Svipul : face au souffle du Dragoon

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Au printemps 116, sur le front de l'Est, rien ne va plus pour les flottilles de la République. Les Dragoons, derniers-nés de la classe des destroyers produits à rythme soutenu par les Forges Impériales de Kor-Azor Prime et de Leva ont pris par surprise la doctrine historique de versatilité des Minmatar. Avec son armement quadruple comprenant lasers, lance-missiles, drones et guerre énergétique, les premières escadrilles équipées de Dragoon ont taillé sans merci dans les formations de Rifter, Breacher et Thrashers qui constituent alors l'épine dorsale des pelotons d'intervention rapide de la Flotte républicaine. Les Rifters 400, baptisés ainsi à cause de leur sur-blindage de 400mm, naguère capables d'aller se frotter aux Punisher et aux Executioner quasiment jusqu'à leurs station d'amarrage, sont complètement dépassés. Même les Thrashers montés en 250mm n'y peuvent rien, harcelés comme ils le sont par des nuées de drones dès qu'ils tentent de manoeuvrer pour venir à portée de canons -le Dragoon en configuration standard dispose d'une distance d'acquisition qui correspond justement peu ou prou à la portée pratique des canons d'un Thrasher. Seules les rares versions sur-calibrées en 280mm parvenant à tirer leur épingle du jeu au prix d'une réduction drastique de leur capacité de survie à courte portée. Face aux Dragoon, les Minmatar n'ont tout simplement rien d’adéquat à opposer.

Il faut bien saisir ici la révolution qu'a constituée l'entrée en service du Dragoon pour la Flotte Impériale : son système d'armes a poussé l'Amirauté à revoir de fond en comble ses doctrines d'engagement pour tirer le maximum d'un appareil très exotique par rapport à l'approche rationnelle mais un peu rigide du tout-laser. Et les résultats sont là : en quelques mois, les systèmes de Frerstorn, Uisper, Ebolfer et Eszur tombent. Prise à contre-pied, la République tente initialement de faire avec les contingents dont elle dispose en comptant sur l'habituelle flexibilité de ses appareils, mais force est de constater qu'il ne s'agit que de palliatifs et qu'il va falloir sérieusement innover.

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Le Dragoon, épouvantail de la Flotte Minmatar

La Flotte rédige donc le cahier des charges et les spécifications de base d'un nouveau destroyer chargé de contrer le Dragoon. En plus de devoir être plus rapide et plus manoeuvrant que ce dernier -facile à réaliser pour les ingénieurs Minmatar toujours excellents en la matière- le nouvel appareil devra pouvoir être à la fois plus résistant et présenter une puissance de feu plus importante que le destroyer Amarr. Mine de rien, le défi technique est de taille, surtout quand il s'agit de combiner ces quatre paramètres aux trois systèmes d'armes initialement envisagés (artillerie, missiles et drones combinés).

Thukker mis sur le banc de touche

Thukker profite de l'appel d'offres pour remettre sur la table une version profondément remaniée de son X-FLR6, candidat malheureux à l'appel d'offres ayant débouché sur l'adoption du Talwar. Cette plate-forme fortement axée sur l'emploi de désignateurs d'objectifs multiples peine à convaincre le commandement de la Flotte. Jugé trop peu versatile, X-FLR6 est rejeté une fois de plus au grand dam des dirigeants de Thukker, peu habitués qu'ils sont à voir les portes se fermer devant eux.

Fara Solum, qui n'est pas encore le célèbre ingénieur de chez Versatec que l'on connaît, arrive alors avec une approche pour le moins originale qui consiste rien moins que d'adopter sur des appareils de petite taille la reconfiguration à la volée déjà employée de longue date par les Dreadnought et les Carriers, mais en poussant l'intégration beaucoup plus loin. Solum propose en effet un triple mode adaptatif permettant au pilote de modifier radicalement le comportement de son vaisseau en fonction de la situation tactique rencontrée.

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Le Svipul, tel qu'initialement dessiné par Fara Solum. Le modèle de série est étonnamment proche de cette illustration

Le commandement de la Flotte est initialement peu emballé par le prototype qui lui est présenté. Et pour cause : le SV-1* manque franchement de mise au point. En mode "sniper", l'acquisition entraîne une surchauffe des co-processeurs, et les responsables du projet jugent le réseau de senseurs très exposé. En mode "rapide", les déflecteurs de couple produisent des interférences qui perturbent les instruments d'alignement et de pointage. Plus grave, en mode "bunker" les résistors décrochent parfois brutalement, entraînant une mise en sécurité du capaciteur. Enfin, le SV-1 est présenté sans drones et sans contrôleur missiles : seule l'artillerie est opérationnelle sur le premier prototype.

