[coronavirus] Le monde d'après

Répondre
Partager Rechercher
Citation :
Publié par Attel Malagate
Ce que vous avez pas l'air de comprendre c'est que dans la plupart des cas, un process administratif qui paraît long et inutile a un béotien a en fait été mis en place suite à une lourde erreur, une fraude ou un vol.
Donc peut être que dans votre monde de Bisounours on peut faire une confiance aveugle dans les gens, en réalité c'est le contraire.
Je suis d'accord. A chaque fois que le gouvernement souhaite réduire des postes dans la fonction publique, il s’aperçoit vite que c'est le bordel et que les services ne tournent plus. Pourquoi? A priori, d'autres pays parviennent à faire fonctionner leurs administrations avec moins de moyens et moins d'agents. Malheureusement, les comparaisons internationales ne tiennent pas compte du cadre juridique dans lequel les diverses administrations sont contraintes d'évoluer.

En France, l'administration doit constamment jongler avec les caprices des pouvoirs normatifs et l'évolution incessante de la règle de droit, évolution qui rend l'action administrative peu efficace. De ce point de vue, les dernières années sont catastrophiques. D'après Dalloz, le code général des impôts a augmenté de 147% entre 2002 et 2012, le code du travail de 140% et le code de l'urbanisme de 206%. Je n'ose même pas parler du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile tant les évolutions et la complexité de la matière confinent à l'absurde. De la même manière, était-il indispensable que le législateur nous inflige des dispositifs comme le DALO, exemple type du droit-créance totalement virtuel et inutile? Doit-on vraiment créer toujours plus d'établissements publics ou d'autorités administratives indépendances? LA HADOPI était-elle vraiment indispensable?

Chaque réforme, chaque lubie parlementaire ou délire gouvernemental vient ajouter de nouvelles couches au droit existant et oblige l'administration à faire avec des normes sans cesse renouvelées, dont la logique juridique est loin d'être évidente. Je ne dis pas que l'administration est parfaite et qu'elle a aucune responsabilité dans les dysfonctionnements qui affectent de nombreux services mais le législateur porte une responsabilité, à mon sens, bien plus grande. Si l'on veut que l'administration puisse fonctionner correctement sans aucune augmentation de budget, voire en réalisant des économies, il faut commencer par ne pas lui imposer des sujétions délirantes en terme de cadre procédural et de normes juridiques.

En même temps, à l'autre bout de la chaîne, la responsabilité de l'administration est susceptible d'être engagée de plus en plus facilement et les garanties dont bénéficient les administrés dans de nombreux domaines se sont grandement accrues. Cela a aussi pour conséquence que l'administration cherche à se protéger en adoptant des procédures lourdes, voire tatillonnes, afin de se couvrir au moindre pépin.

Si l'on souhaite réellement diminuer le nombre d'agents publics tout en conservant une administration un minimum efficace, cela passe d'abord par de vastes réformes du droit existant de manière à simplifier grandement le droit et les procédures applicables.
Citation :
Publié par Attel Malagate
Ce que vous avez pas l'air de comprendre c'est que dans la plupart des cas, un process administratif qui paraît long et inutile a un béotien a en fait été mis en place suite à une lourde erreur, une fraude ou un vol.
Donc peut être que dans votre monde de Bisounours on peut faire une confiance aveugle dans les gens, en réalité c'est le contraire.
C'est fort aisé comme réponse : vous êtes trop cons pour comprendre à quoi ça sert...

Donc non je ne suis pas un bisounours, et j'ai bien compris que le but de tous ces process n'a rien a voir avec la qualité de ce qu'on fait, mais juste une assurance de bien diluer les responsabilités.
Car c'est ça qui a changé au fur et à mesure des années, plus personne ne veut être responsable. La paye quand on est haut placé, d'accord, mais en cas de soucis on veut avoir de jolis tableaux et des gros rapports d'audits qui montre bien que certes fabriquer du caca en boîte or massif n'a pas bien marché, mais que rien ne permettait de le savoir. C'est tout marqué dans les rapports. "Même que peut être le rapport de motivation indique que ce sont les ingénieurs qui n'étaient pas assez motivés..."
Citation :
Publié par Rigel
Juste pour préciser que ce genre de truc se retrouve aussi dans le privé. Et que les administratifs souvent ne s'en rendent même pas compte.

