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Concernant ton anecdote avec ta fille, c’est un témoignage intéressant. Globalement, les bibliothèques sont au cœur des mécanismes de « censure ». Par contre, il y a bien le plus souvent une classification par âge dans un secteur jeunesse (et/ou par thème, par support). Une première lecture ne se retrouve pas mélangée dans un bac fourre-tout, en théorie. Le problème étant que tu ne peux conserver un secteur jeunesse en ordre : c’est le bordel par essence. Les enfants dérangent, les adultes également, les profs aussi (surtout) et c’est le secteur le plus fréquenté d’une médiathèque de taille moyenne. Le bouquin qui t’a choqué n’était peut-être pas rangé au bon endroit, tout simplement. Après, tu étais peut-être aussi dans une « mauvaise » bibliothèque, une bibliothèque associative ou entièrement tenue par des bénévoles (plus de bénévoles que de professionnels en France dans les espaces de lecture, et on basculera d'ici quelques années, faute de budget, sur le système du Royaume-Uni avec ses bibliothèques gérées uniquement par des petites vieilles et des punks à chien). Idem un secteur jeunesse n’est pas une crèche : les enfants sont sous la responsabilité des parents, pas des bibliothécaires. Je rappelle également qu’il y a un cadre légal concernant les publications jeunesse : la loi du 16 juillet 1949. Et il y a bien, encore aujourd’hui, une « commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence ». Et la littérature jeunesse, grosso merdo, tu peux la diviser de deux manières : — L’ouvrage « médicament » : « mon gamin a peur du noir, vous avez une histoire sur ça ? », « son papi a un cancer, vous avez quelque chose ? ». Le livre répond aux angoisses des parents et ces ouvrages n’existent que pour cela. Ces bouquins n'ont, de fait, aucun intérêt culturel. C'est de l'utilitaire. — L’ouvrage qui ne se soucie pas tellement de répondre à une commande, à des angoisses, et qui a un intérêt culturel avéré : Tana Hoban, Christian Voltz, Claude Ponti, Tomi Ungerer, Émilie Vast, et j'en passe (pour rester uniquement sur des têtes connues). Les deux ont une utilité et n’ont pas à disparaître des médiathèques. Ce n’est pas « politiser un enfant » que de proposer des ouvrages d’un fonds jeunesse qui heurtent les convictions des adultes. Et ce n’est pas le mettre en danger que de foutre ses fesses sur un pouf et de lui lire une histoire, même si le bouquin ne vous plaît pas. Les seuls bouquins « dangereux » qu’on peut encore trouver dans une bibliothèque sont ceux qui ne déclarent pas leurs réelles intentions. Le plus souvent quelques machins débiles d’éditeurs religieux qui visent surtout les adolescents. Enfin, un établissement n’est pas à l’abri d’une erreur quand il doit traiter des milliers de documents par an. C’est rarement le bibliothécaire qui politise la bibliothèque. C’est avant tout sa tutelle qui peut l’utiliser comme un outil de campagne (de moins en moins le cas). Les collègues qui travaillent dans des municipalités FN sont très souvent en détresse. Puis les usagers, et leurs convictions. J’ai travaillé pendant plusieurs années avec toute une belle palette de censeurs : de l’école coranique clandestine aux mormons, en passant par les grenouilles de bénitier qui venaient avec des listes d’ouvrages à expurger. Idem pour les adeptes de l’appropriation culturelle et de la réécriture de contes qui, il est vrai, sont à la mode. La seule réponse à adopter face à ces injonctions : non. La bibliothèque n’est pas politisée par la racine, elle passe surtout son temps à résister face aux censeurs de droite et de gauche. Je me souviens encore de la tutelle qui souhaitait que l’on colle des pastilles sur les ouvrages qui abordaient, de près ou de loin, l’homosexualité. Comment voulez-vous répondre à ça ? Pensez – y avant d’aller enquiquiner la dame du CDI ou la bibliothécaire à chignon. Et repensez également à Copé. Vous ne voulez pas lui ressembler, non ? Six ans plus tard, en 2020, ce n'est plus seulement le droitard ou le religieux qui me demande de retirer des bouquins de la bibliothèque. Et franchement, ça m'emmerde. |
14/01/2020, 23h35 |
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Nouvelles formes de censure au sein de la culture contemporaine
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#543148
Invité
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Message supprimé par son auteur.
