Politique et économie au Royaume-Uni

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Je trouve quand même dingue qu'un des points d'achoppement soit la pêche. Le reste ne me dérange pas, mais combien d'emplois au sein de l'Union européenne sont concernés ? Cela me sidère que ce soit un motif de rejet de l'accord.
Britannia rules the waves.*
C'est un sujet de prestige même si son poids réel dans l'économie est faible. Par ailleurs, si l'on en croit certaines sources, les disputes autour du poisson sont fréquentes depuis des siècles dans les régions limitrophes de la Manche.

*Britannia waives the rules
D'après The Guardian, il y a eu une conversation vivante et franche, ce qui en langage diplomatique dit que ça s'est échauffé.

Il reste de "très grands écarts" :
Johnson dit que le Royaume-Uni n'acceptera pas de termes qui le lierait aux règles de l'UE.
Le plus grand obstacle : la clause d'évolution par rapport aux standards.

Date butoir de la décision : Dimanche prochain.
Citation :
Publié par La Hutt Finale
Britannia rules the waves.*
C'est un sujet de prestige même si son poids réel dans l'économie est faible. Par ailleurs, si l'on en croit certaines sources, les disputes autour du poisson sont fréquentes depuis des siècles dans les régions limitrophes de la Manche.

*Britannia waives the rules
La « cod war » notamment dans les années 60 je crois. Un héritage historique ?
Citation :
Publié par Galatium
Je trouve quand même dingue qu'un des points d'achoppement soit la pêche. Le reste ne me dérange pas, mais combien d'emplois au sein de l'Union européenne sont concernés ? Cela me sidère que ce soit un motif de rejet de l'accord.
Tu trouveras les chiffres des trois « sous-secteurs » (pêche/extraction, aquaculture, transformation - FTE) ici : https://ec.europa.eu/fisheries/facts..._and_figures=3

Soit environ 100 000, 75 000 et 130 000 emplois (rapide extraction des rapports du STECF).

Au demeurant, l’UE (28) est le 5ème producteur mondial (et le plus gros marché mondial (net)) : 26+ milliard importés, 5+ milliard exportés; et un commerce intra-UE de 27+ milliard.

Je donne ses chiffres additionnels car il me semble pertinents pour aborder un dernier point : au-delà de l’importance économique (toute relative) et de celle en terme d’emplois (à ne pas négliger); il faut bien appréhender l’importance sociale du secteur (et in fine son importance politique). En particulier (et brièvement) en ce que le secteur permet un niveau de vie décent pour un certain nombre de zones côtières/rurales où assez peu d’alternatives existent. La nature des emplois aussi dont partie demande peu de qualifications (mais pas faciles pour autant). Et puis y’a tous les emplois indirects (nombreux), toujours dans des zones rurales souvent. Enfin, l’importance culturelle ne doit pas être négligée. Je me borne là à la pêche « côtière » si on peut dire, ou au moins proche géographiquement. La pêche lointaine à d’autres enjeux aussi mais c’est pas tant l’objet du Brexit.
Citation :
Publié par znog
super post comme d'habitude !

Si j'ai bien compris tu bosses avec/pour l'UE ?
Merci Znog. Il s’agit avant tout de savoir où trouver l’info et avoir les clés pour l’interpréter (comme on le fait tous sur ce topic - où j’apprends beaucoup !). Sinon, j’ai passé un peu plus de six ans à bosser à la COM en effet. Depuis début 2020, je n’y travaille plus mais mon job actuel reste très centré sur les politiques UE et en contact permanent avec tous les acteurs du secteur (institutionnels, société civile, industrie, etc.). La pêche c’est un petit monde.
Et le plan de contingences de no-deal publié par l'Union Européenne, dit pour la pêche :
Eh bien, puisqu'il n'y a pas d'accord, nous proposons de continuer comme nous faisons maintenant !

Elle a aussi proposé de laisser opérer les avions, frets, autocars circuler en Europe durant six mois après le no-deal
en échange de ce que le gouvernement anglais s'engage à maintenir le "level playing field" sur les standards...

