Divertissement : les champignons du Septentrion sauvage

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Alors que les arbres et la végétation s'étendent à perte de vue dans cette forêt située en plein coeur du Septentrion sauvage de Nexus, nous allons nous intéresser à un petit buisson isolé parmi les grands conifères et jouxtant deux rochers aux formes presque identiques. Pourtant, au premier regard, rien ne le distingue des nombreux buissons des alentours. Le vert de ses feuilles n'est ni plus tendre ni plus lumineux que celui des autres ; sa taille et sa forme correspondent en tout point aux standards botaniques relevés par l'Académie ; et sa variété demeure très commune. Alors pourquoi devrions-nous nous intéresser à ce buisson, telle est la question légitime qui vous vient à l'esprit. Et bien rapprochez-vous et tendez l'oreille, vous allez comprendre pourquoi...

- Je pense... non, je suis absolument certain que c'est celui que je cherche, prononce dans un murmure exalté une voix masculine tout droit sortie du buisson. Tu le vois Eléa ?

- Mouais... répond, également en chuchotant une autre voix, mais beaucoup moins enthousiaste et au timbre plus féminin. C'que j'vois, c'est surtout un tas de champis dégueux.

- Ben justement, c'est grâce à ces champignons putrides et vérolés que je sais que c'est lui ! Il est le seul à en avoir d'aussi abîmés. Alors maintenant, écoute-bien attentivement le plan que nous allons suivre. Un : tu t'approches discrètement ; deux : tu tires sur l'un des champignons ; et trois : c'est bon...

Après quelques secondes de silence, la voix de celle qui porte le nom d'Eléa reprend :

- Comment ça : trois c'est bon ? Il s'arrête là ton plan ? Non mais je rêve ! Si c'est bien un Ogracine là-bas sous les champignons avariés et que je tire d'un coup sec l'une de ses parties... charnues, j'ai quelques bonnes raisons de penser qu'il va moyennement apprécier l'Ogracine... il va certainement réagir.

- Mais oui, il va réagir et c'est justement ce que je veux qu'il réagisse, une pointe d'exaspération perce clairement dans la voix de l'homme. Pas besoin d'avoir effectué de longues et difficiles études scientifiques comme j'ai pu le faire... contrairement à toi... pour deviner qu'il y aura une réaction. Action : tu tires, réaction : la créature sort de sa tanière. La suite, c'est mon affaire ! Etude, scan et analyse...

- Et moi, pendant ce temps là... j'fais quoi ?

- Tu l'occupes, le distrais et maintiens son attention sur ta personne. Chacun son rôle... il ne faut surtout pas qu'il me gêne durant mon observation. Allez vas-y.

- Gaeth... tu ne me pousses pas comme ça, s'exclame Eléa qui vient d'être éjectée du buisson.

Eléa apparait donc devant nous. Elle s'efforce de retrouver son équilibre suite à cette bourrade dépourvue de tact. Un observateur, même le plus dépourvu du sens de l'observation, remarquerait immédiatement qu'Eléa est une Aurin. Mais une Aurin différente de celles que l'on croise habituellement sur la planète Nexus. Ses cuisses sont plus grassouillettes, ses bras plus potelés et une petite bouée de chair recouvre toute la circonférence de sa ceinture. Nul doute que notre observateur verrait dans la forme légèrement disgracieuse de la jeune femme, les signes d'une maternité en cours. Cette surcharge pondérale ne semble plus inesthétique lorsque l'on sait qu'à l'intérieur de ce corps temporairement déformé, une petite créature grandit et s'apprête à rejoindre notre monde.

Mais, l'attention de notre observateur serait accaparée par un autre point singulier chez cette Aurin. En effet, outre sa grossesse avancée, Eléa possède une paire d'oreilles insolite. Son oreille droite ressemble à toute les oreilles Aurin : fine, le poil satiné, longue et la plupart du temps tendue vers le ciel. En revanche, la gauche est... plus courte... très courte... c'était un moignon d'oreille, d'à peine quelques centimètres. Un quart oreille en fait...

- Ok, ok...répond Gaeth. Bon maintenant, tu avances et tu vas cueillir un champignon.