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14/01/2020, 23h54 |
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#543148 |
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Citation :
J'ai retrouvé le nom d'un des livres, "Akim court" Je vois que sur cultura.com, ils l'ont classé dans les 4-7 ans. Franchement je ne sais pas où je le classerais. Je trouve que le thème est extrêmement violent et triste pour des 4-7 ans. Mais dans la forme, dessins double page avec peu de texte écrit gros dans un style très simple, ça fait livre pour petit. Quand je pense que j'ai appris à lire avec la bibliothèque rose, là c'est autre chose. Ceux qui affirment qu'on surprotège trop les enfants sont visiblement pas au courant de tout. |
15/01/2020, 13h10 |
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Zineb Sedira artiste Franco-Algérienne, a été désignée par la France pour représenter notre pays lors de la très prestigieuse Biennale de Venise (le plus grand événement artistique au monde, ou chaque pays envoient un(e) artiste pour le représenter), sauf que très vite elle a été la cible d’attaques venant de l’extrême-droite sioniste (Causeur, BHL, le CRIF, Jacqueline Frydman, etc.) et accusée de soutien au BDS, et donc, classiquement, d’antisémitisme, car elle avait retiré une de ses œuvres qui devait être montrée dans cette même Biennale en Israël en 2017, tout comme Walid Raad et au moins quatre autres artistes : Jordi Colomer, Akram Zaatari, Yto Barrada et Bouchra Khalili (une comparaison de la liste initiale avec la liste finale des artistes exposés montre aussi le retrait de Pierre Huyghe et de Pipilotti Rist, peut-être pour d’autres raisons.)
Suite à ça, un appel au retrait de sa candidature à la Biennale a été partagé. Citation :
Citation :
C'est bien la première fois que je vois ça, et voir un élu courber l'échine ainsi, c'est assez désespérant. Heureusement, Zineb représentera la France à la Biennale, et Walid a eu sa récompense, mais va falloir rester alerte, parce que le gouvernement Israélien et l'extrême droite Israélienne, ont l'air de veiller au grain, en l'espace de quelques mois, ils invitent à la censure de nombreux artistes, veulent régenter l'art et ses représentants dans notre pays! |
09/02/2020, 18h29 |
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Oui enfin pour l'instant c'est surtout les artistes Israéliens qui se font censurer sans que cela émeuve grand monde ...
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09/02/2020, 19h08 |
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Étayez vos propos le topic est fait pour ça! Une censure n'est pas mieux qu'une autre, on est pas là pour faire des comparatifs, mais pour dénoncer, parlons en!
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09/02/2020, 19h10 |
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Je n'ai pas le temps de faire une post construit ce soir mais tu as tout le volet culturel de BDS
https://www.bdsfrance.org/category/b...cott-culturel/ |
09/02/2020, 19h14 |
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Ok, j'attendrais un post + fournis.
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09/02/2020, 19h15 |
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Citation :
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09/02/2020, 19h34 |
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Au début je croyais qu'il parlait de la censure du gouvernement Israélien envers des artistes Israéliens.