Dernière modification par Caniveau Royal ; 10/12/2020 à 17h39.
Citation :
Publié par Caniveau Royal
Et le plan de contingences de no-deal publié par l'Union Européenne, dit pour la pêche :
Eh bien, puisqu'il n'y a pas d'accord, nous proposons de continuer comme nous faisons maintenant !

Elle a aussi proposé de laisser opérer les avions, frets, autocars circuler en Europe durant six mois après le no-deal
en échange de ce que le gouvernement anglais s'engage à maintenir le "level playing field" sur les standards...
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Est-ce qu'il ne faut pas comprendre cette offre "à l'envers" : si vous ne maintenez pas des "règles du jeu équitables" on bloque vos avions et vos poids lourds ?

bref le genre d'offre qui ne se refuse pas



sur la pêche la pression est plus limitée
Citation :
The EU will also offer British fishermen access to its seas and open negotiations over quotas, if the UK government reciprocates. But the commission said the offer was for a limited period and it was only willing to act to avoid the worst disruption, including the risk of “public disorder”.
trop limitée ? Ou l'idée est que la GB va demander des trucs (erasmus, euratom...) et à chaque fois, on lui demandera des quotas en échange ?
Et l'accès au marché européen de l'énergie qui était la (superbe) contrepartie prévue ? c'est plus sur la table ? Il me semble qu'il y en avait pour des milliards

https://www.theguardian.com/politics...lks-to-succeed
Si c'est exactement ce que fait l'UE, tu as raison : pendant les semaines où le Royaume-Uni sera en no-deal, et il le sera car :

Boris Johnson says there is a “strong possibility” the UK will not reach a post-Brexit trade agreement with the EU.

I do think we need to be very very clear, there is now a strong possibility - a strong possibility - that we will have a solution that is much more like an Australian relationship with the EU than a Canadian relationship with the EU.
That doesn’t mean it’s a bad thing, there are plenty of ways that we can turn that to the advantage of both sides in the conversation.
There are plenty of opportunities for the UK.

But yes, now is the time for the public and businesses to get ready for January 1, because believe me there’s going to be change either way.
There will be change whether there’s a Canada-style deal or an Australia-style deal.
(Il demande à son cabinet de se préparer pour un no-deal)


l'UE ne veut surtout pas qu'il en profite pour réduire ses standards, en se disant : comme ça, ça c'est fait.
Et je pense aussi que c'est pour l'en empêcher qu'elle l'a fait.

Mais ça en dit long sur la liberté réelle qu'a le Royaume-Uni lors d'un no-deal : ben, pas autant que ça, en fait !

Dernière modification par Caniveau Royal ; 10/12/2020 à 19h53.
Je dois dire que je suis plutôt satisfait de la façon dont l'UE mène les négociation, j'espère que ça va perdurer mais j'ai l'impression que l’objectif c'est d'être intransigeant sur les "level playing field" et de bien le faire comprendre à tous le monde.

Si ça tiens et que c'est ce qui est acté, quelque soit le résultat des négociations j'aurais le sentiments que ça s'est bien passé.
Et actuellement j'ai l'impression que ça tiens et qu'en plus l'UE réussit à garder la place du "gentil" dans les négociations.
Citation :
Publié par Nneek
Et actuellement j'ai l'impression que ça tiens et qu'en plus l'UE réussit à garder la place du "gentil" dans les négociations.
mon sentiment aussi - Pour info :
145062-1607628105-5337.png
...c'est ce que j'ai posté sur mon forum favori où on trouve de sympathiques brexiteers

https://forum.thaivisa.com/topic/119...mment-16071680

Dernière modification par znog ; 10/12/2020 à 20h31.
Citation :
Publié par Nneek
(...) j'ai l'impression que l’objectif c'est d'être intransigeant sur les "level playing field" et de bien le faire comprendre à tous le monde.
Je pense que t’es dans le vrai. L’élément de langage « LPF » est clairement monté en puissance depuis l’arrivée de la nouvelle Commission. Je l’ai croisé dans tous les documents d’orientation adoptés/interventions « politiques » depuis quelle est entrée en fonction. C’est devenu, j’ai l’impression systématique. C’était pas le cas avant.
Tel que j'ai compris le Level Playing Field :
a d'abord désigné la régulation des subventions de l’État à ses secteurs,

