Bon... Alors pour vous 2...
Jvous préviens, c'est pas fun hein, mais ça donne un petit aperçu de mes pérégrinations.
Alors voilà juste pour vos beaux yeux (ui ui, Heathcliff et Toro) un petit résumé de mon épisode Pékinois. (Ya des petits passages dont je vous ai déjà parlé, mais vous m'en voudrez pas...)
Comme vous l'avez certainement su, c'était le nouvel an chinois la semaine dernière (festivités commencées le 7 février au soir).
Les vacances du nouvel an marquent une grosse importante coupure, c'est un peu comme notre Noël à nous. Tous les chinois rentrent en famille dans leurs contrées, et on assiste à la plus grosse migration de population annuelle. Normalement, les congés sont de une semaine. Mais la plupart des gens prennent plus que ça, jusqu'à 5 ou 6 semaines.
A ce moment-là, les gares et aéroports sont pris d'assaut, et si vous regardez un peu les photos qui circulent sur le net, vous verrez des millions de gens attendant leurs trains/avions agglutinés. ça donne pas envie d'y aller.
Il n'empêche que la semaine avant le 7 février, Shanghai s'est drastiquement vidée se sa population. L'ambiance s'en est carrément ressenti : moins de bruit, plus du tout de klaxon, circulation fluide, taxi dispo direct, presque le "bonheur". De même, pollution en baisse, vu que moins de monde pour tirer sur les clim réversibles, donc l'electricité, donc les centrales à charbon. Si si, le bonheur en fait.
Avec mes colocs nous voulions assister à des festivités du CNY, tous bourrés d'images que nous étions à force de fictions occidentales sur la Chine. Nous imaginions déjà des processions avec musiques et dragons, lanternes et feux d'artifice le tout dans un joyeux bazar de fête populaire.
Que nenni. Nada, quepouick Zilch. Rien. Aucune procession ou fête ou spectacle. Le nouvel an, c'est en famille ou ça n'est point. Et pour couronner le tout, la municipalité shanghaienne a décidé d'interdire tout bonnement les rassemblements et explosions de pétards. Ainsi en guise de décorations, de magnifiques banderoles orange ont fait irruption sur tous les coins de trottoirs pour rappeler aux citoyens qu'un pétard, et zoup, finito la fiesta.
Donc le 7 février, je crois que ce fut la soirée la plus calme de ma vie shanghaienne. Pas un chat dehors, pas un rat dans les rues, pas un bruit... Resto et bars fermés, rien pour commander, Shanghai ville morte, activité économique suspendue pour cause de célébration familiale. Si t'es pas content, c'est pareil.
Donc avec mes 3 colocs et demi (Jo participe à la fête hein), nous avons fait un Chinese New Year Chandeleurisé histoire de combiner notre vie d'avant avec notre bouffe locale. Crêpes françaises et bière chinoise, cookies maison et biscuits du nouvel an, c'était un joyeux bazar gastronomique, dans une ambiance de bout du monde.
Le lendemain, 3 d'entre nous seulement ont pris le train et affronté la foule pour folâtrer gaiement toute la semaine dans la capitale du Nord (littéralement hein : Bei => nord, Jing => capitale).
5h de train et de gamins braillards sous le regard fiers de parents chinois pas gênés pour 2 sous que leurs lardons foutent un bronx phénoménal dans le wagon et emmerdent le monde (mais finalement, seuls 3 laowais (étrangers en chinois) avaient l'air gênés de ce ramdam infernal ; le chinois local, lui, habitué qu'il est au raffu constant de son côté du monde, n'y prête plus la moindre attention et ronfle nonchalamment, ajoutant son tintamare à la fanfare enfantine), et nous arrivâmes fourbus mais ravis au centre symbolique de l'empire du milieu.
La première quête de notre entreprise aventuresque fut de trouver notre point de ravitaillement, petite auberge planquée dans des ruelles obscures de Hutong traditionnel.
