Pourquoi un régime parlementaire ne fonctionne pas ? Parce qu'il ne fonctionne pas. Excuse moi, mais la logique circulaire, très peu pour moi.
Par contre je veux bien qu'on m'explique c'est quoi les échecs de la 3ème. Non pas que je la considère comme idéale voire même bien, la thèse c'est quoi ? Que la grande débacle c'est dû aux institutions ? C'est un peu bidon, non ?
Oui donc non. Je n'ai pas dit ça, d'abord parce que tu n'as à l'évidence aucune idée de ce qu'est un régime parlementaire. Tip : la Ve République est un régime par principe parlementaire, comme rappelé une ou deux pages avant, qu'on qualifie souvent de "semi-présidentiel".
Donc le problème n'a rien à voir avec le fait d'être parlementaire ou non. Le problème de la IIIe et de la IVe (parce que je n'invente rien, on n'a pas eu une crise politique majeure aboutissant à une nouvelle constitution pour rien...) c'est que l'Assemblée était surpuissante. Le Président faisait joli dans le paysage, l'Assemblée choisissait un Président du Conseil, devait ensuite le re-valider, avait une facilité déconcertante à le dégager. En a résulté une instabilité ministérielle totale et une incapacité à faire face aux évènements des années 50 ; mais c'est assez général, hein, il suffit de lire un ou deux articles de constitutionnalistes pour se rendre compte que tout le monde est à peu près d'accord : il s'agissait de régimes déséquilibrés et non fonctionnels. Et non, je ne vais pas rentrer dans du détail de cours de droit constitutionnel paraphrasé, parce que j'ai autre chose à faire ; j'ai donné suffisamment d'éléments pour qu'il soit relativement aisé d'aller se renseigner, vérifier ce que je dis et éventuellement trouver (ça existe sans doute) des points de vue divergents sur la situation.
Mon point de vue c'est que vous l'avez là, sous les yeux, le prix de la stabilité. Je ne suis pas d'accord avec l'approche de la politique de RMR. Quand il dit, "Si vous n'êtes pas content de l'offre politique, créez là vous-même." Lui devrait savoir aussi bien que moi que ce n'est pas si simple, en particulier dans des institutions qui étranglent les alternatives à l'extrême, et permettent aux 2 partis majoritaire de se contrefoutre de ce que pensent les électeurs et de se complaire dans le copinage et la concussion. Et quand je dis rien à foutre c'est rien à foutre, ils sont couverts contre la débandade électorale, et se couvrent contre la déconfiture judiciaire. Le système est cadenassé, et si on a pas réussi à faire sauter le verrou, qui pourra ?
J'analyse les défauts de notre république comme étant un défaut d'accessibilité à la politique. Il est difficile d'amener la politique aux gens quand il y a une telle distance entre leur opinion et ce qu'ils jettent dans l'urne. Ce n'est pas une affaire de personne. C'est une affaire de simplicité. Si la solution c'est soit tu fais un vote qui décisif soit un vote qui reflète ton opinion (un vote expressif), pourquoi se fatiguer à essayer de comprendre, puisqu'au final il n'y a pas de choix. L'apathie politique est archi-compréhensible.
C'est ça le résultat de la recherche de la stabilité à tout prix. L'inamovibilité de la classe politique. Il aura fallu un certain temps pour que le paysage politique s'adapte aux institution puis parachève l'oeuvre du Général, mais le résultat est là : c'est dans sa forme la plus stable que la Vème république a achevé sa plus totale stérilité. C'est incontestablement lié. Vous ne savez pas pourquoi l'UMP n'éclate pas ? Parcequ'il vaut mieux être battu dans son parti qu'en dehors. L'UMP conservera probablement le pouvoir de l'investiture dans la majorité des courses aux mandats, et il n'y a qu'une seule chose qui habite l'élu UMP : la reconduction.
Quand à ceux qui espèrent l'apparition de l'homme providentiel, celui qui par la force de son intelligence soumettrait une partie du paysage politique et écraserait l'autre, puis engagerait les réformes dont ce pays a besoin, vous rêvez éveillé. Le système actuel est une usine à tocards véreux. Non pas qu'il le soit tous, mais que pour contrôler ces nazes il faut passer par tellement de filtre de cooptation, qu'on est assuré d'avoir à la tête de la médiocrité pure et dure.
Et comme vous lisez ce qui vous arrange, vous ne comprenez pas que c'est ce qu'à peu près tout le monde ici, même RMR je crois, dit. Oui, au prix de l'efficacité et de la stabilité, notre régime a sacrifié sans doute trop de démocratie ; oui, cette alternance ne donne pas grand chose sinon deux partis qui tour à tour prennent le pouvoir et en font ce qu'ils veulent.
Si l'alternative est une suite de coalitions qui se dissolvent au moindre désaccord, cela me semble toutefois la moins mauvaise option. Maintenant, oui il y a sans doute moyen de trouver un régime qui fasse la part des choses et obtienne un juste milieu.
In medio stat virtu. Mais ça passe à mon sens par un changement de régime et de Constitution, une réelle réflexion sur comment y arriver et une rationalisation permettant d'avoir à la fois une vie politique en dehors des deux partis les plus "consensuels" et tout de même un gouvernement capable de mener une action politique et des réformes.
