On avait lancé un débat intéressant, je me permet de le poursuivre ici.
En prenant garde de ne rien affirmer sans source qui en mériterait une.
Tu dis : "L'IGPN devrait faire des inspections sur le terrain... Mais que fait-elle ?"
Sous-entendu (si je sous-entends mal tes propos excuse moi d'avance) : ont-ils vraiment l'intention de lutter contre les abus sans aller sur le terrain.
Puis quand je te demande comment : ah bah c'est pas a moi de le dire. Bah oui car ça servirait à rien d'être sur le terrain.
Effectivement ce n'est pas mon métier de rentrer dans le détail, mais en tant que citoyen je peux être favorable à tel ou tel choix politique.
Après parler des détails ça peut être intéressant mais le fond c'est vraiment les moyens et la volonté politique. Savoir si le matricule a 7 ou 8 chiffres, .. c'est toujours de la culture gé.
[..]
On parle d'administration étatique, avec des dizaines de milliers d'agents, pas d'une star-up de ramassage de trot.
Effectivement, ça serait un gros changement de mentalité et ça prend toujours du temps
- prévention : sensibilisation pour tous
Ok, why not. Mais comment ? [..]
Une journée de formation par an obligatoire, ce serait le minimum.
- récupération : port apparent du matricule et dashcam obligatoire pour toutes les interventions, en faisant connaitre et respecter la loi autorisant à les filmer
le port apparent est déjà le cas, reste la problématique de ceux qui ne le portent pas.
Tu te demandais à quoi serviraient des inspections de l'IGPN sur le terrain.. ben voilà. Contrôles aléatoires et sanctions pour ceux qui ne le portent pas et/ou leur hiérarchie.
La dashcam, why not, on en a déjà discuté de nombreuses fois sur ce fil.
[..] - la clé de sécurité sur le matricule, idem, encore un cout, on va changer tout les matricule pour y ajouter un élément.
Si les choses sont un minimum bien faites, c'est déjà le cas. Normalement si je sors n'importe quelle combinaison de x chiffres, j'ai pas un matricule de police existant, sauf coup de bol genre 1% de chances ou 10% grand maxi.
Quant à l'autorisation de filmer, j'aime aussi l"hypocrisie de la chose.
C'est autorisé sauf si on diffuse avec quelqu'un de menotté et identifiable. Donc on laisse filmer car on sait pas si ce sera le cas. Bah oui, le type qui filme avec son smartphone n'a pas du tout l'intention de le mettre illico sur les RS
C'est autorisé sauf si on diffuse et que ça compromet le secret de l'instruction ou de l'enquête. Qui est à même de le savoir ça hormis les agents demandant d'arrêter de filmer ?
Sans remettre en question la partie ou le mec se fait malmener et casser sa caméra, l'interpel qu'il filme fait-elle partie d'une enquête sous CR ? Qui le sait ?
Parler d'une problématique autre, ce n'est pas un argument qui me satisfait entièrement..
Là encore c'est une question de volonté politique. Rien n'empêcherait de changer la hiérarchie des lois. Je préfère être filmé menotté et innocent, que brutalisé en toute discrétion. Dans ce second cas c'est d'ailleurs la double peine
En fait, l'argument de base n'est pas excellent car il revient à supposer que les citoyens commettront une infraction.
Je casse ta caméra car je suppose que tu diffuseras la vidéo illégalement = je casse ta voiture au feu rouge parce que t'as l'air de vouloir dépasser la limite de vitesse quand ça sera vert.
- atténuation : lourdes sanctions pour ceux confondus (par exemple grâce aux vidéos)
Sanction pénale ou administrative ?
Car la sanction pénale n'est plus du ressort du ministère de l'intérieur mais des magistrats. Donc les magistrats sont complices. Les illuminés du topic arriveront bien à dire que les magistrats sont corporatistes des flics vu qu'ils en voient partout
En l'absence de source, je ne me prononce pas sur le laxisme supposé ou non de la justice.. Mais perso ça ne me choquerait pas d'avoir des sanctions financières pour un flic qui abuserait de violence, de durée égale à la peine encourue par un citoyen pour les mêmes faits. Exemple, coups et blessures : deux ans. De prison pour un citoyen, à la maison sans salaire pour un flic.
