[Convention Citoyenne -> Projet de Loi] sur l'aide active à mourir

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Au lieu de parler de tabou et de problème dont nous n avons pas une vision commune vu le sujet, j invite tout le monde à taper dans un moteur de recherche les mots suivants :
CNCE Éthique Avis 139.

63 pages de lecture qui vont vous éclairer sur le sujet et peut-être éviter les poncifs et les avis personnels (dont on se moque au final car souvent de comptoir) dont le sujet est déjà rempli.
Vu le sujet, c est normal mais autant chercher à élever le débat parce que les comparaisons avec un bourreau, c est du pur fantasme par exemple sans être méchant...
Citation :
Publié par Don Patricio URSSAF
On parle de créer non seulement un droit au suicide mais de permettre un cadre légal pour tuer quelqu'un.
Non ça me paraît pas assez discuté et encadré. C'est un verrou, un tabou qu'on est est en train de faire sauter, et dont les conséquences potentielles sont monstrueuses. On utilise l'émotion de quelques cas sans réfléchir aux innombrables demandes qu'une légalisation va engendrer.
Il ne s'agit pas de tuer quelqu'un. Il n'est nullement prévu qu'un médecin ou une personne tierce administre les doses mais qu'elle accompagne la personne dans sa démarche en mettant à disposition les moyens.

La personne prend elle même le cocktail. Il s'agit ni plus ni moins qu'un suicide pour les personnes qui n'ont pas les moyens physiques ou psychologiques de le faire par d'autres biais.

A titre personnel, j'estime que chaque personne qui le souhaite doit avoir la possibilité de se suicider sans avoir à passer par des méthodes moyenâgeuses.
Le suicide n'est pas un droit c'est une liberté, non reconnue et non favorisée.
C'est peut être terrible pour ceux qui veulent mourir sans avoir la possibilité de se suicider seuls, mais ça n'est pas pour autant un droit, et à mon sens ce n'est pas à la société de déterminer qui et comment aura ce droit.
Vus le nombre de jeunes de 20, 25 ans qui veulent mettre fin à leurs jours, mais qui ont encore soit des réticences au passage à l'acte, soit se loupent, je ne suis pas pressé ni très favorable à ce que le suicide soit facilité. Je ne vois pas comment on pourra dénier ce droit à l'un et pas à l'autre. L'état ne devrait pas légiférer là dessus, tout court. C'est un précédent dangereux. Et le fait que des pays le fassent pour l'instant sans trop de problèmes n'est pas pour moi un argument suffisant, il y'a plein de pays qui marchandent les bébés sans trop de problèmes non plus, pour l'instant (enfin surtout chez les riches). Un business de la mort, aura toujours besoin de clients et proposera toujours de nouveaux services. On nous gave sans arrêts de soi disant valeurs, et bien en voici une de taille.

Surtout qu'à l'avenir ce n'est pas du tout insensé que le suicide soit officiellement et socialement favorisé, pour le climat, pour la dette publique, pour limiter la consommation de ressources, pour lutter contre la surpopulation ... on pourra inciter les gens à se suicider. Voire on pourra les y forcer, si vraiment les conditions deviennent trop dures. Ca n'est pas délirant à mon sens de prévoir un peu les dérives potentielles (et je suis loin d'être le seul à y penser).

Dernière modification par Don Patricio URSSAF ; 14/09/2022 à 14h05.
Citation :
Publié par Don Patricio URSSAF
On parle de créer non seulement un droit au suicide mais de permettre un cadre légal pour tuer quelqu'un.
Non ça me paraît pas assez discuté et encadré. C'est un verrou, un tabou qu'on est est en train de faire sauter, et dont les conséquences potentielles sont monstrueuses. On utilise l'émotion de quelques cas sans réfléchir aux innombrables demandes qu'une légalisation va engendrer.
Ouais, bref t'es en train de dire que tu n'en veux pas quoi, mais plutôt que de l'annoncer clairement tu préfères que ce soit enterré sous des mois et des années de rapports Théodules. Parce que bon, c'est pas comme si cette convention de 6 mois (plus probablement de longues discussions en commission parlementaire après) sortait ex-nihilo aussi, y a eu déjà de nombreux rapports sur ces questions. Si des années de débats et réflexions ne sont pas suffisant pour toi avant d'aborder un sujet, ça revient à l'enterrer de facto.
Une personne qui souhaite mourir doit avoir le droit de faire. Les pères la morale ne devraient pas avoir voix au chapitre.

