; lorsque la première flèche s’abat sur lui, le dragon noir tourne sa tête reptilienne pour nous couler un regard mauvais, hésitant encore à quitter sa couvée. Tout le jeu consiste à l’attirer loin d’elle : les jeunes tyrants qui l’entourent sont quasi inoffensifs, mais ils sont nombreux et nous compliqueraient singulièrement la tâche. Sous la volée de flèches, le tyrant grogne, ploie le cou, bat furieusement des ailes puis se met enfin en marche, abandonnant ses rejetons piailleurs derrière lui.
- C’est parti ! s’écrie joyeusement Barandos, préparez-vous au combat !
Tandis qu’il invoque un golem des sables, je m’avance de quelques pas : mon rôle sera faire en sorte que la tête du reptile soit toujours tournée vers moi, afin que le reste du groupe soit à l’abri de sa gueule aux crocs acérés, vomissant un feu liquide dévastateur (étonnez-vous que je sois chauve…). Le tyrant n’est plus qu’à une trentaine de mètres, son pas pesant ébranle le sol, je continue à jouer de l’arc – maladroitement… mon arme, c’est l’épée ! – afin qu’il me choisisse comme cible des jets de flamme dont il ponctue son avancée.

Nous contrôlons la situation. Si si.

Un cri perçant d’Ix, notre sorcier, nous fait tourner la tête :
- Deux shreths ravageurs nous ont repérés ! Ces saloperies viennent de me déchirer l’épaule… Attention, ils approchent, je crois bien qu’ils vont s’inviter au combat !
S’avancent en effet deux shreths aux allures simiesques qui, s’aidant de leurs longues pattes antérieures, avalent à une allure redoutable la distance qui les sépare de notre troupe. Ix réagit aussitôt en leur lançant des sorts affaiblissants, qui ralentiront leur vitesse de course, leur vitesse d’attaque, ainsi que leur résistance générale.
- Gromf, mon gros, c’est le moment de nous prouver tes talents d’hypnotiseur, lance Yusai. Charme-nous le couveur pendant qu’on se débarrasse des shreths.
Tandis que le reste de l’équipe se rue sur le duo, Gromf se concentre. Si son charme échoue, il sera la prochaine cible du tyrant, et il lui faudra courir pour éviter les sphères de feu liquide ; or il doit rester immobile pour régénérer son énergie... Il lève son bâton et incante : las ! Le flux d’énergie est absorbé par la carapace chitineuse de la bête, qui poursuit sa course !
- J’ai échoué ! Asheron tout puissant, viens-moi en aide ! hurle Gromf, qui retrousse le bas de sa robe et commence à courir.
Le spectacle est aussi pataud qu’attendrissant, mais nous n’en sommes pas moins dans une situation impossible. Je stoppe net la course que j’avais amorcée vers les shreths pour me ruer sur le tyrant couveur : il FAUT que je détourne son attention de Gromf ! Je psalmodie un chant de vitesse et, dans un élan désespéré, me jette contre le corps immense, lacérant son torse sensible de mon épée… juste au moment où un nouveau charme de Gromf l’atteint ! Hélas, je ne suis pas assez vive pour stopper mon attaque à temps et je brise instantanément l’hypnose.
- Maoh, boulet… marmonne distraitement Yusai – faut savoir qu’ils sont un peu blasés, je ne sais pas comment je fais mon compte mais je suis une spécialiste chevronnée du faux pas.
Peu importe, la situation est stabilisée : le reste de l’équipe achève le duo de shreths tandis que j’encaisse tant bien que mal les coups du tyrant. Bientôt mes compagnons me rejoignent, mon corps se galvanise des soins de Gromf, puis c’est la ruée générale. Les épées fouillent la chair, les flèches chantent, les flux d’énergie traversent l’air et s’immiscent entre les larges écailles de la bête, qui s’épuise peu à peu sous l’assaut… La terre s’imbibe de sang, bientôt le dragon ploie et s’écrase pesamment au sol. Le bougre ne nous fait pas même la grâce de nous délivrer un trophée à sa mort ! Peu importe, la chasse ne fait que commencer…
Tout simplement prenant!

Merci!!!

Dis moi, tu pourrais m'envoyer par mp ( ou alors utiliser directement de post ) une descriptions un peu plus détaillé des persos? J'aimerais bien faire un dessin qui représenterais ton histoire, ou en tout cas une scène importante.

Merci beaucoup!
Oh ben tu penses, je serais ravie de voir un dessin de la scène, ça me rappellera le bon vieux temps ! Alors, les persos...

- Barandos, elem lulu, accompagné de ses inséparables fiends des sables -> http://www.royaute-rpg.com/galerie/A...0002/cap44.jpg

- Gromf, sage lulu (pas trouvé de photo) habillé en bleu foncé je crois ? et un gros bâton bien lumineux...

- Ix, sorcier humain (pas trouvé de photo)

- Lesdre, tumi zelote (pas trouvé de photo)

- Maoh, guerrière humaine -> à gauche sur http://www.royaute-rpg.com/galerie/A...1/fifilles.jpg

- Yusai, juggernaut lulu -> http://www.royaute-rpg.com/galerie/A...cap102%7E0.jpg
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