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L'allégeance D'Ombre Terre
Cycle Allégeance
Mon Maitre regardait avec satisfaction les différentes unités de confrère se mettre en place dans les ruelles poussiéreuses du bourg du château du roi Allister. Malgré mon expérience, je ne pus que repérer que deux de nos unités, alors qu’au vu de l’agitation fiévreuse des pupilles de mon Maitre, il suivait bien plus de personnes. L’objectif était important, une des pontes des banquiers hiboux qui régulaient pour parler avec les conseillers d’Allister et le vieux bougre himself des différents prêts qu’il leur était prêt à accorder pour développer une milice aussi redoutable que bien équipé pour son royaume amaknien et le défendre ainsi des affres de la guerre des cités, les finances du vieux roi étant grevé par les prélèvements de ses nombreux et corrompus conseillers, à notre solde ou non, ainsi que par des attaques régulières de brigands. Evidemment les bontais et brakmariens n’étaient guère ravis, mais ils étaient pieds et poings liés par la puissance financière des hiboux. Ce qui n’était pas le cas de la Confrérie, surtout que les hiboux avaient oublié de payer l’assurance nécessaire à un tel voyage en nos terres, ce qui n’avait pas manqué d’agacer sérieusement la Maitresse des Ombre et son grand chambellan d’Ombre Terre, qui était revenu exprès de l’ile de Staroth, qui avaient décidé de frapper de manière forte et visible.
« On va rappeler à ses culs terreux de paysans d’Amakna qui est le patron ici, avait maugrée Ombre Nocturne quand j’avais émis quelques doutes quand la réussite d’une opération si hâtivement préparée. »
« On ne peut laisser un tel affront passer Ombre Flamboyante, avait conclu mon Maitre. Mais ne t’inquiètes pas, nous sommes prêt à toute éventualité, ne crois pas que nos adversaires nous dictent nos pas, nous avons suffisamment d’intelligence pour anticiper ce genre d’aléas. »
Je repensais à cette désagréable discussion, pendant les heures d’attentes qui avait précédé ce crépuscule morose, où je m’étais frotté à une union parfaite de mon Maitre et de notre sombre muse, alors que mon instinct me criait que c’était un piège pour se débarrasser de nous. La garde du château sortie en rang d’honneur, un iop à la carrure impressionnante et que je ne connaissais pas à sa tête, escortant le banquier hiboux qui sortait de son rendez-vous avec la crème de la cour d’Allister, qui se matérialisa derrière l’empesé volatile en un clin d’œil. Je reconnus dans le tas un de mes contacts, qui m’avait fournis bien trop de détail à mon gout au sujet de cette visite. Cherchait-il à attirer tout les malandrins du coin pour se donner plus de force dans la négociation ou bien une organisation bien précise. Alors que l’équipe de choc menée par Ombre Nocturne se faufilait en direction du carrosse du hibou, mon mauvais pressentiment ne faisait que s’accroitre. Jetant un regard depuis ma cachette vers l’aréopage entourant l’hibou qui montait difficilement dans son carrosse, je vis les gardes bien plus alertes que depuis des années, leur impressionnant commandant jetant des regards furtifs à la ronde comme s’il attendait l’attaque.
« Maitre, la situation pue carrément le piège, m’exclamais-je alors. »
« C’est toute la région qui sent le piège, maugréa mon Maitre. Je vois des commandos Mulou, les unités d’infiltration d’élite de Bonta dont j’ai fais partie ainsi que des éclaireurs de la division Ouginaks, leurs camarades brak’, z’ont l’air de bien mauvais poil, je crois que nous ne sommes pas les seuls sur le coup. »
Comme pour confirmer les dires de mon maitre, les silhouettes qu’ils m’avaient désignées comme faisant partie des cités se ruèrent vers le carrosse du hibou, se frayant un chemin dans la foule entourant le carrosse à grand coups d’armes et de cris.