puis quasiment tout de suite aussi, les Aides d'Etat susceptibles de fausser la concurrence, et ça, ça peut-être simplement une commune qui se met à aider directement les entreprises sur son sol, par exemple, en utilisant de l'argent public d'une manière qui fait que chez elle, c'est indûment plus compétitif;

et enfin, quand il y a quelques mois, le Royaume-Uni a montré qu'il avait trouvé un moyen de contourner le problème => en réduisant ses standards de qualité ou ses niveaux d'exigences sociales, environnementales, santé, travail (==> le coup des conducteurs de camions qui peuvent dépasser leurs horaires est un bon exemple), l'UE l'a ajouté aussi dans le LFP.

Ces trois éléments sont des variables d'ajustement pour n'importe quel état, même européen.
Mais ce qui est fait doit suivre des règles. Sinon, l'Espagne se met à faire une concurrence déloyale à la France, la France à l'Italie, etc.

Dernière modification par Caniveau Royal ; 10/12/2020 à 22h59.
Citation :
Publié par Caniveau Royal
Eh bien, ça promet :

Brexit: Quatre navires de la Royal Navy surveilleront les zones de pêche
en cas de no-deal
C’est un pur effet d’annonce pour contenter l’opinion publique et - entre nous - une dépense complètement stupide au regard du risque de pêche illicite, et en particulier d’incursions, qui est très limité (allez j’exclus pas quelques incidents les premiers jours/semaines qui se régleront plus politiquement qu’autre chose sans doute... mais franchement...).

Déployer de tels moyens (80m !) coûte littéralement un « pognon de dingue » alors que l’ensemble des navires UE (ou presque - et sans aucun doute tous ceux opérant sur zone) sont de toutes façons soumis à des régimes de contrôle par leurs États membres (et, selon le système n’importe quel quidam) qui laissent quand même assez peu de place à ce genre d’infractions (incursions) peu sophistiquées et aisées à détecter à commencer par le biais des systèmes de suivi par satellite qui équipent les navires. Sans parler des autres technologies/solutions bien moins coûteuses en tout genre qui peuvent être utilisées vu la disposition des zones de pêche. Je passe aussi sur les systèmes de sanction UE et UK qui pourront jouer un rôle dissuasif.

Tout ça pour dire : utiliser de tels moyens pour du contrôle des pêche vu la situation/le théâtre maritime est, selon moi, ni plus ni moins qu’un symbole pour faire miroiter à l’opinion le « take back control ». Après vous allez me dire que vous le coût du Brexit, ils sont plus à ça près !

Plus intéressant selon moi : la COM vient de lancer une consultation publique portant sur des amendements du règlement « SMEFF » qui encadre les activités des flottes UE hors eaux UE et non-UE dans les eaux UE : https://ec.europa.eu/info/law/better...06-SMEFF-Amend

Les amendements en question visent bien évidemment le Brexit, l’accès aux eaux du RU et à celles de l’UE d’ici à la conclusion d’un accord de pêche et à la condition que l’accès soit possible (si ma compréhension est bonne). Globalement, les propositions me semblent assez similaires au régime s’appliquant aux pays-tiers avec lesquels l’Union n’a pas d’accord de pêche - en simplifié (normal vu le nombre de navires).
Je suis d'accord avec toi, et la dernière fois qu'il y eu des échauffourées ce fût durant la guerre de la morue : un conflit qui s'est terminé il y a bientôt cinquante ans.

Je pense aussi que c'est que de l'affichage, mais cela va tendre les relations entre pêcheurs britanniques et étrangers,
et ces pêcheurs sont déjà considérés comme le point focal (ce qui est injuste) ou les responsables du no-deal qui est advenu.

