Il n'y a certes pas lien univoque entre société et culture, mais il y a une implication réciproque entre les deux concepts et leur réalité, toute culture s'épanouit dans un cadre social, sociétal et civilisationnel donné et inversement toute société donnée se caractérise par son tissu culturel. Et chaque terme dialectique évolue tout en faisant par là-même évoluer l'autre terme.
Cette notion d'implication réciproque, alias imbrication ou intrication est fondamentale dans le domaine des sciences sociales et humaines et le structuralisme fut/est son heure de gloire. La beauté de la méthode de raisonnement consiste à considérer le dépassement produit comme résultat de la rencontre des deux termes (ici culture et société). C'est en outre la base de la méthode analytique de Marx.
Certes, néanmoins aujourd'hui, ce qui est qualifié de culture du viol est un héritage culturel qui tend à s'amenuiser parce que la société a évolué plus rapidement que la culture et qu' elle est en train de l'influencer. Et c'est très lent, peut être trop pour les féministes radicales qui voudraient tout et son contraire dès les années 70, mais nier que c'est en train de se produire relève de l'aveuglement idéologique à mes yeux.
Vouloir à tout prix ou nier cet héritage culturel (cas des masculinistes) ou prétendre qu'il structure aujourd'hui encore la société (cas des féministes radicaux) est contre-productif (en France) en ce que, par exemple, ça conduit à préférer faire des lois pour obtenir des changements structurels inutiles, du moins inefficaces, plutôt que d'admettre qu'il y a des éléments culturels qui influencent nos façons de considérer autrui qui sont sinon anachroniques vieillots et dépassés qui sont en train de disparaître lentement.
C'était d'ailleurs le sens du verbe déconstruire quand il a commencé à être utiliser dans les milieux féministes avant qu'il ne devienne un outil pour faire éprouver à qui n'est pas né avec les bons organes génitaux ou la bonne couleur de peau de la honte pour être qui il est et de la culpabilité pour des faits historiques auquel il est complètement étranger, ou pour ignorer toute forme de contradiction à la doxa du féminisme radical issu des théories pétées de Dworkin.
Bref, on va devoir faire avec encore pendant quelques générations j'imagine, mais ça ne rend légitime ni de l'ignorer complètement ou prétendre qu'il n'existe pas ni de lui faire porter des responsabilités qu'il n'a pas.
Dernière modification par TabouJr ; 19/03/2021 à 23h06.
Motif: -_-
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