A ce sujet; Le centre communautaire laïc juif a dénoncé la censure dans le cinéma Israélien par le gouvernement, en réponse la gouvernement veut réduire les financements des centres d'art et ne plus soutenir les artistes qu'ils estiment de gauche, ou qui manqueraient de loyauté envers l'état. Donc, les cinéastes viennent demander des financements en France comme pour le film Synonyme de Nadav Lapid, qui est pourtant très bon, que je ne trouve d'ailleurs, pas extrêmement critique envers le gouvernement. Il en parle très bien. Citation :
C'est le fait d'un gouvernement d'extrême droite et autoritaire, rien de nouveau sous le soleil. Il faudrait dédier un topic entier à cette question. Citation :
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09/02/2020, 19h56 |
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https://www.nbcnews.com/think/opinio...se-ncna1134031
Un article assez intéressant dans NBC. Parce qu'il est devenu totalement révélateur d'une tendance lourde, au moins dans le monde anglo-saxon : les seuls critères d'évaluation d'un film sont désormais : a) la composition ethnique de ceux qui l'ont produit, tourné, joué. b) la conformité de son histoire avec le politiquement correct. Le reste, le jeu d'acteur, le scénario, le film, n'a strictement aucune importance. La seule chose qui compte pour les critiques "libéraux", c'est qu'il n'y ait pas trop de blancs impliqués dans sa réalisation, surtout si ce sont des hommes. Et c'est pareil dans le camps d'en face, inversé. |
10/02/2020, 21h17 |
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En parlant des oscars, Un grand bravo à Hair color et toy story 4 et faut que je voie Parasite !
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10/02/2020, 21h32 |
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Citation :
Alors évidemment on pensera ici au personnage joué par Campan, mais ce qui est surtout rigolo ici, c'est qu'effectivement personne ne parle en fait de cinéma (mais on sent en revanche que les auteurs eux aiment leur sujet vu comment ils parodient si bien les genres cités) |
11/02/2020, 10h45 |
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Capitaine Courage |
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11/02/2020, 11h15 |
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11/02/2020, 19h55 |
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Citation :
Les Oscars j'ai jamais compris la hype autour, c'est l'équivalent de nos Césars et tout le monde s'en fout, à juste titre. Le cinéma international se retrouve à Cannes, Berlin ou Venise, dans les grands festivals dédiés au cinéma. Concernant la Chine c'est un mauvais exemple, il y a beaucoup d'artistes Chinois, même si le gouvernement est autoritaire & surveille de près les artistes & la création, on est plus au temps de la révolution culturelle. Les artistes Chinois en Chine existent et leur travail avec, il est clair que c'est moins confortable qu'en occident, vu les contraintes & pressions exercées par le parti, mais ils sont présents. Depuis l'ouverture du pays, l'art contemporain Chinois a explosé, je peux te citer Zeng Fanzhi, Zhang Xiaogang, Yue Minjun, Zhou Chunya ou Fang Lijun qui sont de très bons peintre, maintenant reconnus à l'international, en artiste conceptuel Ai Weiwei, Zhang Huan ou Huang Yong Ping. L'art Chinois contemporain existe et il est de qualité, même si la cohabitation avec le gouvernement est difficile & ambiguë, celui-ci a bien compris que la culture représente un soft-power important et en ce sens, il porte, tout en surveillant, ces artistes, une relation tout compte fait assez schizophrène. Citation :
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Concernant la Corée du Nord, le pays est cadenassé, ils en sont encore au réalisme socialiste. Autant dire que ça ne vole pas haut, des effigies à la gloire du dictateur, du père de la patrie etc. Citation :
