Bientot un Internet propre merci Big Brother ! (#6)

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On en revient à ce que je disais plus haut: la vidéo-surveillance comme solution à la sécurité est un fantasme, au même titre que l'énergie infinie ou l'expansion des terres arables: c'est un problème de ressource.

On peut se dire qu'avec l'IA on aura enfin la possibilité d'exploiter toutes les images, tous le temps. Sauf que le goulot d'étranglement se situera ailleurs.

Le financement en énergie des serveurs pour une telle masse de données, le nombre d'équipe sur le terrain effectivement capable de répondre aux alertes, la réalité de la ressource '' IA'' comme solution fonctionnelle, le nombre de tribunaux disponibles pour traiter les affaires après coup s'il n'y a pas eu d'équipe sur le moment pour appréhender les suspects.
Et à cela s'ajoute la problématique démocratique d' accepter une surveillance constante.

Si politiquement l'enjeu existe, dans les faits la problématique IA est la même que la problématique '' caméra partout '' : c'est un outil sur-dimensionné pour l'usage réel qui en est fait, et qui sert surtout à valider un discours politique sécuritaire.
Citation :
Publié par Kedaïn
On en revient à ce que je disais plus haut: la vidéo-surveillance comme solution à la sécurité est un fantasme, au même titre que l'énergie infinie ou l'expansion des terres arables: c'est un problème de ressource.

On peut se dire qu'avec l'IA on aura enfin la possibilité d'exploiter toutes les images, tous le temps. Sauf que le goulot d'étranglement se situera ailleurs.

Le financement en énergie des serveurs pour une telle masse de données, le nombre d'équipe sur le terrain effectivement capable de répondre aux alertes, la réalité de la ressource '' IA'' comme solution fonctionnelle, le nombre de tribunaux disponibles pour traiter les affaires après coup s'il n'y a pas eu d'équipe sur le moment pour appréhender les suspects.
Et à cela s'ajoute la problématique démocratique d' accepter une surveillance constante.

Si politiquement l'enjeu existe, dans les faits la problématique IA est la même que la problématique '' caméra partout '' : c'est un outil sur-dimensionné pour l'usage réel qui en est fait, et qui sert surtout à valider un discours politique sécuritaire.
Si on parle d'"IA" appliquée à tracer les malversations financières, évasions fiscales et autres arnaques aux impôts, je pense qu'elle pourrait être redoutablement efficace si nourrie avec assez de données globales. Le vrai crime, en chiffres d'euros absolus, dans le monde, c'est avant tout le vol. Et pas le vol à main armée. Commencons par ça, c'est beaucoup plus facilement tracable.
Citation :
Publié par Tzioup
Si on parle d'"IA" appliquée à tracer les malversations financières, évasions fiscales et autres arnaques aux impôts, je pense qu'elle pourrait être redoutablement efficace si nourrie avec assez de données globales. Le vrai crime, en chiffres d'euros absolus, dans le monde, c'est avant tout le vol. Et pas le vol à main armée. Commencons par ça, c'est beaucoup plus facilement tracable.
Disons que ma première question serait : Qu'est-ce que tu entends par IA ?
Actuellement ce sont "juste" des algorithmes décisionnelles mais ces algorithmes ne servent pas à grand chose sans données et tu te doutes bien que tu n'obtiendras pas les données financières aussi facilement
Citation :
Publié par Tzioup
Commencons par ça, c'est beaucoup plus facilement tracable.
C'est pas un pb de tracabilité ou d'ia hein, c'est un pb de politiques, tout est fait pour contrecarrer les efforts de la police qui enquete dessus parce que c'est des potes.
Et meme quand tout est decouvert c'est juste enterré pour pas faire de bruit.
L'ia c'est un faux probleme.
Citation :
Publié par Gratiano
Disons que ma première question serait : Qu'est-ce que tu entends par IA ?
Actuellement ce sont "juste" des algorithmes décisionnelles mais ces algorithmes ne servent pas à grand chose sans données et tu te doutes bien que tu n'obtiendras pas les données financières aussi facilement
C'est ce que je pointe lorsque je parle de "assez de données globales". Globalement, les flux financiers mondiaux, même incluant les paradis fiscaux, sont actuellement extrêmement bien tracés. Les Christian Clavier qui traversent les Alpes avec une maison bourrée de lingots, ca fait longtemps que c'est fini.
Maintenant, tout est une question de volonté législative, car toutes les pays - même "paradis fiscaux" sont plus ou moins ouverts à la loupe étrangère. Ce qui faillit, c'est législation et la logistique. La logistique de trouver les coupables, la législation derrière pour les punir à la hauteur du crime.
Lorsque les journalistes et les fameux "XXXX Leaks" sont plus efficaces à trouver et pointer du doigt les criminels que l'État et la nation victime, c'est signe d'un système déficient. L'État ne devrait jamais avoir à sous-traiter ses fonctions régaliennes au privé.