Après 30 minutes de tours, détours, et demi-tours, nous finîmes par remarquer une petite porte rouge dans un renfoncement, munis du cercle typique "hôtel". Soulagement, poussage de porte, pénétration dans un patio improbable pour arriver devant une porte ronde, rouge, encadrée de bambous, qui conviendrait parfaitement pour un terrier hobbit de la Comtée s'ils désiraient se mettre à la déco chinoise. La porte s'ouvre sur une immense pièce à vivre colorée et surchargée, plantes vertes, statues, fontaine en son centre, entourée des quelques tables et petits coins salon, réception à droite constituée d'un bar-bureau au foutoir incongru, distributeurs de boissons à gauche, et tout autour sont distribuées les portes des diverses chambres et dortoirs. Un joyeux bazar bigarré qui inspire confiance malgré tout, surtout après l'accueil de Dou, maître des lieux à l'accent anglais chantant et capable d'anticiper le moindre de tes désirs (en tout cas des miens en matière de thé, et ceux qui me connaissent savent qu'il a ainsi su entrer dans mes bonnes grâces. Le thé, c'est sacré).
Au fil de la semaine, ce monsieur s'est révélé d'une fort agréable compagnie, toujours souriant, faisant son maximum pour nous filer un coup de paluche pour nos organisations de visites en proposant de nous réserver/payer les tickets en avance histoire d'être sûr qu'on en ait vu les restrictions imposées suite à l'affluence massive de touristes cette semaine-là. Comme dans un élan de générosité, un soir de plus grands yeux que grand ventre, je lui ai offert un paquet de marrons chauds pour le remercier de son accueil, le lendemain, il nous a invité à partager ses biscuits du nouvel an. Et le dernier soir, il nous a offert le "champagne" (en vrai c'était de l'asti, mais bon, c'est du vin et ça pétille, donc là-bas, c'est du champagne), et on a passé une super soirée tous ensembles attablés à siroter nos bubulles en papotant dans un patois anglo-chinois des plus divertissants, avec pour toute nuisance sonore le glouglou de la fontaine et le sifflement du vent dans les branches des bambous à l'extérieur.
Si un jour vous passez par Pékin, n'hésitez donc pas à faire un tour pour la nuit ou la semaine à l'hôtel au nom improbable au fond de la 1ère ruelle à droite d'un Hutong lambda de Nanluoguxiang : "Sitting on the city Wall in the Courtyard". Vous y serez comme des coqs en pâte. Ou alors il aimait juste bien les rousses aimant le thé et dans ce cas-là, teignez-vous ou tant pis pour vous
(Pi pour rien gâcher, le lit était top confort, yavait de l'eau chaude non-stop dans la salle de bain, des toilettes propres, et le prix n'était clairement pas excessif... Avec en plus une place pour un opéra pékinois offert dès 5 nuits payées ! )
Brayf.
Papillonnage folâtre et gambadage de gambette intensifs, nous avons en 6 jours exploré le tout Pékin, avec plus ou moins de chance.
La quête Grande Muraille fût soldée E-Z bisy : grand soleil, température douce mais toujours de la neige sur le chemin, point proposé le plus éloigné de Pékin (Jingshanling, un truc du genre), donc absolument personne à part nous sur le spot, 3h30 de randonnée hors du temps sur une portion isolée et non restaurée, c'était top.
La quête Forbidden City nous a donné plus de fil à retordre. Faut dire que le boss à affronter était de taille. C'est LE must-see de Pékin, et il fut croire que la Chine entière s'y était donné RDV. Pour des questions de sécurité et préservation, les autorités ont donc décidé de réduire l'accès à 80 000 entrées/jour. Manque de bol, à midi, yavait déjà plus de place. Donc après un bain de foule d'environ 1h, de marche pour y accéder, passer les security check et accéder aux tickets office, on s'est juste fait refouler comme des malpropres. Frustrés et déconfits, nous ne nous sommes pour autant pas laissés abattre, et c'est Dou, notre sauveur qui nous a livré le sésame pour contrer les boss chinois. 3 jours après, nous y sommes donc retourné, tickets réservés et achetés online en poche, de bon matin pour éviter la foule et avoir la primeur de l'entrée dans une cité interdite vide.
Et comme pour nous auréoler de la gloire d'avoir vaincu malgré l'adversité de la foule, le soleil a décidé de nous offrir son plus bel éclat, faisant miroiter les teintes rouges et or du palais dans les douves glacées par les -5°C ambiants.
Nous n'avons pas eu cette chance pour 2 autres quêtes légendaires à mener dans la ville : le Summer Palace nous a gratifié d'une foule "modeste" au regard de la population, mais d'un temps tout pourri avec petite pluie casse-bonbon ne rendant aucunement grâce à la majesté du lieu et contribuant à fondre dans le décor les éléments supposés en ressortir.