Plus haut dans le fil on vend la méthode agile, dans l'informatique. Pour la voir se mettre en place où je suis, cela revient à dire à tout le monde que la façon de travailler à totalement changer, que maintenant les développeurs ont repris la main tout ça, plus de planning imposée, finis les dates / charges / moyens prédéfinis par les demandeurs.
Et dès les premiers projets, tu te rends compte que ce sont les même parasites qui débarquent et demandent comme avant que ce soit fit à telle date, avec tel budget. Donc rien de changé.

De toute façon dès que tu as une structure d'une taille imposante, qui a pas mal d'années derrière elles, la couche administrative sera là. Avec ses process de "qualités", ses "dashboards de suivis", et surtout ses centaines de documents à remplir et ses centaines de réunions de préparation. Car il faut bien les occuper...
il suffit d'utiliser leurs armes contre eux. Une demande aux developpeurs ? oh ben c'est simple, y a un process, tu crées un ticket ici, et on reviendra vers toi, peut etre, un jour
Citation :
Publié par Folkensedai
j'vois qu'y a pas qu'en france que les soignants font la gueule, ça semble avoir contaminé la belgique :

C'est pour ça que Macron ne fait plus que des visites surprises à l'hosto. Il a compris lui.
Citation :
Publié par Sayn
Le problème c'est que ces "monstres" se généralisent, les hôpitaux se regroupent, en 5 ans mon groupe hospitalier a déjà été au coeur de 2 fusions hospitalières (Perray Vaucluse puis St Anne), aujourd'hui la psychiatrie parisienne c'est le GHU (= St Anne) et forcément n'importe quel connerie administrative (bon de travaux etc) doit avoir l'aval de St Anne alors qu'avant c'était sur site. Et bien entendu les fusions c'est le nivellement par le bas des conditions de travail puisqu'on s'aligne sur le moins bon.
Les regroupements, c'est théoriquement fait pour faire des économies. En tout cas la conséquence sur l'administration, c'est que ça a rajouté une couche de direction.

Je vois par exemple pour le tout nouveau GH APHP.Sorbonne Université, qui regroupe la Pitié-Salpêtrière, Saint Antoine, Tenon, Trousseau, La Roche Guyon, et Charles Foix (un truc énorme), dans chaque hôpital les directeurs des différentes sous directions (générale, médicale, ressources humaines, informatique, équipement, etc. y en a un 15 aine) ont été remplacés par des "directeurs de site" et on a rajouté au dessus une nouvelle couche : les directeurs de GH (un pour chaque sous direction et chacun a son secrétariat perso en plus). Evidemment, chacun d'entre eux a le droit à sa voiture de fonction parce que La Pitié-Salpêtrière - Saint Antoine, 15 mn en bus, c'est trop long (je vous rassure même avec leur voiture de fonction, ils foutent jamais les pieds dans les petits hôpitaux oubliés comme Charles Foix ou La Roche Guyon).
C'est bien les économies.

Par contre depuis le regroupement, notre budget équipement a été divisé par 4 (pour le DMU biologie, c'est l'équivalent de ce qu'avait le pôle biologie de Saint Antoine, soit moins que la Pitié-Salpêtrière, et maintenant faut se le partager entre 4 labos). Donc, là y a bien des économies, mais ils auraient pu le diviser sans regrouper... Conséquence pour nous : pour remettre à niveau un de nos séquenceurs, on doit en vendre un autre, donc ça va se répercuter sur les délais pour les rendus de résultats qui vont exploser.

Notre budget frais de mission a été également purement et simplement supprimé. Maintenant quand on part en congrès ou séminaire, faut qu'on payer à l'avance, qu'on remplisse un dossier qui passe en commission environ 6 mois après, et qui décide si on est remboursé ou pas. Là aussi, ça fait des économies, puisqu'évidemment personne ne le fait et on demande des financements aux industriels (au temps pour les conflits d'intérêt), mais ça aurait pu être fait sans regrouper.
Citation :
Publié par Colsk
Pas de souci mais il me semble entendre au loin qu'ils ne veulent pas justement s'en occuper. On supprime l'administratif alors, chacun fait ce qu'il veut sans règle, sans contrôle et puis le budget, on s'en fout en fait, allons y Aloisius nous finance tout cela gratos.
On est en 2020, y a quand même des outils qui existent aujourd'hui pour permettre aux gens d'avoir une bonne autonomie tout en gardant un contrôle. Je bosse dans une startup de ~100 personnes, et pour les commandes on utilise un soft web très pratique : la plupart des équipes/responsables ont un plafond de paiement (one shot ou mensuel pour les trucs avec abonnement) et le truc génère par exemple des numéros de CB virtuels que tu peux utiliser, sans demander d'accord préalable tant que t'es en dessous de ton plafond, pour n'importe quoi (tu peux aussi donner des ordres de virement). Idem, ça fonctionne aussi pour les demandes de notes de frais.