Pour le moment, on va vers la possibilité pour ceux qui sont condamnés à moyen terme. Dans quelques années, l'élargissement à d'autres publics sera sollicité. De la même manière que l'avortement a été légalisé pour des situations précises avant d'être étendue et les anti utilisent les mêmes arguments cachés derrière leurs prétendues valeurs.

Que la personne ait 20 ans, 40 ou 80 ans. Si elle souhaite mettre fin à ses jours parce que la vie lui est insoutenable, que se soit physiquement ou psychologiquement, elle doit en avoir la possibilité. La morale des gens qui ne sont pas concernés, nous nous en foutons royalement.
Citation :
Publié par HuPi
Une personne qui souhaite mourir doit avoir le droit de faire. Les pères la morale ne devraient pas avoir voix au chapitre.

Pour le moment, on va vers la possibilité pour ceux qui sont condamnés à moyen terme. Dans quelques années, l'élargissement à d'autres publics sera sollicité. De la même manière que l'avortement a été légalisé pour des situations précises avant d'être étendue.

Que la personne ait 20 ans, 40 ou 80 ans. Si elle souhaite mettre fin à ses jours parce que la vie lui est insoutenable, que se soit physiquement ou psychologiquement, elle doit en avoir la possibilité. La morale et les valeurs des gens qui ne sont pas concernés, nous nous en foutons royalement.
C'est bien ce que je dis, et c'est bien pourquoi je suis contre.
Tu te fous de ma morale et de mes valeurs, très bien, mais c''est comme ça qu'on crée une société fonctionnelle, moi aussi il y'a un grand nombre de valeurs dont j'aimerais m'affranchir, mais je m'y soumets parce que la loi encadre justement ce qui est moral, acceptable, ou non. Je me fous des "droits au suicide" imaginaires.
De toute façon comme tu dis "on s'en fout", bah moi je m'en fous pas, mais je sais que ce sera fait quand même en effet, et ça fait partie de ce que je juge une civilisation décadente et dysfonctionnelle, qui tend vers le totalitarisme bienveillant. Je m'y oppose, mais je me fais pas trop d'illusions.

Dernière modification par Don Patricio URSSAF ; 14/09/2022 à 14h17.
@Don Patricio URSSAF : On dirait les arguments des anti mariage homo qui comparaient la loi Taubira avec une autorisation/bénédiction de partouzer avec des chiens et des chevaux.

Actuellement n'est pas du tout question d'aider les ados en phase de mal être à se suicider. Et bien entendu le législateur doit cadrer tout ça.

Édit : mais du coup tes valeurs sur la question c'est de faire souffrir a tout prix des mourrants pour préserver la vie par principe ?
Citation :
Publié par Haesik
@Don Patricio URSSAF : On dirait les arguments des anti mariage homo qui comparaient la loi Taubira avec une autorisation/bénédiction de partouzer avec des chiens et des chevaux.

Actuellement n'est pas du tout question d'aider les ados en phase de mal être à se suicider. Et bien entendu le législateur doit cadrer tout ça.
Il y'a bien des rapprochements mais pas vraiment dans le sens clownesque que tu veux y voir.

