[Ecologie] Energies renouvelables, fossiles et nucléaires

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Citation :
Publié par Irvy
Pour connaitre le sujet je suis perplexe car dans les années 2010 il n'y avait pas un seul scénario mais plusieurs scénarios (dans les mêmes rapports j'entends) sur l'évolution de la demande en électricité et celui lié à la décroissance n'était pas celui qui était envisagé comme étant le plus probable. Les conclusions étant qu'il ne fallait pas faire passer le nucléaire à la trappe mais diversifier le mix car on aurait tort de se priver de sources d'énergies.
Les rapports de RTE étudient des scénarios qui répondent aux demandes des politiques en place (donc aux Verts dans le cas présent).
Dans le dernier il fallait répondre en respectant la loi et probablement en respectant au mieux certaines hypothèses.
Dans le rapport ils ont donc respecté le 50% de nucléaire dans le mix puisque c'était la loi (toujours pas abrogée d'ailleurs) et à des hypothèses de diminutions de consommation d'énergie assez drastique. Ils ont corrigé un peu les hypothèses mais sans les remettre totalement en cause même si tout le monde sait qu'elles sont complètement farfelues à l'horizon 2050 (non on ne vas pas isoler 100% des logements en 25 ans, non on aura pas une diminution énorme du parc de voitures quand on sera au 100% électrique, etc)

Et ça donne le rapport qu'on a tous pu lire.
Si on leur avait demandé de faire un rapport sans leur fixer de limite de nucléaire et en utilisant des hypothèses plus consensuelles dans le milieu, on aurait sans doute eu un rapport totalement différent.
Citation :
Publié par aziraphale
(...)
Dans le rapport ils ont donc respecté le 50% de nucléaire dans le mix puisque c'était la loi (toujours pas abrogée d'ailleurs) (...)
J'ai débunké ce truc au moins 3 fois sur ce topic. Ca serait cool de le prendre en compte.
Citation :
Publié par Lugi Sakabu
J'ai débunké ce truc au moins 3 fois sur ce topic. Ca serait cool de le prendre en compte.
Je suis preneur de tes supposés debunks, parce que moi je suis resté sur cet échange dans lequel ce sont tes arguments qui étaient largement debunkés :
https://forums.jeuxonline.info/p/31237727
https://forums.jeuxonline.info/p/31238241
https://forums.jeuxonline.info/p/31238252
Ah au temps pour moi, j'avais pensé que tu t'étais rallié à la raison. Ton opinion repose sur des inférences plus que capilo-tractées et sont contredite directement par le rapport de RTE, que je re-cite ici :
Citation :
En jouant sur ces quatre leviers, le maintien d’un parc nucléaire d’une capacité de l’ordre de 50 GW est possible à l’horizon 2050 et 2060, soit environ 50 % de la production d’électricité à cet horizon dans la trajectoire de consommation de référence. Ce chiffre constitue un résultat de la construction des scénarios (et non une hypothèse) : il résulte en effet de l’addition des contraintes industrielles portant sur la fi lière nucléaire, et non d’une contrainte politique.
page 11 : (ou 179)
https://assets.rte-france.com/prod/p...nsommation.pdf

Mais pour cela il aurait fallu lire le rapport afin d'en comprendre le contenu. Tu ne l'as jamais parcouru que pour chercher des arguments qui viennent soutenir ton opinion.
Pour moi le sujet est clos.
Devoir écrire qu'il n'y a pas de "contrainte politique", c'est un peu manifester qu'il y en a une. D'autant plus que ce même rapport précise en propos liminaires :

Citation :
Publié par Silgar
Il est écrit en page 11 :

Citation :
La stratégie française pour atteindre la neutralité carbone est fixée par la Stratégie nationale bas- carbone (SNBC), réévaluée tous les cinq ans. La dernière version de ce document, publiée en 2020, détermine le cadrage de référence des « Futurs énergétiques 2050 » de RTE.
Difficile d'être plus clair, c'est écrit noir sur blanc dans le rapport de RTE : c'est bien la SNBC qui "détermine le cadrage de référence" de l'étude réalisée par RTE. Donc le problème de compréhension, je ne crois pas qu'il soit de mon côté. Et la SNBC résulte directement de l'article L100-4 du Code de l'Energie, lequel dispose que :

