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Suffit de Regarder comment était organisée l'humanité quand elle fonctionnait en 100% renouvelable, avant l'âge termo industriel donc, y'avait zéro mégalopoles, parce que c'est pas un système efficient quand l'énergie n'est pas abondante.
juste sur ce point précis, voici comment vivaient les ouvriers à Londres en 1845, soit peu après la révolution industrielle, que tu appelles l'âge thermo-industriel (le texte est de Friedrich Engels, intitulé - La situation de la classe laborieuse en Angleterre.). Incidemment, ce texte n'a pas vieilli d'une virgule, il suffit de remplacer Londres, Manchester ou Leeds par Manille, New-Delhi ou Mogadiscio (par exemple).
Extraits :
Durant mon séjour en Angleterre, la cause directe du décès de vingt à trente personnes a été la faim, dans les conditions les plus révoltantes, et au moment de l'enquête mortuaire [ b] , il s'est rarement trouvé un jury qui ait eu le courage de le faire savoir clairement. Les déposi tions des témoins avaient beau être limpides, dépourvues de toute équivoque, la bourgeoisie - au sein de laquelle le jury avait été choisi - trouvait toujours un biais qui lui permettait d'échapper à ce terrible verdict : mort de faim [ c] . La bourgeoisie, dans ce cas, n'a pas le droit de dire la vérité, ce serait en effet se condamner soi-même. Mais, indirectement aussi, beau coup de personnes sont mortes de faim - encore bien plus que directement - car le manque continuel de denrées alimentaires suffisantes a provoqué des maladies mortelles, et fait ainsi des victimes; elles se sont trouvées si affaiblies que certains cas, qui dans d'autres circons tan ces auraient évolué favorablement, entraînaient nécessai rement de graves maladies et la mort. Les ouvriers anglais appellent cela le crime social, et accusent toute la société de le commettre continuellement. Ont-ils tort ?
Bien sûr, il ne meurt de faim que des individus isolés, mais sur quelles garanties le travailleur peut-il se fonder pour espérer que ce ne sera pas son tour demain ? Qui lui assure son emploi ? Qui donc lui garantit que, s'il est demain mis à la porte par son patron pour quelque bonne ou mauvaise raison que ce soit, il pourra s'en tirer, lui et sa famille, jusqu'à ce qu'il en trouve un autre, qui lui « donne du pain ? » Qui donc certifie au travailleur que la volonté de travailler suffit à obtenir du travail, que la probité, le zèle, l'économie et les nombreuses autres vertus que lui recommande la sage bourgeoisie, sont pour lui réellement le chemin du bonheur ? Personne. Il sait qu'il a, aujourd'hui, quelque chose et qu'il ne dépend pas de lui de l'avoir encore demain; il sait que le moindre souffle, le moindre caprice du patron, la moindre conjoncture commerciale défavorable, le rejettera dans le tourbillon déchaîné auquel il a échappé temporairement, et où il est difficile, souvent impossible, de se maintenir à la surface. Il sait que s'il peut vivre aujourd'hui, il n'est pas sûr qu'il le puisse demain.
Cependant, passons maintenant à un examen plus détaillé de l'état où la guerre sociale plonge la classe qui ne possède rien. Voyons quel salaire la société paye au travailleur en échange de son travail, sous forme d'habitation, d'habillement et de nourriture, quelle exis tence elle assure à ceux qui contribuent le plus à l'existence de la société; considérons d'abord les habitations.
Toute grande ville a un ou plusieurs « mauvais quartiers » - où se concentre la classe ouvrière. Certes, il est fréquent que la pauvreté réside dans des venelles cachées tout près des palais des riches, mais en général, on lui a assigné un terrain à part, où, dérobée au regard des classes plus heureuses, elle n'a qu'à se débrouiller seule, tant bien que mal. Ces « mauvais quartiers » sont organisés en Angleterre partout à peu près de la même manière, les plus mauvaises maisons dans la partie la plus laide de la ville; le plus souvent ce sont des bâti ments à deux étages ou à un seul, en briques, alignés en longues files, si possible avec des caves habitées et presque toujours bâtis irrégulièrement. Ces petites maisons de trois ou quatre pièces et une cuisine s'appellent des cottages et elles constituent communément dans toute l'Angle terre, sauf quelques quartiers de Londres, les demeures de la classe ouvrière. Les rues elles-mêmes ne sont habituellement ni planes, ni pavées; elles sont sales, pleines de détritus végétaux et animaux, sans égouts ni caniveaux, mais en revanche, parsemées de flaques stagnantes et puantes. De plus, l'aération est rendue difficile par la mauvaise et confuse construction de tout le quartier, et comme beaucoup de personnes vivent ici dans un petit espace, il est aisé d'imaginer quel air on respire dans ces quartiers ouvriers. En outre, les rues servent de séchoir, par beau temps; on tend des cordes d'une maison à celle d'en face, et on y suspend le linge humide.