« Deux sections de chaque coté, soit quarante ailées sur zone, observais-je. Ils veulent vraiment pas de ce projet, qui m’étonne d’ailleurs, je ne pensais pas qu’Allister soit encore capable de telle décision. »
« Le nouveau chef de la garde le iop du nom de Lancelle-Oh, fils de diplomates d’Allister à la cours de Grandanpan est à l’origine de tout ça, m’informa mon maitre. C’est un guerrier que l’on dit exceptionnel et qui voit la guerre entre les deux cités comme une abomination. »
« Ce grand dadais naïf va devoir se frotter à la Maitresse des Ombres, j’espère qu’il est aussi bon que vous le dites mon maitre, raillais-je. »
« Nos deux escouades sont pour l’instant en veille Ombre Flamboyante, répondit mon Maitre. Voyons comment la situation va évoluer avant d’aller plus loin, ne nous mettons pas inutilement à découvert. »
Je soupirais face au manque de combativité de mon Maitre et hoqueta de surprise en voyant qu’en contrebas les attaquants d’une part commençaient à se battre entre eux et d’autre part se faisait repousser par les gardes et surtout le Iop du nom de Lancelle-Oh, qui par de magistral coups d’épées dégageaient un périmètre de sécurité autour du carrosse. Un attaquant, brakmarien probablement au vu de sa tenue, tenta de prendre le Iop à revers. Mal lui en pris, d’un fulgurant mouvement, Lancelle-Oh le saisit à la gorge et l’envoya bouler plusieurs mètres plus loin, le mettant hors combat.
« On dirait qu’ils vont avoir besoin d’un coup de main pour faire le boulot, soupira Ombre Terre, avant de lancer une triple trille aigu. »
Les escouades menées par Ombre Nocturne et Ombre Etoilé se mirent en mouvement. Contrairement aux ailées qui avaient chargés brutalement, les escouades se séparèrent et contournèrent les groupes de combattants, profitant au passage pour élaguer les troupes ennemis, afin d’atteindre l’objectif dans son carrosse malgré la présence du Iop qui venait de défaire trois assaillants d’un revers d’épée magistral.
« Tu peux toujours te cacher petit hibou, l’Ombre est toujours derrière toi, marmonna d’un ton rageur mon Maitre. »
Inconscient des escouades qui approchaient, Lancelle-Oh continuait de défier les attaquants, un groupe de soldats s’étant reformé autour de lui.
« Vois comment un bon chef peux transformer des soudards en véritables troupes efficaces et disciplinés, commenta Ombre Terre. Il y a encore peu, les soldats d’Allister auraient été écrasés en deux temps trois mouvements. Aujourd’hui ils forment une résistance honorable. »
Alors que je souhaitais répondre, une nouvelle clameur monta en contrebas. Attiré par les bruits de combats, une brochette d’aventuriers venait de débarquer sur le théâtre des opérations, ralliant manifestement les gardes d’Allister.
« Par les os noires de Rushu, il manquait plus que ceux là, maugréa mon Maitre. »
« D’où sortent-ils, hoquetais-je. »
« Ses fichus aventuriers passent leurs journées au zaap du château à attendre que quelque chose se passe. Aujourd’hui ils sont servis. »
Nos escouades venaient de se reformer, prêt à attaquer la cible après avoir neutraliser les menaces éventuelles. Le groupe menée par Ombre Etoilée se trouvait directement sur la trajectoire des aventuriers, et s’égailla avant de subir des pertes. Ragaillardi par l’arrivée de renforts inattendus, Lancelle-Oh se rendit compte de la présence d’un danger dans l’escouade mené par Ombre Nocturne, qui voyant l’escouade d’Etoilé se déliter, passa à l’action.
La Maitresse des Ombre, soutenue par Ombre Sensuel tenta de sauter directement dans le carrosse pour en finir, mais le Iop s’opposa. Un instant l’air se figea alors que les deux parties s’évaluaient, puis un nuage de fumées masqua la scène.
« Que se passe-t-il, maugréais-je. »
« Je ne sais pas, par contre je vois des ennuis qui se pointent, grogna mon Maitre. »
Je suivis son regard et vis une nouvelle escouade de garde qui déboulait sur la place devant le château du roi, bloquant l’un des principaux vecteurs de fuite de nos équipes.