Eléa, après un soupir d'exaspération, vérifie les griffes fixées à ses poignets puis se dirige vers sa cible. Elle avance avec grâce et dextérité malgré son maternel fardeau. Aucun bruit ne trouble le silence, nul son ne s'élève sous ses pas. Elle contrôle sa respiration ; sa silhouette se confond avec celles des arbres : comme tout bon rôdeur, elle est presque invisible.

- Hé, psssitttt Eléa... l'appelle Gaeth.

La jeune Aurin s'arrête, fait un petit écart sur le côté afin d'être visible et se retourne en direction du buisson. Elle dresse la longue griffe acérée de son index et la place devant ses lèvres : signe universel ordonnant le silence.

- T'as encore pris du poids, non ? demande Gaeth. Un bon gros paquet de kilos... Tiens c'est simple, d'ici... on croirait que t'es enceinte?

Eléa écarquillent les yeux, fronce les sourcils et tend son index vers Gaeth en guise d'avertissement et reprend sa marche silencieuse.

- Soeurette... ils sont au courant les parents pour le bébé ?

Cette fois, Eléa offre à la vue de Gaeth - qui est donc son frère - un autre doigt : celui qui vient juste après l'index et avant l'annulaire.

- J'hésite sur l'identité du papa... continue Gaeth sans tenir compte des avertissements de sa soeur, soit Charecq le colon qui a agité devant toi la menace de l'extinction des Aurins et t'a convaincue de participer activement à la perpétuation de l'espèce... ou Artor l'explorateur dont la soif de découverte vous a entraîné tous les deux dans l'inspection des recoins les plus secrets de ton être.

Eléa s'arrête une nouvelle fois. Ses doigts se referment pour former deux petits poings. Elle les sert si fort que ses articulations blanchissent. L'oreille droite frétille de colère et pointe vers l'arrière. Le moignon de son oreille gauche est douloureux. Dans ses yeux, on discerne une puissante colère mais aussi la promesse qu'un crime de sang particulièrement violent va bientôt se commettre dans ou derrière le buisson

- JE NE SUIS PAS ENCEINTE(*), hurle Eléa.

Ce cri résonne dans toute la forêt. De nombreux petits animaux bondissent d'un peu partout à la recherche de cachettes plus profondes et plus sûres. Des oiseaux s'envolent dans de frénétiques battements d'ailes vers des horizons plus paisibles.
La terre, à quelques mètres des pieds d'Eléa, là où se trouvent les champignons infects, s'agite et se soulève. Une créature hybride surgit de la glèbe.
Bonne nouvelle pour Gaeth : les champignons appartiennent bien à un Ogracine.
Mauvaise nouvelle pour Eléa : l'Ogracine la pointe de ses tentacules, il la désigne comme son futur repas.

A suivre...


(*)Nda : Oh lecteur, puisses-tu avoir l'indulgence de bien vouloir pardonner l'erreur d'interprétation commise un peu plus haut. Je t'assure que le corps d'Eléa présentait tous les symptômes d'une grossesse... d'une grossesse bien avancée.

Dernière modification par Et alors ; 09/06/2013 à 13h10.
- Allez, sors le grand jeu soeurette, fais-moi danser cette bestiole et ne me déçois pas, l'encourage Gaeth bien à l'abri dans son buisson.

Les dimensions de l'Ogracine qui se tient face à la "soeurette" sont bien supérieures aux normes enregistrées par l'Académie concernant cette espèce. Une créature de trois mètres de haut, reposant sur de nombreux tentacules chacun deux fois plus grands que la jeune Aurin. En termes d'allonge, on relèvera donc un léger avantage du côté du monstre. En outre, le corps de ce dernier, en forme de ravissant chapeau de bolet, est suffisamment volumineux pour la contenir entièrement. Finir dans l'estomac d'un champignon constituerait une fin bien ironique pour une gourmande comme Eléa.

- Il est énorme... et il sent très mauvais, parvient à dire Eléa.


- Reste concentrée soeurette, reste concentrée, s'il te plaît ! Bon, je t'explique ce que tu vas faire. Pour commencer, tu...

Bien que plusieurs études (dont le sérieux et l'exhaustivité ne sauraient être remis en question) aient été menées par les scientifiques de l'Académie sur l'Ogracine, aucune ne mentionne la patience et la courtoisie chez cette créature. Ainsi, au mépris de toutes les règles de bienséance, le monstre n'attend nullement la fin des explications de Gaeth et débute le combat par un crochet de l'avant-dernier tentacule gauche et un direct de l'antépénultième droit. Eléa a juste le temps de placer ses griffes devant son visage pour bloquer ces deux attaques ; mais la puissance des coups est telle, qu'elle est projetée en arrière quelques mètres plus loin.

