Alors déjà 2 choses, le Maoïsme est une dictature mais pas un "Totalitarisme". Il s'en rapproche mais l'Etat n'est alors pas assez développé pour pouvoir être qualifié de tel. Et le manque de pouvoir de l'Etat est une donnée essentielle pour comprendre la Révolution Culturelle.
Ensuite la Révolution Culturelle elle s'explique par plusieurs facteurs. On a d'une part Mao qui veut éliminer ses ennemis politiques, et d'autres part une jeunesse qui n'a pas participé à la longue marche, et ne fait pas parti des "héros communistes" de l'origine. La situation sociale est alors très tendues. Le Maoisme promeut en effet la "révolution perpétuelle" (bref le Trostkisme).
Donc Mao (qui était ULTRA en retrait depuis le grand Bond et ne dirigeait plus vraiment) pousse les jeunes à rentrer "en révolution" pour destituer les aparatchiks.
In fine on est pas du tout face à ce qui est décris plus haut. C'est purement et simplement une "revitalisation" des idées maoiste/Trotkiste.
Le tour de passe étant qu'à la lettre Mao devrait disparaitre, mais il a su canaliser les forces à son profit, et savoir rester en retrait et devenir aggressif quand il fallait.
Ce n'est donc pas à proprement parler le manque d'Etat le problème, mais bien les luttes de pouvoir à l'intérieur de l'appareil décisionnaire, et son instrumentalisation au service des luttes partisanes. Mao a renversé la table en introduisant une force nouvelle (la jeunesse) pour reprendre le contrôle d'un pouvoir dont on l'avait éloigné (mais sans pouvoir s'en débarrasser du fait de sa stature). S'ensuit une épuration sur fond de lutte entre les générations. Le manque d'Etat intervient plus dans les débordements plus ou moins encadrés / spontanés dans les phases d'élimination. C'est un peu le type de modèle qui est en cours en Histoire dans les recherches sur les phénomènes de terreur (on a Jean- Clément MARTIN qui est à la pointe sur le sujet à propos de la Révolution Française).
En revanche il n'y a pas de réel dissensus sur la nature de l'Etat, qui est alors un instrument de pouvoir en construction capable de mettre un terme à une séquence historique calamiteuse pour la Chine, faite de recul international, de faiblesse et d'interventions extérieures, de divisions et de guerres civiles intérieures. Le problème est donc : qui dirige et selon quels axes politiques cette nouvelle forme de gouvernement pour la Chine ? Une forme d'inspiration et de mise en oeuvre totalitaire, encore plus aujourd'hui qu'hier.
Oui, je me suis dit pareil, je suis allé me cultiver sur la révolution culturelle pour comprendre comment l'auteur pouvait écrire ça sans souci avec la Chine d'aujourd'hui.
Tu utilises le concept de totalitarisme mais c'est pas l'impression que ça me donne car je ne vois pas une main mise de l'état dans cette période mais un laisser-aller, une tolérance envers des factions qui veulent toutes, excusez moi l'expression, être plus royalistes que le roi. Mais l'idéologie derrière paraît floue. Ça a l'air assez n'importe quoi. Ça ne paraît pas rationnel. Comme si plus qu'une révolution, c'était un grand exutoire. Incompréhensible. Pour moi derrière le totalitarisme, c'est l'ordre. Là c'est le désordre absolu.
Honnêtement, la lecture de wikipédia m'a bien retranscrit un passage des 3 premières pages où l'auteur dire que les factions se font et se défont en mode trotsko-maoistes : 2 personnes 1 parti, 3 personnes une scission.
On sait depuis longtemps par Ian KERSHAW notamment que le totalitarisme nazi c'était globalement le gros bordel. Plusieurs historiens ont théorisé le bordel organisé, et les luttes de factions instrumentalisées par un Hitler qui se renforçait notamment à mesure que les autres se querellaient, ce qui le plaçait en arbitre du jeu.
Depuis la fin de l'URSS, on sait que sous Staline c'était vraiment l'autocratie à l'état pure et la terreur comme seule méthode de gouvernement (mais on ignorait en fait jusqu'à quel point ça allait vraiment : là, on le sait davantage, et ça rend encore plus dingue le stalinisme). Voir notamment Nicolas WERTH.
Dernière modification par toutouyoutou ; 02/01/2022 à 00h32.
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