ps: certains paradis fiscaux - minimes, mais existants - et certaines banques majeures suisses restent complètement opaques sur beaucoup de leurs transactions. Dans ce cas de vol avéré, les états se doivent d'employer la force ou l'intimidation. Le monde n'a pas besoin de parasites.

Dernière modification par Tzioup ; 08/04/2021 à 02h58.
@Tzioup: C'est vrai que la volonté politique n'y est pas mais je ne suis pas sûr que ça suffise. Même avec les flux financier, il est à mon sens difficile de détecter des fraudes sans compter que certains mouvements qui font échapper à l'impôts sont parfaitement légale. Ce n'est pas pour rien qu'il y a des fiscalistes et des comptables. A mon sens, toute la difficulté est là. Et même en programmant une "IA", je pense que cela prendrait du temps et de l'argent de détecter tout cela. Sachant que tu es sur de l'internationale en général, on peut se poser la question si le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Tzioup
Si on parle d'"IA" appliquée à tracer les malversations financières, évasions fiscales et autres arnaques aux impôts, je pense qu'elle pourrait être redoutablement efficace si nourrie avec assez de données globales. Le vrai crime, en chiffres d'euros absolus, dans le monde, c'est avant tout le vol. Et pas le vol à main armée. Commencons par ça, c'est beaucoup plus facilement tracable.
https://www.generation-nt.com/fisc-i...e-1969773.html

Le fisc utilise deja du ML pour trouver qui controller. Apres "les données globales" c'est compliqué, il faudrait une coopération forte entre les états pour les échanger, ces données. Apres, ca a l'air de commencer a pointer le bout de son nez: https://www.liberation.fr/internatio...HNKFQURCSMSJY/
Citation :
Publié par Pile
Oui et non dirai-je

Dans ton message tu t'intéresses à l'aspect prévention.
Pour le coup il y a des outils qui permettraient toutefois de gagner en efficacité dans le traitement des flux vidéos pour la détection d'infraction (sans parler du tout d'identification biométrique personnelle) et/ou le suivi d'auteurs et de compenser partiellement le faible nombre d'opérateurs.
En terme de besoins matériels au vu des infrastructures existantes et du fonctionnement actuel (par exemple le stockage de données que tu évoques) cela n'impacterait éventuellement qu'à la marge, par exemple pour de la puissance de calcul.

Mais il y a aussi tout le volet répression pour lequel des outils assez simples permettraient de faire gagner beaucoup de temps, ouvrant alors la possibilité d'exploiter un bien plus grand volume d'images dans un même laps de temps.
Ces outils de traitement vidéo permettraient du coup de ne plus se contenter des images de la scène d'infraction pour un délit mineur, comme je l'évoquais plus haut, mais de faire tout le cheminement d'auteur par exemple.
Cela permettrait de faire un bond énorme dans l'aspect utilitaire de l'exploitation de la vidéosurveillance dans les enquêtes.
Il s'agirait donc d'une simple optimisation accroissant le rendement sans besoin supplémentaire.

Sur cette base du coup la problématique de développement de la surveillance est tout à fait entendable.
Dans tous les cas la solution unique parfaite n'existe pas, c'est un ensemble multifactoriel.
Mais pour le coup, si tu optimises l'efficacité du réseau en permettant par exemple d'exploiter 5 caméra pour une affaire au lieu de 1 (pour faire le cheminement d'acteur), tu te retrouves mécaniquement avec une multiplication d'affaires "solvables" qui ne l'étaient pas avant. Donc une augmentation de la masse de travail pour les enquêteurs et pour l'appareil judiciaire ensuite.
Et donc on retombe sur le problème de la ressource.

