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Et il faudrait, vous dites,
Plus encore être myope, accepter de voir flou
Ces gens toujours pressés, ces gens qui courent partout ?
Ou bien s'époumoner en inutiles discours
Contre d'autres encore vêtus de beaux atours
Et qui pensent lutter, en se faisant statues,
En posant, juguler ce trouble de la vue ?
Non merci ! Encenser comme eux l'apoésie,
Ce langage fonctionnel qui est tout sauf fleuri ?
Ne plus compter fleurette mais compter autre chose
Et sans arme, sans magie, ne plus oser dire j'ose ?
Reculer devant ceux qui ne souhaitent que parler,
Leur refuser ce voeu, préférer batailler,
Emousser ses armes et son ardeur au front
Et ne pas donner corps, âme, à ses illusions ?
Non merci ! Profondément aller s'emmurer
Dans un fort, un atelier, une gangue d'ixpés,
Sous l'armure, sous la robe, oublier le roleplet
Et ne pas prendre le temps de s'arrêter souffler,
De déloger ce voile mais aussi de parler,
De faire briller le beau, révéler ces joyaux ?
Non merci ! On devrait apprécier de se battre
Plutôt que de chanter, de rire ou de débattre,
Toujours sur le métier remettre son ouvrage
Ne pas être le héros qui revient de voyage,
Chargé de belles histoires ou d'autres plus riches encore
Mais bien être enchaîné toujours aux mêmes efforts ?
Non merci ! N'être, las, que cet acteur qui s'applique
Mais s'est trompé d'une scène, qui ne donne la réplique
Qu'à des bouts de costume, sans oser pousser fort
Et les murs et le ciel et le reste du décor ?
Se contenter enfin de posséder du vent ?
Non merci ! Non merci ! Non merci ! Mais aimer,
Rêver, vibrer comme la corde d'un arc sans flèches,
Chant
*BLAM*
Colegrahm, barde de trois jours, sentinelle qui ne voit jamais rien venir (notamment pas les jumeaux Epik, ses prétendus amis), druide de protocole censé parler des milliers de langue alors qu'il a déjà bien du mal avec le daocien, mais surtout... ovate (on l'ovationne bien fort ? Non ? Dehors ? Okay okay okay...) en attendant de se décider
*se donne un an finalement*
Petit Scriptum : oubliez tout de suite les "mékèkifoulaçuila" et les "pourkoikilvapasdehorsaulieudnousenkikinésurnotjeupiskeçésibien". Cette bafouille n'aurait pas eu de raison d'être si DAoC ne présentait aucun intérêt en matière d'amusement et de jouationnage de rôles à mes yeux myopes (sans compter que le coffret, il est acheté, et qu'il est trop épais pour caler un meuble mais pas assez pour y ranger des bricoles, bref).
Donc, je vous serais donc gré de me descendre en flammes (ou au moyen de tout autre sort ou arme plus à votre convenance) pour le style et non pour l'intention. Merci d'avance.
*raye finalement "barde" dans les possibilités d'évolution*
Petit Petit Scriptum : et oui, merci ! monsieur Rostand et votre Cyrano pour cette tirade fameuse qu'on ne peut que jalouser.
D'ailleurs, là voici, tirée de son acte II, de sa scène VIII, mais qui y retournera prestement sitôt que vous l'aurez lue, car il serait dommage que d'autres en soient privés :
Et que faudrait-il faire?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force?
Non, merci. Dedier, comme tous il le font,
Des vers aux financiers? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naitre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?
Non, merci. Dejeuner, chaque jour, d'un crapaud?
Avoir un ventre use par la marche? une peau
Qui plus vite, a l'endroit des genoux, devient sale?
Executer des tours de souplesse dorsale?. . .
Non, merci. D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et, donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe?
Non, merci! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames?
Non, merci! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant? Non, merci!
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles?
Non, merci! Travailler a se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres? Non,
Merci! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes?
Etre terrorise par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse 'Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du "Mercure Francois"?'
Non, merci! Calculer, avoir peur, être blême,
Aimer mieux faire une visite qu'un poème,
Rediger des placets, se faire présenter?
Non, merci! non, merci! non, merci! Mais. . .chanter,
Rever, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre,--ou faire un vers!
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortit,
Et modeste d'ailleurs, se dire mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre a César,
Vis-a-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!
(alors là pardon monsieur de Cyrano mais si vous ne groupez pas, vous n'êtes pas sorti du cybercafé ! *reBLAM*)
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