- Cette puissance ! s'enthousiasme Gaeth. Il est superbe : quelle bête fantastique. Je le savais !

L'Ogracine rebondit sur ses tentacules et se déplace en direction d'Eléa allongée sur le sol. Une fois arrivé à sa hauteur, il lance tour à tour chacun de ses tentacules avec l'intention manifeste d'embrocher sa proie. Eléa se contorsionne, bouge le bassin vers la gauche, puis vers la droite, roule sur le sol, s'appuie sur un tentacule, exerce une pression de ses deux mains et pousse dessus pour revenir à son emplacement initial : elle parvient ainsi à éviter les coups de son agresseur. Pendant ce temps, Gaeth active son Mechascan et entame son protocole d'analyse.

- Au secours, s'écrie Eléa en panique... j'crois que j'vais mourir !

- Mais non, mais non soeurette, la rassure son frère, distrais-le encore deux ou trois petites minutes et j'aurai ce qu'il me faut.

-Il est trop fort et très rapide, s'exclame Eléa en ramenant ses genoux près de son visage afin d'éviter qu'une de ses jambes ne soit transpercée.

- Oui, c'est un Alpha, une créature supérieure... et... Gaeth s'interrompt. Il vient de relever une singularité. Ses yeux s'arrondissent pendant qu'il semble compter quelque chose. Il écarte les feuilles de l'arbuste dans lequel il est toujours dissimulé afin d'améliorer sa visibilité. C'est impossible...

Eléa pose ses mains à plat sur le sol, concentre toutes ses forces dans ses poignets et pousse très fort vers l'arrière. Elle glisse d'un bon mètre et évite alors une nouvelle pluie de coups. Mue par des décharges continues d'adrénaline, elle se relève, constate qu'il manque un bouton à sa tunique, passe une main dans ses cheveux pour rabattre une mèche mutine, se demande pourquoi elle obéit constamment à son frère, aperçoit sous l'Ogracine le bouton manquant de sa tunique, ressent une légère faim, associe la notion de coupe-faim avec des champignons, associe les champignons à l'Ogracine, conclut qu'elle n'a plus faim, réalise qu'elle est essoufflée, observe sa taille, pense qu'elle a effectivement grossi, se dit qu'elle préférerait être actuellement en train de faire du shopping avec Jeene sa meilleure amie dans un marché de Thayd, jette un nouveau coup d'oeil vers le bouton, essaye d'imaginer ce que Jeene est en train de faire et se réfugie derrière un arbre ; tout cela en moins d'une seconde !

- Eléa... reprend le combat, ordonne son frère. Il faut que tu retournes l'Ogracine vers moi. Je dois vérifier quelque chose.

En effet, Gaeth est certain d'avoir dénombré sept tentacules sous l'Ogracine. Or, selon le bestiaire officiel de l'Académie sur le Septentrion sauvage : "L'Ogracine est doté de trois à six tentacules, qui lui servent également de racines lorsqu'il s'enterre..." Il serait donc le premier scientifique à avoir observé un Ogracine à sept tentacules ! Cela pourrait constituer la découverte scientifique de l'année. Une découverte qui consacrerait son auteur. La gloire et les honneurs à l'horizon... Telles sont les pensées de Gaeth.

"Avec une telle découverte, je vais sortir de l'ombre ! s'imagine-t-il. On va m'interviewer. Peut être même que les journalistes de la gazette Deradune vont solliciter une interview exclusive !"...

- Eléa... sois mignonne soeurette, reprend Gaeth, un sourire aux lèvres et avec le ton légèrement blasé de celui qui se croit bientôt célèbre, place cet Ogracine en face de moi... veux-tu ?


- J't'emmerde !

- Pardon ! Quoi ! Non mais qu'est-ce... oh... c'est pas possible, balbutie Gaeth surpris par une telle incongruité dans la bouche de sa soeur et, surtout, choqué par cette irrévérence envers sa future notoriété. T'as dit quoi là... répète un peu pour voir !

- J't'emmerde !