Citation :
Publié par Article L100-4 du Code de l'Energie
I. Pour répondre à l'urgence écologique et climatique, la politique énergétique nationale a pour objectifs :
[...]
5° De réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % à l'horizon 2035 ;
[...]
Quand j'écris que le rapport de RTE est contraint par un impératif de 50% de nucléaire maximum, ce n'est pas mon opinion personnelle, c'est ce qui est écrit dans la loi, dans la SNBC et dans le rapport de RTE.
Après je suis tout à fait prêt à admettre que l'on a perdu du savoir-faire, des compétences et des capacités industrielles pour réitérer avec des EPR ou EPR2 l'exploit du programme nucléaire des années 70-80 (52 ERP construits en 15 ans). Mais cela me paraît moins définitif que :
- l'incapacité physique des installations éoliennes et photovoltaïques (ci-après EnR) à produire de l'électricité quand on en a besoin,
- l'inexistence des ressources matérielles pour construire autant d'EnR que les projections occidentales le prévoient,
- l'objectif de production électrique supplémentaire à l'horizon 2050 qui est physiquement incompatible avec l'électrification des usages (voitures électriques, pompes à chaleur, etc.) :

Citation :
Publié par Silgar

32552-1642600868-1783.png

L'électricité consommée en France aujourd'hui représente environ 400 TWh (soit 1600 TWh x 25%) et la SNBC postule que la consommation d'électricité à l'horizon 2050 sera de 511,5 TWh (soit 930 TWh x 55%), donc à peine 100 TWh de plus. Ceci alors même que l'électrification des usages et le remplacement des énergies fossile doivent être absorbés à hauteur de 700 à 800 TWh. Sauf à être magicien, je doute que l'on soit en mesure de remplacer 700 à 800 TWh d'énergie fossile par seulement 100 TWh d'énergie électrique.
A mon avis, le rapport de RTE sera unanimement perçu dans une dizaine d'années comme une œuvre de légitimation d'une projection politique qui n'aura jamais démontré ni sa faisabilité, ni son adéquation avec la réalité météorologique. A l'instant en Allemagne :
32552-1671187029-6452.png

Les EnR échouent à produire ce que l'on attend d'elles.

Accessoirement, je dinais lundi soir avec le DG d'une filiale d'EDF qui est aujourd'hui persuadé que l'on attend des EnR des choses qui ne se sont jamais vérifiées dans la réalité. Autrement dit, on poursuit des chimères. L'exemple allemand ci-dessus l'illustre assez bien.

Dernière modification par Silgar ; 21/01/2023 à 08h37.
Les contraintes SNBC (stratégie neutralité bas-carbone) référencée ici concernent la consommation, et la non-utilisation des énergies fossiles. Il aurait été plutôt con pour RTE, et à travers RTE, la fillière électrique, de proposer un trajectoire de sortie du carbone qui ne sort pas du carbone.

Ce chiffre constitue un résultat de la construction des scénarios (et non une hypothèse) : il résulte en effet de l’addition des contraintes industrielles portant sur la filière nucléaire, et non d’une contrainte politique.

Une des raisons pour laquelle je m'étais arrêté là est que je ne pensais pas que ce cheval continuerait de bouger, alors que remonter à la source se fait en littéralement 1 clic.
J'ai du mal à comprendre la nuance. Volonté politique ou non, il me semble qu'il serait très difficile que la France ait davantage d'approvisionnement nucléaire en 2050/2060, compte tenu du vieillissement des centrales ?

Dit autrement : si je force le trait, est-ce qu'on a idée des investissements nécessaires pour avoir une production à 80/90% nucléaire à cette échéance, en tenant compte des augmentations de consommation ?
Citation :
Publié par Alandring
J'ai du mal à comprendre la nuance. Volonté politique ou non, il me semble qu'il serait très difficile que la France ait davantage d'approvisionnement nucléaire en 2050/2060, compte tenu du vieillissement des centrales ?

Dit autrement : si je force le trait, est-ce qu'on a idée des investissements nécessaires pour avoir une production à 80/90% nucléaire à cette échéance, en tenant compte des augmentations de consommation ?
EDF a bien du faire des projections d'investissements en fonction de la part du nucléaire et de différent niveau de consommation.
Mais ça ne doit pas être publique.

