Lire l’Iliade et l’Odyssée en 2020

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Bonjour à tous,

Je voudrais découvrir l’Iliade et l’Odyssée. J’ai trouvé une vieille édition du Prince Lebrun du début du XIXème siècle qui me vient de mon grand-père, mais le français est vieilli et les formulations un peu lourdes.

J’ai regardé sur Wikipedia, et il existe de nombreuses traductions, je ne sais pas laquelle choisir.

Auriez-vu une traduction à me conseiller en expliquant pourquoi vous l’avez aimée?

Personnellement, la fidélité à la forme du texte d’origine (en vers, avec poésie, etc), ce n’est pas très important pour moi. Ce que je veux avant tout, c’est enfin lire une des bases de la mythologie, et dans un beau français. Genre une écriture romanesque s’il en existe une bonne.

Des pros de la chose qui traîneraient sur jol?


Bonne soirée
J'ai lu à peu près toutes les versions qui me tombaient sous la main depuis mes 7 ans.
La version en proses est assez difficile à suivre pour une première lecture.
J'ai commencé par des contes et légendes tirés de l'épopée. En fait c'était des extraits remaniés des aventures les plus épiques de la guerre de Troie et du voyage d'Ulysse.
A partir de là, c'est plus facile de se lancer dans les gros tomes "modernes" avant de se lancer dans les transcriptions plus fidèles.
Et si tu es vraiment pris dans l'univers, tu vas commencer à dévorer tout ce qui gravite autour des mythes grecs et phéniciens.
Je ne saurai pas te dire quels auteurs j'ai lu, par contre. Je me rappelle d'une version chez Folio et aux Editions du Seuil.

Je n'ai pas retrouvé toutes les couvertures, mais je me rappelle de celles-là :

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Dernière modification par Ryu Seiken ; 28/05/2020 à 00h47.
J'avais été assez déçu de ma lecture de l'Odyssée, le texte était pénible avec de nombreuses répétitions. Je pense que c'était les classiques de poche et ça serait une traduction de Bérard, je ne recommande pas spécialement du coup mais je peux totalement me tromper sur l'édition.

Dernière modification par TIME NO HEROES ; 28/05/2020 à 01h01.
Citation :
Publié par Ryu Seiken
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C'est l'édition que mon papa me lisait quand j'étais petit et que j'ai lu ensuite. Des supers souvenirs !
(Par contre j'étais vraiment petit donc je ne pourrai ma dire si c'était une bonne traduction ou pas)
Citation :
Publié par Nitneuq
C'est l'édition que mon papa me lisait quand j'étais petit et que j'ai lu ensuite. Des supers souvenirs !
(Par contre j'étais vraiment petit donc je ne pourrai ma dire si c'était une bonne traduction ou pas)
Cette version est une adaptation. Beaucoup plus digeste quand tu es petit. Elle rappelle un peu les livres d'aventures, dans le style.
Il y a eu d'autres recueils encore plus sympas, mais je ne les ai pas retrouvé. De grands livres cartonnés, écrits assez gros que j'empruntais à la bibliothèque du quartier. Par contre, c'était bien plus de 6 ou 7 volumes, entre l'Ilyade et l'Odysée. Ce qui était bien, c'est que ça se lisait indépendamment, même si c'est mieux de commencer par l'Ilyade.
L'Iliade et l'Odyssée était une des lectures obligatoires durant mes années collège et je me rappelle parfaitement de la couverture de la version de Robert Laffont.

J'imagine que ça doit être une version assez accessible.
Citation :
Publié par Uglykidgreg
L'Iliade et l'Odyssée était une des lectures obligatoires durant mes années collège et je me rappelle parfaitement de la couverture de la version de Robert Laffont.