- Non... tu l'as répété ! Mais tu ne sais pas qui je suis. Tu sais qui je suis ?

- Faut vraiment que je réponde, ironise Eléa. Non mais je demande ça car je ne pense pas que ma réponse va te plaire... frérot.

- Frérot ! J'vais venir te montrer si je suis un frérot... avec une leçon de bonnes manières en prime...

- C'est ça... viens... faut déjà que tu sortes de ta planque.

L'Ogracine reste sur place. Il est désorienté par cet échange de mots et de sons qu'il ne comprend pas. En revanche, il réalise rapidement que ce n'est pas un, mais deux casse-croûte qui s'agitent autour de lui. L'un derrière un arbre et l'autre dans un buisson. Il espère que le second, celui caché dans l'arbuste, sera aussi appétissant que le premier : avec autant de chair molle autour de son centre et des petits membres inférieurs aussi potelés. Cette promesse de festin et l'impatience de découvrir à quoi ressemble le second plat rompt la stupéfaction dans laquelle il demeurait plongé. Il reprend le combat et déploie brusquement ses tentacules vers le tronc derrière lequel l'entrée de son copieux menu tente de se dissimuler. C'est un coup magistral, d'anthologie : rapide, précis et violent. Un coup digne de figurer dans l'almanach des sports Ogracine si ce dernier existait. Les tentacules traversent le tronc et atteignent Eléa en plein visage.

- Celle-là, ma p'tite grosse, tu ne l'as pas volée s'écrie Gaeth. Mais Eléa ne l'entend plus... elle n'entend, ni ne voit plus rien. Elle s'est... évanouie.

A suivre...

Dernière modification par Et alors ; 04/06/2013 à 21h48. Motif: Changement de police
Oui, elle a peut être mérité un petit recadrage (question de point de vue) mais Gaeth a conscience que la jeune personne insolente, impolie et maintenant allongée sur le sol à la merci d'un Ogracine est sa petite sœur. L’instinct fraternel qui semblait sommeiller profondément en lui ces dernières minutes se réveille et, tout en s’étirant, lui rappelle qu’un grand frère doit veiller sur sa sœur et la sauver en cas de danger. En outre, la compréhension et l’indulgence des parents avaient leurs limites, jamais ils ne lui pardonneraient l’ingestion d’Eléa par un monstre, même si ce monstre est le seul à posséder sept tentacules. Sa mère avait refusé de lui adresser la parole pendant plusieurs mois après l’accident d'oreille d'Eléa. C'était lors d'une partie de chasse aux scrabions ; sortie dans laquelle il avait emmené sa sœur malgré l'interdiction des parents. Pour justifier cette escapade, il avait soulevé de nombreux arguments : l'avancée des lumières, le développement des connaissances animalières et même l'accroissement du savoir universelle, mais aucun n'avait atténué la colère de sa mère. Elle l'avait puni et interdit toute sortie scientifique ou autre durant trois mois. Alors, si Gaeth retournait seul à la maison, il aurait quelques ennuis et sa vie prendrait une tournure très carcérale.

Il faut donc sauver Eléa !

Oui mais comment ?

Gaeth n'a pas d'arme et dispose seulement de son Mechascan. Une idée surgit alors dans son esprit : distraire l'attention de l'Ogracine pour l'éloigner de sa sœur et en profiter pour tenter de la sauver. Il place donc son Mechascan devant la tête de la créature. L'appareil commence par effectuer des vrilles, puis à émettre des sons, scintiller de différentes couleurs et finit par tournoyer dans tous les sens sous les yeux de l'Ogracine.

Cher lecteur, je te propose maintenant de vivre une expérience hors du commun et sans précédent. Si tu es d’accord, nous allons traverser ensemble la peau épaisse, la chair visqueuse, les tissus filandreux et le crâne solide de l’Ogracine afin d'étudier le fonctionnement de son système nerveux ; les conséquences des stimulations de son colliculus supérieur ; l'effet de l'excitation de ses neurones et l'activité de son cortex cérébral. Tout cela afin de mieux appréhender le système complexe de formation de ses pensées. Partons ensemble pour un voyage au cœur de l'esprit et de l'intelligence.