En imaginant qu'en 2050 toutes les centrales actuelles sont à l'arrêt et qu'on les remplace par des EPR ce n'est pas difficile de faire un tableau de l'investissement à réaliser dans le nucléaire. Ca donnera une approximation, mais encore faut-il connaitre le coût d'un EPR (donc pas celui du proto, ni celui prévu initialement)
Mais pour l'investissement global en tenant compte de la part ENR c'est de suite bien plus compliqué.
Citation :
Publié par Alandring
J'ai du mal à comprendre la nuance. Volonté politique ou non, il me semble qu'il serait très difficile que la France ait davantage d'approvisionnement nucléaire en 2050/2060, compte tenu du vieillissement des centrales ?

Dit autrement : si je force le trait, est-ce qu'on a idée des investissements nécessaires pour avoir une production à 80/90% nucléaire à cette échéance, en tenant compte des augmentations de consommation ?
On peut d'ores-et-déjà partir du principe que les réacteurs existants seront poussés jusqu'à 60 ans, donc jusqu'à 2040-2050. Au-delà tout dépendra de ce que décident les Etats-Unis (qui sont à l'origine de la filière ERP et des 56 réacteurs en service en France) pour leurs propres réacteurs qui sont un peu plus anciens que les nôtres. Et pour avoir davantage d'approvisionnement nucléaire à l'horizon 2050-2060, tout dépend surtout du rythme de construction des EPR2 (français) dans les prochaines années. Il faut 18 EPR2 (1600 MW) pour remplacer les 32 ERP les plus anciens (900 MW).

Pour ta seconde question, il n'existe aucune étude publique en ce sens. En tout cas, rien de la qualité de ce qui a été produit par RTE. Mais je crois que la question va être sur le devant de la scène politico-énergétique des prochaines années : le développement des EnR (éoliennes et photovoltaïque) en Europe repose exclusivement sur un accès facile et peu cher au gaz. Cet équilibre semble derrière nous.
Citation :
Publié par Alandring
J'ai du mal à comprendre la nuance. Volonté politique ou non, il me semble qu'il serait très difficile que la France ait davantage d'approvisionnement nucléaire en 2050/2060, compte tenu du vieillissement des centrales ?

Dit autrement : si je force le trait, est-ce qu'on a idée des investissements nécessaires pour avoir une production à 80/90% nucléaire à cette échéance, en tenant compte des augmentations de consommation ?
Tu mets le doigt sur une partie du problème.

C'est pas qu'une question d'investissement. Dans l'absolu, mettre plus de pognon dedans devrait permettre d'accélérer les processus, mais c'est compliqué. Parce que cela voudrait dire plus d'externalisation (alors qu'idéalement, il en faudrait moins), et potentiellement aller chercher ailleurs (hors de France) les compétences et technologies. Hors j'ai bien peur qu'il n'y ait pas d'ailleurs, ou pas d'ailleurs disponible.
Citation :
Publié par Silgar
On peut d'ores-et-déjà partir du principe que les réacteurs existants seront poussés jusqu'à 60 ans, donc jusqu'à 2040-2050. Au-delà tout dépendra de ce que décident les Etats-Unis (qui sont à l'origine de la filière ERP et des 56 réacteurs en service en France) pour leurs propres réacteurs qui sont un peu plus anciens que les nôtres.
En fait, j'ai l'impression que le prolongement de la durée de vie des réacteurs n'est pas un facteur si important que ça. Bien sûr, cela augmente le temps disponible pour les remplacer (ou ne plus en avoir besoin du tout), mais à moins de trouver une solution magique pour les garder 150 ans, cela repousse le problème au lieu de le régler. Surtout que sauf erreur de ma part, un réacteur plus ancien demande davantage d'entretien (tant en temps qu'en moyens).

Citation :
Publié par Silgar
Il faut 18 EPR2 (1600 MW) pour remplacer les 32 ERP les plus anciens (900 MW).
Je cite ça parce qu'en fait, c'était un des sous-entendus de ma question. Si la France voulait subvenir à 80% de ses besoins énergétiques via le nucléaire en 2050, en tenant compte des augmentations de la consommation, il faudrait créer 18 EPR2 ? En ce moment, le projet est d'en construire 8 d'ici cette date, c'est ça ?

Citation :
Publié par Lugi Sakabu
Tu mets le doigt sur une partie du problème.

