Terminé Saekano aussi. Ces jeudis vont me manquer.
La série était géniale. A première vue je pensais avoir affaire à une énième comédie romantique, peut-être en mieux léché que la moyenne. Il faut dire que ce premier contact s'est fait via l'épisode 0, diffusé avant la série, et qui à lui seul bat toutes les séries ecchi de la saison en prenant la forme d'un séjour onsen. L'épisode était pour le coup bien généreux en peau dénudée, même s'il était également très bien fichu visuellement sur le reste et avait des dialogues bien sympathiques.
Et puis là on attaque le vrai début de la série, qui pour le coup devient plutôt sage. Le fanservice est toujours présent, cette fois par le biais d'une caméra qui va de temps à autre se placer bien proche d'une fille ou d'une autre, préférentiellement au niveau de la poitrine ou des cuisses, mais à présent ça reste bien couvert. A la place, l'élément qui attaque en force cette fois, ce sont les dialogues. J'avais déjà remarqué leur présence dans l'épisode 0, mais maintenant on passe au niveau du dessus.
Je pense qu'avant de continuer à parler des dialogues, je vais peut-être commencer par planter le décor pour les gens qui arrivent. Tomoya, multiclassé protagoniste/lycéen/otaku/otablogger. Un beau jour, il vit une rencontre qui le touche au point de l'inspirer à développer le plus grand dating sim de tous les temps et communiquer ce sentiment. Le problème c'est qu'il n'a que sa passion pour lui, et se voit donc contraint à embrigader des talentueux artistes pour avoir une chance de réaliser son rêve, mais de manière bien pratique il a justement une dessinatrice et une auteur déjà renommées dans son entourage. L'autre problème, c'est quand il se rend compte que sa muse est en fait sa camarade de classe depuis plus d'un an, et qui brille surtout par son manque de présence général : c'est clairement pas un bon modèle d'héroïne pour un jeu destiné à la grandeur. C'est de là que vient le titre, "comment cultiver/éduquer une héroïne fade".
A partir de là, Saekano part sur toute une ribambelle d'échanges impliquant des sujets comme le lien entre auteur et fan, mettre au propre ses concepts pour un projet, l'utilisation justifiée ou non des tropes, j'en passe et des meilleures. Et ça parle et ça parle. Et ça met aussi en pratique, car Saekano ne se pose pas en parodie des clichés otaku mais plutôt en oeuvre totalement consciente du domaine où elle se trouve, et décomplexée vis à vis de ça. Ainsi, quand un personnage se plaint du cliché de l'amie d'enfance tsundere avec couettes blondes, et que la description colle précisément à un autre personnage qui est très bien consciente des clichés d'otaku, on se retrouve à lire les dialogues à de multiples niveaux : ça peut très bien s'appliquer au cliché, au personnage qui implémente ce cliché, mais aussi à la série-même qui a un personnage implémentant le cliché (que ce soit fait consciemment ou pas). En bref, on a une jeu doublement métafictif sur l'otaku et sur le créateur.
Bon, j'emploie de grands mots, dans la pratique c'est pas aussi dense qu'on pourrait croire en me lisant, le dialogue méta ne se fait pas trop sentir par sa lourdeur : y aura pas de leçon "faire du pied à son public c'est mal", ou seulement faite par un personnage qui sera fichu de faire ce qu'il critique dans la minute qui suit. De façon générale, les dialogues sont même plutôt fluides et plaisants à suivre, et le storyboard aide grandement à donner un certain dynamisme, par exemple en accentuant telle ou telle scène via une palette différente. Du coup, il y a vraiment plein de façons d'apprécier la série, que ce soit juste en tant que romcom, en tant que miroir sur le sujet otaku/créateur, en tant que série à fanservice, en tant que jeu artistique sur la caméra, ou en tant qu'oeuvre faisant des références directes à d'autres titres (punaise les détails sur *cette* étagère de figurines/bouquins !). Réussir à nous pondre aussi divertissant en gardant une exécution cohérente, c'est juste du génie.
Saekano, c'était le gros coup de coeur de la saison pour moi <3
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