Les pensées de l'Ogracine : "Viande 1 fait dodo. Viande 2 cachée dans buisson. Manger viande 1 vite puis manger viande 2 après. Tiens quoi ça (le Mechascan vient d'apparaître). Ça tourne. Bip. Bip. Rouge. Bip. Bleu. Bip. Ça tourne. Ça viande 3 ? Quel goût ? Bip. Jaune. Boum ... ... ..."

La tête, la moitié du corps et la plupart des tentacules de l'Ogracine viennent d'exploser. L’œil hébété et la bouche ouverte, Gaeth regarde sans ciller ce qui reste de la créature... pas grand chose en fait. Il constate également que son Mechascan a disparu... aurait-il explosé et provoqué cette déflagration ? Comment cela est-il possible ? Un début de réponse à cette dernière question apparaît sur sa gauche. Dans son champ de vision, Gaeth aperçoit le bout d'un énorme canon de pistolet. Ses yeux remontent l'arme, distinguent une petite main, un poignet grêle, un avant-bras court, un bras sans biceps ni triceps, une épaule menue, le tout surmonté du visage un peu sale d'une petite fille blonde humaine toute souriante.

- Papi, t’as vu comment j'lui ai pété la tronche à l'Ogracie, s'écrie en sautillant la petite fille en question.
- Amandine ! s'exclame un homme à la voix particulièrement grave.
- Pardon papi, s’excuse la fillette en baissant les yeux. J'voulais dire : as-tu remarqué comment j'ai mis un terme définitif au sombre et belliqueux projet de l'Ogracie.
- Comment t'as mis un quoi... au quoi ? Interroge la voix grave. Je comprends rien Amandine. Mais la phrase correcte c’est : t’as vu comment j'lui ai pété la tronche à l'O...gra... cine... Ogracine pas Ogracie.
- Ah d'accord !


Gaeth se retourne et découvre l’homme à la voix grave. Humain lui aussi, plutôt âgé pour ceux de son espèce comme en témoigne ses cheveux grisonnants, il possède toutefois une carrure remarquable… en forme de cube. Aussi large qu’épais, l’homme lui rappelle les gros frigos présents dans le laboratoire de l’académie et dans lesquels on entrepose divers spécimen et échantillons encombrants.

- Pardon mon gars, dit l’homme massif en dépassant Gaeth et en prenant la direction d’Eléa toujours inconsciente sur le sol.
- Non mais vous êtes qui tous les deux ? demande Gaeth qui retrouve petit à petit ses esprits.
- Ca doit être comme ça qu’on dit merci chez les Aurins, répond l’humain. Mais de rien mon gars, tout le plaisir était pour nous.
- Je ne suis pas votre gars,
fait remarquer Gaeth. Et je ne vous ai rien demandé. Je maîtrisais parfaitement la situation avant votre arrivée. J’allais…
- Ca pour gérer, tu gérais mon canard,
l’interrompt l’homme. T’étais super bien parti pour connaître le grand secret.
- Quel secret papi, quel grand secret il allait connaitre le monsieur Aurin ? demande Amandine en ouvrant grand les yeux. Le concept de secret pique la curiosité de la fillette. Allez dis-moi quel secret ? S’il te plaît. Je ne le répèterai pas ! Promis.
- Si les p’tits anges dans le ciel sont aussi adorables que toi ma chérie, répond le grand-père.
- Pfff, soupire Gaeth, balivernes et fable humaine ces histoires d’anges et de vie après…
- Mon canard, tu deviens grossier là
, lance l’humain en durcissant le ton. Et je n’aime pas qu’on se moque des choses auxquelles croit ma p’tite fille. Si elle croit aux anges, tout le monde autour d’elle doit y croire ou faire semblant d’y croire. Sinon je m’énerve et quand je m’énerve…
- Quand il s’énerve papi, il donne des torgnoles,
complète Amandine. D’ailleurs, le surnom de papi c’est H la Torgnole enchantée. Les gens qu’en ont pris une et qui se sont réveillés un jour disent tous que cette torgnole a changé leur vie. Pas à cause des greffes de peau sur le visage et de l’abonnement à vie chez le dentiste, mais plutôt à cause d’un changement profond en eux… une sorte de truc mystique, un joyeux bouleversement, le bonheur d’être vivant et de pouvoir aller chez le dentiste… bref, une vrai métamorphose.
- Hein… quoi… aïe ma tête… c’est l’heure de manger ?


Eléa revient enfin parmi nous.

A suivre…
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