J'imagine que ça doit être une version assez accessible.
Pareil pour mes années collège. Et super-facile comme je connaissais par cœur déjà, comme pas mal de récits de Platon et de Shakespeare.
Accessible, je ne sais pas, mais je me rappelle que certains galéraient à suivre la trame. C'était d'ailleurs tout l'intérêt des ouvrages obligatoires : compréhension et synthèse.
Après, c'est comme pour tout, on a des facilités dans nos matières de prédilection et nos hobbies. Mais normalement, pour un adulte, ça ne doit pas poser de problème.
Le seul bouquin que j'ai eu la chance de ne pas avoir eu c'est "Guerre et Paix". J'ai essayé de m'y mettre plusieurs fois pendant des années, jamais dépassé plus de 15-20 pages.
Citation :
Publié par La chance
les formulations un peu lourdes.

[...]

Personnellement, la fidélité à la forme du texte d’origine (en vers, avec poésie, etc), ce n’est pas très important pour moi. Ce que je veux avant tout, c’est enfin lire une des bases de la mythologie, et dans un beau français.
Le style homérique est forcément assez lourd.
A l'origine, les aèdes ne retenaient que les moments clés de l'histoire et, lorsqu'ils la racontait (en s'accompagnant de musique), ils brodaient autour pour compléter et aussi pour rallonger.
Le but n'était pas de tout faire d'un coup, mais de faire par épisode, sur plusieurs soirées, quitte à ne jamais la raconter en entier.
Et c'est une version bien chargée qui a été retranscrite, avec toutes les lourdeurs et circonvolutions que ça implique.

Du coup, si c'est avant tout pour découvrir l'histoire et non le style, il y a la collection Classiques abrégés de L'école des loisirs qui est très bien.
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/iliade
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/odyssee
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/eneide

A noter que l'Iliade se passe à la fin de la guerre (10 ans après le début de celle ci) et est tourné exclusivement sur Achille et se termine avec lui.
L'Odyssée se passe après la guerre et raconte uniquement le trajet de retour d'Ulysse.
Pour avoir la fin de la guerre (dont l'épisode du cheval), il faut se tourner vers l'Eneide, qui est un texte romain (bcp plus tardif donc) racontant la fin de la guerre et comment les survivants troyens ont été amenés à fonder Rome.
Citation :
Publié par Ryu Seiken
La version en proses est assez difficile à suivre pour une première lecture.
En vers tu veux dire, non?

Parce que justement, la traduction en prose est bien plus facile à appréhender que les traductions versifiées.
Sachant que la métrique grecque (L'Iliade et l'Odyssée sont des œuvres écrites par Homère en grec ancien, rappelons-le) n'a aucun rapport avec la métrique française.

Après, faut savoir que lire Homère, ça demande un effort d'immersion.
Le style est assez lourd, y'a des répétitions, des descriptions avec plein d'épithètes...
Faut pas s'attendre à lire un roman d'aventure.

Mais si on fait l'effort d'entrer dans l'histoire et qu'on se laisse porter, c'est un chef d’œuvre.

Tout dépend de ce qu'on veut : si le but, c'est de connaître l'histoire et l'univers développé, pour commencer, une édition de ce type suffit très largement.
C'est adapté pour le collège, mais l'essentiel est là.
Citation :
Publié par Victhor
En vers tu veux dire, non?

Parce que justement, la traduction en prose est bien plus facile à appréhender que les traductions versifiées.
Sachant que la métrique grecque (L'Iliade et l'Odyssée sont des œuvres écrites par Homère en grec ancien, rappelons-le) n'a aucun rapport avec la métrique française.

Après, faut savoir que lire Homère, ça demande un effort d'immersion.
Le style est assez lourd, y'a des répétitions, des descriptions avec plein d'épithètes...
Faut pas s'attendre à lire un roman d'aventure.

Mais si on fait l'effort d'entrer dans l'histoire et qu'on se laisse porter, c'est un chef d’œuvre.

Tout dépend de ce qu'on veut : si le but, c'est de connaître l'histoire et l'univers développé, pour commencer, une édition de ce type suffit très largement.
C'est adapté pour le collège, mais l'essentiel est là.
En vers, c'est pire.
C'est certainement la version que je conseillerai quand tu connais bien les récits homériques, mais pouvoir lire et comprendre la version en prose, c'est déjà bien.
En vers ou en proses, on a parfois l'impression de ne pas lire la même histoire avant d'arriver aux passages marquants.
Je ne sais pas si on trouve encore une ancienne version de l'opéra de la Belle Hélène en ligne, mais pour se mettre dans le bain, c'est juste top. Avis perso.
Pour moi le choix se porterait entre la pléiade et les Belles Lettres.