Bien sûr je dis pas qu'il faut virer tous les flics qui un jour ont été amené à mettre une petite gifle dans le feu de l'action.. L'idéal c'est que la prévention suffise à éviter un maximum de cas, et de traiter avec discernement mais sans laxisme les autres.
Dans tous les cas il faut des moyens, et une volonté politique.
Des dashcams pour tous, ça demande du budget.
Des journées de formation obligatoires pour tous, ça demande un effectif légèrement supérieur et donc du budget.
Etc.. Mais je pense que la majorité des citoyens pourraient accepter cette hausse de budget. Notamment sur les dashcams, car ça va dans les deux sens.
En schématisant, les personnes de gauche verront que les abus policiers seront limités, les personnes de droite verront que les délinquants auront plus de preuves contre eux, et seules quelques personnes extrêmes favorables à l'impunité pour les uns ou pour les autres seront contre..
Cependant, le manque de moyen ne justifie pas le laxisme de la justice en bout de chaine.
[En l'absence de source, je ne me prononce pas sur le laxisme supposé ou non de la justice.. ]
Je ne dis pas que les violences policières sont quotidiennes. Je n'en ai moi-même jamais subi. J'allais dire que c'est le cas de toutes les personnes que je connais, mais ce n'est pas vrai. Un flic voulait enlever la voiture de ma soeur, alors qu'elle était régulièrement garée sur une voie privée. Parce qu'un voisin connaissait un flic et aurait voulu ladite place pour lui.. Ce n'est pas grave du tout mais c'est le signe d'un état d'esprit : on peut léser un citoyen sans autre raison que la possibilité d'abuser de son pouvoir.
Encore une fois, la violence policière est particulièrement inacceptable. Comparable à un adulte qui frapperait un chaton ou un bébé. Cette comparaison n'est pas purement sentimentale, elle est réelle. Pourquoi ?
- De même que le chaton ou le bébé, le policier était censé protéger sa victime, pas l'agresser.
- Pas plus que le chaton, le citoyen n'a aucun moyen de défense face à un abus policier*.
- Car la force publique dispose de pouvoirs coercitifs quasi illimités sur le citoyen.
*Un adulte qui frappe un autre adulte, c'est déjà à réprouver, mais l'autre adulte peut user de légitime défense. Face à un policier, il n'y a pas de légitime défense réellement envisageable.
Déjà car l'uniforme indique qu'il ne faut pas se rebeller. Ensuite, car l'uniforme indique aussi qu'a priori il n'y aura pas d'agression injustifiée, ce qui empêche une potentielle fuite. Une fuite serait d'ailleurs elle aussi illégale et pourrait être vue (moralement) comme un aveu de culpabilité. Et donc l'uniforme ne permet pas de voir aussi vite qu'on est victime d'un abus. De plus, ces faits litigeux se déroulent la plupart du temps dans une zone grise.. Donc même dans le cas où quelqu'un tenterait une défense légitime, ça serait pire que le mal. La force publique a un pouvoir virtuellement illimité sur le citoyen. Sans caméra, il sera souvent voire toujours possible d'inventer une version dans laquelle l'action policière était justifiée. De plus ils sont assermentés, donc en l'absence de preuves très conclusives, quelqu'un qui se défend créera des motifs d'accusation contre lui..
Je reviens sur mon histoire de "traiter avec discernement". C'est une idée qui ne peut pas vraiment se résumer en une phrase, mais pour moi ça voudrait dire laisser aux policiers une marge de manoeuvre de légitime défense (voire légèrement plus que la légitime défense, pour les cas où ils sont dans leur droit) pour les cas où c'est nécessaire, mais appliquer des sanctions proportionnées, graduées, et strictement croissantes, en cas d'abus.