Politiquement, c'est la question de la ressource des fonds publics qui apparait: pour les 67 caméras de Saint-Etienne, c'est 1.7M d'€ d'investissement sur 5 ans et 1.3M d'€ de coûts annuel (entretien+agents). Donc on a 8.2M d'€ d'argent public dépensé sur 5 ans pour un système qui comme ailleurs, a une efficacité toute relative: 130 procédures sur 10 532 sont déclenchées par la vidéo. Quand bien même il faille y ajouter les procédures où la vidéo a été outil et non déclencheur, je ne suis pas sûr qu'on rentabilise l'équipement.

Donc une fois encore, l'allocation des ressources: avec 8.2M d'€, on pourrait augmenter les effectifs sur le terrain, dans les bureaux, dans les tribunaux. On pourrait renouveler le matériel etc. Des investissements qui ont un impact connu, quantifiable et tangible.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Pile
Dans tous les cas les procédures vont être traitées, tant au niveau enquête que justice. Résoudre l'affaire apportera une charge supplémentaire de travail certes, mais globalement mineur sur l'ensemble du temps rapporté pour chacune.
Je ne suis pas sûr de bien comprendre cette phrase.

"Dans tous les cas les procédures vont être traitées" : qu'entends-tu par "traité"?
Si on prend l'exemple d'une agression: une personne se fait éclater la tête dans une ruelle, la caméra filme l'acte, mais l'auteur n'est pas identifiable directement. La victime vient déposer plainte, celle-ci est enregistrée, mais au final sans élément supplémentaire ça s'arrête là. Pas d'interpellation, pas de passage en justice. Maintenant si on colle de l'IA là dessus qui se charge de remonter le trajet de l'auteur tout seul jusqu'à un point où on peut l'identifier (procédure automatisée par reconnaissance d'objet, jusque là pas de boulot supplémentaire pour les agents). L'auteur est identifié, il faut maintenant aller l'interpeller ou le convoquer. Ça prend du temps, gav, déposition etc. Ensuite constitution du dossier et transmission à la justice, le tribunal se retrouve avec un dossier à traiter en plus qu'il n'avait pas avant.
Si on multiplie ça en appliquant cette méthode à toutes les affaires similaires, on se retrouve avec une tonne de dossier qui n'auraient jamais dépasser l'accueil du commissariat qui maintenant occupent des agents, des administratifs, des magistrats etc.

"A côté de cela c'est un gain de temps énorme sur les enquêtes complexes qui permettrait de libérer plus d'effectifs pouvant se consacrer à autre chose à côté." : ça s'entend, mais c'est difficilement quantifiable et très honnêtement, le simple poids des affaires de "petite délinquance" sur lesquelles on aurait un gain me parait tellement énorme que je ne vois pas les fdo subitement avoir assez de temps libéré pour les traiter. Encore moins les tribunaux, qui eux ne verraient leur masse de travail qu'augmenter.
Citation :
Publié par Kedaïn
Je ne suis pas sûr de bien comprendre cette phrase.

"Dans tous les cas les procédures vont être traitées" : qu'entends-tu par "traité"?
Si on prend l'exemple d'une agression: une personne se fait éclater la tête dans une ruelle, la caméra filme l'acte, mais l'auteur n'est pas identifiable directement. La victime vient déposer plainte, celle-ci est enregistrée, mais au final sans élément supplémentaire ça s'arrête là. Pas d'interpellation, pas de passage en justice. Maintenant si on colle de l'IA là dessus qui se charge de remonter le trajet de l'auteur tout seul jusqu'à un point où on peut l'identifier (procédure automatisée par reconnaissance d'objet, jusque là pas de boulot supplémentaire pour les agents). L'auteur est identifié, il faut maintenant aller l'interpeller ou le convoquer. Ça prend du temps, gav, déposition etc. Ensuite constitution du dossier et transmission à la justice, le tribunal se retrouve avec un dossier à traiter en plus qu'il n'avait pas avant.
Si on multiplie ça en appliquant cette méthode à toutes les affaires similaires, on se retrouve avec une tonne de dossier qui n'auraient jamais dépasser l'accueil du commissariat qui maintenant occupent des agents, des administratifs, des magistrats etc.
Ca fera un "pic" d'usage à un moment donnée. Mais si les gens se font chopper de façon fréquente plutôt que rarement... Ca en calmera beaucoup et donc a terme, on pourrai avoir moins de cas à gérer...

