On peut être hyper nul pour négocier, mais si on a de véritables arguments, ça peut se faire quand même.
Etre "bon" pour négocier ça veut dire être capable de l'improviser, au besoin sans aucun véritable argument, au bluff.
Mais se donner un plafond et un palier stricts, rédiger de véritables arguments à tête reposée à l'aide d'amis/famille, c'est à la portée de n'importe qui. Au besoin on pleure ou on tremble face au RH, mais si on a noté ces choses-là, tout peut passer.
Alors quand je lis ce qui suit, je me dis que c'est jouable :
Pour la rupture conventionnelle, mon service est tellement dans la merde sans moi que je le vois mal me lâcher avec le tapis rouge et les honneurs.
C'est pas une question de tapis rouge.
Ce que ton employeur doit comprendre, c'est qu'il n'a pas le choix entre te garder ou non. Que vu la façon dont ça se passe, tu vas finir par te barrer de toute façon, que ce soit dans 3 mois ou dans 6, 9 ou 12, que ce soit "avec le tapis rouge" ou parce que tu enchaînes les arrêts maladie à cause du taf. Et ce n'est pas une honte ni un tabou de le dire, au contraire, ça doit être explicite. Parce que oui, après 6 ans ils peuvent se dire que tu subiras tout, que c'est que de la gueule, donc il faut leur rappeler qu'au bout d'un moment la coupe est pleine.
Le choix, il est donc dans la manière de ton départ : tu peux les aider à faire la transition, former tes collègues (sachant que cette dernière demande a déjà été émise et que tu es totalement en droit de refuser vu la situation), et partir au bout d'un délai dont vous convenez ensemble.
Ou alors tu peux poser ta démission aujourd'hui et ne plus rien branler en attendant la fin de ton préavis. (Je rappelle que même un licenciement pour faute grave ou lourde ne retire pas les droits au alloc chômage contrairement à ce que les boîtes essayent souvent de faire croire aux employés dans ces cas-là. Seules les indemnités de licenciement peuvent entrer en jeu - bien sur ça peut représenter un bon paquet aussi, mais vu que l'alternative est la démission où tu touches 0, le calcul est vite fait.)
Sachant que cette manière de voir les choses ne remet pas en cause ta possibilité de rester si décidément tu n'obtiens rien. Et au pire tu devrais obtenir au minimum des conditions de travail plus claires et plus supportables qui peuvent te permettre d'envisager ta reconversion ou ton départ plus sereinement, ce qui est très important.
Il y a des boîtes qui s'arc-boutent, par exemple pour une amie qui se trouvait dans la situation exacte pour laquelle les ruptures conventionnelles sont prévues (la boîte exigeait d'elle une montée en charge qu'elle pouvait pas assumer). Donc elle pensait que ses choix, c'était soit de continuer dans une situation d'épuisement et de quasi-harcèlement moral, soit de démissionner.
Après avoir mis en place une grosse stratégie avec elle, elle a malgré tout pas pu obtenir de rupture conventionnelle parce que c'était une boîte toxique qui refusait par principe, mais elle a démissionné avec un gros chèque (plusieurs mois de salaire) qu'elle imaginait pas du tout pouvoir obtenir au départ. Evidemment dans l'idéal elle aurait dû rester, subir le harcèlement pour pousser son employeur à la licencier/rupture conventionnelle, mais après des mois d'épuisement c'était trop dur. Sachant que le chèque était supérieur à ce que la boîte lui aurait versé en cas de rupture co, et qu'elle a évidemment assuré aucune aide à la transition, donc la boîte y a perdu. C'est vraiment juste une boîte qui fait chier par principe (et fout les gens dans la merde en les empêchant de toucher le chômage).
Edit : j'ajoute qu'au pire du pire il y a l'abandon de poste, qui résulte en un simple licenciement pour faute. Le seul problème de cette stratégie c'est qu'elle soumet au bon vouloir des délais que met le taf à te licencier, il peut attendre des mois, pendant lesquels tu n'as ni salaire ni chômage.
edit : abandon de poste, surtout avec ce genre de boîte, à déconseiller. Faut surtout pas se mettre en tort de manière visible et officielle en ce moment, bien au contraire.
C'est sûr, je le mentionne histoire de couvrir toutes les options, mais en effet il y a quasiment toujours mieux à faire, que ce soit insister jusqu'au chèque/licenciement/rupture, ou au pire la succession d'arrêts maladie qui finit bien par faire chier une boîte qui le mérite en la privant légitimement d'un employé utile.
en dessous : c'est même pas de la négociation, même si tu chiales comme une madeleine au moindre mot de travers, que tu sais pas quoi dire en entretien ... il y'a la loi et les procédures, à partir du moment ou ils veulent te faire partir et n'ont pas de fautes à te reprocher dûment notifiées, et pas la veille ... ils sont obligés de te lâcher un minimum ce que tu demandes. Tant que t'acceptes pas c'est comme ça, et sinon ils lacheront le minimum légal au bout d'un long processus avec la menace des prud'hommes derrière.
On est d'accord. Le problème c'est vraiment pas la "négo" mais le craquage sous la pression.
Une autre amie était prête à accepter de démissionner d'un taf qui la harcelait vraiment pour qu'elle se barre. Elle nous l'a dit au dernier moment, la veille de l'entretien prévu pour acter sa dem. On la coach à fond, ils ont pas le droit de faire ça etc, elle dit ok, elle note tous les arguments, elle envoie un mail au patron disant qu'elle refuse de démissionner, liste toutes les options possibles, etc.
Le lendemain, l'entretien arrive. Elle accepte de démissionner, signe la lettre dans la foulée pendant l'entretien.
On était presque plus saoulés que tristes pour elle lol.