Mais c'est surtout les doutes quant à la capacité d'une si petite équipe à mener à bien le projet qui retiennent le commandement de la Flotte. Fara Solum a certes réuni autour de lui un groupe chevronné d'ingénieur et de metteurs au point, mais ils ne sont que treize. Et Solum Avionics n'est de toute façon pas de taille à passer à la production à grande échelle. Mais le temps presse : les escadrilles réclament à cor et à cri un vaisseau capable de faire face à la déferlante Dragoon, et le commandement ne peut pas tergiverser plus longtemps.

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Fara Solum (en pull blanc) aux côté de ses ingénieurs peu avant la finalisation de SV-1 dont on aperçoit le train d'amarrage en arrière-plan

C'est alors que Thukker, par l'intermédiaire de la tribu Vo-Lakat, fait son retour par la petite porte en proposant la production sous licence du futur Svipul sur ses chaînes de Lustrevik. Fara Solum rejette initialement l'idée, sûr d'arriver à monter une chaîne de production suffisante dans un délai relativement court en ayant recours à l'important réseau de sous-contractants dont il peut disposer. Or la Flotte a besoin rapidement de vaisseaux, et Solum finit par se laisser convaincre, amadoué il est vrai par la promesse d'avoir les mains libres pour les développements futurs de son appareil.

"Eh bien ils se passeront de drones !"

Fara Solum doit cependant faire face à une tâche plus que colossale. Le SV-2, deuxième prototype, présente de nettes améliorations en termes de navigation mais ne dispose toujours que d'un contrôleur artillerie. Le SV-3, doté lui d'un contrôleur hybride missile-artillerie est détruit lors d'une collision au cours d'un exercice. Les SV-4, SV-5 et SV-6, dotés d'une soute à drones, effectuent leurs premiers vols, tandis que SV-1 est reconfiguré pour explorer les limites des trois modes de déploiement.

Les semaines passent, et la Flotte se fait de plus en plus pressante : elle veut pouvoir disposer rapidement d'une prototype pleinement opérationnel pour passer à la phase d'évaluation. La destruction de SV-3 constitue un sérieux revers, et Solum décide de reconvertir SV-5 en hybride missile-drones tandis que débute la construction de SV-7, le prototype combinant les trois systèmes d'armes et les trois mode de déploiement. Malheureusement, celui-ci est aussi détruit lors de son premier vol d'essai suite à une surchauffe catastrophique de son capaciteur. Fara Solum, déjà passablement sous pression, perds ses nerfs lorsque le commandement le convoque pour entendre son rapport sur l'incident. Devant la commission, il lâche, excédé : "eh bien ils se passeront de drones ! Et de missiles ! De l'artillerie ! Voilà ce qu'il faut. De l'artillerie !", avant de sortir en claquant la porte.

A sa grande surprise, le commandement le fait rappeler presque immédiatement et lui demande de travailler plutôt sur cette option lâchée dans un moment d'énervement : faire du SV-x une plate-forme d'artillerie pure, en se basant sur les travaux déjà réalisés sur SV-1 et SV-2.

De retour à son atelier, Solum fait arrêter les travaux sur SV-4, 5, 6 et 7 pour recentrer ses équipes sur SV-1 et SV-2. A partir de là, la mise au point se trouve en toute logique nettement accélérée, puisque SV-2 est prêt à voler en moins d'une semaine. L'expérience acquise sur les autres prototype n'est cependant pas perdue, puisque tout le bloc senseur de SV-4 est monté sur SV-1. Solum songe un temps commencer la fabrication d'un huitième prototype, mais en est dissuadé par son équipe qui estime que deux appareil de test seront suffisants.

Trois semaines après l'incident, Solum peut présenter deux vaisseaux pour affronter les épreuves d'évaluation. SV-1 est doté de six canons de 250mm, alors que SV-2 est équipé d'une batterie d'autocannons de 125mm. Tous deux font bonne figure, mais sans briller particulièrement. Le commandement donne cependant son aval pour la production de 28 modèles de pré-série chez Solum Avionics, suivis de 282 appareil de série chez Thukker.