Les plafonds dépendent bien entendu des équipes, de leurs besoins et du niveau hiérarchique, mais l'idée c'est que pour les besoins "usuels", on soit autonome: genre je suis dev, si je veux racheter un écran supplémentaire ou une souris pour l'équipe, ça passe sans problème. Si je veux changer les PCs de toute l'équipe d'un coup, là par contre ça remonte à mon N+1 qui a un plafond plus important pour ce genre de dépenses exceptionnelles et qui va probablement me demander la raison pour laquelle je veux tout changer d'un coup (mais ça prendra le temps d'écrire un message, directement dans le soft, pas 3 mois).

Enfin cerise sur le gâteau pour la compta après quand c'est débité, tu reçois directement un mail & lien pour te demander d'uploader la facture, du coup le comptable il est super content, parce que y a quasi plus de justificatifs de dépense oubliés. Et après t'as bien entendu des outils de reporting, ce qui permet relativement facilement d'avoir les dépenses par poste ou par équipe etc. Et du coup de regarder et de faire des contrôles si tu vois des trucs qui te paraissent anormaux.

Alors je veux bien croire que les besoins de l'APHP soient plus complexes que les nôtres et le volume bien plus important, mais bon, au 21ème siècle penser que la seule façon de contrôler c'est de rajouter des dizaines de procédures et d'étages de validations... Ca me parait un peu obsolète comme mode de pensé.
Citation :
Publié par gobelard
Un algorithme et une bande de geeks "bien-pensants" et tous les problèmes administratifs français sont mieux gérés que par une cohorte de faux chefs.
La dose de bien-pensance c'est le problème aujourd'hui.
C'est quoi, la "bien-pensance", et en quoi c'est un problème de bien penser ?
Citation :
Publié par SekYo
Alors je veux bien croire que les besoins de l'APHP soient plus complexes que les nôtres et le volume bien plus important, mais bon, au 21ème siècle penser que la seule façon de contrôler c'est de rajouter des dizaines de procédures et d'étages de validations... Ca me parait un peu obsolète comme mode de pensé.
Tu préfères quoi ? Un chef de direction de supervision du contrôle de la statistique de conformité travaillant avec un grand bureau et un ordinateur dont il ne sait pas se servir ou bien un logiciel impersonnel et inhumain poussant les gens à s'autofliquer ? Hein ? Hein ?

bull_micral35_1.jpg

Accessoirement, faut comprendre la tendance de fond. Tu préfères buller dans un bureau où tu peux jouer les sphinx de la finance ou bien traiter des mamies souffrant d'occlusion intestinales aiguës ? Hein, Hein ?
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par SekYo
On est en 2020, y a quand même des outils qui existent aujourd'hui pour permettre aux gens d'avoir une bonne autonomie tout en gardant un contrôle. Je bosse dans une startup de ~100 personnes, et pour les commandes on utilise un soft web très pratique : la plupart des équipes/responsables ont un plafond de paiement (one shot ou mensuel pour les trucs avec abonnement) et le truc génère par exemple des numéros de CB virtuels que tu peux utiliser, sans demander d'accord préalable tant que t'es en dessous de ton plafond, pour n'importe quoi (tu peux aussi donner des ordres de virement). Idem, ça fonctionne aussi pour les demandes de notes de frais.
Je ne suis pas persuadé que la comparaison entre les services de l'Etat et une start-up de 100 personnes soit bonne. Sur 100 personnes, les process sont plus faciles à gérer puisqu'il y a moins de monde notamment.