J'ai l'édition de la Pléiade chez moi qui est en prose. Un peu dur mais qui offre au final un bon compromis.

Les Belles Lettres j'aime beaucoup. Pour Homère je le lirais pas (parce que de toute façon on a un texte remanié X fois ...) mais pour n'importe quel auteur classique je recommanderais plutôt les Belles Lettres. https://www.lesbelleslettres.com/contributeur/homere

Alors ce sont 2 éditions onéreuses (pas pour les mêmes raison, la Pléiade se justifie par l'apparat critique et "l'objet' livre ; les Belles Lettres par une traduction/adaptation d'un calibre qu'on peut qualifier de sans rival), mais tu peux les trouver en bibliothèque.
Si t'es dans une grande ville, n'importe quelle BU de lettres classique ou de d'histoire a à peu près l'intégral des Belles Lettres. Homère en tout cas c'est certains.
Citation :
Publié par Ryu Seiken
En vers, c'est pire.
C'est certainement la version que je conseillerai quand tu connais bien les récits homériques, mais pouvoir lire et comprendre la version en prose, c'est déjà bien.
En vers ou en proses, on a parfois l'impression de ne pas lire la même histoire avant d'arriver aux passages marquants.
Je ne sais pas si on trouve encore une ancienne version de l'opéra de la Belle Hélène en ligne, mais pour se mettre dans le bain, c'est juste top. Avis perso.
En fait, ce qui se passe, c'est que quand on traduit, y'a en gros 3 possibilités :
1- le traducteur essaye de coller au maximum au texte d'origine, quitte à se mettre en retrait. ça peut donner des traductions un peu lourdes et indigestes en français.
2- le traducteur fait un exercice de style -le sien en l’occurrence- et réalise une traduction qui s'éloigne de la langue d'origine, mais est plus "belle", plus digeste.
3- le traducteur, lit dans la langue d'origine, puis, réécrit à sa sauce ; on ne retrouve plus vraiment le texte d'origine, mais en gros l'histoire est là (on parle de "belle infidèle").

Donc, ça, c'est la théorie, mais en pratique, ça donne des résultats très différents. Je donne des exemples :

  • Leconte de Lisle :
Chante, Déesse, du Pèlèiade Akhilleus la colère désastreuse, qui de maux infinis accabla les Akhaiens, et précipita chez Aidès tant de fortes âmes de héros, livrés eux-mêmes en pâture aux chiens et à tous les oiseaux carnassiers. Et le dessein de Zeus s’accomplissait ainsi, depuis qu’une querelle avait divisé l’Atréide, roi des hommes, et le divin Akhilleus.

  • Paul Mazon :
Chante, déesse, la colère d’Achille, le fils de Pélée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d’âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel – pour l’achèvement du dessein de Zeus. Pars du jour où une querelle tout d’abord divisa le fils d’Atrée, protecteur de son peuple, et le divin Achille.

  • Albert Demazière :
Déesse, chante la colère d’Achille, fils de Pelée, cette colère funeste qui causa tant de malheurs aux Grecs, envoya prématurément chez Pluton les âmes fortes de tant de héros, et les livra eux-mêmes en proie aux chiens et aux vautours ( ainsi s’accomplissait la volonté de Jupiter ) depuis le jour où une querelle divisa le fils d’Atrée, chef des hommes, et le divin Achille.
  • Dubois de Rochefort :
Déesse inspirez-moi. Chantez, Muse immortelle
Qui, versant sur les Grecs mille funestes maux,
Envoya chez les morts tant de jeunes Héros,
Dont les corps déchirés, laissés sans sépulture,
Aux oiseaux dévorans servirent de pâture.
Ainsi de Jupiter le décret s'accomplit,
Après que la Discorde et l'aveugle Dépit
Eurent empoisonné de leur souffle homicide
L'impatient Achille et l'orgueilleux Atride.
  • Je sais qu'il y en a une de Jaccottet qui est récente et dont on m'a dit plutôt du bien. Je l'ai pas lue, mais ça doit être pas mal.