Et le temple de la terre a eu l'idée inverse : nous offrir une météo exceptionnelle de douceur et de soleil, pour une foule massive et compacte, dense, intraversable, étouffante. Les quelques manifestations de danses/concerts/spectacles dans le parc furent donc compliquées à suivre au vu de la maladie chinoise qui consiste à ne voir qu'à travers l'oeil de son téléphone, et qui les poussent donc à avoir tous les bras en l'air pour filmer/photographier plus haut que son voisin. C'est idiot en soi, vu que non seulement ils ne voient rien, mais en plus leurs vidéos/photos sont pourries. Et ça contribue à ce que les craques-naines de mon espèce se sentent immensément tristes de ne pas pouvoir admirer les acrobates du Yunnan jongler avec un tronc d'arbre en équilibre sur le menton, les danseuses du Sichuan tourbillonnant dans leurs habits colorés avec leurs tambours, et les dragons voltigeurs faire des cabrioles en jouant à saute-mouton. Je n'étais que frustration à ce moment-là, de ne pas avoir pensé à prendre mes échasses ou à équiper mes chaussures de ressorts...
Nous avons agrémenté notre séjour de divers autres temples comme le temple des Lamas, temple du ciel, etc, tous très jolis architecturalement parlant. J'aime bien les temples, ils ont un petit côté hors du temps. Mais je vous passe la description, vous risquez de passer des heures à lire ensuite...
Et un matin de nuit de trop courte, alors que mes acolytes se remettaient difficilement à l'aide d'une bonne grasse mat', moi qui ne suis pourtant guère matinale, j'ai rechaussé mes godillots dès l'aube pour errer au gré des ruelles afin de continuer mes découvertes. De Hutongs en avenues, j'ai terminé au pied de 2 tours au bord d'un lac, qui semblaient pouvoir se visiter, alors hophop, j'ai pris mon petit ticket et profité de la vacuité des lieux. Un petit garde chinois est venu me dire de me dépêcher de grimper au sommet, que j'avais de la chance, j'arrivais pile pour la démonstration de tambour.
Je ne me suis pas faite prier, et j'ai gravi au pas de course la centaine de marches se déployant jusqu'au sommet. Et là, pif paf pouf, petite entrée en scène de 5 joueurs de tambour en costume traditionnel, les voilà qui se mettent à nous jouer du tambour sur des engins énormes de 1 à 2 mètres de diamètres trônant superbement au sommet de la tour. Résonnante vibration et synchronicité, tout marchait de concert, comme si notre rythme cardiaque avait décidé de s'accorder avec le boum boum mesuré des percussions. Un petit effet magique de trop courte durée.
La démonstration finie, petit tour à 360° sur les balcons du lieu pour admirer la non-skyline pékinoise dégagée et la vue aérienne sur les Hutongs, puis descente et remontée dans la tour d'en face, pour une petite visite identique à ceci près qu'elle n'hébergeait pas un troupeau de tambours démesurés mais une cloche en bronze de 7 mètres de haut sur 4 de diamètre, pour 24 cm d'épaisseur. De la bonne grosse cloche des familles. Il s'avère que ces 2 tours étaient les Drum & Bell tower, maîtresses de la mesure du temps dans la Chine ancienne, marquant l'heure et la mesure pour l'empereur.
Et sinon, chaque soir, chaque nuit, nous avons eu droit à un festival de pétards et feux d'artifices, les célébrations pour le Chinese New Year allant bien meilleur train à Pékin la chinoise qu'à Shanghai l'occidentale. Rigolo mais parfois flippant, donnant une petite ambiance de guérilla urbaine nocturne dans les quartiers isolés...
Le 6ème jour arriva, dernier petit tour de visite sous un soleil éclatant avec seulement 18pm de pollution (soit moins qu'à Paris), dernier au revoir à Dou et son hôtel, dernier petit tour de métro, 6h de train avec le reste de la chine qui décide elle aussi de rentrer en même temps que toi à Shanghai, et c'est un petit 200pm de pollution dans un nuage gris souris qui m'attendait pour me souhaiter bon retour à Shanghai. Oh joie, oh allégresse, oh pollution mon amie :'(
Voilà voilà, une petite parenthèse Chine pour ravir vos mirettes, comme ça faisait longtemps que je ne vous avais pas tartiné le pavé \o/ \o/
Enjoy.