Dans l'oeil d'oedipe.

 
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L’heure du reflux, les vagues ne déferlent plus sur le champ de bataille. Les hommes ont déposé leur fardeau… pour ce soir. Nos chevaliers mercenaires rentrent le regard bas, ce soir l’un des huit n’est plus :
Malona – « Quelqu’un a vu ce qu’il s’est passé ? »
Orneela – « Je l’ai vu gisant, en m’approchant… son visage… c’est comme s’il avait été effacé… puis son corps a disparu. »
Dame Sylka – « Demain nous le vengerons ! Demain les Sarrasins vont payer le prix du sang. »

Mosdorane – « Damotare ! Fais rentrer les chevaux et nourris les. »
Homer – « Et n’oublie pas de faire briller nos armures ! Nous repartons demain à l’aube. »
Damotare – « Grmblbl… pourquoi toujours moi !? Quand vais-je arrêter d’être le larbin de service ? »
« Quand t’auras mué !!» répondent-ils à l’unisson.
L’éclat de rire est général, les deuils sont courts par ici.
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De son côté, Mouhyi s’est déjà écarté du reste du groupe. Il prend le chemin qui mène à la maison de sa mère en grommelant un « Salut » qui ne dépassera probablement pas la pointe de sa barbe.
Orneela qui le quitte rarement des yeux le rejoint – « Tu veux qu’on en parle ? »
Mouhyi – « De quoi ? »
O. – « De ce soir, de ce qu’il s’est passé. »
M. – « Il n’y a rien à dire… ce n’est pas le premier qu’on perd ni le dernier. »
O. – « Je ne te parle pas de Bluesy. »
M. – « Alors quoi ? Vraiment, je ne suis pas d’humeur… »
O. – « Ton regard, je l’ai vu changer d’un coup pendant le combat. Il y avait de la rage dans tes yeux ce soir. »
M. – « Tu confonds rage et détermination. La rage n’a pas sa place dans mon cœur… Je crois en l’amour, où que se dirigent ses caravanes. Car l’amour est ma religion et ma foi. »
O. – « Tu es sage et poète. On raconte la même chose de ton pè… »
Mouhyi l’interrompt – « Cesses ! Ne me compare plus jamais à lui,… à ce barbare. Il me suffit comme affliction de savoir que j’en suis le bâtard. »
O. – « Excuses moi, je ne voulais pas te blesser. Tu sais bien que tes origines n’ont pas d’importance pour moi. »
M. – « Elles en ont, je ne suis pas dupe. Toi et le reste du groupe, vous ne m’accordez pas votre pleine confiance.
Vous m’assignez aux postes de défenses, m’empêchez d’aller perforer les lignes ennemies.
Vous craignez de moi la trahison, j’en ai bien conscience. »
O. – « Je ne peux pas te laisser dire ça. Chaque jour nous mettons nos vies entre tes mains.
Mais nous connaissons ta fougue au combat. Nous nous inquiétons car tu aurais vite fait d’oublier nos soutiens.
Nous sommes frères d’armes n’oublie pas. »
M. – « Frères d’armes… Quelle ironie quand tu as pour mission de me surveiller. »
Orneela est interloquée. Un silence de plomb s’abat sur les deux compagnons. C’est finalement Mouhyi qui le rompt :
« Mon maître m’a informé. Il a tout entendu quand, à Tir na Nog, ton instructeur t’a confié cette tâche.
Il m’a aussi raconté la prophétie qu’il t’a transmise dans la langue des anciens. Celle qui prédit l’avènement d’un fils issu d’une union interdite. Il réunira des hommes sous une seule bannière par delà les races et les clivages. Celtes et Sarrasins unis, ils seront invincibles. Leur règne débutera, celui des Elfes sera révolu.
J’ai compris depuis ce jour pourquoi le roi a donné l’ordre de m’exiler dans les îles oubliées pendant ma jeunesse. Trop peur d’être déchu.
Et toi, toi tu travailles pour lui… »
O. – « Les choses sont plus compliquées que ça. Tu connais mon aversion pour les Elfes. Saches juste que je crois en toi, tu es celui que nous attendons. »
M. – « Comment le serais-je ? Mon cœur aspire à la paix, mais mon destin me happe à la guerre. »
O. – « Pourtant, les signes sont là. Ce soir tu l’as tué le Mourhid, le voleur de vie, celui qui fait entrer dans le néant. »
M. – « Qu’importe, ce soir j’ai plus urgent à faire que de m’attarder sur des paroles de grand-mère. Nous reparlerons de tout ça demain.
Je dois annoncer la nouvelle à ma mère, si tu veux bien. »
O. – « Soit, pour ma part, je m’en vais prévenir Dame Cerca que son tendre ne reviendra pas. »
Elle s’apprête à partir mais Mouhyi la retient par le bras : « Merci, merci de n’avoir rien dit devant le reste du groupe. »
Le sourire entendu et protecteur d’Orneela fera office de réponse : « A Dieu ! »