Ce qui dingue, c'est que tous ces traducteurs avaient à l'origine le même texte en grec sous les yeux (le début de l'Iliade)! Quand on voit les différences, on pourrait en douter...
Du coup, tout ça pour dire que contrairement à ce qu'on croit, une traduction en vers n'est pas la plus proche du texte d'origine et donc du style de l'auteur (c'est même la plus éloignée).
Mais en fait, on s'en fiche, chacun est libre de choisir en suivant un seul critère : faut que le parti pris du traducteur lui plaise.
En vers, c'est impossible de toute façon de rester fidèle et respecter les conventions de pieds et de rime.
En prose, c'est plus facile, mais ça ne veut pas dire qu'une traduction littérale aura du sens ou digeste dans la langue de destination. Et comme tu le soulignes, ça va dépendre à la fois de la compréhension du traducteur, de son habileté à manier la langue de Molière et les contraintes éditoriales.
Citation :
Publié par Peredur
Passer aux noms latins au moment de la traduction, je trouve ça criminel.
A l'inverse, laisser les noms (et les "fils de") en grec, je ne trouve pas ça super pratique pour la compréhension.
Les épopées scandinaves sont mieux de ce point de vue !
Il me semble que les personnages celtes et pictes ont aussi des identités du genre "fils de".
Citation :
Publié par Victhor
En fait, ce qui se passe, c'est que quand on traduit, y'a en gros 3 possibilités :
1- le traducteur essaye de coller au maximum au texte d'origine, quitte à se mettre en retrait. ça peut donner des traductions un peu lourdes et indigestes en français.
2- le traducteur fait un exercice de style -le sien en l’occurrence- et réalise une traduction qui s'éloigne de la langue d'origine, mais est plus "belle", plus digeste.
3- le traducteur, lit dans la langue d'origine, puis, réécrit à sa sauce ; on ne retrouve plus vraiment le texte d'origine, mais en gros l'histoire est là (on parle de "belle infidèle").

Donc, ça, c'est la théorie, mais en pratique, ça donne des résultats très différents. Je donne des exemples :

  • Leconte de Lisle :
Chante, Déesse, du Pèlèiade Akhilleus la colère désastreuse, qui de maux infinis accabla les Akhaiens, et précipita chez Aidès tant de fortes âmes de héros, livrés eux-mêmes en pâture aux chiens et à tous les oiseaux carnassiers. Et le dessein de Zeus s’accomplissait ainsi, depuis qu’une querelle avait divisé l’Atréide, roi des hommes, et le divin Akhilleus.

  • Paul Mazon :
Chante, déesse, la colère d’Achille, le fils de Pélée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d’âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel – pour l’achèvement du dessein de Zeus. Pars du jour où une querelle tout d’abord divisa le fils d’Atrée, protecteur de son peuple, et le divin Achille.

  • Albert Demazière :
Déesse, chante la colère d’Achille, fils de Pelée, cette colère funeste qui causa tant de malheurs aux Grecs, envoya prématurément chez Pluton les âmes fortes de tant de héros, et les livra eux-mêmes en proie aux chiens et aux vautours ( ainsi s’accomplissait la volonté de Jupiter ) depuis le jour où une querelle divisa le fils d’Atrée, chef des hommes, et le divin Achille.
  • Dubois de Rochefort :
Déesse inspirez-moi. Chantez, Muse immortelle
Qui, versant sur les Grecs mille funestes maux,
Envoya chez les morts tant de jeunes Héros,
Dont les corps déchirés, laissés sans sépulture,
Aux oiseaux dévorans servirent de pâture.
Ainsi de Jupiter le décret s'accomplit,
Après que la Discorde et l'aveugle Dépit
Eurent empoisonné de leur souffle homicide
L'impatient Achille et l'orgueilleux Atride.
  • Je sais qu'il y en a une de Jaccottet qui est récente et dont on m'a dit plutôt du bien. Je l'ai pas lue, mais ça doit être pas mal.

