Je suis contre les chasses aux sorcières, plus encore lorsqu'elles se transforment en lynchages publics menés ou soutenus par des personnes souvent mal informées, menant à des phénomènes de censure ou de justice à la fourche, hypocritement moralisatrice ou complètement déplacée... mais cette industrie est à ce point pourrie, jusqu'à la moëlle de la moëlle, que j'en viens à ne plus voir d'autre solution que de couper les têtes couronnées et de les exposer en place publique. À force de voir ces symboles d'un autre temps tomber (trop tard, toujours trop tard...), les patrons toxiques adeptes du crunch, les pervers misogynes et autres machistes néandertaliens — qui, s'ils ne sont pas toujours acteurs, traitent ces problèmes d'un haussement d'épaule — réalisent qu'on n'est plus dans les années 60. C'est de leur faute si le burnout, la perte de compétence systémique, le suicide et les harcèlements, agressions sexuelles et viols deviennent possible (pour ne pas dire incontournables) au sein de ces entreprises.
Je suis fatigué d'apprendre qu'une nouvelle purge de fausse sceptique a lieu après une énième enquête d'un journal ou une avalanche de plaintes, après des années d'omerta. On ne devrait pas attendre que la merde remonte jusqu'à la surface pour nettoyer les tuyaux encrassés. On ne devrait plus réagir uniquement au cours de l'action ou par peur d'une mauvaise image, alors que des gens souffrent au quotidien et sont régulièrement blessés, physiquement ou psychiquement. Ce n'est même pas qu'une question de bien-être humain, c'est du pragmatisme.
Finalement ils seront arrivés jusqu'à la tête. Je me demande qui va prendre sa place ? Je doute que ça laisse présager d'un renouveau dans l'industrie, mais ça ne coûte rien d'y croire.
Avec l'effet boysclub mis en place depuis des décennies, difficile de croire que ceux qui vont monter sur les trônes laissés vacants seront meilleurs que leurs prédécesseurs. C'est compliqué de trouver de bons remplaçants, à la fois éthiques et qualifiés, lorsqu'on a fait fuir les candidats potables durant des années.
Les actionnaires devraient rester à leur place et laisser les autres faire leur travail et ceux qui sont en charge de le faire !!!!
Dans un système capitaliste, la pression des actionnaires est pratiquement le seul moyen de faire plier une direction aveugle et sourde. Si on attend que "ceux qui font leur travail" gèrent les problèmes humains et éthiques, on va tous mourir de vieillesse ou de dépit avant.
Mais faut arrêter de croire que les gens jouent « éthique ». La majorité des joueurs n’est pas au courant de ce qui se passe ou s’en fout royalement.
Les joueurs sont là pour s’amuser, découvrir, par nostalgie, pour jouer entre amis.
Ça fait des années qu’on entend le même discours et chaque extension bat le record de ventes de la précédente.
Effectivement, au moment d'acheter un jeu, on ne regarde pas son coût carbone, le niveau de stress des développeurs ou l'égalité salariale des studios et de l'éditeur. Évidemment, sinon on ne jouerait plus à rien. Ceci étant dit, ça devient difficile de ne pas être informé de ce qui se passe dans ces boîtes avec les scandales à répétition. Ne pas en tenir compte lors de l'achat est difficile également lorsqu'on en arrive à ce niveau d'horreur. On a beau avoir envie d'aller voir un film, on peut y renoncer suite au scandale visant l'acteur principal ou le réalisateur, idem pour un livre, donc le jeu vidéo sera touché tôt ou tard par cet effet. Sans glisser vers les abus du woke, dire que la majorité des joueurs s'en fout royalement est un peu too much. Les mentalités évoluent partout. C'est sans doute plus lent dans un secteur très masculin et pas super mâture... mais est-ce vraiment ça la population des joueurs de nos jours ? En me relisant, j'ai l'impression d'être un journaliste de TF1 en 1997.
D'un côté, pénaliser un jeu est profondément injuste parce que les "petites mains" seront tout autant condamnées que les responsables, mais d'un autre côté favoriser la pérennité de leur emploi dans le contexte d'une entreprise toxique, ce n'est pas vraiment leur rendre service non plus. Alors oui, il m'arrive de renifler devant la jaquette d'un jeu estampillé EA ou Ubisoft, et cette grimace qui pousse à reposer le jeu sur l'étagère m'accompagnera désormais aussi pour Blizzard ou CD Project (pas acheté Cyberpunk d'ailleurs, j'attends la fin du ménage). Le problème, c'est qu'on dirait que tout le secteur est touché. Aucun éditeur ne semble passer à côté du scandale. Une seule question me taraude donc : c'est quoi ce bordel ? Les professionnels du jeu vidéo sont-ils devenus leur propre caricature : des nerds frustrés qui reportent leur impuissance et une adolescence difficile sur la gente féminine, complices dans leur misogynie jusqu'à définir de véritables cultures d'entreprise sur ce malaise ? Inquiétant.
Pointer du doigt le consommateur final comme responsable ultime de ce qui se passe dans une industrie, c'est stupide et injuste. D'ailleurs ça n'a jamais marché. Non, on n'a pas de responsabilité collective à ce niveau, parce que comme pour la pollution, les principales causes du problème sont ailleurs et ne peuvent se régler à notre niveau. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien faire, notamment via les RS ou les groupes de pression, ni qu'on doit détourner le regard comme si on bossait à la RH de Ubi Montréal.
Pour moi, c'est compliqué de prendre du plaisir à aller acheter un jeu lorsque j'apprends que le chef de projet violait ses collaboratrices. Si l'achat me laisse un goût amer (et pas que pour le prix) alors qu'on est dans l'industrie du loisir, c'est qu'il est temps de se remettre en question sur nos propres désirs et ce qu'on est prêt à sacrifier pour les satisfaire. Ni complice, ni coupable, certes, mais sali par association, aussi indirecte soit-elle. L'industrie du jeu vidéo a peut-être grandi trop vite, sur des fondations sociales faussées et en se basant sur une communauté à qui on a donné trop de pouvoir. Le dégueulis qui tombe en cascade depuis quelques années est le symptôme d'un mal plus profond. Quelques sacrifices rituels sur l'autel de meetoo et un coup de peinture façon greenwashing ne suffiront pas. Quand je vois des joueurs défendre les agresseurs parce que "leurs jeux y sont trop bien, on s'en fout du reste" ou aller insulter et menacer des développeurs parce qu'ils annoncent un report de sortie, comme si le crunch était tolérable tant qu'on a notre jeu pour nos congés, je me dis qu'on a du chemin à faire des deux côtés.