Par ailleurs, l'Etat ne fonctionne pas comme une entreprise classique. Par exemple, il exemple un principe qui est celui de la séparation ordonnateur / comptable. Autrement dit, celui qui demande la dépense n'est pas celui qui la valide.

Pour reprendre l'exemple de l'hôpital, l'ordonnateur c'est l'hôpital qui veut acheter un nouveau pc pour son service A. Il va donc engager la dépense. Par contre, ce n'est pas l'hôpital qui va payer, mais la trésorerie hospitalière (le comptable public) qui relève de la direction générale des finances publiques (ce que les gens appellent les impôts de manière impropre). Celle-ci ne va pas vérifier l'opportunité de la dépense (est-ce qu'acheter un PC 64go de RAM est nécessaire par rapport à un PC avec 32go de RAM), mais la légalité de celle-ci : est-ce que l'hôpital a le droit de faire cette dépense, est-ce qu'il dispose des crédits nécessaires, est-ce que les pièces justificatives ont été fournies. Ensuite le service comptable de la trésorerie hospitalière va générer les écritures comptables et réaliser l'opération de décaissement.

Donc typiquement dans l'architecture actuel du fonctionnement de l'Etat, ta solution n'est pas pratiquable. Il existe toute une chaîne de la dépense et une séparation entre celui qui demande la dépense et celui qui la valide financièrement et comptablement.

A noter que le comptable public qui gère la trésorerie hospitalière est responsable personnellement (sur ses propres finances) en cas d'erreur. C'est à dire que s'il laisse passer une dépense non autorisée, il devra payer de sa poche (il paye généralement une assurance pour cela). Il peut être condamné par la chambre régionale des comptes.

Exemple :
Citation :
En l'espèce, par un jugement du 22 janvier 2013, la chambre régionale des comptes PACA reconnaît le comptable public d'une commune, Mme D C, débiteur de la somme de 51 485.25 € envers la collectivité locale du C. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2010, il aurait versé des indemnités forfaitaires pour travaux supplémentaires, des primes de rendement et indemnités d'exercice des missions de préfecture ainsi que des primes de fin d'année à cinq collaborateurs du cabinet du maire.

Pour motiver la mise en débet de la comptable, la juridiction financière constate que les arrêtés municipaux fixant la rémunération des collaborateurs du maire ne mentionnaient pas l'attribution de ces indemnités litigieuses alors que certains bulletins de paie, transmis au comptable, mentionnaient ces versements. Cette contradiction provenant des pièces justificatives devait emporter absence de justification des ordres de versement des sommes litigieuses. En conséquence, l'agent se devait de s'abstenir de payer de telles indemnités conformément aux art 12 et 13 du décret du 29 décembre 1962 (devenus art 18, 19 et 20 du décret n° 2012-1246 du 7 nov 2012).
Ici le comptable public qui appartient à la direction générale des finances publics a été condamné à payer de sa poche 51 428 euros parce qu'il avait laissé passer des rémunérations qui n'étaient légalement pas dû.

Par ailleurs, l'Etat est aussi soumis au code des marchés publics. Il ne peut pas acheter comme ça un produit comme il le souhaite. Il y a des règles à respecter. Tu ne peux pas acheter une souris ou un écran comme ça. Si tu veux acheter des souris, ça va passer par un marché public où la structure va commander X souris qu'elle pourra ensuite fournir en dotation à ses agents.

Bref attention avec les comparaisons, elles peuvent être intéressantes, mais ont aussi des limites. Comparer une start-up de 100 personnes, entreprise privée, avec l'Etat qui gère des millions d'agents et qui est soumis à des obligations spécifiques (séparation ordonnateur comptable, marché public), ça a des limites. On peut souhaiter une forme plus souple de gestion de la dépense, mais çà implique des changements massifs à l'échelle de l'Etat. Rien que la séparation ordonnateur comptable, c'est un mastodonte. D'une part, toutes les collectivités ne seraient pas en capacité de gérer la dépense (et donc les contrôles et obligations derrière), mais je ne suis pas sûr que tous les voudraient. Mine de rien, le fait qu'en cas d'erreur, c'est le comptable public qui paye sur des deniers propres est plutôt confortable pour certains ordonnateurs.

