Si leurs chiffres ne sont pas bidons, à partir de quel niveau pourra-t-on dire qu'il y a un effet significatif de leur traitement ?
Quand il y aura un groupe de contrôle.
Ici, on n'a absolument aucun moyen d'exclure l'effet placebo, alors que le covid19 est une maladie que le système immunitaire humain sait traiter dans la majorité des cas sans aucun traitement.
Tu peux te passer d'un groupe contrôle dans des maladies couillues qui te butent à coup sûr ou qui développent des symptômes spécifiques facilement identifiables chez tous les patients. Est-ce que est le cas du covid19 ? Non, et ça on en est sûrs.
Comment tu veux partir de ces chiffres pour exclure un effet dont on ne comprend pas le fonctionnement mais dont on sait, l'homéopathie remboursée pendant des décennies aura au moins prouvé ça, qu'il est un puissant moteur pour que le corps se soigne tout seul ?
Rien que le fait que la France personnalise le débat sur l'hydroxy-chloroquine à une personne est un énorme biais pouvant générer des effets placebo, et vu l'effervescence que j'observe chez mes contacts à Marseille, rien ne nous dit que ce n'est pas le fait d'être traité à l'IHU par l'équipe du professeur Raoult qui influent sur les statistiques (pas de manière volontaire et consciente en les bidonnant, juste par les espoirs que le traitement suscite).
On ne peut rien faire d'autre de ces chiffres que de se dire qu'il faut attendre les résultats d'une étude réelle avec un groupe de contrôle a minima, et si possible un qui ne soit pas "comparons des torchons avec des serviettes", en simple aveugle parce que ça paraît possible et facile à mettre en œuvre, du traitement de Raoult sur des patients qui sont tous traités à l'IHU de Marseille plutôt que de comparer la mortalité à un contexte différent.
Vu la haine sourde et farouche des habitants de la PACA envers la centralisation parisienne et tout ce qui habite au nord d'Avignon d'une manière plus générale, le simple fait d'être soigné avec un traitement promu par quelqu'un du cru peut être suffisant à générer des placebo de fou sur la population de la région marseillaise.
Alors franchement, je suis la première à défendre l'homéopathie en ce que la pratique de la médecine homéopathe est propice au déclenchement de l'effet placebo (consultation plus longues, tableau clinique plus large, sur tarif, biais du survivant, etc.), mais autant on ne peut que se réjouir pour les patients traités à l'IHU, autant on n'a, en l'état actuel des chiffres, aucun moyen d'exclure l'effet placebo des chiffres et donc aucun moyen d'assurer que c'est le traitement administré et lui seul qui a cet effet.
De la même manière et pour exactement les mêmes raisons, vu la polarisation des débats et leur publicité, on n'a à ce jour aucun moyen d'exclure l'effet nocebo des patients qui sont traités hors du protocole d'étude.
On pourra déduire un truc des chiffres quand il y aura un groupe contrôle en simple aveugle. Là, si ça se trouve, les patients on leur filerait un M&M's bleu en leur disant que c'est de la chloroquine et un cachet de Pez en leur disant que c'est un antiviral, ils guériraient pareil. On ne sait pas parce qu'on ne sait pas comment l'effet placebo fonctionne dans le détail, parce qu'il est un putain de générateur de facteurs de confusion et que sans groupe de contrôle avec une telle publicité médiatique et le niveau de polarisation des débats, des facteurs de confusion, on en a à la pelle.
Pour rappel, les ex-patients qui prétendent que l'homéopathie fonctionnent et qu'elles les a soignés ne mentent pas: ils se trompent dans la relation de causalité. Là, on est exactement dans la même situation, sauf qu'on va pas pouvoir attendre quarante ans que les politiques se décident à agir parce que le néophyte contemporain de la pandémie n'admet pas que la recherche médicale ne sache pas et qu'elle ait mis en place des protocoles d'étude pour supprimer l'incertitude de tout ce qu'elle ne sait pas expliquer ou contrôler, ici l'effet placebo.
On ne sait pas, c'est la seule chose qu'on puisse conclure à ce jour, et sans étude pour exclure rigoureusement l'effet placebo de ce bordel, on ne saura jamais.
A priori, l'étude Discovery devrait lever quelques doutes vu qu'elle est faite en randomisé mais vu qu'elle est ouverte, ça ne permettra toujours pas d'être sûrs que c'est le traitement seul qui provoque les résultats observés. Ça permettra néanmoins de sélectionner le traitement le plus efficace parmi les cinq testés, que ce soit par effet placebo, par effet réel ou par conjonction des deux.
En fait, si jamais on sait un jour, ce sera dans très longtemps, quand la recherche médicale aura pu, posément et rigoureusement, tester les traitements, les comparer, sur des études avec la sacro-sainte randomisé double-aveugle pour certaines, bref, quand le covid19, si il devient une épidémie chronique, passera de menace mondiale reloue à juste une endémie ou une épidémie saisonnière de plus. On ne saura pas pendant la pandémie. La recherche qui donne des résultats probants et tranchés, ça prend un temps que l'on n'a pas.
Il faut arrêter d'attendre des milieux médicaux qu'ils transforment la médecine en science exacte et les laisser faire du damage control en admettant humblement qu'on ne sait pas, qu'on ne saura pas à temps pour traiter cette maladie comme celles dont on a oublié qu'elles ont tué avant que la médecine moderne ne nous installe dans une tour d'ivoire confortable où on peut bouffer trop d'antibiotiques et qu'on va peut-être y rester sur un coup de pas de bol, et ce ne sera ni la faute de la recherche médicale, ni celle de Raoult et de la pastèque qui lui sert d'ego.