Le principe du "je me ferai pas choper => je fais. Je me ferai choper à coups 'sur' => je fais pas".

Mais il faudra voir comment on gère se pic... Si c'est aussi bien géré que le pic de retraité @ papi boom... :X
Citation :
Publié par Gardien
Ca fera un "pic" d'usage à un moment donnée. Mais si les gens se font chopper de façon fréquente plutôt que rarement... Ca en calmera beaucoup et donc a terme, on pourrai avoir moins de cas à gérer...

Le principe du "je me ferai pas choper => je fais. Je me ferai choper à coups 'sur' => je fais pas".
Ou bien on observera ce qu'on observe déjà: une déplacement de la criminalité plutôt que sa suppression. Sauf à mettre des caméras partout (ce qui est juste impossible), il y aura toujours des zones d'ombres où viendront se réfugier ceux qui veulent continuer leur affaires.

Le monde séparé en ghetto sans caméra d'un côté et les beaux quartiers de l'autre, bof. (Je grossis le trait volontairement, mais c'est le fond du problème du déplacement du crime plutôt que de sa prévention)
Citation :
Publié par Kedaïn
Ou bien on observera ce qu'on observe déjà: une déplacement de la criminalité plutôt que sa suppression. Sauf à mettre des caméras partout (ce qui est juste impossible), il y aura toujours des zones d'ombres où viendront se réfugier ceux qui veulent continuer leur affaires.

Le monde séparé en ghetto sans caméra d'un côté et les beaux quartiers de l'autre, bof. (Je grossis le trait volontairement, mais c'est le fond du problème du déplacement du crime plutôt que de sa prévention)
Tu es bien pessimiste je trouve... Les radars, ils en ont mis quelques un aux début et vu que ca marchait bien (et rapportait un max ), ils en ont fait poper un peu partout...

Pour les camera cela pourrai être pareil, ca rapporte pas directement, mais indirectement (si les gens ont moins peur, ils sortent plus, donc consomme plus. Si une ville devient plus "safe", il y aura plus de demande pour y vivre => plus d'impots locaux etc).

Autant au début, je suis d'accord que ca sera surtout dans des villes bobo/riches. Autant si ca marche, cela devrait se développer de plus en plus. Rendant ces zones d'ombres de plus en plus réduites. Y en aura certainement toujours, mais si c'est suffisamment réduit, cela ne sera plus vraiment un souci...
Citation :
Publié par Gardien
Tu es bien pessimiste je trouve... Les radars, ils en ont mis quelques un aux début et vu que ca marchait bien (et rapportait un max ), ils en ont fait poper un peu partout...
Disons que j'essaie d'être pragmatique en utilisant les données du système en place.
Les radars comme tu le dis s'auto financent et ont montré un effet direct.
Sur la vidéo surveillance, on en est pas là.

Partant de là, vu le budget que ça représente pour la collectivité, pourquoi ne pas financer des choses qui marchent: plus d'équipe sur le terrain, plus de personnels dans les tribunaux, application réelle des peines etc.

Avant de chopper plus de monde on pourrait s'occuper de déjà faire faire leur peine à ceux qu'on a.
Bah non, ca fera fonctionner le systeme.