C'est pas qu'une question d'investissement. Dans l'absolu, mettre plus de pognon dedans devrait permettre d'accélérer les processus, mais c'est compliqué. Parce que cela voudrait dire plus d'externalisation (alors qu'idéalement, il en faudrait moins), et potentiellement aller chercher ailleurs (hors de France) les compétences et technologies. Hors j'ai bien peur qu'il n'y ait pas d'ailleurs, ou pas d'ailleurs disponible.
Complètement. J'ai juste parlé d'investissements, mais il y a probablement plein d'autres limites : le personnel, les restrictions légales (les oppositions, les autorisations de construire, etc.), les lieux disponibles, la disponibilité des matières premières, etc.

En fait, l'impression que j'avais, c'était que même avec une volonté politique inébranlable, on était limité en raison d'autres contraintes.
Citation :
Publié par Galatium
En fait, j'ai l'impression que le prolongement de la durée de vie des réacteurs n'est pas un facteur si important que ça. Bien sûr, cela augmente le temps disponible pour les remplacer (ou ne plus en avoir besoin du tout), mais à moins de trouver une solution magique pour les garder 150 ans, cela repousse le problème au lieu de le régler. Surtout que sauf erreur de ma part, un réacteur plus ancien demande davantage d'entretien (tant en temps qu'en moyens).
Aux Etats-Unis il y a déjà des études et installations pilotes pour des durées d'exploitation de 80 ans. Donc techniquement, il faut juste attendre les résultats pour transposer les solutions en France.
https://world-nuclear-news.org/Artic...year-operation

A ma connaissance, il n'y a pas de maintenance accrue dans le rallongement du cycle d'exploitation. En revanche il y a des remplacements et adaptations à réaliser, d'autant plus qu'en France l'ASN a des exigences bien supérieures à son homologue américain.


Citation :
Publié par Galatium
Je cite ça parce qu'en fait, c'était un des sous-entendus de ma question. Si la France voulait subvenir à 80% de ses besoins énergétiques via le nucléaire en 2050, en tenant compte des augmentations de la consommation, il faudrait créer 18 EPR2 ? En ce moment, le projet est d'en construire 8 d'ici cette date, c'est ça ?
Le discours politique (donc rien de décider, et encore moins de chantiers commencés) table sur 6 ou 8 EPR2 opérationnels en 2035.

Au-delà tout dépend du renouvellement et de la montée en puissance des capacités industrielles. Rappelons-nous que l'on a commencé la construction de 24 réacteurs nucléaires ERP entre 1977 et 1980 et que 52 réacteurs ERP sont entrés en service entre 1979 et 1994.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/List...ires_en_France

Dernière modification par Silgar ; 16/12/2022 à 12h30.
La situation en 2050-2060 va pas mal dépendre de beaucoup de facteurs... notamment de l'avenir des RNR et de la filière du retraitement en France avec le vieillissement de La Hague (va t'on toujours vouloir fermer le cycle ?) ou des évolutions sur la possibilité de s'approvisionner en uranium. Imaginer qu'on remplacerait tout le parc actuel par des EPR par exemple est assez improbable car c'est à mon sens une technologie de transition.


Citation :
Le discours politique (donc rien de décider, et encore moins de chantiers commencés) table sur 6 ou 8 EPR2 opérationnels en 2035.

Au-delà tout dépend du renouvellement et de la montée en puissance des capacités industrielles. Rappelons-nous que l'on a commencé la construction de 24 réacteurs nucléaires ERP entre 1977 et 1980 et que 52 réacteurs ERP sont entrés en service entre 1979 et 1994.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/List...ires_en_France
Ce qu'on faisait à l'époque à mon avis on ne le ferait clairement pas aujourd'hui en France vu l'évolution des exigences en matière de sureté.... Il y a quand même une sacrée inflation des exigences en matière de sureté à opération équivalente ces dernières années (au point où parfois on se demande si le but n'est pas de faire patiner dans la choucroute la filière, avec des délais impressionnant d'instruction des dossiers).
https://www.lemonde.fr/energies/arti...1_1653054.html

Bordel, c'est pas vrai.
Citation :
Ces opérations devraient donc pouvoir reprendre début 2023, mais tout le calendrier du projet s’en trouve bouleversé : le chargement du combustible est désormais annoncé pour le premier trimestre 2024. Ensuite, le réacteur enverra ses premiers électrons sur le réseau quand il aura atteint près de 25 % de sa puissance, « environ trois mois plus tard », donc d’ici à la mi-2024, plutôt que fin 2023 comme prévu précédemment.

