Salut tous, alors que je vous explique en vitesse. J'ai eux quelques probs de connexion en ce moment, et l'autre nuit, il faisait tellement chaud que je n'arrivais pas à dormir. Comme j'avais pas internet, et que le jour se levait, je me suis dis que j'allais écrire un ptit brouillon. Bon, c'pas du Baudelaire, mais comme pour une fois j'ai pas écris quelque chose de noir et dont je suis assez satisfait, je vous fais l'honneur de le partager avec vous, dans mon immense mansuétude
L’aube.
Te voilà enfin. Toute la nuit j’ai veillé pour te voir. Ces longues heures de silence, où personne ne se soucie de te venue, moi j’étais là, je t’attendais. Alors que tout le monde autour de moi est profondément endormi, moi je me prépare à t’accueillir. Nul besoin de préparatifs, nul besoin de comédie, tout ça tu t’en moques bien. Tu ne demandes rien, juste ta place sur cette terre. Déjà les oiseaux chantent ta venue. Les lumières de la ville lointaine ont tenté toute la nuit de prendre ta place, mais il suffit de savoir qui tu es, pour se rendre compte de la médiocrité de leur présence. C’est maintenant chose sûre, tu n’es plus très loin.
Pour t’accueillir comme il se doit, la brume a levé son armée vaporeuse et prépare le terrain pour ton arrivée. Lente, gracieuse, elle masque la terre pour te donner l’importance qui te revient. Parfois, on la voit danser autour des arbres, des rochers, des maisons, dans une infinie sérénité, comme si rien ne pouvait jamais l’arrêter. Ca y est, le ciel t’annonce en dissipant lentement son rideau d’obscurité, et révélant peu à peu tes nuances pures. D’abord les étoiles s’éloignent les unes après les autres, pour ne pas gêner à ta vision. Ensuite quelques rayons de soleil parcourent le ciel pour t’indiquer le chemin. Mais juste assez pour ne pas encore tout révéler. Les arbres restent noirs, le sol, toujours est caché par la brume qui travaille depuis un moment déjà. Les animaux se contentent de t’annoncer, sans rien y ajouter.
La musique que j’écoute, comme une offrande à ta beauté, m’aide à patienter, dans cette attente insoutenable, mêlant sadisme et générosité. Tu prends ton temps, mais je ne t’en veux pas, le jeu en vaut la chandelle. Malheureusement, la ville apporte son lot de bruits parasites. Si je le pouvais, je les proscrirais à tout jamais de cette planète, pour laver ton honneur des ces blasphèmes sonores. Mais voilà que j’entends un corbeau venir se poser sur une branche. Il entame une série de coassements pour faire taire ses congénères et cousins, tu ne vas donc plus tarder. Je lui souris et le remercie intérieurement.
Aucune femme sur cette terre ne pourra jamais prendre ta place, et se venter de m’avoir fait plus attendre que toi. Toi, je pourrais t’attendre l’éternité, même si je n’étais pas certain que tu viendrais. Car tu ne promets rien, tu ne demandes rien, tu es juste magnifique. Au fur et à mesure que tu t’installes dans le ciel, mes idées s’éclaircissent. Le brouillard s’étale de tout son long pour te permettre de prendre plus d’aise. Les couleurs froides de la nuit déjà se mêlent aux nuances chaleureuses de ton habit. Un courant d’air, un frisson, je te sens au plus porche de moi à présent. Tu entres dans ma chambre, je t’accueille les bras ouverts, le cœur vaillant.
Devant ta puissance, le temps semble s’être arrêté. Tu n’es guères menaçante, et pourtant, je ne le vois nul part. Peut-être est-il comme moi, en train de te contempler, envoyant au diable son travail, se disant qu’après tout, il a l’éternité pour le remplir. Derrière toi, le soleil te soutient, appuyant chacun de tes mouvements. Qui oserait te défier, avec un allier tel que lui ? Enfin, tu accordes à la nature de recouvrer ses couleurs, les gratifiant de ta lumière d’une incomparable douceur. Mais tu n’es pas encore prête. Le processus je le connais. Toi et tes amis travaillez de concert, pour révéler le final au moment idoine ! Plus que quelques minutes, et le rideau sera intégralement levé.