Les gens votent pas pour plus de repression et donc a droite si le systeme fonctionne.
Le but c'est toujours de faire de l'esbrouffe mais ne rien faire de concret.
Les coûts doivent être bien inférieurs à la construction de prisons et surtout à l'embauche que ça implique. Déjà que la pénitentiaire est elle aussi dans un manque criant de moyens pour les places déjà disponibles.
La vidéo surveillance est un peu du cache-misère. C'est bien de pouvoir améliorer la détection des entraves à la loi voire l'automatiser mais si on condamne jamais ... ah quoique si les automobilistes vont encore prendre des amendes.
Citation :
Publié par Don Patricio
Les coûts doivent être bien inférieurs à la construction de prisons et surtout à l'embauche que ça implique. Déjà que la pénitentiaire est elle aussi dans un manque criant de moyens pour les places déjà disponibles.
La vidéo surveillance est un peu du cache-misère.
On est d'accord, d'où ma frilosité a investir de l'argent dans un système qui engorgerait d'autant plus un carcéral déjà à la peine, et encore plus à croire le discours politique qui en fait une voie vers une société sûre et responsable.
Citation :
Publié par Kedaïn
Disons que j'essaie d'être pragmatique en utilisant les données du système en place.
Les radars comme tu le dis s'auto financent et ont montré un effet direct.
Sur la vidéo surveillance, on en est pas là.

Partant de là, vu le budget que ça représente pour la collectivité, pourquoi ne pas financer des choses qui marchent: plus d'équipe sur le terrain, plus de personnels dans les tribunaux, application réelle des peines etc.

Avant de chopper plus de monde on pourrait s'occuper de déjà faire faire leur peine à ceux qu'on a.
En vrai la vidéo surveillance doit y avoir moyen de l'auto financer si ca mettait des amendes automatiques aux gens garés en double file, sur les pistes cyclables, qui roulent dans les couloirs de bus etc.
Citation :
Publié par Okhalem
En vrai la vidéo surveillance doit y avoir moyen de l'auto financer si ca mettait des amendes automatiques aux gens garés en double file, sur les pistes cyclables, qui roulent dans les couloirs de bus etc.
Hm je suis plus que circonspect. L’échelle d'auto-suffisance à atteindre par le système me parait très loin de la réalité de ce qu'il est.

Pour rappel de ce qu'est le Deep Learning et de où ça en est:

https://www.youtube.com/watch?v=trWrEWfhTVg

Dans l'idée je te dis oui, dans la pratique c'est comme la fusion à froid, on y croira quand on le verra. En attendant on peut peut être éviter de claquer du pognon dans un truc pas fini.
Message supprimé par son auteur.
Nouvel élément un peu inquiétant sur le comportement du gouvernement, dans un mouvement assez inhabituel, il est farouchement contre les directives européenne obligeant la limitation de la conservation des données, au point de demander au Conseil d'État (via l'Assemblée du contentieux, ce qui est assez inédit) de lui permettre d'ignorer le droit européen (et les multiples jurisprudences européennes) :
Citation :
L’exécutif ne veut pas entendre parler d’un encadrement européen de l’obligation de conservation des données de connexion. Devant le Conseil d’État, il redouble d’arguments pour considérer que la CJUE s’est plantée. Et qu’il convient de ne pas appliquer ses décisions.

...

En France, cette obligation se manifeste juridiquement par un joli pied de nez. Si l'article L. 34-1 du Code des postes et des télécommunications consacre un principe d’effacement immédiat de ces données, c’est pour le réduire en poudre quelques lignes plus bas.

Ce même article prévoit en effet de multiples dérogations pour imposer cette conservation généralisée et indifférenciée aux opérateurs et prestataires, pour « les besoins de la recherche, de la constatation et de la poursuite des infractions pénales », la Hadopi, l’ANSSI ou encore les services du renseignement et d’autres administrations...

,,,

Les législations des États membres étant de plus en plus gourmandes d’exceptions en la matière, la Cour de justice de l’UE a tiré plusieurs coups de canon dans le ciel de l’UE.
Le 8 avril 2014 dans son arrêt fondamental « Digital Rights Ireland », elle devinait derrière cette obligation de conservation, une profonde ingérence dans la vie privée des millions de citoyens concernés.

Et pour cause, de telles informations, « prises dans leur ensemble, sont susceptibles de permettre de tirer des conclusions très précises concernant la vie privée des personnes (…) telles que les habitudes de la vie quotidienne, les lieux de séjour permanents ou temporaires, les déplacements journaliers ou autres, les activités exercées, les relations sociales de ces personnes et les milieux sociaux fréquentés par celles-ci ». [...]

...

