Cet été 2018, beaucoup de vacanciers ont expérimenté le naturisme. D'après la F.F.N., il y a maintenant 4,7 millions d'estivants naturistes (2,1 millions de Français pour 2,6 millions de touristes étrangers), je dois m'en assurer autant que je le peux, mais je crois bien qu'il y a eu un bond d'un peu plus de 10% entre 2017 et 2018. Il progresse ainsi depuis 2015, en réaction aux attentats d'alors, du réchauffement climatique (à cause de l'image écolo que les naturistes se donnent), quelques évènements médiatiques organisés qui en font la publicité alors qu'avant il n'y en avait pas, d'informations inattendues : voici que le maillot de bain, en plus d'être fait de constituants cancérigènes est aussi très polluant dans l'eau... Une aubaine, vraiment. Et puis, parce qu'une fois qu'ils l'ont essayé, les vacanciers continuent à le pratiquer.
Moyennant quoi, des chaînes de campings se convertissent (le public cible doit représenter à peu près 7% des vacanciers) et l'on peut même, occasionnellement, trouver certains campings qui sont pleins de hollandais (à 50%) et tenus par des hollandais, par exemple, et qui se trouvent bien là, chaque été, quelque-part dans un coin de France où l'on y avait pas pensé...
Il reste maintenant à ce qu'il se diffuse un peu partout, et si possible de manière pas systématiquement payante (campings, centres de loisirs, etc.) pour que tous puissent le pratiquer sans qu'il y ait besoin de sortir le porte-monnaie. Pour cela, il faut obtenir de nouvelles autorisations municipales. Il n'y en a qu'une centaine d'écrites, et sur le territoire, ce n'est pas beaucoup. Surtout pour un pays qui est sa première destination mondiale et a Atout France, l'Office de Tourisme National, qui envoie des ambassadeurs partout dans le monde pour faire sa promotion auprès des anglais, allemands, suédois et hollandais, notamment.
Tout est affaire de bonne volonté de chaque côté.
Du côté naturiste, ses pratiquants rechignent à se faire connaître de la mairie ou de l'office de tourisme de peur du ridicule (parce qu'il y a des offices de tourismes locaux, très nouilles, qui dès qu'ils ont une visite de touristes intéressés par le naturiste le publient dans leurs perles !
). Du coup, ils se mettent à un endroit où parfois ils sont inattendus et gênent. Mais c'est peu fréquent. Par contre, ce qui arrive et qui est chiant, c'est qu'ils aient une zone et fassent du hors-zone. Là, ils se font enguirlander et ce n'est pas pour rien.
Du côté municipal, c'est bien beau de mettre une interdiction du naturisme en tel endroit pour trouble à l'ordre public, encore faut-il ensuite faire l'effort d'en trouver un autre où il pourra être pratiqué sans qu'il en cause un, ce qui est possible dès lors que des pancartes signalent l'endroit. On arrive à des situations farfelues où une milice de quinze personnes s'en est allée déloger des naturistes à Saint-Anne en Martinique où le naturisme n'est pas autorisé – Tout le monde peut s'auto proclamer gardien de l'ordre, vous savez ? –, quand la ville de Saint-Anne a 22 kilomètres de plages. Bon, s'il n'y a pas la place de mettre tout le monde contents, c'est que la mairie n'est pas très volontaire... À un moment donné, c'est aussi une affaire de vivre ensemble. Chacun doit faire des efforts de son côté pour s'assouplir vis-à-vis de l'autre.
Nous sommes français et nous aimons toujours être plus compliqués administrativement que les autres. Là, où ça ne pose pas de problèmes en Espagne, Allemagne et ailleurs, faut que ça fasse des histoires à droite et à gauche. Tantôt, il a fallu calmer des policiers municipaux du Gard qui avaient interpellé des naturistes allemands, commissariat, prise d'empreintes et tout, les touristes allemands qui rentrent chez eux totalement affolés, Atout France qui gueule (merci l'image qui ruine leurs efforts). On est plus en 1950, les gars... Mais bon, ça devient de plus en plus rare, maintenant.