Derniers préparatifs. La brume a couvert sa mère nature d’innombrables gouttelettes, le soleil a tracé les derniers sentiers de ton trajet et le ciel a finit de te céder la place, emportant avec lui sa robe sombre. Tous les animaux se sont tus à présent, et ont les yeux rivés vers toi, tout comme moi. Oh, bien sûr, certains, impatients, enjoués et surexcités ne peuvent contenir leur émotion et déjà crient victoire. Mais qui pourrait leur en vouloir ? Je serais même tenté d’en faire autant, mais te respecte trop pour cela ! Sans relâche, je scrute chacun de tes pas, ne perdant pas des yeux une seule nuance de ta tenue. Je crois chaque fois voir la même, mais me rend toujours compte que tu en changes quotidiennement. Bien sûr, un œil néophyte n’y verrait aucune différence, mais la plupart n’arrivent même pas à voir le bout de leur nez …
Comme chaque fois, tu te fais désirer, m’obligeant à te supplier ! J’implore le ciel de s’éclipser, la brume de se disperser, le soleil de te presser. Un cheval vient à ta rencontre. Il trottine là, puis là, ne sachant pas trop en quel lieu t’accueillir pour le mieux. Voilà que d’autres se joignent à lui, profitant de ta nonchalance pour brouter quelques herbes fraîches au passage. Je peux presque sentir ton haleine pure pénétrer ma peau. Certes, elle est assez fraîche, pour ne pas dire glaciale, mais tellement délicate et agréable, que je la reçois sans protester. Je vois la brume s’éloigner maintenant, et le ciel de la nuit déjà s’est couché, pendant que son petit frère, au pas de course, te rattrape pour te permettre de t’afficher aux yeux de tous. Avec toi, qu’il soit triste ou rayonnant, le ciel est toujours beau.
Ca y est ! Le soleil finit de parachever ton œuvre ! Ses rayons les plus bas, filtré au travers de tes innombrables voiles tantôt pastels, tantôt chauds, tantôt clairs, tantôt vifs, éclairent la plaine de cette lueur somptueuse, qu’aucun bijoux au monde n’a jamais su imiter. Tu entames enfin ta danse magistrale, baignant les feuilles, les rochers, les maisons, de ton incomparable lumière travestie ! Les gouttes d’eau prennent le relais, faisant diverger tous ces rayons dans les directions les plus improbables mais ô combien judicieuses. Plus belle que la nuit, plus belle que le jour, les amoureux du crépuscule n’ont rien compris au véritable sens du mot « beauté ». Mon corps tout entier se délecte de ta présence, me faisant frissonner de plaisir. Jouissance presque érotique, mais de loin plus sensorielle. Mon cerveau se perd en traductions, ne sachant plus comment te décrire, hésitant presque à mensonger ton message, pour lui en profiter !
Mais déjà le soleil réclame son dû. Sa jalousie se fait sentir, ainsi que son envie de te supplanter. Certes sans lui tu n’es rien, mais sans toi, rien n’est plus. Malédiction ! Voilà que le sommeil surenchérit en m’assaillant de ses piqûres soporifiques. Je lutte, je voudrais te contempler encore un peu. Laissez moi quelques minutes encore avec elle, je ne demande rien de plus ! Mais c’est trop tard, les chevaux te tournent déjà le dos. Les oiseaux couvrent ta fuite de leur chant cacophonique. La brume se fait limpide et semble déjà loin. Le soleil, vil traître fait s’évaporer les premières goûtes de rosée. A quoi bon lutter, tout est déjà fini …
Désabusé, j’attends encore un peu, luttant contre la fatigue, essuyant les larmes que celle-ci me fait pleurer pour tenter de me convaincre. Mais tu n’es pas ingrate, et avant de disparaître, tu rayonne une dernière fois sur mes joues, pour me permettre de garder cette sensation exquise et l’emporter avec moi dans mes songes. Je baille. Alors, je prie le soleil pour que tu ne l’aies pas remarqué. Mais déjà tu es loin, dansant pour d’autres yeux, me laissant seul avec ma tristesse. Mais j’ai tôt fait de me consoler. Car je sais que demain tu seras à nouveau au rendez-vous, et cela suffit à alléger ma conscience.
Péniblement, je me porte jusqu’à mon lit. J’esquisse quelques gestes de mise au point, puis me laisse aller aux préludes du sommeil. Je sais que je peux dormir tranquille, car contrairement à toutes, tu es la seule qui me reviendra, encore et toujours, sans lassitude. Je peux donc m’endormir, car j’ai la certitude que toujours, tu me survivras …
A demain ma princesse éphémère …