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Le copyright est une protection de l'auteur d'une oeuvre de l'esprit. Mis à part les comiques professionnels, les gens dont le métier est de faire des spectacles où ils font rire les gens, on ne peut pas vraiment parler de droits d'auteur. Les blagues relèvent essentiellement d'un échange gratuit, dans l'optique de passer un bon moment. Par ailleurs, l'auteur est souvent difficilement identifiable; je ne connais pas le génie qui a inventé Abdel Yves Hakim Fly par exemple. Pour la majorité des blagues que nous racontons ou que nous entendons, le créateur n'est pas identifiable.
Nous devons donc concentrer notre propos sur non pas le copyright mais plutôt sur une reconnaissance informelle, à l'égard de ceux qui le méritent véritablement et de manière certaine. Ce qui sera rarement le cas, en premier lieu, de l'auteur de la blague, puisqu'il est la plupart du temps inconnu. En deuxième lieu, on pourra témoigner une certaine reconnaissance à la personne qui nous a fait connaître la blague; je remercie à cet égard mon ami C, qui m'a appelé, un soir où j'étais bien pompette, uniquement pour me raconter la génialissime Abdel Yves Hakim Fly; je me souviens encore de l'éclat de rire et du très bon moment que j'ai passé grâce à lui un soir il y a pas loin de deux ans. En troisième lieu, et comme cela a été suggéré par Meja et relevé par Soupir, on peut accorder une reconnaissance à la prestation: la blague ne fait toujours tout, il y a les qualités oratoires, le sens de l'à propos, l'interprétation, tous un ensemble de choses qui feront que l'ours pédé ne fera rire que si elle est raconté par le gros Gérard à la fin d'un repas bien arrosé. Donc bravo Gérard, c'est toi qui nous fait rire, plus que la blague.
Donc pour résumer, accordons un copyright à:
-l'auteur de la blague lorsqu'il est identifiable;
-celui qui nous l'a fait connaître;
-celui qui sait la raconter.
De ces trois critères qui doivent déclencher la reconnaissance, on peut déduire facilement dans quelles circonstances des taquets doivent être distribués:
-celui qui qui connaît personnellement l'auteur et qui ne le mentionne pas après avoir fait rire avec la blague;
-celui qui ne fait pas rire avec la blague et qui du coup dénonce son auteur ou celui qui lui a raconté (triple taquet);
-celui qui ne sait pas raconter les blagues.
L'autre sujet est celui des mentions du type « ok je sors » quand on raconte une blague nulle. Je ne suis pas d'accord pour dire que ça mérite un taquet dans l'absolu. Car c'est en fin de compte un humour assez moderne qui vise à faire rire avec une blague nulle, et qui est à rattacher à la façon de raconter la blague. Prenons l'exemple du SAV d'Omar et Fred: les blagues consistent essentiellement dans des jeux de mots calamiteux, qui ne sont pas drôles en eux mêmes. Ce qui est amusant, c'est de les voir faire exprès de rigoler comme des gros niais juste après. Le décalage, inhérent à toute blague, est insuffisant à provoquer le rire. C'est donc la situation qui devient drôle. Savoir par exemple raconter une blague vraiment nulle avec un air très digne.
En revanche, quand le ok je sors se présente comme une excuse de la part de celui qui raconte la blague car il a conscience qu'il ne va pas être drôle, il ferait effectivement mieux de ne pas raconter la blague. Car lorsque l'on souhaite faire rire, il faut y aller sans retenue, il faut se lâcher.
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