Dernière modification par Aedean ; 18/05/2020 à 13h05.
Citation :
Publié par Aedean
[...]Par ailleurs, l'Etat ne fonctionne pas comme une entreprise classique. Par exemple, il exemple un principe qui est celui de la séparation ordonnateur / comptable. Autrement dit, celui qui demande la dépense n'est pas celui qui la valide.
Non mais j'ai une petite idée de comment ça se passe dans l'administration (et dans beaucoup de grosses boites privées aussi d'ailleurs) et que aujourd’hui c'est (malheureusement) comme ça que ça fonctionne, mais tu ne penses pas que pour des dépenses usuelles, c'est un principe débile ? Pourquoi, pour des trucs basiques, y aurait besoin d'un *validateur* ? Arrêtons d'infantiliser les gens et responsabilisons les un peu (encore une fois, je sais que ce n'est pas la tendance de la société, mais c'est des process humains, ça se change).


Citation :
Pour reprendre l'exemple de l'hôpital, l'ordonnateur c'est l'hôpital qui veut acheter un nouveau pc pour son service A. Il va donc engager la dépense. Par contre, ce n'est pas l'hôpital qui va payer, mais la trésorerie hospitalière (le comptable public) qui relève de la direction générale des finances publiques (ce que les gens appellent les impôts de manière impropre). Celle-ci ne va pas vérifier l'opportunité de la dépense (est-ce qu'acheter un PC 64go de RAM est nécessaire par rapport à un PC avec 32go de RAM), mais la légalité de celle-ci : est-ce que l'hôpital a le droit de faire cette dépense, est-ce qu'il dispose des crédits nécessaires, est-ce que les pièces justificatives ont été fournies. Ensuite le service comptable de la trésorerie hospitalière va générer les écritures comptables et réaliser l'opération de décaissement.
Toussa c'est pareil, je sais que c'est comme ça que ça fonctionne actuellement. Et je sais que y a bien souvent une raison historique à tout ça (ce qu'on appelle le "legacy" quand on maintient du code informatique). Mais les pratiques, ça peut (doit ?) se changer.
Si tant est que tu veuilles absolument garder un contrôle sur 100% des commandes, pourquoi celles ci sont forcément faites a priori et non pas à posteriori ? C'est déjà ce temps de vérification de gagné. Et même là dessus, as tu vraiment besoin de vérifier 100% des commandes ? Encore une fois, avec des outils pas trop mal fichus, c'est pas compliqué d'avoir normalement du suivi, du reporting, un comparatif par rapport aux années précédentes, par rapport aux autres équipes etc... Et ça peut te permettre de lever des alertes pour les quelques cas anormaux. Mais du coup t'évites de faire chier 90% ( 95, 99 ?) des gens pour 10% de gens malhonnêtes ou incompétents ?

Ca implique de revoir des normes/textes/décrets pour par exemple que les hôpitaux puissent avoir un budget propre et directement le déléguer à leurs services? Qu'est ce qui nous en empêche ? Ces normes ont été mises en place par des humains à un instant T, on peut les mettre à jour, les supprimer etc...

Note que je dis pas que c'est simple ou qu'il faille bruler toutes les règles des marchés publiques du jour au lendemain hein. Et j'ai aussi bien précisé que la comparaison avait ses limites. Mais pour moi c'est pas tant une question de taille que d'état d'esprit. J'ai été avant dans une autre startup plus petite (~30 personnes), bin cette gestion des commandes était justement archaïque et old school, avec des demandes par email, fallait aller chercher la CB du patron (qui recevait le sms de validation sur son téléphone mobile perso, pratique quand il était en déplacement etc...). Bref tu ne peux sans doute pas tout transposer sur une grande structure et/ou du public, mais y a sans doute des principes qui sont bons à prendre.
Citation :
Publié par SekYo
Non mais j'ai une petite idée de comment ça se passe dans l'administration (et dans beaucoup de grosses boites privées aussi d'ailleurs) et que aujourd’hui c'est (malheureusement) comme ça que ça fonctionne, mais tu ne penses pas que pour des dépenses usuelles, c'est un principe débile ? Pourquoi, pour des trucs basiques, y aurait besoin d'un *validateur* ? Arrêtons d'infantiliser les gens et responsabilisons les un peu (encore une fois, je sais que ce n'est pas la tendance de la société, mais c'est des process humains, ça se change).
Il ne s'agit pas tant d'infantiliser les gens que d'un principe visant à vérifier la bonne utilisation de l'argent public. La séparation ordonnateur/comptable a été mise en place dans l'objectif d'avoir un contrôle renforcé sur l'utilisation des deniers publics. Il existe des évolutions dans le domaine, mais tant que le principe reste, tu auras toujours de fortes limitations. On a par exemple un contrôle par sondage ou des contrats de partenariat permettant d'accepter de ne pas contrôler certaines dépenses (me semble-t-il), mais ce ne sont que des ajustements aux principes.

