Moi j'ai bien aimé ce France-Irlande. J'ai bien aimé qu'on se prenne un but de cinglé à la 2e minute, parce qu'absolument personne n'était concentré à ce moment du match. J'ai bien aimé qu'on se fade une première mi-temps horrible, rappelant les pires matches de l'équipe de France (je pensais à France-Uruguay 2002, vous vous souvenez ?). J'ai bien aimé qu'à la mi-temps on réorganise tout et que ça marche. J'ai bien aimé.
A une certaine période pas si lointaine, ce match on l'aurait laissé filer. On aurait éventuellement égalisé, allez, mais on serait allés s'embourber aux prolongations, et là... On aurait pris un rouge d'énervement, on n'aurait pas été foutus de se créer une occasion en fin de match, et voilà.
Et là, non. On a attaqué la deuxième mi-temps, comme l'a très bien dit Patrice, "sans peur". Les Bleus ont maîtrisé leur deuxième mi-temps, et par là même le match, et c'est fort, si on y pense. 2-1, ça peut faire tout aussi bien 5-1, on passe, on est contents, et on se réhabitue à gagner, en fait. J'ai bien aimé.
Et puis, c'était contre l'Irlande. Même s'ils se roulent par terre pendant 3 minutes quand on les frôle, même s'ils fauchent allègrement par derrière au lieu de se prendre un but, c'est l'Irlande. On ne peut pas les détester, hein. Même en 2010 on savait très bien qu'ils avaient raison de râler. Comment vous voulez détester Robbie Keane, sérieusement ?
Il y avait Roy Keane, aussi. La seule et unique mean machine. On a battu Roy Keane. J'aurais bien aimé entendre ce qu'il a sorti à Deschamps quand ils se sont engueulés sur les bancs de touches, combien de fookoff sont sortis. Roy Keane, c'est simple, à chaque fois que je le voyais jouer à l'aube des années 2000 (on voyait moins facilement les matches qu'aujourd'hui), j'avais des frissons. D'admiration, et de peur aussi. Et on l'a sorti. Oui, oui, il bosse pour une équipe de chaussettes, une de ces équipes auxquelles l'équipe de France colle des 3-0 à longueurs de matches amicaux, oui, oui, mais voilà, on a sorti Roy Keane.
Mine de rien, ces France-Irlande commencent à avoir une vraie dramaturgie, depuis une fameuse main décisive. Et ça, ça me plaît. Je pense qu'on en a encore pour une bonne décennie, voire plus, de ces France-Irlande dans lesquels il se passe quelque chose. J'aurais bien parlé de tactique, de ces défauts criants dans l'équipe de France (ce placement des milieux...), mais je m'en fous un peu. Cet après-midi, on a eu du drame. On a eu des émotions. On a eu du football. Purée c'était bien.
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