Les 500 millions d’euros de coûts additionnels sont liés pour l’essentiel au maintien des personnels et entreprises sur place, a précisé le responsable d’EDF.
ENCORE 6 mois de retard.

Après, le retex comme disent les bidasses n'aura d'intérêt que s'il est mis à profit. Mais j'ai du mal à comprendre comment autant d'erreurs on pu être commises, encore et encore, alors que ce n'est pas le premier prototype, il y a ceux de Finlande et de Chine.
Citation :
Publié par Aloïsius
Bin disons que... (depuis ton article)
Citation :
Le problème est apparu cet été
Et
Citation :
Ces dossiers ont été présentés à Bureau Veritas, qui les analyse, et d’ici la fin de l’année nous aurons l’autorisation de reprendre les traitements thermiques dits “complexes
Forcément, si sur un prototype il faut un semestre à chaque fois qu'on tombe sur un truc pas prévu pour prendre une décision et avoir le GO pour avancer, on comprend assez facilement que les 12 ans de retards arrivent assez vite
Je suis bien d'accord. Je comprend qu'on ne se précipite pas dans ce genre de dossier, mais 6 mois pour analyser un problème d'échauffement, ça me semble très long. Et ce n'est pas la première fois.

Peut-être, sur ce genre de chantier, faudrait-il avoir en permanence une équipe dédiée dans les divers organismes certificateurs ? Parce que je ne serai pas surpris si ce délai venait du fait qu'à chaque fois il faille partir à la chasse aux experts, monter une structure ad-hoc etc. J'aimerai aussi savoir quelle plateforme logicielle est utilisée. Catia ? Mais dans sa version de 2009 ? Autre chose ? Rien ?

Bref, je ne serai pas opposé à ce qu'une commission, parlementaire ou autre, mette à profit ces six mois de délais supplémentaires pour analyser (en //) tout ce qui a déconner du point de vue de l'organisation technico-administratives et des pertes de temps superflues. Ce qui coûte la peau des fesses sur ces chantiers, ce sont les délais : non seulement il faut payer les équipes à rien faire, mais surtout il faut payer les intérêts sans rien gagner en face pour rembourser. Plus on va vite, moins ça coûte cher.
Sans aller jusqu'à une commission de plus, j'avoue que je serai assez preneur d'un vrai travail de journalisme et d'un papier pour expliquer pourquoi ça prend 6 mois sur ce cas par exemple. En analysant d’où vient ce délai et s'il est légitime (parfois certaines choses en ingénieries sont intrinsèquement complexes) ou non (une organisation kafkaïenne ?). Mais un truc qui rentre dans le détail, ce que ne fait malheureusement pas cet article du monde.
Ayant fait de la gestion de projet en freelance dans des EPICS récemment, je penche pour l'organisation kafkaienne. A la SNCF c'est la guerre entre les divers départements et de la lutte d'influence entre les middle managers pour savoir qui chopera la prochaine promotion, les projets sont arrétés la moitié du temps parce que les départs en congés ne sont pas synchros au besoins du projet, etc. (Un de mes projets, cet été, arrété 3 mois: 3 des personnes dont les tampons sont bloquants sont parties en vacances à tour de rôle respectivement un mois en juin, juillet et Aout. Forcément, ça n'avance pas vite. J'en ai eu ma claque et je suis parti bosser ailleurs, le projet a donc encore perdu du temps à me remplacer etc)

Du coup 6 mois pour une étude technique sérieuse et pointue je ne suis pas surpris du tout.
Citation :
Publié par znog
Ce dispositif, unique au monde, soumettra les importations dans plusieurs secteurs (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité, mais aussi hydrogène) aux standards environnementaux de l’UE.


https://www.lemonde.fr/planete/artic...4133_3244.html
Pas si simple..


Citation :
Les effets de bord risquent néanmoins d’être nombreux. Car, à ce stade, le mécanisme ne concerne que les produits bruts, pas les biens transformés. Pour faire simple : la tonne d’acier chinoise serait taxée, mais pas la voiture importée qui est pourtant fabriquée avec.