Citation :
Publié par SekYo
Ca implique de revoir des normes/textes/décrets pour par exemple que les hôpitaux puissent avoir un budget propre et directement le déléguer à leurs services? Qu'est ce qui nous en empêche ? Ces normes ont été mises en place par des humains à un instant T, on peut les mettre à jour, les supprimer etc...
C'est un peu plus que ça. Ca implique de revoir entièrement le fonctionnement de la gestion des recettes et dépenses de l'Etat. Ca implique de modifier complètement certaines structures, de déplacer des personnes d'une administration à une autre.

Rien n'empêche de le faire, mais c'est un énorme chantier qui prendrait des années. Par exemple les agents de la DGFIP qui gèrent actuellement en trésorerie hospitalière le recouvrement des recettes et des dépenses devraient être affectés à l'hôpital. Avec ce que ça implique en matière de RH et de coût pour l'hôpital (c'est à dire payer les agents en question). Plus globalement, ça transférerait la responsabilité de la dépense publique du comptable à l'ordonnateur. Et donc se poserait la question de la responsabilité de l'ordonnateur-comptable. Pourrait-il être poursuivi sur ses propres deniers ? Cela modifierait en profondeur le fonctionnement actuel de l'administration. Avec le risque de laisser plus les mains-libres aux ordonnateurs, notamment les collectivités locales. Bonne chance avec certaines mairies où c'est déjà limite. Je ne dis pas qu'il ne faut rien changer ou que c'est comme ça un point c'est tout. Mais ce sont des chantiers complexes avec énormément de conséquences derrière qu'il faut aussi prendre en compte. Tu évoques par exemple de faire des contrôles a posteriori, ce qui entre en contradiction avec le principe du service fait. Une dépense publique ne peut être réglée (sauf exception type abonnement) que s'il y a constatation d'une dette. C'est un principe qui a énormément d'impact. Le remettre en cause aussi.

Pour répondre à ta question "Qu'est-ce qui nous empêche ?", la réponse est rien. Mais il ne s'agit pas juste de réécrire des décrets et modifier des lois. Laisser l'hôpital gérer seul son budget a des conséquences en matière de RH, de modifications profondes de ses processus de paiement et de recouvrement, de budget et de responsabilité :
- RH parce que ça implique de transférer des agents d'une administration à l'autre s'ils le souhaitent ou de recruter pour gérer ces tâches
- revoir ses process alors qu'il ne les gère pas actuellement
- gérer le recouvrement et la dépense : intégrer des tâches qu'il ne le faisait pas actuellement a un coût à prendre en compte. Aujourd'hui les agents qui gèrent le recouvrement des recettes de l'hôpital et ses dépenses sont payés par la DGFIP. C'est un coût supplémentaire à intégrer. Pour les gros hôpitaux, çà peut être gérable. Pour les plus petits, c'est plus compliqué. Et je ne parle même pas de l'impact sur les collectivités, notamment les plus petites si la séparation ordonnateur/comptable disparaissait.
- responsabilité : qui sera responsable devant la chambre régionale des comptes en cas de dépenses non conformes ? Le directeur de l'hôpital ? Ca implique de verser des rémunérations supplémentaires pour qu'ils puissent prendre des assurances, mais aussi trouver des gens qui acceptent ce risque supplémentaire.

Bref, c'est un sujet complexe. Intéressant à étudier et rien ne nous empêche de changer. Ce sont des règles humaines comme tu dis. Mais ces règles humaines ont des impacts et les modifier aussi.