Le 21 décembre 2016, nouveau coup de semonce. Avec l’affaire « Télé2 », la CJUE jugeait contraire au droit européen « une réglementation nationale prévoyant, à des fins de lutte contre la criminalité, une conservation généralisée et indifférenciée de l’ensemble des données relatives au trafic et des données de localisation de tous les abonnés et utilisateurs inscrits concernant tous les moyens de communication électronique ».

Par ces deux couches, le droit européen a donc généré d’une jurisprudence de plus en plus protectrice pour les uns, mais beaucoup trop restrictives aux yeux de certains États membres, et tout particulièrement la France.

...

Déjà, dans l’affaire de 2016, l’avocat général de la CJUE relatait comment le pays des Droits de l’Homme avait multiplié d’arguments pour se libérer du joug européen et de ses multiples garanties.

Selon la grille de lecture de Paris, la directive de 2002 relative à la protection de la vie privée dans le secteur des communications électroniques exclut de cet encadrement européen les dispositions nationales régissant l’univers de la sécurité publique, la défense et la sûreté de l’État (article 1, paragraphe 3 de la directive).

Dit autrement, selon Paris, dans ce secteur, les autorités compétentes doivent pouvoir lire le passé, sans les embûches européennes.

Des arguments qui n’ont pas convaincu la Cour de Luxembourg. Dans son arrêt de 2016, elle a relevé qu’au regard de l’économie générale de la directive de 2002, relèvent bien de ce texte, les lois des États membres imposant à des fournisseurs de conserver les données relatives au trafic et les données de localisation, « puisqu’une telle activité implique nécessairement un traitement, par ceux-ci, de données à caractère personnel ».

...

[...] Mieux. Elle a jugé au passage que le droit européen tout comme la Charte des droits fondamentaux s’opposent aux réglementations qui donnent compétence au ministère public d’autoriser à la fois ces accès aux données tout en conduisant l’enquête pénale. Une double casquette qui s’oppose au principe d’indépendance qui vaut aussi en la matière.

Sur son compte personnel, Matthieu Audibert, doctorant en droit privé et sciences criminelles, anticipe en France un « gros problème parce que concrètement en flagrance et en préliminaire, c'est le parquet qui est à la manœuvre ». Il devance également une « avalanche des pourvois déposés à la Cour de cassation », notamment sur certaines affaires comme celle qui a conduit à la condamnation récente de Nicolas Sarkozy.

Me Alexandre Archambault rappelle pour sa part que plusieurs réformes législatives ont été entreprises ces dernières années sans que les rustines nécessaires n’aient été apposées, malgré les arrêts de la CJUE. « Les autorités françaises, en persistant dans leur refus de procéder aux adaptations qui s’imposent de la procédure pénale afin de la mettre en conformité, portent une lourde responsabilité dans le gel des enquêtes pénales à compter de ce jour ».

Source : https://www.nextinpact.com/article/4...ice-europeenne
Donc lorsque le gouvernement décide de s'attaquer à l'UE, c'est pour pouvoir conserver de manière illimitée les données de connexion de ses citoyens, au point d'être potentiellement prêt à faire sauter la hiérarchie des normes, surtout que ce combat est d'autant plus bizarre parce que le système judiciaire pourrait continuer à privilégier le droit européen puisqu'elle est supérieure au droit français (par contre ça ouvre au gouvernement des usages spécieux via les tribunaux administratif).


Cela démontre également que le gouvernement ne tient pas vraiment à la vie privée de ses citoyens, ce qui est inquiétant.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Kerjou
Après attention, présenté comme tu le fais, la vie privé de l’ensemble des citoyens est en jeu : on parle en gros des donnés de connexion recueillies dans les enquêtes pénales, loin de big brother.
Pas forcément que pour les enquêtes pénales, c'est utilisé par exemple par la Hadopi pour prévenir lors de téléchargements illégaux (avant même les amendes). Et c'est quand même sous-estimer ce que les données de connexion peuvent permettre de savoir sur quelqu'un, parce que ça regroupe les éléments suivant pour ceux qui ne savent pas :
  • Avec qui ou sur quel site/service on a consulté
  • À quel heure
  • Pendant combien de temps (pour les appels par exemple)
  • Depuis quel endroit
Au final ça peut permettre de modéliser un graph relationnel et de connaitre la zone géographique de là où on se situait au moment de ces actions et cela peut permettre de faire raisonnement éduqués sur ce que font les personnes en question comme l'expliquait une député :
Citation :
Pourquoi souhaitons-nous que la durée de conservation soit réduite ? Prenons tout simplement quelques exemples, et vous comprendrez très vite pourquoi les données de connexion sont aussi importantes que les contenus.

