Mais comment ça peut être un sacrifice sans connotation propitiatoire ?
Le sacrifice rend sacré, la connotation propitiatoire (qu'il est chiant à écrire ce mot bordel) est incluse dans le mot sacrifice, non ?
Sinon, c'est quoi, une immolation qui est un sacrifice mais sans connotation propitiatoire ? Le fait de rendre sacré pour le plaisir de rendre sacré, comme ça, pour se dire après "olol, tavu, je suis sacré, c'est cool" ?
La différence est ténue mais dans la logique du débat elle est claire :
Propitiatoire ça implique un objectif, on cherche à s'attirer des faveurs d'une entité quelconque (généralement une divinité), c'est d'ailleurs dans l’étymologie même du mot (propice). Le terme définie donc un but précis dans l'action même de ceux qui sacrifient, contrairement au sacrifice qui lui peut être passif ou actif à la discrétion de l'un des deux camps (sacrificateurs et sacrifiés). Dans le premier cas, effectivement, le sacrifice est intrinsèquement propitiatoire, dans le second pas forcément, c'est le choix d'un individu face à une cause isolée, l'attente de retombée positives n'est pas une condition nécessaire, toutefois le côté "sacré" reste bien sur présent, mais on dépasse ici le simple cadre de la pure religion pour toucher à la supériorité d'une cause qui dépasse largement la valeur de la vie de l'individu selon sa propre échelle de valeur* d'ailleurs. Et de toute façon, dans les deux cas on discute uniquement du sacrifice au sens littéral, au même titre que l'immolation il a lui aussi perdu son caractère sacré dans une partie de ses significations pour ne garder finalement que l'idée de l'acceptation d'une perte raisonnable pour en éviter de plus importantes.
On peut se suicider par le feu sans qu'il n'y ait aucune raison à son geste hormis des causes personnelles tel que le désespoir. Là le terme immolation est erroné.
Ben non justement c'est ce que je dis, le terme n'a plus uniquement le sens du sacrifice religieux, on peut tout à fait parler d'immolation par le feu pour une personne qui fait elle même son petit autel personnel en plein milieu de la rue. C'est la méthode surtout qui est relevée avec toute la logistique différente qu'elle comporte. En gros c'est une métaphore très adaptée (ça rappelle bien les sacrifices des temps passés) tellement bien adaptée qu'elle est petit à petit entrée dans le langage courant. Plus haut par exemple je parlais d'échelle de valeur, c'est la même chose, l'image de l'échelle est si bien adaptée que la signification même du mot, y compris dans les dictionnaires, à changée.
Edit : L'exemple de Heathcliff est pas mal, il souligne bien le renoncement, l'inéluctabilité de ce genre de suicide face à une cause supérieure, qui justifie tout à fait l'emploi du terme sacrifice ou immolation le cas échéant (le cas échéant, car ici d'une part on vise plus la crucifixion, d'autre part son projet c'est un peu cassé la gueule est on termine assez loin de la dimension épique espérée par le nihiliste héros de Dostoïevski).
Dernière modification par RMR ; 01/01/2012 à 23h53.
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