Examinons quelques-uns de ces mauvais quartiers. Il y a d'abord Londres [ 2] , et à Londres, la célèbre « Nichée de Corbeaux » (Rookery), St Giles, où l'on va seulement percer quelques larges rues et qui doit ainsi être détruit. Ce St Giles est situé au milieu de la partie la plus peuplée de la ville, entouré de rues larges et lumineuses, où s'affaire le beau monde londo nien - tout près de Oxford Street, de Regent Street, de Trafalgar Square et du Strand. C'est une masse de maisons à trois ou quatre étages, bâties sans plan, avec des rues étroites, tortueuses et sales où règne une animation aussi intense que dans les rues principales qui traversent la ville, à cela près qu'on ne voit à St Giles que des gens de la classe ouvrière. Le marché se tient dans les rues : des paniers de légumes et de fruits, naturellement tous de mauvaise qualité et à peine comestibles, réduisent encore le passage, et il en émane, comme des boutiques de boucher, une odeur écœurante. Les maisons sont habitées de la cave aux combles, aussi sales à l'extérieur qu'à l'intérieur, et ont un aspect tel que personne n'éprouve rait le désir d'y habiter. Mais cela n'est rien encore auprès des logements dans les cours et les venelles transversales où l'on accède par des passages couverts et où la saleté et la vétusté dépassent l'imagination; on ne voit pour ainsi dire pas une seule vitre intacte, les murs sont lépreux, les chambranles des portes et les cadres des fenêtres sont brisés ou descellés, les portes - quand il y en a - faites de vieilles planches clouées ensemble; ici, même dans ce quartier de voleurs, les portes sont inutiles parce qu'il n'y a rien à voler. Partout des tas de détritus et de cendres et les eaux usées déversées devant les portes finissent par former des flaques nauséabondes. C'est là qu'habitent les plus pauvres des pauvres, les travailleurs les plus mal payés, avec les voleurs, les escrocs et les victimes de la prostitution, tous pêle-mêle. La plupart sont des Irlandais, ou des descendants d'Irlandais, et ceux qui n'ont pas encore sombré eux-mêmes dans le tourbillon de cette dégradation morale qui les entoure, s'y enfoncent chaque jour davantage, perdent chaque jour un peu plus la force de résister aux effets démoralisants de la misère, de la saleté et du milieu.
Mais St Giles n'est pas le seul « mauvais quartier » de Londres. Dans ce gigantesque labyrinthe de rues, il existe des centaines et des milliers de voies étroites et de ruelles, dont les maisons sont trop misérables pour quiconque peut encore consacrer une certaine somme à une habitation humaine, et c'est bien souvent tout près des luxueuses maisons des riches que l'on trouve ces refuges de la plus atroce misère. C'est ainsi que récemment, au cours d'un constat mortuaire, on a qualifié un quartier tout proche de Portman Square, place publique très convenable, de séjour « d'une foule d'Irlandais démoralisés par la saleté et la pauvreté ». C'est ainsi que l'on découvre dans des rues comme Long-Acre etc... qui, sans être « chic », sont malgré tout convenables, un grand nombre de logements dans des caves, d'où surgissent des silhouettes d'enfants maladifs et des femmes en haillons à demi mortes de faim. Aux alentours immédiats du théâtre Drury-Lane - le second de Londres -, on trouve quelques-unes des plus mauvaises rues de toute la ville (rues Charles, King et Parker) dont les maisons aussi, ne sont habitées des caves aux combles que par des familles pauvres. Dans les paroisses de St John et de St Margaret, à Westminster habitaient en 1840, selon le journal de la Société de statistiques [ d] , 5,366 familles d'ouvriers dans 5,294 « logements » - si on peut leur donner ce nom - hommes, femmes et enfants, mêlés sans souci d'âge ou de sexe, au total 26,830 individus [ e] , et les trois quarts du nombre des familles citées ne disposaient que d'une pièce. Dans la paroisse aristocratique de St George, Hanover Square, habitaient, selon la même autorité [ f] , 1,465 familles ouvriè res, au total environ 6,000 personnes, dans les mêmes conditions; et là aussi plus des deux tiers des familles entassées chacune dans une seule pièce. Et de quelle façon les classes possédantes n'exploitent-elles pas légalement la misère de ces malheureux chez qui les voleurs eux-mêmes n'espèrent plus rien trouver ! Pour les hideux logements près de Drury-Lane, que nous venons de mentionner on paye les loyers suivants : deux logements à la cave : 3 shillings (1 taler); une chambre au rez-de-chaussée, 4 shillings; au 1° étage 4,5 shillings; au 2° étage 4 shillings; mansardes, 3 shillings par semaine. Si bien que les habitants faméli ques de Charles Street payent aux propriétaires d'immeubles un tribut annuel de 2,000 livres sterling (14,000 talers) et les 5,366 familles de Westminster déjà citées, un loyer total de 40,000 livres sterling par an (Soit 270,000 talers).
