Ce serait plutot "l'abstention habituelle" (celle des présidentielles / législatives) favorise le RN, alors que le j'menfoutisme l'abstention massive envoie tous les partis dans la fosse à purin.
Qualifier l'abstention de "j'menfoutisme" c'est au mieux de la paresse intellectuelle. Ce niveau record de désintéressement pour la politique de la part du peuple devrait au contraire être un drapeau rouge pour chacun.e d'entre nous sous peine de dérive dans les années à venir. Un pouvoir à venir qui récolterait au premier tour 30% des suffrages avec seulement 1/3 de votant ayant fait le déplacement, cela nous donnerait un pays dirigé par seulement 10% de sa population. Faut-il rappeler que la démocratie est avant tout le pouvoir au peuple ? Et même si le principe est galvaudé depuis des décennies (s'il ne l'a pas toujours été), comment espérer un avenir stable et prospère (même en évacuant les enjeux du XXI siècle de la question) si l'idéologie qui le dirige n'est plébiscité que par un dixième de sa population ?
Le modèle de la Vème est en déliquescence continuelle depuis des décennies et il est à mon avis grand temps de le réinterroger. La promesse de l'Homme providentiel venu sauver le pays que l'on nous vend tous les cinq ans n'a jamais porté ses fruits et ne les portera jamais, d'autant plus dans un monde mondialisé empêtré dans des problématiques globales. Ce que l'abstention traduit est avant tout une crise des institutions et de nos modes de gouvernance. Et les causes de cette crise sont multifactorielles :
- La professionnalisation de la vie politique est à l'origine d'un mécanisme de reproduction sociale des Hommes et des idées, ce qui conduit ces entités à ne pas se renouveler, ou trop lentement, créant un sentiment de fatalisme chez la population. Ce sentiment est d'autant plus accentué par la nécessaire utilisation du mensonge pour draguer les électeurs dans la durée, mandat après mandat, attitude favorisé par le fait qu'il n'existe aucune obligation d'appliquer le programme pour lequel un individu est élu.
- Les médias, notamment avec les chaines d'informations continue et pour des questions de survie, se sont mis à jouer le jeu des réseaux sociaux. Nous sommes entré dans l'ère du BUZZ où tout fait divers est monté en épingle jusqu'à épuisement total. Il n'y a plus (y en a t-il déjà eu ?) de débat d'idée et de fond dans la presse grand public, seulement de la forme pour vendre du papier. Et malheureusement ce qui suscite le Buzz et l'intérêt immédiat des publics sont souvent des sujets qui touchent au pathos tels que l'immigration, la sécurité, la délinquance, le terrorisme, ... des sujets offrant un terreau fertile au Front National pour se développer. D'autant plus que les gouvernements récents sont tombés dans le piège du 1 fait divers = 1 loi.
- Le Front National se développe, aidé par l'environnement médiatique (pas de manière volontaire mais de manière indirecte) et pour éviter de le mettre au pouvoir apparaît de plus en plus fréquemment le jeu du front républicain. Les élections sont devenus le choix du moins pire, le barrage au FN, et les médias s'en délectent. Les dernières régionales sur les plateaux TV s'apparentaient plus à qui sera éliminé de Loft Story 5 que d'un débat d'idée sur des questions d'intérêts général. La majorité des médias ne parlaient QUE du FN, de son potentiel score et de la manière dont le partie était enfin devenu présidentiable tout en oubliant pas de préciser qu'il allait falloir un front républicain pour l'arrêter.
- Il y a clairement une absence d'offre politique diversifié et viable. La droite, le centre et la gauche (PS-ELLV) ont tous le même modèle à savoir le libéralisme économique avec des variables sur le plan social. Le peuple a bien fini par comprendre que l'un ou l'autre ne change rien. L'extrême droite n'accèdera probablement jamais au pouvoir de part le jeu médiatique en place (du moins c'est ce que pense l'UMPS) et le reste des gauches est inconciliable et inéligible tant leur vision du monde date d'une autre époque (coucou NPA & PC), populiste (coucou le nucléaire la LFI) ou avec des figures aux propos douteux (coucou "larepublikcmwa" Merluchon).
Pas le temps de continuer mais des raison sérieuse à l'abstention il en existe énormément.