Elevés aux curly et aux miel-pops le matin, ma femme et moi avons progressivement migré vers le bio quasi-intégral pour tout un tas de raisons pas très originales et toutes plus ou moins évoquées ici : écologie, santé, protestation contre une manière de produire, encouragement d'une autre en dépit de ses imperfections.
On a le choix des répartitions budgétaires, nos cinqs enfants ne l'ont pas, et je suppose qu'ils ne nous en voudront pas trop plus tard de leur avoir donné cette habitude, qui s'accompagne des habituelles économies d'eau, d'electricité, suppression de la télé, de la viande, des jeux vidéos, portables, abolition des grandes marques, cours de latin ancien le matin et de sémiologie l'aprem, le tout dans une ambiance paisible loin de l'hystérie fanatique que doivent imaginer ceux que nos choix étonnent (et qui du haut de leur poutre, trouvent toujours la paille dans notre système, genre les couches lavables c'est bien mais HA, faut les laver, duh.)
Je disais donc qu'à la base, après s'être repus de documentaires standards sur la filière animale façon abattoirs de Berlin Alexanderplatz, le choix du bio & équitable était avant tout chez nous une réaction à mode de production industriel. Qu'importe les failles du bio dans ce contexte, on achète bio comme on vote PCF : on fait ce qu'on peut pour faire chier les puissants. Et les petits plus, la peau luisante et bronzée toute l'année, la vigueur sexuelle retrouvée, le rire cristallin d'enfants blonds lisant Kant à l'ombre du pommier ployant sous les fruits (bio), l'espoir d'une industrie meilleure et d'un cancer un peu plus tard s'il vous plait, sont finalement peu de choses.
Et puis c'est devenu une habitude stimulante, un cercle vertueux si j'osais. Comme un jeu de rôle avec les ingrédients des produits tout faits. Crotte, j'ai bu mon dé à coudre de coca quotidien, je n'ai plus de points de vie pour aujourd'hui, je n'ai plus le droit qu'à de la pomme bio jusqu'à demain (après la nuit de sommeil pour mémoriser les sorts)
Je me souviens, c'était un mardi, la neige tombait imitant le bruit d'une conversation de fantômes. Nous avons décidé avec les gargoteux de virer les colorants, l'aspartame, l'aluminium dans le déo, le wifi dans la tronche et l'huile de palme hydrogénée. Parce que, dieu me tripote, l'huile de palme est l'huile la moins chère, un excellent catalyseur de multiplication des cellules cancéreuses, responsable de déforestations massives, et qu'on lui injecte de l'hydrogène pour masquer son mauvais goût. Parce que demain, si l'industrie trouve un moyen de faire pareil avec de l'huile de moteur usagée sans qu'on puisse prouver que c'est mauvais pour la santé, on mangera des petits dinosaures en partenariat avec Total. Voilà pourquoi. Parce que si à un moment, en tant que consommateurs monadiques, on ne fait pas ce choix, on n'aura plus rien à dire quand d'un air faussement contrit le médecin de famille nous demandera à même pas 40 ans de venir incontinent discuter avec lui du résultat de la ponction lombaire.
Objection trivialo-vulgaire, le bio c'est un peu plus cher. Mais d'une, pas tant que ça quand on achetait des marques avant. Et de deux, on sait tous que les humains des pays développés mangent bcp plus qu'il n'est nécessaire. Alors on a pris l'habitude de manger moins. Je sais, c'est dur, du coup j'ai perdu 12 kg qu'aucun régime n'avait réussi à vaincre, ma forme et ma femme sont revenues tandis que mes problèmes de genoux et d'essoufflement se sont envolés. Des laboratoires indépendants mesurent chaque année mes enfants et à la surprise générale il semble qu'ils grandissent normalement. Et si l'image de l'adolescent devant s'engloutir un T-bones à chaque repas pour une forme optimale (je pense à une vieille pub pour Frolic...non rien) n'était qu'un mythe, une idée reçue plantée par des générations de publicitaires d'autant plus diabolique qu'elle est relayée par nos grand-mères ? allez mange ça, ça te fera grandir.
Je disais donc, l'alimentation bio 90% (fruits & légumes, farine donc pain, lait donc yahourt, oeuf-beurre donc gateaux, pates = 90% de l'alimentation des hoirs) nous coute 150€/semaine pour une famille de 7, soit 600€/mois pour la famille, soit 90€ par personne. Plus 200€ de cantoche dégueu mais UN JOUR VIENDRA *tonnerre* où les cantines d'enfants, ces chers petits, elles aussi seront obligatoirement bio.
ps : eh je déconne pour le PCF hein.
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