Disons qu'on voit assez peut la gauche radicale démonter médiatiquement la gauche extrême sur tous ces sujets. Vu de l'extérieur, j'ai plutôt l'impression qu'ils restent médusés en serrant les fesses.
La gauche radicale n'a jamais été un mouvement de gauche très prolifique en terme de résultats électoraux et doit dépenser beaucoup d'énergie pour exister. Ça a toujours été le cas. Avant, elle galérait à exister au sein du PS, maintenant elle galère à exister à côté de sa version extrême qui lui a sifflé le support des jeunes adultes et du centre qui lui a sifflé les voix qu'elle aurait pu espérer récupérer de la gauche plus consensuelle (c'est plus facile d'en rajouter une couche sur une position de gauche que de devoir tout reprendre du début sur une position de centre droit pour faire pencher la balance à gauche toute).
Encore une fois, vous préjugez des intentions derrière les propos de la gauche radicale pour invalider les propos parce qu'ils ne s'opposent pas assez à ce que vous voudriez qu'elle combatte. Sauf que la gauche radicale n'est pas en position de s'opposer à l'opposition, vu qu'elle n'est pas au pouvoir, ni même en position de s'opposer au pouvoir, vu qu'elle n'est pas en position d'opposition. Par conséquent, on peut aussi estimer qu'elle communique sur ces chevaux de bataille habituels pour se reconstruire une identité sans lui reprocher d'être comme un lapin pris dans les phares paralysé par les conneries de son pendant à l'extrême gauche.
Il y a très certainement un calcul électoraliste derrière l'absence d'opposition frontale à l'extrême gauche communautariste, mais franchement, si la gauche radicale ne s'oppose pas publiquement à cette mouvance, on lui reproche de les soutenir, mais si elle s'y opposait, elle perdrait des voix et n'aurait aucune chance de gagner, déjà qu'elle en a peu voire pas du tout (la France étant un pays majoritairement de droite républicaine modérée, à gauche, toutes les voix comptent, même celles dont on sait par avance que les espoirs seront forcément déçus). Il y a encore aujourd'hui des gens pour reprocher à tonton d'avoir explosé le PCF en vol, donc c'est un peu fort de café de reprocher à la gauche radicale de ne pas faire ce qui est plus de deux décennies plus tard encore reproché à la gauche de consensus, à savoir de saborder l'extrême gauche et sa forte assise locale.
Bref, vous êtes en plein dans le procès d'intention parce que la gauche radicale ne fait pas ce que le centre droit voudrait qu'elle fasse, à savoir étouffer dans l'œuf l'extrême gauche pendant qu'elle se charge d'achever le centre gauche en le faisant translater au centre droit.
C'est quand même chaud de reprocher à un mouvement politique de refuser de se tirer une balle dans le pied. Si le centre veut lutter contre la gauche woke, il est en mesure de le faire vu qu'il est au pouvoir aujourd'hui. Mais au lieu de ça, il laisse Schiappa faire voter des lois inapplicables sur le harcèlement de rue, et en même temps, réussit à manipuler l'opinion pour que ce soit un mouvement qui ne s'exprime jamais sur le sujet, qui n'est ni au pouvoir ni dans l'opposition, qui soit tenu pour responsable à la fois des positions de l'opposition et des positions du pouvoir dès qu'elles sont de près ou de loin affiliable à la moral prétendument éveillée.
La politique ne se fait pas que par opposition à ses extrêmes. Plus particulièrement, le progressisme de gauche ne se construit pas par une opposition systématique à tout ce qui n'est pas dans sa droite lignée. La gauche qui gouverne en France est une gauche de consensus parce qu'il n'y a pas assez d'électeurs pour la mettre au pouvoir sans ça, le consensus ne s'obtient pas en s'isolant dans son coin et en criant très fort dès quelqu'un n'est pas d'accord. Ça, c'est l'extrême gauche, pas la gauche.
Qui plus est, il est de bon ton de reprocher à la droite d'être allé chercher les sujets plébiscités par ses extrêmes et d'avoir par là-même augmenté l'adhésion populaire à ces sujets, mais
en même temps, il est reproché à la gauche (ici radicale, mais m'est avis que ça serait reproché à n'importe quel mouvement de gauche) de faire exactement l'inverse.
Ça n'est pas très cohérent.