« Là ça sent vraiment mauvais marmonnais-je. »
Mon Maitre soupira.
« Heureusement que nous avions préparé ce genre de surprise, même si l’utiliser n’était pas à l’ordre du jour, dit-il. »
« Que faisons-nous ? »
« Les Terres brulées, dit d’un ton froid Ombre Terre. »
Les Terres brulées … la destruction de la zone grâce aux puissantes bombes alchimiques dont mon Maitre et Ombre Alchimique avaient le secret. Une méthode brutale, radicale et destructrice pour mettre à genou un ennemi.
« Et les unités engagées le savent, demandais-je ? »
« Evidement que non … . »
« Mais la Maitresse des Ombres est en plein milieu de la gueule du Mulou, rétorquais-je. »
« Elle trouvera le moyen de faire face, sinon c’est qu’elle n’est plus digne de la Confrérie me dit-il d’un ton froid et dur. »
Mon Maitre lança une trille courte, suivi de deux autres plus longues et d’une dernière courte. Tout les Ombres qui l’entendirent reconnurent le code des l’opération Terre brulée et se mirent en position. En contrebas, je ne vis pas la réaction d’Ombre Nocturne et de son unité, en prise avec Lancelle-Oh et les aventuriers qui l’avaient rallié.
« Fais leur baisser la nuque quelques instants, m’ordonna Ombre Terre. »
Je saisis mon tourmenteur de feu et envoya un déluge sur la place en contrebas, fauchant les courtisans, gardes et commandos qui s’étaient ruées à découvert. Mes tirs étaient peu puissant mais nombreux, grêle innombrable de projectiles enflammées destinée à fixer nos ennemis. A coté de moi, Ombre Terre arma son tourmenteur et tira trois coups brefs, déclenchant la mise à feu des différentes potions qu’il avait installé avec Ombre Alchimiste, passant inaperçu dans le chaos que je générais par mon déluge de feu.
« Mon apprentie, il est temps que nous baissions le rideau, m’ordonna-t-il. »
J’obéis d’instinct et sauta vivement dans la ruelle en contrebas, alors qu’une fleur de feu naissant de l’explosion de plusieurs fioles explosives, détruisit le bâtiment sur lequel nous nous tenions ainsi qu’une grande partie de la place en contrebas. L’onde de choc me frappa durement, me brisant les oreilles qui bourdonnèrent en protestation à l’onde de choc. Plus par instinct que par réflexion, je bondis sur Allégeance, qui s’engouffra la suite de Shadow et d’Ombre Terre, qui indifférent à l’ambiance apocalyptique continuait de tirer en direction de la place face au château. Au milieu du chaos ambiant, nous passâmes inaperçu et rejoignis sans encombre une porte du château, délaissé visiblement par sa garde. Ombre Sensuel nous rejoignis au bout de quelques instants.
