Juste pour revenir sur quelques trucs.
Le principe c'est que la libre expression des idées ou convictions entraîne nécessairement dans une démocratie pluraliste le risque de critiques. Personne n'y est à l'abri, et la règle du jeu démocratique, c'est que tout le monde, sans exception, est sujet à critique, et peut pas forcément s'en plaindre.
Maintenant, pour l'histoire des caricatures de y'a deux ans, faut d'abord préciser que par principe, ls caricatures s’analysent comme un portrait qui s’affranchit du bon gout, pour remplir une fonction parodique, que ce soit sur le mode burlesque ou grotesque. Le but est de contourner la censure, et d’utiliser l’ironie comme instrument de critique sociale et politique, en faisant appel au jugement et au débat.
A l'époque de l'affaire Charile Hebdo, le tribunal avait examiné chaque caricature, à la fois isolément et prise dans le contexte de publication, afin de déterminer si elle revêt un caractère injurieux au sens de la loi, et quelles personnes sont visées, et ensuite si le prononcé d’une sanction constituerait une restriction excessive à la liberté d’expression, ou au contraire serait proportionnée à un besoin social impérieux.Ce qu'il faut préciser c'est qu'un journal, dont forcément Charlie Hebdo, ou le Jyllands-Posten, sont des journaux satiriques, que nul n’est obligé d’acheter ou de lire, à la différence d’autres supports tels que des affiches.
- bref, pour caricature de Cabu, les juges reconnaissaient que ça ne visait que les intégristes. Les intégristes ne peuvent donc se confondre avec l’ensemble des musulmans.
- pour la deuxième caricature, elle désigne clairement les attentats suicides perpétrés par certains musulmans, mais n’assimile pas non plus Islam et commission d’actes de terrorisme, et ne vise donc pas davantage l’ensemble des musulmans à raison de leur religion
- Pour la dernière caricature, elle laisse clairement entendre que la violence terroriste serait inhérente à la religion musulmane. Pourtant, si le dessin parait, pris isolément de nature à outrager l’ensemble des adeptes de cette foi, et à les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience, il ne saurait être apprécié indépendamment du contexte de sa publication.
Val précisera d’ailleurs que ce que le dessin représente ce n’est pas l’Islam, mais la vision de l’Islam et du Prophète que s’en font les groupes terroristes et que le but de Charlie Hebdo ne se situait pas dans une logique mercantile, mais il s’agissait bien de repousser les limites de la liberté d’expression, et de les tester.
Pour finir donc sur la liberté d'expression, ce qui compte c'est de mesurer la gravité et la gratuité de l'offense: c'est à dire si l'oeuvre, quelle qu'elle soit, participe à un débat d'idées. Là en l'occurrence, les caricatures ne visaient pas les musulmans, mais les intégristes, donc ça ne peut être regardé que comme participant à la réflexion dans le cadre d’un débat d’idées sur les dérives de certains tenants d’un islam intégriste ayant donné lieu à des débordements violents.
Mais cette solution vaut quelle que soit la croyance, quelle que soit la religion, et ce serait faux de croire que y'a que les musulmans qui soient sensibles sur la question des critiques ou caricatures. L'eglise catholique a elle aussi longtemps provoqué des tollés, y'a qu'à se souvenir de l'affiche de Larry FLint, d'Amen etc... ou encore dès que des bouquins sortent pour critiquer la position de l'église pendant la deuxieme guerre mondiale.
Donc tout ça pour dire que non la liberté d'expression n'est pas absolue, mais que personne non plus n'est à l'abri de critiques, et finalement chacun peut se voir atteint dans ses croyances, dans ses convictions intimes.
Mais le vrai problème c'est quand on se situe dans un contexte ou un des camps refuse la démocratie et ses règles, ce qui est le cas des intégristes, qui prônent la Charia, donc un système théocratique. Là, le discours, la critique, ne sont pas permis, et c'est comme ça qu'on en arrive, comme avec Rushdie, à des fatwas.