Dernière modification par Aedean ; 18/05/2020 à 13h58.
Ouf, je suis rassuré, des personnes de l'ancien monde qui nous refont le coup du jurent que cette fois ci c'est la bonne, vous allez voir ce que vous allez voir, ça va être le monde d'après !

https://www.lefigaro.fr/flash-eco/co...a-17h-20200518

Comme c'était censé être le nouveau monde après les dernières présidentielles françaises je suppose.
Citation :
Publié par LongTimeLurker
Ouf, je suis rassuré, des personnes de l'ancien monde qui nous refont le coup du jurent que cette fois ci c'est la bonne, vous allez voir ce que vous allez voir, ça va être le monde d'après !

https://www.lefigaro.fr/flash-eco/co...a-17h-20200518

Comme c'était censé être le nouveau monde après les dernières présidentielles françaises je suppose.
Heu, les mots "nouveau" "ancien" et "monde" ne figurent même pas dans l'article.

Citation :
Cette initiative, dont les contours ne sont pas encore connus, portera sur la santé, la relance économique, la transition écologique et numérique et la souveraineté industrielle. À Berlin, la chancellerie a précisé que Angela Merkel et Emmanuel Macron allaient s'entretenir et tenir une conférence de presse «sur une initiative franco-allemande concernant le redressement économique de l'Europe».
En gros, des précisions sur un plan de relance en vue de cadrer le prochain sommet européen dédié à ce sujet, le 27 Mai. On verra alors si le couple franco-allemand est capable d'entraîner les 25. J'imagine aussi que c'est pour Merkel un moyen de sortir de la crise ouverte par les juges de Karlsruhe.
Citation :
Publié par LongTimeLurker
Ouf, je suis rassuré, des personnes de l'ancien monde qui nous refont le coup du jurent que cette fois ci c'est la bonne, vous allez voir ce que vous allez voir, ça va être le monde d'après !

https://www.lefigaro.fr/flash-eco/co...a-17h-20200518

Comme c'était censé être le nouveau monde après les dernières présidentielles françaises je suppose.
Honnêtement je pense que c'est nécessaire.
Si ils se tiennent aux objectifs communs :
Citation :
- Cette initiative, dont les contours ne sont pas encore connus, portera sur la santé, la relance économique, la transition écologique et numérique et la souveraineté industrielle
Cela peut apporter du positif. Soyons un peu optimiste pour une fois même si le modèle salarial allemand est à gerber, au moins ils ont une vision un peu moins étriqué que la France sur la transition énergétique (oui je sais, mine à charbon, ... mais sorti de ça).
Citation :
Publié par Nof Samedisþjófr
C'est quoi, la "bien-pensance", et en quoi c'est un problème de bien penser ?
Dans mon exemple, si tu remplaces une armée de chefaillons inutiles (on garde les utiles) par une machine, il va falloir bien la programmer.

La machine sera intolérante aux excuses, elle appliquera la programmation sans ambiguïté. Si le programmeur est con ou lui met des règles de merde, c'est la fin.



Pour revenir au sujet :

Je suis sûr que des milliers de services ont des personnels administratifs compétents, qui doivent jongler avec les règles à la con qu'on leur donne d'en haut. Il faudrait tous les sonder en anonyme pour connaître leur avis la dessus.

TOUS, pas que les syndiqués ou les échantillons de recrues toutes fraîches.
Citation :
Publié par gobelard
Dans mon exemple, si tu remplaces une armée de chefaillons inutiles (on garde les utiles) par une machine, il va falloir bien la programmer.

La machine sera intolérante aux excuses, elle appliquera la programmation sans ambiguïté. Si le programmeur est con ou lui met des règles de merde, c'est la fin.
Donc la "bien-pensance", c'est de mal programmer un logiciel ?
J'ai l'impresssion que tous les utilisateurs de cette expression vague en ont leur propre définition, ce qui ne rends pas la lecture de vos messages très compréhensible.
Citation :
Je suis d'accord. A chaque fois que le gouvernement souhaite réduire des postes dans la fonction publique, il s’aperçoit vite que c'est le bordel et que les services ne tournent plus. Pourquoi? A priori, d'autres pays parviennent à faire fonctionner leurs administrations avec moins de moyens et moins d'agents. Malheureusement, les comparaisons internationales ne tiennent pas compte du cadre juridique dans lequel les diverses administrations sont contraintes d'évoluer.