Le plus grand quartier ouvrier cependant se trouve à l'est de la Tour de Londres, à White chapel et Bethnal Green, où la grande masse des ouvriers de la cité est concentrée. Écoutons ce que dit M. G. Alston, prédicateur de St Philip, à Bethnal Green, de l'état de sa paroisse :
Elle compte 1,400 maisons habitées par 2.795 familles soit environ 12,000 per son nes. L'espace où habite cette importante population n'atteint pas 400 yards (1,200 pieds) carrés, et dans un tel entassement il n'est pas rare de trouver un homme, sa femme, 4 ou 5 enfants et parfois aussi le grand-père et la grand'mère dans une seule chambre de 10 à 12 pieds carrés, où ils travaillent, mangent et dorment. Je crois qu'avant que l'évêque de Londres n'eût attiré l'attention du public sur cette paroisse si misérable elle était tout aussi peu connue à l'extrémité ouest de la ville que les sauvages d'Australie ou des îles des mers australes. Et si nous vou lons connaître personnellement les souffrances de ces malheureux, si nous les obser vons en train de prendre leur maigre repas et les voyons courbés par la maladie et le chômage, nous découvrirons alors une telle somme de détresse et de misère qu'une nation comme la nôtre devrait avoir honte qu'elles soient possibles. J'ai été pasteur près de Huddersfield durant les trois ans de crise, au pire moment de marasme des usines, mais je n'ai jamais vu les pauvres dans une détresse aussi profonde que depuis, à Bethnal Green. Pas un seul père de famille sur dix dans tout le voisinage qui ait d'autres vêtements que son bleu de travail, et celui-ci est aussi mauvais et aussi déguenillé que possible; beaucoup même, n'ont pas, pour la nuit d'autres couvertures que ces guenilles et pour lit n'ont qu'un sac rempli de paille et de copeaux [g] .
pour ce qui concerne la décroissance et le monde à venir, je suis assez d'accord avec ce que tu écris, cependant il ne faut pas - dans l'idéal (mais hélas, le temps est compté) - de décroissance contrainte. La décroissance doit faire partie intégrante d'un ensemble plus général de mode de vie, c'est à dire être partie prenante d'un choix de société radicalement différent de celle dans laquelle nous vivons tous au niveau mondial. Un monde où la croissance et l'accumulation ne seront plus le moteur de de l'histoire, en l'occurrence un monde non capitalisme, verra aussi la baisse du travail, selon qu'une moindre productivité sera conséquence directe du mode de vie. De même, la monnaie ne sera plus qu'une unité de compte et non une fin en soi pour l'accumulation. Alors, certes, la vie sera bien plus frugale pour nous Européens (et après ?), mais plus heureuse aussi pour 90% de l'humanité. Nous pourrons donc (et ce dans un mouvement dialectique de dépassement produit) nous occuper enfin des vrais problèmes qui se posent à nous en tant qu'êtres humains ; la réparation (longue et difficile) de tous les dégâts que la société actuelle pourrie jusqu'à l'os par le fric fait subir à la nature, la mise en commun des savoirs pour intensifier efficacement les diverses formes de recherches scientifiques, etc.
Cela ne se fera bien sûr pas en claquant des doigts. La violence et pas la moindre sera nécessaire pour nous débarrasser de l'ancien monde. Une guerre de cent ans ?
Dernière modification par Yasujiro Ozu ; 30/12/2019 à 13h50.
Motif: ortho
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