Son téléphone la réveilla en sursaut, la tirant d'un vilain cauchemar. Dehors, le temps était plutôt morose. Elle constata par la fenêtre l'impressionnante pluie de grêle et les violents orages qui s'abattaient sur la ville. Elle avait du mal à réaliser que c'était le matin. Elle reprit toute son attention au téléphone qui continuait de sonner.
Elle décrocha et à l'autre bout du fil, entendit la voix d'un homme.
« Venez au Maribeau Stairwalk à 8 heures 12 précises et seule. Ne soyez pas en retard.
- Qui êtes-vous? »
On avait raccroché. Elle resta un long moment le combiné scotché à son oreille. Qui était ce type et que lui voulait-il? Elle fixa le réveil. Il était 7.45 AM. Sarah avait du mal à se lever d'elle-même ces derniers temps. Les nuits passées devant son ordinateur à retrouver Black Knight l'avait complètement épuisée.
Elle hésita à y aller un court instant. Finalement la curiosité prit le dessus. Elle ramassa ses habits traînant par terre, s'habilla rapidement et pris les clés de sa voiture.
8.10 AM. Elle se rendit en haut des escaliers et scruta les alentours. C'était l'heure de l'embauche. Les personnes qu'elle croisaient marchaient sans se soucier du monde autour d'eux, presser par le temps. Soudain, la cabine téléphonique qui se tenait à quelques pas de là sonna. Elle regarda sa montre, il était 8.12 AM. Le téléphone sonnait toujours, avec insistance. Cela l'intriguait. Elle partit rejoindre la cabine et décrocha.
« Bonjour Aeriths. »
Elle n'en revenait pas. Ses yeux étaient grands ouverts. Elle reconnaissait cette voix masculine. C'était la même que celle des enregistrements qu'elle avait eu à faire à son bureau. De l'autre côté de la ligne se trouvait l'un des plus actifs et dangereux terroristes recherché par les autorités.
« Ednix!?
- En personne. Tu as visé juste.
- C'était donc toi la fois... mais comment as-tu fait pour me retrouver?
- C'est un peu compliqué à expliquer maintenant. Nous manquons de temps toi et moi. Je vais donc être bref; une Audi noir est stationnée de l'autre côté de la route. Tu la vois?
- Oui.
- Monte à l'intérieur. Mon équipe t'y attend. »
Elle raccrocha le téléphone et se dirigea, sans plus attendre, vers la voiture noire aux vitres teintées. Une femme aux cheveux bruns, plus jeune qu'elle, lui ouvrit la portière.
« Grimpe. »
Elle s'engouffra dans la voiture. À peine qu'elle eut le temps de refermer la portière, que deux flingues se braquèrent sur elle. Elle s'apprêtait à sortir son pistolet de sous son blouson mais la jeune femme aux cheveux bruns lui colla son arme sur sa tempe.
« N'y pense même pas. »
Cette dernière retira son arme de son holster et lui ôta son portable. Elle abaissa la vitre, et expulsa les objets hors de la voiture.
« Je comprends rien. Qu'est-ce que vous me voulez? »
Aucune des trois personnes présentes lui répondirent. Le deuxième homme armé, qui se trouvait sur la place passager, fit signe au conducteur de démarrer.
« Phibie. Fouille-là. »
La jeune femme aux cheveux bruns effectua une fouille rapide sur Sarah des pieds à la tête. Elle en sortit de la poche intérieur de son blouson un portefeuille.
« Agent Special Sarah Rush. Elle bosse pour le gouvernement, annonça celle-ci en montrant la carte de visite à son équipier.
- Il nous l'avait dit, répondit ce dernier l'arme pointée sur l'ex-inspectrice,
mais elle n'est pas l'une des leurs.
Sarah resta dans l'incompréhension. Phibie sortit un étrange appareil qu'elle passa au peigne fin sur elle.
« Panique pas. C'est juste un scanner. On vérifie que tu n'aies pas ramené un mouchard ici. »
Après une rapide vérification, la jeune femme aux cheveux bruns déclara sur un ton rassurant :
« Elle est clean ».
La voiture fonça à vive allure sous un ciel obscurci par la pluie battante. Elle s'engagea dans une ruelle très étroite avant de s'arrêter quelques centaines de mètres plus loin.
Après une demi-heure de route, ils sortirent enfin de la voiture, escortant Sarah, et entrèrent dans l'usine abandonnée qui se dressait devant eux. À l'intérieur, on entendait la pluie cognait contre la taule. Sarah n'était pas rassurée, loin de là. Elle commençait à regretter de s'être embarquée dans cette galère. Le groupe se dirigea dans l'ascenseur, seul instrument encore état de marche en ces lieux désaffectés, et descendirent deux niveaux plus bas.
Les portes du sous-sol s'ouvrirent, débouchant sur une gigantesque salle où trônaient de colossales machines.
Les journaux, déchiquetés et rongés par l'humidité, s'étalaient par terre. Ils étaient dans une ancienne imprimerie, d'un siècle passé, d'une époque révolue.
Ils traversèrent la pièce.
À l'opposé, un homme semblait guetter leur arrivée. L'individu était grand, dissimulé dans un manteau noir. Le groupe qui escortait Sarah jusque là, la quittèrent sans un mot, s'éclipsant dans la pièce voisine.
Elle était seule à présent. L'individu au manteau d'ébène se tenait droit devant elle. Ses effets réagissaient comme un véritable bouclier, filtrant la moindre émotion. Et pourtant, derrière les verres miroitantes qu'il arborait, elle n'avait aucun mal à l'identifier. Ednix, le hacker suprême, une légende virtuelle, était en face d'elle, avec sa pléthore de réponses. Il l'invita à s'assoir, lui expliqua et la confronta à un choix. Celui de toute une vie;
bleu, elle continue à mener sa petite vie de flic dans un monde qui ne tourne pas rond; rouge, elle descend avec eux au fond du gouffre.
Elle hésita. D'une main incertaine et tremblante, elle prit la pilule rouge et l'avala d'un trait.
Il la guida dans la salle d'à côté, où les autres l'attendaient. On l'installa. On la prépara et Sarah attendit à son tour que la vérité vienne à elle. Cette dernière la surprit, avec sa douleur, mais Sarah souriait. Elle regardait enfin à travers la réalité.
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Clic.
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FIN