La traduction de Ledoux est longtemps sujette à débat.
Vincent Ferré salue ainsi ses descriptions de paysages en particulier. Traducteur réputé de
Tennessee Williams, Charles Dickens,
Daniel Defoe,
Edgar Allan Poe, ses qualités sont certaines, mais son travail contient de nombreuses coquilles et erreurs de traduction, notamment pour les pluriels des noms en
quenya :
the Valar est ainsi traduit par « le Valar » au lieu de « les
Valar ». Ledoux francise Frodo en
Frodon et Bilbo en
Bilbon, alors qu’il ne l’a pas fait pour sa traduction du
Hobbit.
Ferré regrette que des expressions ramènent à un monde extérieur à celui de Tolkien : la « file indienne », « un cousin
à la mode de Bretagne », ou encore
Dieu. Certains contresens sont imputables au fait que Ledoux ne disposait pas du
Silmarillion, édité seulement cinq ans plus tard par
Christopher Tolkien. Ainsi dans le prologue, la référence à la « mort » d'
Elrond et de
Galadriel s'explique par une traduction inadéquate du terme « departure », qui correspond en revanche pour
Boromir à l'acception « mort ».
Parallèlement à des diverses initiatives, Vincent Ferré collabore à un groupe de travail qui constitue entre décembre 2000 et 2003 une première liste de « coquilles » au sens large : coquilles typographiques, omissions ou contresens. Ce projet est mis en veille après la parution d’une nouvelle édition anglaise à l’occasion du cinquantenaire de la première publication. L’éditeur français donne alors la priorité à la publication de textes de Tolkien inédits en français : traduction par
Daniel Lauzon, de trois tomes d'
Histoire de la Terre du Milieu et la retraduction du
Hobbit, traduction des
Enfants de Húrin, de
La Légende de Sigurd et Gudrún, de
La Chute d'Arthur et de
Beowulf. Traduction et commentaire.
La traduction du
Hobbit annoté, issue d'abord d'un projet de simple révision du texte, et la nouvelle traduction du
Hobbit par Daniel Lauzon publiées en 2012 sont très appréciées avec leur meilleur respect des styles utilisés par l'auteur. Il supprime les références au calendrier chrétien (Midsummer’s eve traduit en Saint-Jean devient « à la veille de la Mi-Été ») ou à la mythologie gréco-romaine, comme le dicton du terroir « Out of the frying-pan into the fire » traduit par Ledoux en «
tomber de Charybde en Scylla ». Il commence une nouvelle traduction des noms propres comme Oakenshield ou Mirkwood, remplacés par
Lécudechesne ou
Forêt de Grand'Peur. Le symbolique « Baggins » non traduit en 1969 devenu plus tard « Sacquet » est renommé « Bessac ». Un apport remarqué du travail de Lauzon concerne les poèmes et chansons : « Quand j'ai commencé à traduire, je n'avais pas de projet spécifique pour les poèmes et chansons. C'est en m'y essayant que j'ai déterminé ce que je serais en mesure de faire. Je connais beaucoup de lecteurs francophones qui m'ont dit : les poèmes, je les saute. Alors que ce n'est pas le cas des anglophones, qui apprécient les poèmes et les chansons du
Hobbit et du
Seigneur des anneaux. Il était donc important pour moi de les traduire comme on traduit la poésie c'est-à-dire en mettant un peu de côté la lettre (par nécessité) pour se concentrer sur les qualités poétiques. J'ai suivi la
métrique tolkienienne autant que faire se peut. Il utilise souvent des vers
octosyllabiques et vous en trouverez dans ma traduction ».
L’éditeur Christian Bourgois décide de lancer la nouvelle traduction du
Seigneur des Anneaux durant l’été 2013 : « C’est-à-dire qu’après avoir retraduit
Le Hobbit, il était beaucoup plus logique de faire la même chose avec
Le Seigneur des Anneaux, afin que les deux livres soient enfin harmonisés. De ce point de vue, une révision n’aurait été satisfaisante pour personne. Le projet de « révision », au début des années 2000, s’est arrêté à une liste partielle de « coquilles » ; mais si j’essaie d’imaginer ce que cela aurait donné en fin de compte, je peux vous dire que nous avons ici quelque chose d’assez différent, avec la nouvelle traduction. Une révision ne va jamais aussi loin. » Directeur de collection chez Bourgois, Vincent Ferré est le seul destinataire du travail de Lauzon avant le tirage des épreuves, ce qui lui permet de livrer ses impressions chapitre par chapitre. La nouvelle édition intègre une nouvelle traduction des cartes intégrant les remarques de Christopher Tolkien développées dans
l’Histoire de la Terre du Milieu.
Lauzon se montre attentif à respecter la manière de parler propre à chaque personnage. Ferré estime que «
Sam ne parle pas comme Frodo, ni comme
Gandalf, et Daniel Lauzon a essayé de rendre ces particularités. Il a également le souci des nuances dans les descriptions, les ambiances et les atmosphères. » Il assume de nouveau des évolutions de noms propres comme Mirkwood (devenu « Forêt de Grand'Peur »), que Ledoux traduisait en « Forêt Noire », Ferré justifiant que « dans le meilleur des cas, l'expression rappelle une
zone géographique en Allemagne, et, dans le pire des cas,
un dessert ! ». Il loue de nouveau son travail les chants et poèmes : « Daniel Lauzon nous fait entendre, en essayant de suivre un certain nombre de contraintes poétiques et prosodiques, ce qu'on a souvent oublié : que Tolkien a d'abord été poète »
11.
Le premier tome d'une nouvelle traduction, assurée par Daniel Lauzon, parait chez Christian Bourgois en
2014.