Parce que tu ne sais pas ce qui se passe derrière l'hétérogénéité.
En classe de troisième :
-J'ai des élèves qui ne comprennent pas une phrase sujet-verbe-complément, qui n'arrivent pas à écrire ce qu'ils disent à haute voix, qui ne connaissent pas les 4 opérations. Et je vais être clair, un prof de collège ne sait pas enseigner à un enfant niveau CP-CE1, il n'a pas les méthodes. Il fera au mieux comme un parent d'élève.
-J'ai un élève qui ne sait pas tenir un stylo et écrire ou même articuler une syllabe, sans AVS (sans une personne pour les aider), car les parents n'ont pas fait un dossier pour la mdph&cie (truc médical).
-J'ai des élèves qui viennent d'UPEAA, c'est à dire non francophone. Certains ont 18 ou 19 ans, mais s'ils disent avoir 13-14 ans, on me les envoie.
-J'ai un hyperactif qui danse quand il interagit. Et quand il n'interagit pas avec moi, c'est avec les autres.
-Des élèves faibles dont les troubles ne sont pas connus.
-Des élèves scolaires qui essayent de travailler alors qu'elles sont gênées.
-Beaucoup d'élèves qui n'ont pas les bases et qui continuent de changer de classe car on ne les fait pas redoubler.
-Des élèves Ulis (dispositif d'inclusion) d'élève ayant un trouble à prendre en compte.
Y a que les mots en gras qui reçoivent un peu d'aide via un dispositif externe à l'univers de la classe. J'ai dit un peu, car eux aussi ont bcp bcp d'élèves à gérer et peu de moyen.
PS : la classe décrite est une classe de collège REP (il y a pire : REP+) qui va bientôt perdre son statut et devenir collège normal, sans les faibles moyens supplémentaires. Moyenne de l'ancienneté des profs dans ma matière dans ce collège : 2 ans (ils viennent en premiere année, sans expérience, ils partent). Et pour signaler, en rep, on a maintenant des classes de 30, en 2016 les classes étaient à moins de 24 (en gros, 2 cas sociaux en plus à traiter).
Derrière le mot hétérogénéité, vous pensez : classe des bons et la classe des mauvais.
Derrière le mot hétérogénéité, les profs pensent : devoir faire un grand écart avec des cas pathologiques de plus en plus lourds. Les élèves n'ayant pas redoubler/peur du redoublement, l'écart grandit chaque année, d'ici 5 ou 6 ans, cette vague de non-redoublement arrivera en terminal. + devoir gérer des inclusions d’handicapés de plus en plus lourd sans moyen supplémentaire, sans formation utile.
Derrière le mot hétérogénéité, l'administration donne la première version. Moi, il m'arrive de penser, vu ce qui se passe, que c'est surtout d'énormes économies. Un élève qui redouble au collège c'est environ 10 000 €. Évidemment travail supplémentaire pour 0 prime (je ne suis pas vénal, mais je veux vous montrer qu'on est sous payé, qu'on nous demande de plus en plus et qu'on enlève les moyens, l'inclusion en classe normale pour le collège unique, c'est effacer une partie du coût d'un élève pris en charge à l'extérieur).
Pour rire, vous savez ce qu'on dit à un prof qui gère des 'dys' ?
Vous mettez une police d'écriture sans ambages, vous augmentez la taille de la police et vous mettez une interligne de 1,5. Super la formation ^^. Je déconne pas, ca s'arrête là.
Vous devez tout donner tapé sur ordi, même si c'est pas votre façon de travailler. Chaque devoir doit être paginé deux fois. J'attends avec impatience qu'on demande aux profs de français de réécrire les livres qu'ils demandent aux élèves de lire ou un article de journal pour les profs d'HG...
Dernière modification par Sewen ; 04/07/2020 à 09h21.
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