Vous vous êtes par exemple connectés à un site de rencontres échangiste ou fétichiste deux fois par jour pendant un mois, mais – nous dit-on – on ne sait pas du tout ce que vous avez écrit ou lu… Autre exemple, vous avez appelé Sida Info Service pendant douze minutes, puis un laboratoire d’analyses médicales pendant deux minutes. Une semaine plus tard, le laboratoire vous a rappelé. On ne sait pas ce que vous vous êtes dit, mais il vous a rappelé, et vous avez ensuite appelé votre médecin pendant quinze minutes, mais, encore une fois, on ne sait pas vraiment de quoi vous avez parlé.

Vous comprendrez simplement, par ces deux exemples tirés de la vie quotidienne, à quel point les données de connexion fournissent finalement autant d’informations que le contenu des messages. Il ne faut donc pas accepter que la durée de conservation soit de cinq ans, en considérant tout simplement qu’elles sont de seconde zone, ou moins utiles, ou moins intéressantes pour l’analyse des données.

Source : https://www.assemblee-nationale.fr/1...5/20150215.asp
Ne pas vouloir limiter la conservation de ces données pourrait permettre de savoir le travail, les hobbies et le cercle social d'une personne et de son évolution, sur une période du coup très longue et même d'y deviner ses inclinations politiques et religieuses.

Et sur le fait que je ne partage pas l'article en entier, de 1) c'est contre les règles de JOL de partager des articles entiers qui sont derrière des paywall (pour des raisons juridiques) et 2) ce n'est pas sympa pour les sites en question.

Mais l'article en question ne fait que montrer que l'UE n'a cessé de prendre des décisions en faveur du respect de la vie privée en reprenant à l'ordre des États membres qui commencer à s'écarter de cette ligne et que la France, en tête et avec une fougue rare, refuse catégoriquement de suivre le droit européen sur cette question et veut absolument pouvoir garder les données de connexion de manière illimité et indiscriminé au point de vouloir invoquer les intérêts fondamentaux de la nation dans son argumentaire, dans le genre de l'exagération, ça se pose quand même quand même car il y a un cas ou la conservation est moins limitée :
Citation :
Des autorités peuvent donc parfaitement enjoindre aux fournisseurs de service de conserver l’ensemble des données de trafic et de localisation de l’ensemble des utilisateurs, mais uniquement
  • Durant une période limitée,
  • En présence de circonstances suffisamment concrètes permettant de considérer l’existence d’une menace grave
  • Pour la sécurité nationale
  • Et d’une menace « réelle et actuelle ou prévisible »
Mais ce n'est pas suffisant pour le gouvernement.

Ça me rappelle également le fait que la France fait partie du groupe de tête des États qui demande un affaiblissement du chiffrement de bout à bout. Sauf que placer une backdoor dans un algorithme de chiffrement c'est rendre vulnérable toutes les communications qui l'utilise (parce que ce n'est rien d'autre qu'une faille, qu'un hacker va forcément trouver à un moment un autre, et après bonjour les dégâts).

Ce n'est qu'un red flag en plus démontrant que si le gouvernement (et les précédents) étaient moins des bras cassés que les américains ou les chinois, on aurait déjà notre PRISM maison depuis un moment (ou pire).

Et au cas où certains l'auraient oubliés, le gouvernement a déjà quand même assigner à résidence des "militants" (je mets entre guillet parce qu'il y a eu des lambda dans le lot également) écolo lors de la COP 21 en plein État d'Urgence sur des éléments qui n'ont jamais été indiqués même aux principaux intéressés (et dont l'assignation a été au tribunal administratif par manque d'éléments motivant l'assignation). Donc vu comment ils ont pu se comporter par le passé, il faut être très prudent de ce qu'ils pourraient faire avec torrent de données.
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