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Salut l'Agora,
Ce topic va sûrement être un peu différent des autres puisqu'il s'agit d'en regrouper d'autres pour essayer d'avoir une vision d'ensemble ni enfermée dans des silos de pensée ni les visions partisanes. Commençons par empiler quelques consensus : - Déjà qu'il n'y avait pas de boulot pour tout le monde, il va y en avoir encore moins - Le boulot c'est bien joli, mais vu qu'on perd des capacités énergétiques tous les ans, c'est même la notion de croissance qui est remise en question - En parallèle de ça, on assiste à une perte assez généralisée de confiance envers ce qui "vient d'en haut", que ce soient les politiques, de droite comme de gauche d'ailleurs... Les médias, faut-il même parler de l'économie ? (Pas besoin de cliquer sur tous les liens, ce sont juste les topics où l'on parle de chaque sujet indépendamment). Bref, ce qui me frappe, au bout de bientôt 10 ans sur l'Agora, c'est qu'on est arrivés à un point où en gros : - Toutes les offres politiques qui nous sont faites sont basées sur une logique de croissance - La logique de croissance qui sous-tend notre modèle social ne tient plus la route - De toutes façons, même si elle tenait encore la route, on en profiterait pas parce que les rendements vont à la finance et à l'automatisation - On n'a aucune confiance en ceux qui nous gouvernent et/ou nous influencent. Les rares sur l'Agora qui s'en tiennent à des idéologies admettent du bout des doigts qu'il faudrait changer l'humanité pour que ça se passe comme dans le bouquin (et je m'inclus dans ce tas là ) - L'avenir discernable ne nous apporte pour le moment que des mauvaises nouvelles (encore un lien vers un topic, décidément...) - Les premiers touchés par ce début de déclin sont les fameux précaires, les "slashers" qui essaient d'imaginer autre chose en disant eux même qu'ils en chient à conceptualiser l'après (Ce lien là est une discussion en anglais qui vient du dernier OuiShare Fest de ce mois de mai) - Et s'il fallait l'ajouter, on a pas exactement le cul sorti des ronces envers les peuples vachement moins bien lotis que nous qui commencent à toquer à la porte pour éviter de prendre une sécheresse et/ou une bombe dans la gueule (que ces raisons soient politico-religioso-climatico osef, c'est pas le sujet !) Du coup, on fait quoi ? Jusqu'à présent, trois voies se dégagent : - "Après moi le déluge" : ou dit autrement, on a toujours fait comme ça y a pas vraiment de raisons qu'on arrête. Sauf qu'au delà de la morale discutable de cette position, il semblerait que la simple physique soit en train de sonner la fin de la récré... - "Moi d'abord" : version un peu plus cynique de la première qui consiste à se prendre pour les Américains piller ce qu'on peut pendant qu'on le peut. Un peu plus cynique et un peu plus explosif aussi - "La science / technologie / inventivité nous sauvera tous" : ou toutes les autres formes de solutionnisme qu'on adore en France avec l'influence des grandes écoles d'ingénieur qui nous ont donné à penser pendant longtemps qu'on avait pas de pétrole mais des idées Et une 4ème commence à voir le jour, la "collapsologie" (en substance : on va en prendre plein la gueule, préparons nous pendant qu'on peut encore) où se retrouvent certains écolos, les permaculteurs notamment, et les déçus du solutionnisme technologique dont je fais partie. Quoiqu'il puisse arriver, je ne crois pas que l'on puisse continuer avec un modèle de société inventé pour une croissance sans limites, avec un partage des richesses tel qu'il a été pensé il y a 60 ou 200 ans suivant à quelle borne on pense. Si les OuiShare, les NuitDebout, les Occupy, les Indignés, les makers, les commoners (Oui, je mélange des torchons et des serviettes avec des gens qui ne se préoccupent pas des même aspects du problème, mon propos est que justement tous ces problèmes sont inextricablement liés) sont tous à chercher des alternatives, c'est bien que rien n'est encore bien établi pour la suite. Comment fait-on à l'heure actuelle pour se préparer à un monde aux antipodes de toutes les logiques de croissance, de progrès, de développement qu'on nous a inculqué ? Comment fait-on pour penser la société, donc la politique, dans un contexte de partage d'un tout au mieux atone et au pire décroissant ? Comment fait-on pour s'adapter, avec nos emplois et nos formations hyper spécialisées dans un monde où tout accélère vers une frontière qu'on franchit les yeux bandés ? Enfin, et surement la mère de toutes les batailles, on commence par quoi ? Je suis désolé de ce pavé l'Agora (en plus, en comptant bien, doit y avoir une dizaine d'heures de vidéos linkées), je sais que tu le liras à moitié et que tu me reprendras sur certaines hypothèses posées en début de sujet malgré le fait que j'ai linké les sujets correspondants pour aller en parler là bas parce que pinailler est tellement plus simple que se remettre en question... Mais j'espère que certains ne s'arrêteront pas là et qu'on pourra avoir une vraie discussion sur ce que l'on peut faire en tant que société. Pour ma part, à 35 ans et faisant vivre 3 boites à la fois, je ne suis pas loin d'investir dans des poules et des chèvres, juste au cas où... |
30/05/2016, 16h49 |
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CharlesMauriceKaleos |
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