Après il est clair que sur JOL, il est difficile de parler d'art cinématographique ou autre, qui plus est, les thread à ce sujet sont prit à parties par des revendicateurs culturels, ce n'est clairement pas ici que tu pourras avoir une discussion intéressante & stimulante. Il y a d'autres endroits pour ça, Senscritique est un très bon réseau social ou les passionnés de culture peuvent échanger & discuter, des forums comme DVDClassik aussi, j'y ai découvert beaucoup et l'on peut parler posément de cinéma avec des gens qui s'y connaissent un minimum, animés par la curiosité & la passion. Il est clair que l'expertise n'est pas la même quand tu lis une critique ciné sortant de chez Mademoizelle que dans les Cahiers du cinéma. Tout est question de là ou on pose notre regard, si tu contentes de plateforme comme celle ou nous sommes, tu seras frustré. Qui a envie de passer son temps à rectifier les conneries des nouveaux censeurs culturels de gauche ou de droite? Personne, c'est un exercice d'une vacuité mortelle, surtout pour un passionné qui ne désire qu'une chose discuter, partager, découvrir et ne pas perdre son temps avec le néant. J'ai participé à des forums spécialisés, lié au ciné ou à la littérature, jamais je n'ai vu ça et personne ne se perd dans ce type de conneries, sur les forums de JV adepte de la culture pop, c'est autre chose. Mais bon ils ne sont pas représentatifs, c'est une masse bruyante à surveiller. Citation :
Il y a des contraintes d'ordre technique ou peut naître la créativité, par exemple, celle d'utiliser qu'un seul plan séquence pour tourner un long métrage, c'est une contrainte technique qui apporte un plus, d’instantanéité et d'action, comme chez le récent 1917 ou plus ancien, le film Victoria. Il y a aussi des contraintes technologiques ou la créativité soumises aux limites de la technique trouve à s'exprimer autrement, par exemple les films muet, notamment ceux de Carl Theodor Dreyer, les acteurs devaient exprimer une palette d'émotions plus large par le visage, puisque le spectateur ne l'entend pas. Et si vous désirez aller plus loin dans la philosophie artistique, on peut aussi dire que la destruction est une forme de création. Prenons l'exemple d'une sculpture de Michel-Ange son magnifique David, avant d'être une sculpture c'était un bloc de marbre, création de la nature d'une beauté différente mais beauté tout de même, et bien Michel-Ange pour créer sa sculpture a du détruire le bloc. Destruction > création. Le Centre Pompidou avait fait un mooc sur le sujet, très intéressant, la destruction fait partie de l'art, encore aujourd'hui dans ses formes contemporaines. Par contre si vous parlez des contraintes artistiques lié à un état, un gouvernement, un parti, un groupe idéologique ou populaire, là on parle d'autre chose de plus inquiétant. Voir révolution culturelle Chinoise ou le mouvement artistique réalisme socialiste. L'exemple des commandes d'avant le 19ième est mauvais, vous occultez le contexte, celui qui fait que les artistes ne sont pas libres d'exprimer leur vision personnelle du monde, il y a une très forte pression de l'état & de l'église , il y a des dogmes sociétaux mais aussi artistiques, comme avec l'Académie et émergence de la peinture moderne impressionniste, concernant le 19 ième. Bien avant au 17 ième, il y a quand même des nuances au sein de la commande, par exemple on a commandé au Caravage un tableau pour décorer une chapelle, résultat il a respecté le thème mais d'un point de vue formelle, il a peint un cheval réaliste croupe en avant, ce qui lui a valu un scandale, idem il avait tendance à ne pas idéaliser ses peintures, ses paysans avaient les pieds sales, pareil ça a gêné. Bref, tout oeuvre est à remettre dans un contexte et en son sein, il existe d'infinies nuances. Citation :
Après et je pense que vous faisiez référence à ça, pour vivre en société il faut des libertés et des contraintes, sans contraintes point de libertés, sinon ton voisin peut venir chez toi te tuer tranquillement, ce sont les contraintes qui permettent aussi de se balader librement et en toute sécurité. Par contre en art qui est un domaine relatif aux idées, tout est possible et encore il y a des contraintes relatifs à autrui (appel à la haine, à la violence etc), mais n'importe quelles idées peut être émises et débattues, il y en a des + ou - moins dangereuses, mais en l'état, pour ce qui nous concerne, le débat sur la couleur de peau & la fidélité à l'histoire, franchement ça ne vole pas haut. |
12/02/2020, 03h13 |
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