Ce qui dingue, c'est que tous ces traducteurs avaient à l'origine le même texte en grec sous les yeux (le début de l'Iliade)! Quand on voit les différences, on pourrait en douter...
Du coup, tout ça pour dire que contrairement à ce qu'on croit, une traduction en vers n'est pas la plus proche du texte d'origine et donc du style de l'auteur (c'est même la plus éloignée).
Mais en fait, on s'en fiche, chacun est libre de choisir en suivant un seul critère : faut que le parti pris du traducteur lui plaise.
Intéressant. Personnellement, c'est clairement celle de Paul Mazon que je préférerais. Elle fait moins littéraire, probablement moins fidèle, mais le style et plus simple et direct.


Il y a eu un bon podcast dans les chemins de la philosophie sur France Culture consacré à l'Odyssée d'Homere. Ils expliquaient qu'il est impossible de faire une "bonne" traduction car c'est écrit dans la "langue des Aedes" qui est un niveau de langage particulier avec un très grand nombre de figures de style et de doubles sens. Il faut un parti pris pour traduire, beaucoup plus que lorsqu'on traduit une langue comme l'anglais ou l'espagnol.
Citation :
Publié par Borh
Intéressant. Personnellement, c'est clairement celle de Paul Mazon que je préférerais. Elle fait moins littéraire, probablement moins fidèle, mais le style et plus simple et direct.


Il y a eu un bon podcast dans les chemins de la philosophie sur France Culture consacré à l'Odyssée d'Homere. Ils expliquaient qu'il est impossible de faire une "bonne" traduction car c'est écrit dans la "langue des Aedes" qui est un niveau de langage particulier avec un très grand nombre de figures de style et de doubles sens. Il faut un parti pris pour traduire, beaucoup plus que lorsqu'on traduit une langue comme l'anglais ou l'espagnol.
Moi aussi, je préfère la version de Paul Mazon. Je trouve qu'elle allie le respect de la langue et un style agréable.
C'est une approche humble que j'apprécie.
De la même manière, j'aime pas du tout ceux qui en font des tonnes et qui veulent imposer leur style.
Mais bon, c'est une question de goût, même si objectivement, y'a quand même quelque chose de curieux, lorsqu'on est traducteur, à vouloir imposer son style quand on est face à des auteurs aussi grands que Virgile, Homère, etc.

C'est intéressant, cette histoire de "langue des aèdes". C'est parfaitement juste, même si sur le fond, on sent bien que ce sont des propos d'hellénistes.
Parce que dans l'absolu, dès qu'on traduit, on trahit ; et à plus forte raison quand on traduit de la poésie.
Donc on pourrait aussi dire ça de Virgile, Blake ou Neruda.
Mais bon, quand on traduit du grec ancien, on a bien le droit de dire que ce qu'on fait est unique.
Ou même traduire du Shakespeare. Je ne pense pas que quelqu'un ait jamais cherché à traduire tous les double sens. Particulièrement ceux qui n'étaient compréhensibles qu'à l'époque.


Par contre, les textes d'Homère ne sont pas d'Homère.
Quelqu'un un jour a transcris ce qui était jusque là une tradition purement orale.
Il y a eu des tas de choses ajoutées et perdues lorsque c'était transmis de façon orale, puis d'autres lorsque c'était transmis de façon orale.
Donc aujourd'hui, le fait de faire des choix au moment de la traduction ne "corrompt" pas plus le texte.
Et, de toutes façons, on est obligé de faire des choix. On ne peut pas faire une traduction littérale car la structure de la langue n'est pas la même et qu'un mot n'a pas forcément une traduction immédiate.
Traduire le début de l'Iliade était un exercice qu'on avait fait au lycée, personne n'avait exactement la même traduction en français.

(Je me rappelle pas de tout, mais je me rappelle toujours du "menin aeide thea peleiadeo akhileos" avec le premier mot, "menin", qui, dans la tradition des aèdes, est le thème principal de l'histoire ; ici la colère donc. )
Citation :
Publié par Peredur
Ou même traduire du Shakespeare. Je ne pense pas que quelqu'un ait jamais cherché à traduire tous les double sens. Particulièrement ceux qui n'étaient compréhensibles qu'à l'époque.