C'est pas en mer qu'il va y avoir des conflits, à mon avis. Mais sur terre.
Les pêcheurs français et britanniques rencontreront des situations difficiles : les premiers car ils ne pourront plus pêcher autant qu'avant, les seconds ne pourront plus vendre aussi bien qu'avant.
Ils seront irrités l'un après l'autre, et la tension qui en naîtra fera qu'ils s'esbigneront sur les ports.
Citation :
Publié par kergoff
Les pécheurs de Jersey vont disparaitre comme leurs pèches débarquent sur le continent.
Ils pourront toujours y débarquer. Mais plus avec les facilités d’avant. Si même en débarquant au RU pour exporter vers l’UE les formalités « pêche » (sans compter douanières et sanitaires) seront plus complexes (certificat de capture à soumettre à l’avance, etc.), les débarquements dits « directs » le seront plus encore (notamment certificat de capture, notification préalable d’utilisation du port, notification préalable de débarquement, seulement certains ports accessibles + les formalités à effectuer auprès de la North-East Atlantic Fisheries Commission - et sans compter les formalités d’autres natures).

Après, ce n’est pas impossible des débarquements directs de pays tiers dans l’UE il y en a : beaucoup de norvégiens ou encore, plus exotiques, des vénézuéliens en Guyane je crois.

Tant qu’on est dans l’exotique en revenir aux quatre navires « de guerre » déployés : ils seraient sans doute plus utiles à Diego Garcia pour faire face aux incursions multiples de navires sri-lankais (et je passe sur les autres problématiques dans la région en particulier les stups) ou alors dans les Falkland/Malvinas.
Le Monde (en accès abonné) Bouchons sur le littoral à l’approche du Brexit (résumé)
Le trafic de marchandises provoque d’importants ralentissements sur l’A16, dans le Dunkerquois et le Calaisis. « On est passé de 10 000-12 000 poids lourds par jour dans les deux sens de l’axe Dunkerque-Calais à 16 000-18 000 (+55%) » avec des files de camions sur plusieurs kilomètres et des aires de stockage saturées.

« Les Britanniques anticipent le Brexit et font des stocks de marchandises comme on ne l’a jamais connu, ils craignent des procédures douanières supplémentaires et des droits de douane. ».

Même si tous s’accordent que les premiers jours du Brexit seront plus calmes, « Le Brexit ne signifiera pas une hausse des bouchons : au vu du stockage réalisé par les entreprises britanniques aujourd’hui, on sait qu’il y aura moins de trafic en janvier. Par contre, il y aura des contrôles, même si on a travaillé avec les chaînes de logistique pour anticiper les formalités douanières. »,
en revanche, il est déploré que « le plan de gestion n’est pas à la hauteur des enjeux. Les conducteurs en ont marre des temps d’attente et du stress engendré. ». Chaque minute d’arrêt coûte un euro aux transporteurs de marchandises : « Mercredi, des conducteurs ont attendu huit heures avant d’embarquer pour l’Angleterre, c’est une perte sèche énorme ! ».
Concernant la pêche, il n'y aura que des mécontents.
Côté européens les pêcheurs vont devoir se rabattre sur des zones moins dense en poisson mais avec un blocage (au moins partiel) des livraisons venu de GB on va assister à une augmentation des prix.
Côté anglais ils vont pouvoir dans leur majorité pêcher plus sereinement mais les débouchés vont être limité financièrement et administrativement sans compter que certaines pêches spécifique (saint jacques) vont être à perte.

Concernant le transport de marchandises, les blocages douaniers (physique et administratif) vont faire leur exploser les coût de transport. Une inflation sur les produits importés va apparaître très rapidement alors qu'à l'inverse le coût des exportations va augmenter via les droits de douanes.

Johnson va devoir trouver la solution magique car le no deal est devenu une quasi réalité.
Bah au final, on se demande depuis des années si Johnson est à la hauteur des enjeux. Maintenant, on a la réponse : il n'a toujours pas réalisé qu'il a une importance énorme pour l'avenir de son pays. Ca serait presque risible si l'UE n'allait pas en souffrir aussi
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