[Kirin Tor] Mon Père

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Alors que le jour naît encore
Sur une plaine où hier seulement
Le vent avec les herbes faisait corps
Des êtres s'affrontent violemment

Corps à corps sanglants, chocs, cris, et haine
Puissante mêlée qui se fait, se défait
Mortelle danse elfe, charge humaine, hargne naine
Tout se mélange et plus rien n'est vrai

Valeureux, un elfe donne sa vie
Anonyme héros, son regard est le mien
Amoureux, il m'a donné la vie
Aujourd'hui son honneur est le mien




Luny.
__________________
Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux.
(Des yeux identiques, un regard incertain
Un même sang partagé, un honneur commun
Mais un passé familier n'a pas toujours pour destin,
Celui qui semble tracé par de nouvelles mains.

Bienvenu Luny)
L'herbe était haute dans la prairie.
Tout ondoyait lascivement et le temps s'était arrêté.

Les nuages, lourds et menaçants, dardaient sur l'elfe leurs regards pluvieux.
L'air était opaque, asphyxiant.

L'elfe de la nuit s'arrêtait sur chaque corps ensanglantés.
Improbables hôtes d'une verdure naguère immaculée.

Et puis il fixait aussi les amas de cendres, les gluants restes des "autres".
Comment tout ceci était-il arrivé ? ...

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Claquements de métal. Etincelles hargneuses. Terrifiants cliquetis.
Souffles, râles et gerbes de sang qui s'emmêlent.
La confrontation avait été inévitable ou il aurait fallu se laisser mourir...






Le sol, humide des averses récentes, laissait une piste de traces à suivre pour ceux qui suivaient l'elfe.
Il était pourtant parti seul.
Mais, à l'aube avait succédé un matin frais et ils l'avaient rejoint.
Cessant de faire appel à sa rapide forme féline, il s'était retourné pour les accueillir silencieusement.
Ils étaient maintenant quatre et le sourire du premier, à la fois triste, fier et reconnaissant, signifiait plus que sa gratitude.

Le plus jeune de la petite troupe, ses cheveux bleus relevés, s'accroupit pour observer la terre, tandis qu'un loup de belle taille vint renifler les mêmes traces. L'animal s'énerva et fila.
Arc ancestral en main, l'elfe se releva et signifia aux autres que la chasse commençait...
Ils le regardèrent s'élancer dans la brume forestière.
Il serait leur sentinelle dans cette course.

Furtivement, le druide profita des éclats de soleil sur la rosée des fougères pour se faire panthère.
Ses deux compagnons, mains sur leurs armes scintillantes, suivirent son avancée entre les arbres.

L'air frais caressait leurs semblables joues de guerriers.
Deux frères, quatre armes, deux volontés, un honneur, une amitié sans faille pour ce druide qu'ils avaient rejoint.
Deux enfants nés en même temps de leur mère et qui jamais ne s'étaient quittés.
Ils courraient vers un probable danger, et si leur coeur était léger, c'est parce qu'ils se savaient portés la justesse de leur cause, le valeureux but de ne pas laisser seul un ami face à milles périls.
Elandorn et Faerendorn.
Celui la sautait agilement par dessus les fourrés quand celui là se faufilait souplement entre deux rochers.
Pour finalement se rejoindre encore, coude à coude, derrière la noire panthère aux aguets.
Cette dernière s'immobilisa soudain sans un bruit. Elle fixait un point devant, fixe lui aussi.
Ëgön, s'était arrêté. Ils ne voyaient pas le loup qui accompagnait le chasseur mais devinaient sa présence.

Un bruissement dans les feuilles.
Un silence trop pesant peut-être ?
Etait-ce eux, qui causaient la méfiance de la faune alentours, ou bien une plus sombre menace...

Les jumeaux se regardèrent, deux acquiescements presque imperceptibles, ils étaient prets.
Mais devant, la course reprit.
Le chasseur avait levé la main pour signifier que nul danger ne les attendait pour l'heure.

- Jâuhann, cet après midi nous sortirons de la forêt.

Faerendorn avait presque murmuré cette phrase entre deux souffles réguliers de course. Il se doutait ne pas avoir besoin d'en dire plus.
Ils savaient tous ce que signifiait cette chasse en dehors de leurs terres...
Et voila.
Ils se tenaient tous les quatre droits sur ce que les hommes auraient nommé frontière.
Ce n'était pour eux que la fin de la subtile protection de la forêt.
La mère, l'amie, facétieuse ou attentive, jamais vraiment cruelle, pas tout à fait chaleureuse.
Tous avaient couru à perdre haleine entre les arbres majestueux, sauté par dessus les fourrés de fougères.
Ils avaient tous chassé pour se nourrir et remercié cette Force, cette entité si absolument présente et si terriblement silencieuse.
Certains druides la nommaient Terre Mère, par hommage aux dons qu'elle semblait ainsi offrir à quelques-uns de ses enfants.
Elle était l'eau des pluies et des torrents. Elle était l'air, le vent et la brume du matin. Elle était la terre, le sol nourricier et aimant, l'accueil du repos après la mort et pour renaître encore.
Elle était cette forêt familière.
Et il fallait maintenant la quitter.
Courrir sur des terres désertiques et inhospitalière.

Mais c'était ainsi.
Jâuhann irait.
Et ses amis suivraient.
Ils l'aideraient à la retrouver malgré tout...
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