Par contre, les textes d'Homère ne sont pas d'Homère.
Quelqu'un un jour a transcris ce qui était jusque là une tradition purement orale.
Il y a eu des tas de choses ajoutées et perdues lorsque c'était transmis de façon orale, puis d'autres lorsque c'était transmis de façon orale.
Donc aujourd'hui, le fait de faire des choix au moment de la traduction ne "corrompt" pas plus le texte.
Et, de toutes façons, on est obligé de faire des choix. On ne peut pas faire une traduction littérale car la structure de la langue n'est pas la même et qu'un mot n'a pas forcément une traduction immédiate.
Traduire le début de l'Iliade était un exercice qu'on avait fait au lycée, personne n'avait exactement la même traduction en français.

(Je me rappelle pas de tout, mais je me rappelle toujours du "menin aeide thea peleiadeo akhileos" avec le premier mot, "menin", qui, dans la tradition des aèdes, est le thème principal de l'histoire ; ici la colère donc. )
Je comprends ce que tu veux dire à propos de la figure d'Homère.
Mais d'abord, faut savoir qu'il n'y a pas de consensus sur l’existence de cet auteur.
Certains pensent qu'il n'a jamais existé et que l'Iliade et l'Odyssée ont été écrites par plusieurs aèdes sur de nombreuses années.
Mais d'autres pensent qu'Homère a bien existé, qu'une très grande partie du texte qui nous est parvenu est de lui et qu'il n'y aurait eu que des ajouts par la suite.

Ensuite, pour ce que tu dis sur les aèdes, c'est juste : dans un premier temps, ce sont eux qui diffusaient ces histoires de mémoire, avec des ajouts personnels et même peut-être des innovations.
Mais il faut savoir aussi qu'assez rapidement (un siècle) , l'histoire qui était chantée par les aèdes des deux côtés de de la méditerranée était quasiment fixe. On a retrouvé des vases avec des inscriptions qui le prouvent.
Déjà vers -750, Iliade et l'Odyssée n'évoluent plus beaucoup et au milieu du VIème siècles, elles sont complètement fixes.
Dons les aèdes apprenaient par cœur les milliers de vers.

Ensuite, par rapport à ce qu'on disait sur la traduction, ça ne change strictement rien, parce que les traducteurs qui traduisent l'Iliade et l'Odyssée partent d'un texte qui est parfaitement établi depuis des siècles. Homère ou pas Homère, ok, la question reste, mais ça n'empêche qu'il y a indiscutablement un texte.
Donc il est parfaitement possible de "corrompre", comme tu dis, le texte.
Dans le podcast de France Culture, ils expliquaient que la question de l'existence d'Homere ne faisait pas tant débat parce qu'on n'a pas grand chose pour l'alimenter ni dans un sens ni dans l'autre.
Ce qui fait débat et là où les spécialistes argumentent et contre-argumentent, c'est de savoir si l'Iliade d'Homere et l'Odyssee d'Homere ont été écrits par la même personne.
Citation :
Publié par Borh
Dans le podcast de France Culture, ils expliquaient que la question de l'existence d'Homere ne faisait pas tant débat parce qu'on n'a pas grand chose pour l'alimenter ni dans un sens ni dans l'autre.
Ho bah tu sais, les "spécialistes" n'ont pas toujours besoin de matière pour alimenter leurs débats. On l'a vu ces derniers temps! Pour peu qu'on place "big data", hop, y'a débat.

Mais moi, je suis d'accord, je trouve la question intéressante, mais j'en ferais pas un débat.

Après, effectivement, pour ce qui est de savoir si les œuvres ont été écrites par la même personne, ce qui est troublant quand même, c'est que le style change pas mal.
Alors on pourrait se dire qu'après des milliers de vers, l'écriture peut évoluer, mais là quand même, c'est étonnant, surtout quand on a l’impression que le style "régresse".
Un grand merci pour tous vos conseils!!

