La question est à la base mal posée, puisqu'elle confond les catégories interrogées.
Sauf pour les médias publics (et encore...), la question de la "responsabilité morale" des médias n'a pas de sens.
Un média, c'est un intermédiaire, un outil / instrument, et, en lui- même, il n'est qu'un moyen, et il obéit aux fins qu'on lui donne (un peu comme une fourchette ou un ordinateur).
Les médias sont des entreprises privées, qui ont vocation à faire du profit, et sont, par conséquent, un des piliers du système marchand et industriel (publicité).
Le profit n'est pas moral, et il est à lui- même sa propre fin et sa propre justification. La morale quant à elle est un obstacle au profit, puisqu'elle conditionne le profit à des normes "bonnes" ou "mauvaise". Le profit a le devoir d'être amoral.
Les médias répondent à cette logique, et ils façonnent la société vers toujours plus d'amoralité (et non d'immoralité, même si l'immoralité, à mon sens, est la suite logique de l'amoralité), l'amoralité étant la condition d'un profit maximisé. De ce point de vue, les médias sont les dissolvants universels de tous les obstacles au marché et au profit. Ils dissolvent les normes sociales, les valeurs, les repères, par une série d'émissions toutes plus débiles les unes que les autres, qui mettent en scène une société régressive et narcissique qui se prend pour sa propre fin. De là l'angoisse de l'individu sans repères, et l'acte consolateur d'achat que la publicité vante, pour le plus grand profit et la plus grande pérennité du système marchant et industriel.
C'est un totalitarisme, doux sur la forme, extrêmement dur sur le fond, et qui va bien plus loin que les totalitarismes politiques du XXème siècle.
Quant aux médias publiques, ils s'alignent et mettent en scène la morale publique / politique. Comme celle- ci est en chute libre et parallèle à celle de la société globale, il s'ensuit que les médias privés et publics suivent la même logique, mais à des rythmes peut- être différés (ce dont, personnellement, je ne suis absolument pas convaincu, le service public, dans les années 1990 et 2000 ayant largement rattrapé l'offre privée de médias... Cf Delarue, Naguy, Dumas...)
Ca va ça ? C'est plus "sympa" que des "piques" ?
Sur cette question, quelques noms d'auteurs (et chacun en fera ce qu'il voudra) : Michéa, Debord, Baudrillard, Debray, Pasolini, Desmurget, Clouscard. Il y en a d'autres. A d'autres de les citer.
Dernière modification par toutouyoutou ; 13/05/2012 à 17h59.
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