Pour l’industrie européenne, le dispositif pourrait donc se traduire par une double peine en augmentant ses coûts de production, ce qui plomberait ses capacités d’exportation, tout en laissant entrer sur le marché européen des produits transformés potentiellement moins chers parce que continuant à bénéficier de normes environnementales moins exigeantes.
(...)


Citation :
Le Vieux Continent peut se prévaloir d’un modèle social très avancé, de l’économie la plus ouverte sur le plan des échanges commerciaux, et d’un agenda de lutte contre le changement climatique parmi les plus ambitieux. Mais cette excellence a son revers en termes de compétitivité industrielle.

Les entreprises européennes affrontent des concurrents qui ont des coûts du travail moins élevés, un accès à une énergie beaucoup plus abordable, des normes environnementales moins exigeantes, tout en bénéficiant de subventions sans commune mesure avec celles autorisées par l’UE.
(...)

Citation :
Sans réponse commune et coordonnée, l’Europe risque de devenir d’ici à quelques décennies vertueuse sur le plan environnemental pour de mauvaises raisons : parce qu’elle n’aura plus d’usines.

https://www.lemonde.fr/idees/article...r=AL-32280270-[default]-[android]
Citation :
Publié par Aloïsius
Je suis bien d'accord. Je comprend qu'on ne se précipite pas dans ce genre de dossier, mais 6 mois pour analyser un problème d'échauffement, ça me semble très long. Et ce n'est pas la première fois.

Peut-être, sur ce genre de chantier, faudrait-il avoir en permanence une équipe dédiée dans les divers organismes certificateurs ? Parce que je ne serai pas surpris si ce délai venait du fait qu'à chaque fois il faille partir à la chasse aux experts, monter une structure ad-hoc etc. J'aimerai aussi savoir quelle plateforme logicielle est utilisée. Catia ? Mais dans sa version de 2009 ? Autre chose ? Rien ?

Bref, je ne serai pas opposé à ce qu'une commission, parlementaire ou autre, mette à profit ces six mois de délais supplémentaires pour analyser (en //) tout ce qui a déconner du point de vue de l'organisation technico-administratives et des pertes de temps superflues. Ce qui coûte la peau des fesses sur ces chantiers, ce sont les délais : non seulement il faut payer les équipes à rien faire, mais surtout il faut payer les intérêts sans rien gagner en face pour rembourser. Plus on va vite, moins ça coûte cher.
En fait 6 mois c'est assez rapide dans le milieu. Vous avez pas idée, parfois l'instruction des dossiers ça peut prendre des années. Aussi pour que les dossiers puissent avancer il faut du personnel et des moyens, notamment à l'ASN.
Ce serait une bonne idée. A raison de 100 millions perdus par mois de retard, je pense qu'embaucher une dizaine d'ingénieurs et le staff allant avec en plus à l'ASN ne serait pas de l'argent perdu.

Ce qu'il faut limiter en revanche c'est le nombre de petits chefs dont la signature est indispensable pour passer à la phase suivante.
En fait il n'y a pas qu'à l'ASN.. l'IRSN en aurait besoin aussi ainsi que dans toutes les structures échangeant avec ces dernières. Car l'instruction d'un dossier ça prends du temps à tous les niveaux (et c'est assez complexe) et les tendances sont à confier un nombre de plus en plus important de dossiers à une quantité de plus en plus limitée de personnes. On a beau être dans le nucléaire on a que 2 mains et un seul cerveau.
Citation :
Publié par Aloïsius
Ce serait une bonne idée. A raison de 100 millions perdus par mois de retard, je pense qu'embaucher une dizaine d'ingénieurs et le staff allant avec en plus à l'ASN ne serait pas de l'argent perdu.

Ce qu'il faut limiter en revanche c'est le nombre de petits chefs dont la signature est indispensable pour passer à la phase suivante.
Cela aiderait probablement, mais je crois que le problème principal n'est pas celui que tu avances.

