La chute

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La course. La mousse qui glisse, humide et onctueuse, sous les pieds nus, projetés avec entrain, avec vigueur, sur les branches, de plus en plus fines, de plus en plus légères. Le rire, frais et enivrant, répercuté dans la canopée de feuilles, canon joyeux d’une chorale imaginaire, englobant ce monde qui défile à toute allure. Et surtout, le vent, qui porte, supporte, et transporte, cet esprit libre, ce corps libéré, vers sa destination lumineuse. La mort.

Le pied glisse. La branche s’esquive. Les bras battent l’air, paniqués, désespérés. Les yeux s’agrandissent dans leurs orbites, s’enfoncent, les pupilles papillonnent en tout sens, à la rechercher d’un secours, d’un tuteur, d’une dernière chance. La chute. Le sifflement de l’air. Les dernières pensées. Le choc.

Il se relève, en sueur, d’un bond, repoussant sa couverture de mousse, haletant. Sa frayeur lui fait oublier quelques instant la sourde douleur poignante qui martèle son crane. Reprenant peu à peu son souffle, frissonnant du si réaliste, si effrayant cauchemar, il s’allonge à nouveau, espérant oublier ce vilain rêve, fuir l’oppressante odeur de terre qui le prend à la gorge dans la fraîcheur de la nuit. Il ferme les yeux, et tend la main pour s’éponger le visage.

Sa main se crispe de terreur au contact du masque d’écorce.
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