A part ça, la diatribe récurrente depuis quelques pages sur les politiques qui sont toujours les mêmes me semble un petit peu de mauvaise foi. La plupart des responsables politiques sont apparus lors de la dernière décennie. Copé et Fillon ont peut-être eu un rôle mineur depuis un certain temps mais ils ne sont que depuis peu sur le devant de la scène ; idem pour bon nombre des membres importants qu'on a pu voir ces derniers jours à l'UMP. Le PS aurait tendance à avoir un peu moins de "sang neuf" visible, aurais-je tendance à dire, mais Harlem Désir est un contre-exemple. Un paquet de figures du Front de Gauche sont récentes, etc..
Donc je suis un peu contre cette analyse comme quoi les politiques ne changent jamais. Le paysage politique me semble au contraire évoluer petit à petit. Après, étant donné qu'être politique est devenu une carrière à part entière, il a tendance à tourner en vase clos avec peu d'entrées, vu qu'on n'est pas politique en étant autre chose à côté, ou du moins on l'est peu. C'est une des conséquences de la professionnalisation de la politique.
C'est ton jugement, que je partage pas. On te donne la possibilité d'aller voter, tu choisis de ne pas y aller : tu t'abstiens.
Quelles que soient tes raisons, c'est quand même un acte politique. Si tu préfères aller à la pêche que déposer ton bulletin, c'est bien parce que que le système électoral en place ne te convient pas. Ce n'est par contre pas une preuve d'un désintéressement complet envers la politique en globalité.
Comment peux-tu dire (dernière phrase) que ce ne l'est pas ? Tu peux dire que ça ne l'est peut-être pas. Et peut-être que ça l'est, je suis sûr qu'il y a des gens qui n'en ont jamais rien eu à faire et n'en auront absolument rien à faire. C'est peut-être pour toi, dans ta tête et dans celle de ceux à qui tu en parles, une action politique. Mais c'est bien qu'une chose existe en soi, si elle n'est pas perceptible pour les autres, ça ne suffit pas. L'inaction de certains n'est pas une action politique, ton choix volontaire de ne pas aller voter en est une. Sauf qu'on ne peut pas déterminer la part d'action politique, la part de désintérêt, la part de flemmardise. Donc c'est une action politique sans visibilité et qu'on ne peut pas calculer, donc qui ne porte pas réellement de fruits. :/
actuellement on a quoi ? un partie qui a carte blanche pour faire de la merde pendant 5 ans, puis le partie "copain d'en face", fait pareil à son tour et retour case depart.
pour moi,c 'est pas ca la democratie.
ca devrait plutôt être le consensus / dialogue entre toutes "visions" de la france qu'on les français.
apres, le souci, c'est quand on a des politiques incapable de faire des compromis, sans majorité, personne fait rien.
mais c'est pas un souci de principe, c'est un souci de personnes.
d'ailleurs, nous avons dans le systeme actuel, le meme souci de personnes. Sauf que grace au systeme mis en place par eux memes. ca se voit moins...
avec le systeme actuel, c'est l'aternance quasi systematique. alternance aboutissant le plus souvent à l'annulation / modification / edulcoration de ce qu'a fait le précédant, plus 2 ou 3 bricoles que le suivant annulera / modifiera / edulcorera. la seule chose qui reste etant les avantages qu'ils s'octroient pour eux memes... car là, ils tombent vite d'accord...
super... on avance... youhou... :X
zzz.
Honnêtement, je vais arrêter de répondre si vous ne lisez pas.
Je reprends :
- Le régime actuel est une démocratie représentative mais comme la plupart des régimes modernes, il doit faire un équilibre entre une nécessité démocratique et une nécessité d'efficacité. Un gouvernement démocratique où il y a 60 millions de tendances différentes qui n'aboutissent jamais à un consensus, ce n'est pas super utile, pour grossir le trait. Après avoir péché dans un sens (IIIe et IVe), nous allons dans l'excès inverse (Ve). Donc effectivement, il y a un problème avec notre régime.
- Pour autant, le régime reste une démocratie représentative. Il y a quand même des votes et des majorités qui sont distingués ; les élus ne tiennent pas leur mandat de nulle part, etc.. Il serait un peu rapide de dire que nous ne sommes pas en démocratie et que notre système est totalement nul.
- Réformer un régime, l'améliorer, ça passe par plus de réflexion que de dire "ce serait cool que". Il faut se demander ce que seraient les conséquences de tels ou tels changements, ce qui pourrait mal fonctionner, comme pallier à ça. Parler de "problème de personnes", c'est cool mais c'est un postulat que rien ne vient soutenir ; je n'ai pas beaucoup d'exemples de régimes qui marchent sur des coalitions et qui fonctionne durablement, surtout dans des épisodes de crises. S'il faut faire une alliance entre trois partis pour constituer une majorité, ça va forcément poser des problèmes et conduire à mener une politique minimaliste. Si on a un projet A que le parti A aime bien, que parti B est prêt à voter contre le vote d'un projet B mais que le parti C refuse, on se retrouve vite à ne plus aller nulle part. Et au final, c'est pas très utile d'avoir des partis différents s'ils se mettent à faire la politique d'un seul parti - et ces partis se retrouvent à se compromettre aux yeux de leur électorat. Donc les compromis c'est génial mais arriver à des compromis sans autorité et médiation, c'est un peu difficile, en fait.
tl;dr : personne n'a dit que la Ve était un régime parfait. A côté de ça, partir sur une proportionnelle totale non réfléchie et avoir un régime démocratique qui ne fonctionne pas, c'est assez peu intéressant.