Pour ma part, j'ai l'impression (un peu étayée, mais pas arrêtée) que le plus gros problème est que la mission dévolue à l'ASN passe complètement à côté du sujet énergétique. En fait, lorsque je regarde le site Internet de l'ASN, je comprends pourquoi tout va à vau-l'eau et qu'aucun projet industriel nucléaire ne peut être mené sereinement à son terme : tout est analysé sous l'angle des risques, tout est question de réglementation, à aucun moment la nécessité de garantir dans le temps la production d'électricité n'est considérée, à aucun moment il n'est envisagé une balance bénéfices-risques. A partir de là, puisque la production d'électricité n'est pas le sujet, puisque le moindre risque (même infime et insignifiant) justifie toutes les mesures pour y remédier, les projets sont voués à être des échecs.

Si mon propos peut paraître excessif, je crois toutefois qu'il décrit assez bien la tendance et le cadre général.

Citation :
Publié par Irvy
La situation en 2050-2060 va pas mal dépendre de beaucoup de facteurs... notamment de l'avenir des RNR et de la filière du retraitement en France avec le vieillissement de La Hague (va t'on toujours vouloir fermer le cycle ?) ou des évolutions sur la possibilité de s'approvisionner en uranium. Imaginer qu'on remplacerait tout le parc actuel par des EPR par exemple est assez improbable car c'est à mon sens une technologie de transition.



Ce qu'on faisait à l'époque à mon avis on ne le ferait clairement pas aujourd'hui en France vu l'évolution des exigences en matière de sureté.... Il y a quand même une sacrée inflation des exigences en matière de sureté à opération équivalente ces dernières années (au point où parfois on se demande si le but n'est pas de faire patiner dans la choucroute la filière, avec des délais impressionnant d'instruction des dossiers).
Complètement d'accord.

Relancer la filière RNR, idéalement avec caloporteur sodium pour l'augmentation du rendement énergétique (donc un dérivé de Superphénix), permettrait d'inscrire le nucléaire dans le temps long (plusieurs milliers d'années) sans plus jamais dépendre de l'235U. Ce serait également un moyen intéressant de se donner le temps nécessaire pour la mise au point des technologies indispensables à la fusion électrogène.

Dernière modification par Silgar ; 18/12/2022 à 13h37. Motif: Auto-fusion
Citation :
Publié par Irvy
En fait il n'y a pas qu'à l'ASN.. l'IRSN en aurait besoin aussi ainsi que dans toutes les structures échangeant avec ces dernières. Car l'instruction d'un dossier ça prends du temps à tous les niveaux (et c'est assez complexe) et les tendances sont à confier un nombre de plus en plus important de dossiers à une quantité de plus en plus limitée de personnes. On a beau être dans le nucléaire on a que 2 mains et un seul cerveau.
En fait ce que je voudrai comprendre, c'est POURQUOI ça prend du temps. Que ça prenne du temps, on l'a compris ça. Mais où ce temps, concrètement, au ras des pâquerettes est passé. Ce dossier qui prend 8 heures * 30 jours * 6 mois à être rendu, sur quel bureau il passe chaque journée. Y a pleins de raisons possibles à un tel délai. Certaines entendables, d'autres un peu moins.
- On demande une analyse qui prend de toutes manières 100h à un unique mec qui bosse 35h par semaine (moins les réunions), mec qui est tout seul, alors qu'il reçoit 2 demandes par semaines
- L’analyse prend 100h parce que la grille de calcul est à bout de souffle et que faut attendre 24h avant d'avoir le moindre résultat du calculateur
- L'analyse doit être validée par 3 entités différentes, chacune la reçoit l'une après l'autre, et forcément une demande reçue le mardi à 10h n'est prise en compte au mieux que le lundi matin suivant, et ce, à chaque fois que y a une virgule qui se déplace

@Silgar: Je suis moins convaincu que toi que ce soit un problème que l'ASN ne s'occupe que de sûreté, au contraire, je trouve ça plutôt bien que y ait un organisme complètement indépendant qui soit chargé de ça, on manipule quand même pas des coquillettes

Après c'est plus les normes que l'ASN fait respecter qui me semblent aujourd'hui parfois excessive, et là pour le coup y a un vrai débat de société et une prise de décision collective à avoir, notamment sur l'ajout de normes plus contraignantes. Exemple fictif, est ce que oui ou non on décide de relever de 3m toutes les digues qui protègent les réacteurs, sachant qu'on estime qu'un event qui dépasse les digues actuelles, ça arrive une fois tous les 5000 ans. Si oui, c'est 100€ en plus sur la facture d'elec de chacun pendant 10 ans. Maintenant à nous (ou aux politiques) de choisir.
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