Je préférerais pour ma part que l'état s'abstienne de légiférer et enterre ce dossier une nouvelle fois, comme suggéré par un posteur au dessus.
Et la discussion porte justement sur le fait que le législateur ne pourra pas au fur et à mesure limiter ce droit à des cas exceptionnels. Ce sera un droit, accessible petit à petit à tout citoyen majeur. Et un droit peut aussi devenir une obligation.

en dessous : el famoso sophisme qui se vérifie 90% du temps.

Dernière modification par Don Patricio URSSAF ; 14/09/2022 à 14h25.
Citation :
Publié par Don Patricio URSSAF
Tu te fous de ma morale et de mes valeurs, très bien, mais c''est comme ça qu'on crée une société fonctionnelle, moi aussi il y'a un grand nombre de valeurs dont j'aimerais m'affranchir, mais je m'y soumets parce que la loi encadre justement ce qui est moral, acceptable, ou non. Je me fous des "droits au suicide" imaginaires.
Question, en quoi ca te gêne que des gens disposent de leur vie ou de leur corps comme ils le souhaitent ? Ca n'a pas d'impact sur ta vie personnelle.
C'est pas un troll, c'est juste que je ne comprend pas ce type de raisonnement.
Citation :
Publié par Don Patricio URSSAF
Et la discussion porte justement sur le fait que le législateur ne pourra pas au fur et à mesure limiter ce droit à des cas exceptionnels. Ce sera un droit, accessible petit à petit à tout citoyen majeur. Et un droit peut aussi devenir une obligation.
Mais ce n'est pas ne cas aujourd'hui, ce n'est pas prévu a long et moyen terme. C'est uniquement dans ta tête. Plutôt faible comme argument.
Citation :
Publié par Okhalem
Question, en quoi ca te gêne que des gens disposent de leur vie ou de leur corps comme ils le souhaitent ? Ca n'a pas d'impact sur ta vie personnelle.
C'est pas un troll, c'est juste que je ne comprend pas ce type de raisonnement.
Le problème se pose essentiellement pour des cas de manipulations / magouilles pour se débarrasser de mémé et toucher l'héritage. Ou autre truc du genre.

A voir donc ce qu'ils décident en terme d'encadrement et de vérifications à ce niveau...
Citation :
Publié par Okhalem
Question, en quoi ca te gêne que des gens disposent de leur vie ou de leur corps comme ils le souhaitent ? Ca n'a pas d'impact sur ta vie personnelle.
C'est pas un troll, c'est juste que je ne comprend pas ce type de raisonnement.
La société et la loi ce n'est pas fonction de la vie personnelle et individuelle, ni la mienne ni la leur. On doit, en tout cas le législateur, voir et prévoir les cas qu'on peut imaginer, les cas probables, et les dérives que peuvent engendrer les lois. On doit les adapter, on doit les faire évoluer, et jamais en fonction de telle ou telle considération personnelle. Je ne pense pas la politique sous le prisme individuel, en tout cas j'essaie, ni sur ce sujet ni sur les autres - même si je me sers beaucoup de mon xp personnelle évidemment.
Comme toutes les évolutions dictées par les médias, par l'émotion, et qui concernent une infime minorité de cas, je suis particulièrement suspicieux. Je ne vois pas la priorité ni la nécessité, d'ouvrir ce genre de risques alors que rien ne nous y oblige. La zone grise, me convient très bien. Dussent quelques malheureux en souffrir hélas. Et oui si j'étais concerné j'aurais peut être un autre avis, c'est bien pour ça qu'il ne faut pas définir la politique ou la loi par ce biais.
Citation :
Publié par Haesik
Encore une fois tes comparaisons sont pour le moins curieuses et ton aversion pour cet acte transparaît beaucoup.
Rassure toi, quoi qu'il arrive personne ne viendra te chercher dans ton labo pour te forcer à aider ces patients.
Il faut savoir raison garder.
Je n'ai aucune aversion pour cet acte et je pense que je finirai comme ça en cas de maladie incurable avant de commencer à devenir complètement dépendant.
Et ça me posera pas de problème si c'est fait par quelqu'un qui n'est pas médecin. Tout ce qui compte c'est que la personne soit formée et compétente. Pour moi c'est l'évidence.
Vu qu'il faut un médecin pour la prescription initiale et un médecin pour constater le décès, c'est à dire un médecin au début et un à la fin, ça ne me choque pas perso qu'ils soient là tout du long, comme c'est d'ailleurs le cas sur une IVG où on a pas inventé un métier de santé spécifique pour cela.