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Tir na Mbéo ; la maison de chaume est modeste. Mouhyi n’aime pas la gloriole et le faste. Sa mère l’attend, inquiète, comme chaque soir. Elle tient dans sa main crispée ce bout de papier qui ne la quitte jamais.
Mouhyi entre, le rituel est immuable. Un baiser sur le front pour défaire les tensions ; et avant de se mettre à table quelques ablutions :
« Mère, j’ai deux nouvelles à t’apprendre. »
Dame Inilwen – « parles mon enfant »
M. – « Mon combat est fini. Je vais faire retraite. »
I. – « Oh mon fils ! Tu me combles, mes prières ont été satisfaites. Mais d’où vient un tel revirement ? »
M. – « C’est ma seconde annonce. La seule raison qui me poussait à combattre est morte ce soir. Je t’ai vengé et rétabli l’honneur de la famille. Ce Sarrasin qui, pendant la dernière grande invasion, t’a souillé de ses mains… Je l’ai tué. »
A ces mots, Inilwen s’effondre, le regard livide, le visage sans expression. Le choc est insoutenable, son cœur n’y tient plus, sa poitrine est prête d’éclater. Mouhyi la soutien dans ses bras. Elle lui balbutie quelques mots :
« Qu’as-tu fait mon fils, qu’as-tu fait… Ton père… Tu l’as tué… Ton père… »
M. – « Mère remets toi ! Je ne l’ai fait que pour te rendre justice. »
I. – « L’ignorance…mère de tous les maux. Le roi m’a trompé, j’aurais du tout t’expliquer… Ne rien te cacher. »
Son cœur bat trop fort, bientôt il ne bat plus. La main se décrispe laissant le petit papier tomber à terre. Mouhyi le déroule et lit :
« Je veux être papillon autour de la bougie de ta beauté. » « Mourhid. »
Il lui faut quelques minutes pour se remettre. Il commence à comprendre. Il n’était pas le fruit d’une injure, plutôt celui d’un amour éperdu. Mais d’un amour interdit.

Les gestes sont mécaniques, après l’avoir préparée il commence la toilette rituelle. Un mélange d’eau et d’huiles que seuls les alchimistes savent lier. Puis il l’enveloppe d’un drap blanc immaculé. Il dépose sa mère sur son lit et embrasse son front pour la dernière fois. Demain, il fera venir Tuko, le druide de cérémonie, pour procéder à l’enterrement.

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Mouhyi se pose sur sa couche. Un tapis de paille tressé posé à même le sol. Il s’allonge sur son côté droit, les images se bousculent dans sa tête. Il revoit sa hache, plantée en travers de la gorge de son père, lui sectionnant la carotide et laissant dans sa poitrine un trou béant.
Son regard au moment de mourir était tendre, il sait pourquoi maintenant.
< J’ai tué mon père ; sacrifié mon compagnon pour le faire >
< Foudroyé ma mère par le chagrin ; reste t’il une chose qui me retient ?>

L’angoisse monte, sa poitrine est étroite et son cœur oppressé. Il cherche un peu de soulagement dans la prière :
< Seigneur tu es la Paix >
< L’Apaisé et l’apaisement >
< Seigneur apaises mon cœur >

Mouhyi se voit alors arraché hors de lui-même et du monde. Lorsqu’il est rejeté dans son corps, les choses lui apparaissent clairement :
< Mon cœur aspire à la paix et mon destin me pousse au combat >
< Demain j’irai combattre, le palais n’entendra que ma voix >
< Demain quelqu’un mourra, ce sera le roi ou moi >
Fichiers attachés
dans l'oeil d'oedipe.doc (31,0 Ko, 88 affichages)
En effet, c'est très bien écrit. En plus, l'alternance entre italiques et caractères normaux est très bien amenée.

Perso, j'aimerais en savoir un peu plus sur cette histoire

Bravo à toi !!!
Bravo pour le texte : )
Très agréable à lire, bien écrit, enfin tout bien.
C'est affreusement triste par contre
très beau texte, ce fut un plaisir de le lire.
Mais celui-ci m'impose une question. Est ce que ce texte signe un départ proche ?
Ne te connaissant pas, je peux être complètement à l'ouest, mais ça ressemble bien à une fin d'une aventure/histoire.
Citation :
Publié par Sylka
Tres jolie Moumite !
Merci, mais toi aussi tu te débrouille bien en RP .
Mention spéciale pour Malona qui joue son perso à fond .
Déferlante ! Une guilde Role Play c'est bien connu .


@Olnar : en fait j'ai arrêté depuis quelques temps déjà. Mais c'est le fait d'arrêter qui m'a permis de mettre cette histoire par écrit.


Pour tous les autres, merci beaucoup pour vos compliments et encouragement. Ca me touche vraiment.
Vas y moumit lache nous une suite avec damo en palefrenier c'est tres bon!

Si tu peux integrer Ixy en qualite d'amoureuse midgarienne secrete c'est encore mieux

BizooO!
Citation :
Publié par O&R
Vas y moumit lache nous une suite avec damo en palefrenier c'est tres bon!

Si tu peux integrer Ixy en qualite d'amoureuse midgarienne secrete c'est encore mieux

BizooO!


Ahaha lala Palefrenier ma spec masse me manque, des coups se perdent

Sinon sympa ton texte rp =)

Tu devais pas bosser toi ? ça se rapproche , au lieu de squatter JoL
 

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