Y a quand même une super bonne nouvelle pour vous, n'ayant pas de majorité absolue, il sera obligé d'écouter le parlement et ne pourra plus passer ses lois en mode balec et ça honnêtement je trouve que c'est une très bonne chose à condition évidemment que les députés d'opposition soient dans une démarche constructive et pas de refus systématique, je crois que la plupart sont dans cette logique responsable, mais avec deux gros groupes LFI et RN, y a quand même des points d'interrogations qui demeurent sur leur attitude de parlementaire.
Former une coalition suppose que l'on remette à plat les programmes pour définir une plateforme commune, souvent un plus petit dénominateur commun mais pas uniquement, cela peut être aussi des concessions, qui mette tout le monde appartenant à la coalition d'accord, malgré des divergences sur d'autres points.
Ceci est naturel dans un régime parlementaire où sont élus des candidats de partis, lesquels forment une chambre et élisent un premier-ministre. Le premier ministre est responsable devant la chambre et peut être démis en cas de crise de la coalition. Les élections s'envisagent aussi sous l'angle des négociations qui auront lieu après pour former, si besoin, une coalition.
Le régime français, très particulier, fait élire un président au suffrage universel, dont il tire une légitimité quasi-monarchique, mais élit aussi une chambre basse par les législatives. L'élection présidentielle étant devenue première avec la réforme du quinquennat, il est logique que l'affrontement de personnes (et accessoirement de programmes, mais cela devient beaucoup plus accessoire) porte à son comble les antagonismes. C'est la culture de l'affrontement via la personnalisation de la présidentielle.
De là provient un hiatus fondamental : là où un régime parlementaire prépare les négociations de formation de coalition potentielle, le régime semi-présidentiel (en fait super-présidentiel) français ne l'y prépare pas du tout bien au contraire. De fait, quelque soit le bord d'où l'on parle, il devient difficile même de comprendre ce qu'implique une coalition en France. Au mieux il s'agit de débauchage, picorant dans l'opposition des parlementaires _compatibles_ avec le programme/personnalité présidentielle. Loin même de l'esprit d'une coalition (1).
Le fait que les français, dans une écrasante majorité, sont attachés au suffrage universel de l'élection présidentielle montre leur attachement à la figure d'un chef. Combien de fois entend on la comparaison du président actuel avec les anciens, de Gaulle en premier, formes de figures mythiques parées des vertus nécessaires qui font un homme d'état d'envergure. Mais avec cet attachement et, corrélativement l'encrage dans la culture de l'affrontement et de la personnalisation, vient l'impossibilité d'intégrer pleinement la notion de négociation et de compromis nécessaires à la formation d'une coalition.
Or, négociation, compromis, reconnaissance des divisions et surpassement de ceux-ci sont l'essence de la démocratie. Et sont nécessaires à l'existence d'une coalition qui permet une stabilité de l'exécutif.
(1) attention, évidemment une coalition n'est pas un rêve de bisounours. Bien au contraire, les calculs politiques et passions humaines y sont toutes aussi présentes. Les chausses-trappes et autres y sont présentes tout autant. Mais la règle du jeu incite au compromis et à la négociation.