Après vu le sujet, ça me semble entendable qu'une clause de conscience soit mise en place, mais je ne comprends pas du tout la difficulté à ce que des médecins soient présents puisque de toute manière, il faudra au moins deux actes qui ne sont réalisables que par un médecin. Et vu les publics concernés, il est clair que la question de la surcharge d'activité se discute, aujourd'hui on parle d'ouvrir cette solution a des gens ayant des maladies incurables et qui aujourd'hui meurent à petit feux dans des services de soin palliatif etc.
Citation :
Publié par Gardien
Le problème se pose essentiellement pour des cas de manipulations / magouilles pour se débarrasser de mémé et toucher l'héritage. Ou autre truc du genre.

A voir donc ce qu'ils décident en terme d'encadrement et de vérifications à ce niveau...
Déjà la base c'est que ça doit être la personne concernée qui fasse la demande, et qu'elle soit en possession de ses moyens intellectuels.
Et c'est ça qui sera vérifié par une commission (en plus du fait qu la personne est bien condamnée à court ou moyen terme) avant d'autoriser quoi que ce soit.
C'est comme ça que ça se passe là où ça existe et c'est ce qui a été annoncé comme base de travail.

Tous les délires sur les enfants qui font suicider mamie pour l'héritage ça serait bon d'arrêter dès maintenant, ça ne sera pas possible.
En même temps on parle de suicide donc forcément ça ne peut pas être un tiers qui fait la demande.
Si c'était le cas ça ne s’appellerait pas un suicide mais un meurtre, et celui qui prendrait le contrat serait un tueur à gage.
Une idée que je n'ai pas vu passer, est-ce que vous pensez que ça pourrait modifier la recherche de traitement pour les maladies rares gravissimes ? Je pense à la maladie de Huntington, ou la myopathie de Duchenne par exemple.

Selon moi, si on légalise le suicide assisté, les patients atteints de ces maladies seront tout à fait preneurs d'une aide au suicide lorsque la maladie devient trop handicapante. Donc les laboratoires qui font de la recherche ne risquent-ils pas d'abandonner les recherches de traitement car ils n'ont au final plus personne à qui vendre leurs traitements ? Si on fait disparaître le pathos du Téléthon, est-ce qu'à terme on risque pas d'invisibiliser les patients ?

C'est très cynique hein, j'en suis conscient, mais est-ce qu'on a pas besoin d'avoir des gens qui souffrent pour "motiver" la recherche de solutions ?
Citation :
Publié par Paco Sanchez
Une idée que je n'ai pas vu passer, est-ce que vous pensez que ça pourrait modifier la recherche de traitement pour les maladies rares gravissimes ? Je pense à la maladie de Huntington, ou la myopathie de Duchenne par exemple.

Selon moi, si on légalise le suicide assisté, les patients atteints de ces maladies seront tout à fait preneurs d'une aide au suicide lorsque la maladie devient trop handicapante. Donc les laboratoires qui font de la recherche ne risquent-ils pas d'abandonner les recherches de traitement car ils n'ont au final plus personne à qui vendre leurs traitements ? Si on fait disparaître le pathos du Téléthon, est-ce qu'à terme on risque pas d'invisibiliser les patients ?

