C'est un peu la base, mais cette position (que je partage à 100%) est également dogmatique. C'est comme cela que j'ai compris la conclusion du message de Xubfin.
Donc toi et moi faisons le choix assumé qu'en France ce sont les lois françaises qui priment sur les lois coraniques. Mais ça c'est juste l'expression de notre dogme républicain.
Mais du coup, ça résume le débat à eux ou nous, sous-entendus leur dogme religieux contre notre dogme républicain. Pour plein de raisons différentes, à commencer par ne pas vouloir faire le saut de l'ange, je préfère le dogme républicain. Mais pour des islamistes, pour plein de raisons différentes, leur préférence va à leur dogme religieux. Et à la lecture du message de Xubfin, je me demande comment on sort politiquement d'une telle impasse, en particulier dans un contexte démographique qui aboutit structurellement à créer de nouveaux islamistes.
Comment la majorité des croyants de France acceptent la prévalence des lois de la République sur leurs préceptes religieux ?
Je dis préceptes plutôt que lois parce que c'est ce que leur prescrive leur interprétation de leur religion. La pilule abortive n'a pas été envisagée quand ont été élaborées les religions du Livre. Il n'y a pas de lois spécifiques, il y a interprétation de préceptes (moraux pour la plupart) à une réalité d'aujourd'hui. A noter qu'avoir des préceptes ne nécessite pas de religion. On peut très bien en avoir sans être croyant.
En parlant de lois, on rentre dans le domaine du temporel, de comment réguler nos vies. En démocratie, c'est débattu via l'affrontement politique. En fait, je suis quasiment sûr que même dans une théocratie, les lois sont du ressort du politique, même si le pouvoir est au main des religieux. In fine, c'est du domaine du politique et du pouvoir (c'est à dire, de qui a le pouvoir).
Etre croyant et utiliser ses préceptes pour juger d'une loi ne procède pas de la théocratie, mais simplement de l'expression politique de ses convictions. En revanche mettre le prima à sa religion plutôt que sur la loi, est théocratique : le pouvoir est au religieux. Cette distinction, qui existe très probablement chez l'immense majorité des croyants de France, entre le politique et le religieux, la laïcité, est souhaitable pour tous. Cela permet à tous d'exercer sa religion, de croire ou ne pas croire. C'est un compromis politique qui rend possible l'existence pluri-cultuelles sans rentrer en concurrence directe.
La laïcité est donc l'intérêt de tous. Le théocratique ne peut être que l'intérêt d'une croyance.
Dire que des mouvements politiques dont les buts sont contraire à la démocratie et les fondements de la république sont, par essence, non désirables c'est une tautologie. Ce que je veux dire par là c'est que le "eux ou nous" n'existe pas en tant que tel, ce serait essentialiser les personnes, c'est plutôt le : soit c'est la république soit c'est autre chose. La république ne tient que parce que l'on en a envie. C'est un peu normal pour un truc qui est censé être pour tous. Mais l'opposition relativiste de "dogmes" n'est pas bon : il faut comparer ce qui est comparable. Soit c'est la République et la liberté cultuelle (une volonté politique donc), soit c'est une théocratie et la domination d'une croyance (une autre volonté politique donc). Nous n'en sommes pas là. Mais clarifier l'antagonisme en ne mélangeant pas les croyances religieuses avec les débats démocratiques est une première nécessité.
Politiquement comment on en sort : déjà en arrêtant de croire que c'est "eux ou nous". Je suis persuadé que les caricatures n'empêchent pas dormir la plupart des musulmans en France, et si c'est le cas que ce soit avant tout pour des raisons spirituelles. Qu'ils se sentent visés à travers des caricatures, est à mon avis beaucoup plus crédible. C'est plus qu'un problème identitaire que spirituel. (m'enfin les problèmes posés par les religions y ressemblent souvent au final). Et la question est donc plutôt pourquoi c'est le cas (si ce n'est pas spirituel) et comment fait on ? Oui, je sais, se sentir faire parti de la France ca peut sembler bizarre, mais c'est l'essentiel. Une fois le destin en France offrant plus de perspectives, les crispations sur les croyances tomberont.
Sauf que ... les ressorts de croissance à distribuer vont être de plus en plus rare. Va falloir partager. Ou s'entretuer.