Les couvertures, les discussions, les comparaisons des versions, ça m’aide beaucoup.

En fait, au final, ma version est très digeste, c’était l’introduction qui s’appelle « dialogue », avec des personnages qui s’appellent Polydore, Alcime, Mélésigène, qui était plus lourde.

Ma version du Prince Lebrun ressemble à la traduction reprise ci-dessus de Paul Mazon (je la mets en pièce jointe ci-dessous).

Mon père avait pas mal de versions différentes, dont certaines mentionnées dans la discussion. Je vais les consulter quand elles m'arriveront et dans l'immédiat, je continue avec Lebrun.

Edit:

Certains d’entre vous, que je remercie encore, ont clairement l’air de s’y connaître en mythologie.

Parfois, dans le texte, je tombe sur des noms de personnes ou de lieux, et malgré mes recherches sur internet ou dans un bouquin que j’ai (la mythologie d’Edith Hamilton), il y a certaines informations que je ne trouve pas. Auriez-vous une ressource particulière à me conseiller?

Exemple: « Ô Dieu, dont l’arc d’argent lance des traits de la mort! Dieu puissant, dont la force environne Chrysa et la divine Cyllo [...] »

Qu’est-ce que Cyllo? Une ville? Une personne? Chrysa, j’ai trouvé, c’est apparemment un temple (ou un lieu où est construit un temple) d’Apollon.

Je trouverais ça pratique une espèce de dictionnaire de l’Odyssée/Iliade, avec les informations sur tous les noms propres utilisés.

Ça existe, selon vous?
Miniatures attachées
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Nom : IMG_7149.jpg
Taille : 4032x3024
Poids : 2,75 Mo
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Dernière modification par La chance ; 30/05/2020 à 12h09. Motif: Auto-fusion
Citation :
Publié par Victhor
Il s'agit de villes de Troade.
En fait, ce que complexifie ta recherche, c'est la graphie choisie par ton édition. Avec la graphie "Chrysé" et "Cilla", c'est plus simple.
Merci pour l'information . Tout s'éclaire
Citation :
Publié par Peredur
Le style homérique est forcément assez lourd.
A l'origine, les aèdes ne retenaient que les moments clés de l'histoire et, lorsqu'ils la racontait (en s'accompagnant de musique), ils brodaient autour pour compléter et aussi pour rallonger.
Le but n'était pas de tout faire d'un coup, mais de faire par épisode, sur plusieurs soirées, quitte à ne jamais la raconter en entier.
Et c'est une version bien chargée qui a été retranscrite, avec toutes les lourdeurs et circonvolutions que ça implique.

Du coup, si c'est avant tout pour découvrir l'histoire et non le style, il y a la collection Classiques abrégés de L'école des loisirs qui est très bien.
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/iliade
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/odyssee
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/eneide

A noter que l'Iliade se passe à la fin de la guerre (10 ans après le début de celle ci) et est tourné exclusivement sur Achille et se termine avec lui.
L'Odyssée se passe après la guerre et raconte uniquement le trajet de retour d'Ulysse.
Pour avoir la fin de la guerre (dont l'épisode du cheval), il faut se tourner vers l'Eneide, qui est un texte romain (bcp plus tardif donc) racontant la fin de la guerre et comment les survivants troyens ont été amenés à fonder Rome.
De mémoire l'Iliade raconte les débuts de la guerre de Troie et s'arrête à la mort d'Achille et zappe les 10 années qui passent pour arriver à la destruction de Troie. L'Odyssée raconte le périple d'Ulysse et par touches ce qu'il se passe après la guerre. Ce trou m'avait toujours un peu frustré, et bien des fois je m'étais demandé si je n'avais pas lu des extraits incomplets de ces récits.
Ca reste assez spécial comme narration énormément de détails pour au final, si on regarde bien, pour l'Iliade peu d'actions. Ca fait penser a ces mangas animés qui pour éviter de ne pas rattraper le mangaka étirent les épisodes à n'en plus finir. Combien de pages pour décrire l'armement d'Achille offert par Héphaïstos (mention spéciale pour le bouclier) ?
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