C'est très cynique hein, j'en suis conscient, mais est-ce qu'on a pas besoin d'avoir des gens qui souffrent pour "motiver" la recherche de solutions ?
Pour le Huntington, les patients ont des gros troubles cognitifs et psychiatriques, donc ce sera compliqué d'obtenir une volonté éclairée de se suicider. Ce sera en tout début de maladie quand ils sont encore peu atteints, donc je pense que peu voudront se suicider.
Le Duchenne je connais moins, mais c'est lentement évolutif, ils pourront toujours participer à des protocoles en début de maladie.

D'une façon générale, dans la recherche sur les maladies dégénératives, les protocoles de recherche essaient plutôt de recruter des patients en début de maladie en partant du principe qu'ils seront plus facile à guérir ou à ralentir la progression de la maladie.
Il y'a quelques cas qui souffrent et sont dans l'impossibilité de mettre fin à leurs jours, et ça nous émeut et nous pousse à leur permettre ceci, de manière exceptionnelle et encadrée etc (au mieux).

Mais de manière générale il y'a beaucoup de suicidaires qui souffrent, il sera difficile de leur refuser un suicide "non moyennageux" accordé aux autres. Ca deviendra forcément une activité structurée un peu comme le sont les pompes funèbres.

Mais au niveau de la société au lieu de favoriser le passage à l'acte, "en douceur et bienveillance" (mais qui finit quand même par la mort avec moins de chances de se louper), on devrait plutôt se préoccuper d'empêcher les gens d'être suicidaires. Et je crains que ceci facilite nettement le passage à l'acte, et oui je préfère que les gens souffrent plutôt qu'ils se suicident, on peut guérir certaines souffrances, le suicide c'est définitif. Je ne pense vraiment pas que notre société sortira grandie, ce n'est pas parce que les choses se passent sans bruit et dans le confort qu'elles sont forcément bonnes ou meilleures. Mais en effet c'est une position assez morale et contraignante pour ceux en souffrance. Quand aux dérives de la pente glissante j'en ai déjà parlé et ça sera peut être pas de notre vivant, mais elles sont assez probables.
A priori, cela n'a pas trop changé. A priori comme vous avez du mal à faire une recherche simple sur un moteur de recherche, je vous mets donc l'avis 139 du Comité Consultatif Nationale d'Ethique :

https://www.ccne-ethique.fr/sites/de...arit%C3%A9.pdf

A savoir que si une loi doit passer, elle prendra obligatoirement, vu le sujet et le consensus souhaité dessus, compte de cet avis voir, elle en sera plus que grandement inspirée.
Vu que la lecture c'est dur, j'ai annoncé 63 pages, de fait c'est avec les annexes (qui sont toutefois importantes à lire, vous y trouverez par exemple un récapitulatif des expériences étrangères sur l'aide à la fin de vie ce qui pourrait éviter de lire des choses fausses ici si certains en prenaient connaissances), sans les annexes c'est 40 pages donc les pages de sommaire, remerciements et introduction. En gros 30 mn maximum.

Vous y trouverez également en P39 et40, une réserve émise par certains membres de ce conseil qui est à lire par certains, ils constateront que leurs doutes sont posés et argumentés et donc auront l'assurance que ceux-ci seront pris en compte par la suite.
Cela permettra peut-être (soyons optimiste) d'éviter d'avoir des débats stériles du fait de postures idéologiques.

Et puis vous aurez aussi la procédure envisagée qui est un peu plus complexe que ce j'ai pu lire ici (à dessein puisque leurs dires ne sont pas la pour dire ce qui est envisagé mais plutôt des extrapolations pour soit disant étayer leurs propos).

Après avoir lu la chose, si on continue à lire meurtre, bourreau, pente glissante, cela voudra juste dire que la personne est sur une posture et ne souhaite pas discuter mais juste affirmer celle-ci publiquement.

Bon débat.

Dernière modification par Colsk ; 14/09/2022 à 22h54.
Citation :
Publié par Colsk
Bon débat.
Le rapport met bien l'accent sur le risque de dépénaliser le suicide assisté quand en parallèle les soins palliatifs sont dans un état pitoyable en France. Dans mon groupe de gestion des douleurs chroniques, il y a un mec dont les médecins estiment qu'il survivra au mieux cinq ans et au pire deux, à qui on limite les doses de mophinoïdes qui apaisent ses douleurs au prétexte qu'il pourrait devenir dépendant à la morphine. L'argument s'entend, d'autant plus que les espérances de vie annoncées par les médecins changent vite et beaucoup (perso on m'a annoncé à 28 ans que je ne fêterais pas mes 30 ans, 15 ans plus tard, ça fait sourire un peu jaune).

Néanmoins, le risque de devenir dépendant aux anti-douleur, ça se calcule, et sur une espérance de vie aussi courte, c'est quoi l'intérêt de la vivre en souffrant ? Le mec est en train de faire les démarches pour un suicide assisté en Suisse, et il sera très certainement accepté, alors que si on traitait ses douleurs chroniques pendant sa fin de vie, il ne voudrait certainement pas mourir. Le truc, c'est que sans soin palliatif ad hoc, certains individus ne vivent plus, ils survivent, et ça me semble être un moteur puissant pour une volonté suicidaire non pathologique qui n'existerait pas avec des soins palliatifs adaptés. Franchement, qu'est-ce qu'on en a à foutre qu'un mec que tout le monde annonce mort dans cinq ans finisse dépendant aux opiacés ? Il ne va pas coûter si cher que ça a la sécu si on lui rembourse une boîte de Tramadol par semaine (qu'il pourrait se faire prescrire qui plus est en jouant au con et en consultant un médecin traitant différent toutes les deux semaines, mais il a décidé de ne pas le faire).

Avant de penser à autoriser le suicide assisté, il serait nécessaire que la France se dote d'une politique sanitaire à la hauteur de ses aspirations législatives en ce qui concerne les soins palliatifs, sans quoi il y aura des candidats au suicide qui, avec des symptômes chroniques correctement traités pour une vie pas trop naze, auraient tiré la corde jusqu'au bout plutôt que de lâcher l'affaire parce qu'on les y autorise. Sans quoi, on aura une loi de plus qui servira à compenser que les lois précédentes n'ont pas été correctement financées, et si cette loi concerne le suicide assisté, c'est quand même pas glop.

Cela étant dit, quand j'étais en CP (donc avant les lois contre l'acharnement thérapeutique et les soins palliatifs), y'a une fille de ma classe en CE2 qui s'est faite renverser par une voiture, devant laquelle il y avait un pompier volontaire qui lui a sauvé la vie, mais quelle vie. Elle a fini tétraplégique à l'âge de 8 ans, incapable de parler ou de se nourrir, elle a essayé de se suicider plusieurs fois avant qu'on sorte du collège mais les infirmières ont toujours rebranché les machines, jusqu'à ce qu'elle ait 20 ans, un diplôme d'informatique en poche et qu'elle hacke son respirateur pour mourir asphyxiée sans que son infirmière n'en soit alertée. À son enterrement, sa famille était dévastée mais nous, les gosses plus trop gamins de sa génération, on était globalement d'avis que c'était ce qu'elle avait toujours voulu. Je me suis longtemps demandé si elle avait réellement orienté ses études juste pour être capable de se suicider seule, et je me dis parfois qu'une volonté aussi forte et une planification aussi longue auraient mérité une mort plus digne plus tôt. Je ne sais pas ce que les lois passées depuis cette époque et qui garantissent notamment que le patient puisse refuser son consentement aux soins auraient changé dans son cas.
Merci de mettre des mots sur une inquiétude dont je n'étais pas conscient, celle de la facilité pour l'état à proposer un suicide assisté comme palliatif (ah!) à l'amélioration des soins palliatifs.

Sur le sujet du sophisme de la pente glissante, ce n'est pas une carte piège qui annule automatiquement tout argument.
Établir un précédent, normaliser une pratique, la technique du pied dans la porte ou du doigt dans l'engrenage, "moving the goal post" ou la fenêtre d'Overton, ce sont des choses qui existent et qu'il faut prendre en compte.

Quand on dit qu'adopter une loi pour autoriser le suicide assisté chez la personne atteinte d'une maladie incurable, c'est se rapprocher de l'autorisation du suicide à la demande, c'est pas un sophisme de la pente glissante. C'est un argument nul, certes, mais ça veut pas pour autant dire que l'inquiétude derrière cet argument est infondée.
Pour autant, je suis pas un expert en dialectique, alors j'ai peut-être tort, mais y a un moment faut arrêter d'envoyer bouler toutes les opinions contraires sur la base que c'est un homme de paille ou une pente glissante, alors que généralement il suffit de reformuler l'argument pour sortir de la définition du sophisme.
Citation :
Publié par Don Patricio URSSAF
On parle de créer non seulement un droit au suicide mais de permettre un cadre légal pour tuer quelqu'un.
Non ça me paraît pas assez discuté et encadré. C'est un verrou, un tabou qu'on est est en train de faire sauter, et dont les conséquences potentielles sont monstrueuses. On utilise l'émotion de quelques cas sans réfléchir aux innombrables demandes qu'une légalisation va engendrer.
Non ce n'est pas un taboo, non ce n'est pas monstrueux, c'est un besoin d'une partie de la population (et souvent cette qui a du regarder impuissant un proche agoniser). Je trouve cela incroyable ce besoin morale de vouloir contrôler les tiers, on devrait être libre de décider si on veut mettre fin paisiblement à ses jours.
Après il faut distinguer euthanasie active (acte positif) ou passive (assistance matérielle).

Personnellement je ne vois aucun problème sur le principe si bien encadré (psychologue et deux avis de médecin comme cela se fait ailleurs et seulement pour le cas de patients atteint de maladie incurable). Le médecin/soignant n'a d'ailleurs pas besoin de procéder au dit acte, c'est pour cela qu'on parle d'assistance. Par contre en france un décès cela se constate par un médecin donc à un moment donné il devra bien y en avoir un.

L'idée que cela générerait du travail supplémentaire aux médecin/soignant c'est complètement stupide. Car on parle de personnes avec des pathologies grave et qui s'ils ne bénéficient pas d'euthanasie seraient amenées à être lourdement hospitalisées. C'est au mieux un transfert de volume de travail, voir même un gain de ressources sur le long terme.

Citation :
Publié par Don Patricio URSSAF
C'est bien ce que je dis, et c'est bien pourquoi je suis contre.
Tu te fous de ma morale et de mes valeurs, très bien, mais c''est comme ça qu'on crée une société fonctionnelle, moi aussi il y'a un grand nombre de valeurs dont j'aimerais m'affranchir, mais je m'y soumets parce que la loi encadre justement ce qui est moral, acceptable, ou non. Je me fous des "droits au suicide" imaginaires.
De toute façon comme tu dis "on s'en fout", bah moi je m'en fous pas, mais je sais que ce sera fait quand même en effet, et ça fait partie de ce que je juge une civilisation décadente et dysfonctionnelle, qui tend vers le totalitarisme bienveillant. Je m'y oppose, mais je me fais pas trop d'illusions.
Alors on va être clair, oui on se moque de ta morale. Je ne vois pas en quoi cela a une quelconque importance quand cela concerne l'intégrité physique d'autrui.
En l’espèce le totalitarisme se caractérise plutôt lorsqu'un tiers souhaite imposer sa morale à un autre. Parce que dans l'absolue je ne vois pas en quoi cela te concerne si un mec veut mettre fin à ses jours.

Dernière modification par Smqgol ; 14/09/2022 à 21h25.
Citation :
Publié par Smqgol
Non ce n'est pas un taboo, non ce n'est pas monstrueux, c'est un besoin d'une partie de la population (et souvent cette qui a du regarder impuissant un proche agoniser). Je trouve cela incroyable ce besoin morale de vouloir contrôler les tiers, on devrait être libre de décider si on veut mettre fin paisiblement à ses jours.
Après il faut distinguer euthanasie active (acte positif) ou passive (assistance matérielle).

Personnellement je ne vois aucun problème sur le principe si bien encadré (psychologue et deux avis de médecin comme cela se fait ailleurs et seulement pour le cas de patients atteint de maladie incurable). Le médecin/soignant n'a d'ailleurs pas besoin de procéder au dit acte, c'est pour cela qu'on parle d'assistance. Par contre en france un décès cela se constate par un médecin donc à un moment donné il devra bien y en avoir un.

L'idée que cela générerait du travail supplémentaire aux médecin/soignant c'est complètement stupide. Car on parle de personnes avec des pathologies grave et qui s'ils ne bénéficient pas d'euthanasie seraient amenées à être lourdement hospitalisées. C'est au mieux un transfert de volume de travail, voir même un gain de ressources sur le long terme.
Hupi a globalement raison c'est une position morale je m'en fous que ça soient les médecins ou la police ou Jojo l'intérimaire, qui fasse l'injection ou le dosage franchement.

Le jour ou ma gamine à 25 ans mettons, adulte et volontaire, va aller candidater pour se faire suicider, et répètera 15 fois devant 15 jurys différents qu'elle souhaite mourir qu'elle est pleinement consciente etc ... je ne me sentirai jamais capable de respecter son choix. C'est une posture morale que la société ne devrait pas s'autoriser. Et c'est être inconscient que de croire que ça n'arrivera pas, au moins Hupi est clair là dessus et honnête, bien sûr que ça arrivera à partir du moment ou l'on considère que mettre fin à ses jours par souffrance est un droit, qui doit être éventuellement assuré par la société. Tu peux y mettre des tonnes d'amour et de bienveillance, de cas personnels, ça ne me convaincra pas vraiment que l'état et la société doivent légiférer là dessus, et encadrer ce qui sera fatalement un business avec tous les droits individuels que tu peux imaginer. En sachant que c'est le lvl1 et qu'il n'y a strictement aucune raison, aucune chance qu'on en reste à un niveau ou ça concernerait quelques dizaines de cas par an. On n'a pas les ressources pour accompagner les vivants, pour aider l'hopital mais on les aurait pour aider les gens à se suicider? Bah c'est une société de merde, nouvelle confirmation. Jamais de la vie je ne cautionnerai ça, et je m'en fous pas mal de me faire traiter de moraliste ou de casse couilles réactionnaire. Je crois sincèrement, que c'est une voie mortifère à tous niveaux pour notre civilisation, et surtout pour nos citoyens, pour les gens de manière générale. C'est le triomphe du nihilisme marchand, le plus abject. Quand je pense qu'on nous bassine à longueur de journée de pseudo "valeurs" pour nous vendre cette abomination sous couvert démocratique, désolé mais j'ai vraiment envie que ce monde soit purifié par l'atome avant d'en arriver là.

Je renvois un peu le fameux argument individuel, le jour ou votre gamin fera son petit parcours suicide validé par l'état et les médecins vous direz quoi devant la vitre en le regardant partir ? Même si on vous sert une coupe de champagne, et que ça se passe dans une atmosphère bien feutrée j'espère que l'horreur de cette scène sera encore présente et que vous n'oserez pas dire "il est plus heureux il ne souffre plus". Pour 99% en tout cas. Et s'il a une femme, des enfants, on lui interdit, ou ça reste son droit ? L'assurance décès c'est ok ou c'est niet ? Ce nouveau droit on leur en parle dès le CP, dès la 6e ou on évite d'en parler ? Des cas "touchy" il va y'en avoir, des milliers. Et c'est plus impactant qu'un tatouage ou même un changement de sexe.

Dernière modification par Don Patricio URSSAF ; 14/09/2022 à 21h57.
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