Le passage au 280mm

Trois mois plus tard, la 87e Escadrille de Choc prend livraison des premiers vaisseaux, baptisés Svipul . Les premières sorties s'effectuent sans encombres, mais les pilotes ne sont que moyennement satisfaits de la dotation d'origine. L'un d'entre eux prends le taureau par les cornes, et remplace l'intégralité de ses canons par le plus gros calibre dont il dispose, soit des Howitzer de 280mm. Cette évolution transfigure le Svipul -que bon nombre de pilotes s'empressent de rebaptiser Sous-Pull- qui gagne dans l'opération un alpha colossal (plus de 1.700 sur l'échelle de Dépéhèsse). Avec des munitions au carbure de plomb, la portée effective dépasse les 50 kilomètres, mais la plupart des pilotes lui préfèrent les têtes à phase de plasma qui certes réduisent la portée de moitié mais ont un effet dévastateur sur le blindage de poupe des Dragoon, particulièrement mal protégé contre les dommages thermiques.

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C'est de ce type de canons de 280mm, destiné initialement au bombardement sub-orbital, dont dérive ceux qui équipent les formations actuelles de Svipul

Les capacités de guerre électronique sont complètement laissées de côté par les escadrilles qui misent sur la force brute pour marquer des points dès le tout début de l'engagement. Le sur-séquençage des routines d'acquisition font grimper les résolutions largement au-delà des 900 millimètres, à comparer aux 650 millimètres du Dragoon, qui se trouve donc avec un net déficit d'emblée. Les Svipul n'ont pas de drones, mais à moyenne portée leur puissance de feu compense largement. Les escadrilles de choc, rompues aux tactiques de frappe-et-retrait, privilégient le plus souvent les désatureurs de boucliers, alors que les formations amenées à rester plus longtemps au contact avec les escadrilles ennemies s'équipent le plus souvent de restaurateurs de blindage, jugé plus fiable dans la durée.

Plusieurs escadrilles précédemment équipées de Rifter 400 ont été ré-équipées de Svipul au grand soulagement de ses pilotes, lassés de se faire découper par les Dragoon même à un contre quatre. Celles-ci, prenant exemple sur les escadrilles de choc, ont rapidement troqué les canons de 125mm livrés en standard pour du 200mm et adopté à peu près les mêmes tactiques de saturation avec le succès que l'on connaît. Dès novembre 117, Frerstorn est repris, notamment grâce à l'intervention de la 87e Escadrille de Choc déployée un peu plus tôt dans la région et dont le fait d'arme principal consiste en la mise en échec d'une formation mixte d'Augoror et d'Arbitrator chargés de protéger les installations industrielles orbitant autour de Frerstorn IV. Les Augoror, rapidement dépassés par la pluie de projectiles provenant des Svipul, ont dû rompre le combat, entraînant une retraite plus que précipitée des Arbitrator.

La seule confrontation directe officiellement documentée à ce jour entre une formation de Dragoon et une escadrille de Svipul n'a cependant pas débouché sur une victoire décisive de ce dernier. Malgré une puissance de feu écrasante, les Dragoon ont pu manoeuvrer pour se mettre hors de portée de tir et ont préféré se replier plutôt que d'affronter directement un adversaire décrit comme particulièrement redoutable par les pilotes Amarr de la 4e Flotte.

Reste que toutes les simulations donnent le Svipul victorieux par K.O. s'il venait effectivement à engager un nombre comparable ou supérieur de Dragoon. De ce point de vue, Fara Solum peut être fier de sa création.
Cela faisait un petit bout de temps

edit : à la relecture, je m'aperçois quand même que ça se voit que j'ai pondu ça en une matinée ; j'ai écrit des trucs mieux que ça par le passé.

Dernière modification par Julie Thundercloud ; 01/04/2015 à 12h01.
Une ou deux incohérences, mais c'est vite pardonné par les petites notes d'humour ici et là.

Je sais pas si c'est du traduit, mais c'est sympa à lire en tout cas !
Roh put1, c'est bon de retrouver Julie en pleine forme !!
Il y a une compilation de tes articles quelque part?

@Cleanse : Julie alias Coquillette a un super talent d'écriture, je te conseille de rechercher ses anciens post sur ce forum sur l'historique des vaisseaux ou bien son épopée en 0.0. C'est juste génial a lire!
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