« La Terre brulée, vous auriez pu nous prévenir de ce cadeau, Ombre Terre, maugréa la confrère alors qu’un filet de sang coulait de dessous son bandeau. »
« Tu sais bien Sensuel que si vous auriez été prévenu vous auriez été moins efficace, surtout que nous sommes surveillés. »
« Je ne sais que trop bien, j’ai égorgé quelques uns de ses chiens pour me sortir de ce guêpier, dit la sacrieuse en caressant amoureusement ses armes tachées de sang. »
« Quand est-il du reste de nos confrères, demanda d’un ton badin Ombre Terre, alors que des clameurs portaient par le vent et suivi d’une odeur de fumée et de sang nous agressa les narines. »
« J’ai vu Ombre Etoilé rallier son escouade et se tailler un chemin dans les troupailles du château qui arrivait en renfort, malgré les blessés dans ses rangs, dit la confrère. Quand à notre escouade, nous avons filé aussi vite que possible, à part Ombre Nocturne qui était fixée par le Iop. »
« Fixé demandais-je. »
« Ouaip, j’avais jamais vu quelqu’un résisté plus de quelques instants à notre Maitresse, mais celui là c’est du costaud, ils étaient en plein combat quand vous avez lâchés votre surprise, répondit Sensuel. Je pense qu’elle est encore là bas, mais je ne pourrais l’affirmer. »
Mon maitre passa pensivement sa main dans sa barbe avant de répondre :
« Sensuel ordonne le repli, nous avons finis notre affaire ici … »
« Mais et la Maitresse des Ombre, objectais-je. Nous devons la récupérer de la main du nid de cooleuvre qu’il y a ici. »
« J’y venais Ombre Flamboyante, me tança Ombre Terre. Non nous n’allons pas au secours d’Ombre Nocturne. Nous savions dans quel piège nous nous fourrions, elle en était aussi consciente que moi et elle savait qu’en cas de pépin on ne pourrait revenir en arrière. Comme tu l’as dis c’est un nid de cooleuvre auquel nous venons de bouter le feu en plein cœur, hors de question que nous y retournions. »
« Mais c’est la Maitresse des Ombres, notre meneuse, m’écriais-je. Nous ne pouvons l’abandonner comme ça. »
« Aucun Confrère, qu’importe son grade ne vaut le risque de détruire l’organisation toute entière, rétorqua-t-il. Et j’espère que le jour où tu devrais choisir entre la Confrérie et moi tu n’hésiteras pas … entre la Confrérie et n’importe quel des Confrères je n’hésiterais pas moi. »
« Mais Ombre Alchimiste … . »
« Nous maitrisions la situation, ce qui n’est pas le cas ici. De plus si Ombre Nocturne est toujours digne d’être notre meneuse elle s’en sortira, j’ai toute confiance en ses capacités, voilà pourquoi tu restes ici en planque pour l’aider quand elle se sera sortis de ce guêpier. »
Un frisson me parcourut.
« Et si elle sort pour être envoyer ailleurs, demandais-je ? »
« Il n’y a pas de traitre à la Confrérie, seulement des cadavre, conclut Ombre Terre avant de disparaitre sur le dos de Shadow. »
Profitant du chaos résultant de l’intervention brutale de la Confrérie, je puis trouver rapidement une planque. De Longues et monotones heures se passèrent, le carrosse du hibou ayant disparu dans la bagarre, les troupes d’Allister remirent de l’ordre sur la place dévasté par les combats et les bombes alchimiques, évacuant les gravats, les cadavres et les prisonniers. La nuit venait de tomber quand je reçu l’ordre de retourner au QG d’Amakna.
Ombre Terre me rejoignit en même temps qu’Ombre Nocturne alors que je pénétrais à peine dans notre sanctuaire.
« Je vois chère amie qu’une fois de plus vous vous sortez des pires situations comme une fleur, commenta mon Maitre. »
« En effet, et comme d’habitude je vois que votre loyauté va avant tout à la Confrérie, susurra Ombre Nocturne. »
« Car tel est mon bon plaisir ma chère amie, répondit d’un ton désinvolte mon Maitre. Vous êtes celle qui nous donne des objectifs et les accomplissais, moi je m’assure que la Confrérie y survivra. Sur ce je vous laisse mes chères amies.»
« En l’occurrence, le plan de cette fois était de votre fait, je n’ai fait que l’approuver, répondit glaciale la Maitresse des Ombres. Nous avons laissé un message clair au clan bancaire. Ils ne nous feront plus faux bonds. Dan Gruc sera une sorte de témoignage et un rappel constant de ce qu’il en coûte de défier la Confrérie. Je vous laisse, je vais prendre quelque repos. »
La maitresse des Ombres repartit, manifestement peu satisfaite de l’affaire.
« Hé bien ma chère enfant, je vais retourner sur l’ile de Staroth, il y a encore beaucoup à explorer et à apprendre, et ramener quelques babioles démoniaques ferra sûrement plaisir à notre chère Maitresse des Ombre, conclue mon Maitre avant de me laisser à mes nouvelles fonctions. »
Que L’Ombre s’étende.
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