En France, l'administration doit constamment jongler avec les caprices des pouvoirs normatifs et l'évolution incessante de la règle de droit, évolution qui rend l'action administrative peu efficace. De ce point de vue, les dernières années sont catastrophiques. D'après Dalloz, le code général des impôts a augmenté de 147% entre 2002 et 2012, le code du travail de 140% et le code de l'urbanisme de 206%. Je n'ose même pas parler du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile tant les évolutions et la complexité de la matière confinent à l'absurde. De la même manière, était-il indispensable que le législateur nous inflige des dispositifs comme le DALO, exemple type du droit-créance totalement virtuel et inutile? Doit-on vraiment créer toujours plus d'établissements publics ou d'autorités administratives indépendances? LA HADOPI était-elle vraiment indispensable?

Chaque réforme, chaque lubie parlementaire ou délire gouvernemental vient ajouter de nouvelles couches au droit existant et oblige l'administration à faire avec des normes sans cesse renouvelées, dont la logique juridique est loin d'être évidente. Je ne dis pas que l'administration est parfaite et qu'elle a aucune responsabilité dans les dysfonctionnements qui affectent de nombreux services mais le législateur porte une responsabilité, à mon sens, bien plus grande. Si l'on veut que l'administration puisse fonctionner correctement sans aucune augmentation de budget, voire en réalisant des économies, il faut commencer par ne pas lui imposer des sujétions délirantes en terme de cadre procédural et de normes juridiques.

En même temps, à l'autre bout de la chaîne, la responsabilité de l'administration est susceptible d'être engagée de plus en plus facilement et les garanties dont bénéficient les administrés dans de nombreux domaines se sont grandement accrues. Cela a aussi pour conséquence que l'administration cherche à se protéger en adoptant des procédures lourdes, voire tatillonnes, afin de se couvrir au moindre pépin.

Si l'on souhaite réellement diminuer le nombre d'agents publics tout en conservant une administration un minimum efficace, cela passe d'abord par de vastes réformes du droit existant de manière à simplifier grandement le droit et les procédures applicables.
Etant moi-même un administratif, et à avoir l’évolution législative, réglementaire et jurisprudentielle quotidienne que l'on subit, nous nous retrouvons parfois à ne plus suivre le rythme tellement c'est intense et bien souvent pris dans l'urgence sans vision prospective....

Je ne peux qu'acquiescer à ce post ,et cela serait bien que chaque parlementaire n'ai pas envie de donner son nom à une loi pour la postérité mais bien qu'elle soit adoptée dans une finalité pragmatique.
Bon c'est cool, je vais avoir la prime de 1500€ pour le mois de mai.
Et vous savez quoi ? Tous les administratifs de l'APHP aussi. Oui y compris ceux qui étaient terrés chez eux pendant 2 mois qui faisaient théoriquement du télétravail tout en étant injoignable, ni par téléphone ni par mail.
Pas de jaloux comme ça.

Bon, je vais me prendre une switch, si j'en trouve.
En même temps ce genre de prime, ils ne vont pas trier en fonction de l'effectivité du du travail réalisé. Donc oui ça va aller à des gens qui n'ont pas fait grand chose chez les administratifs, comme chez les soignants. Ce sont des primes globales versées en fonction de critères précis. Y'a forcément des loupés. De la même manière que la prime qui sera versé aux autres fonctionnaires ayant eu un surplus d'activité, y'en aura forcément qui ne l'auront pas mérité.

Pour le reste, les administratifs en télétravail ont aussi bossé, je ne vois pas pourquoi il ne devrait pas avoir la prime.
Bah pourquoi pas tous les Français alors ? On des tous des héros non ?

Spéciale dédicace à ma collègue technicienne en CDD qui n'a eu son renouvellement de contrat qu'avec 3 semaines de retard, DRH injoignable et qui ne pouvait plus manger au self en l'absence de contrat.
Citation :
Publié par Aedean
Pour le reste, les administratifs en télétravail ont aussi bossé, je ne vois pas pourquoi il ne devrait pas avoir la prime.
Parce qu'ils n'ont pas prit les risques que les soignants qui étaient au chevet des malades ont prit ?

A force de ne pas récompenser ni travail ni les risques prit il n'y aura plus personne pour prendre des risques ou pour travailler ... je serai soignant à la prochaine épidémie je me ferais porter pale

Et puis pourquoi devraient ils avoir une prime alors que leurs conditions de travail s'améliorent ?
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés