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Tout allait mener au désastre alors je suis partie. Si le temps est assassin, parfois il se fait plus doux et guérit ce qui est blessé..Pour mieux l'enchaîner sûrement.
Car à mon retour, le ravage avait perduré, même si les apparences n'avaient rien laissé sous entendre aussitôt.
Le fou de mage, semble plus calme, encore l'un de ses subterfuges, j'en étais persuadée..Pourtant il allait même jusqu'à folâtrer avec une elfe au regard bien trop compatissant pour qu'il ne m'irrite pas.
Irhondril est introuvable, du moins il espérait l'être, j'épie parfois son apparition au retour d'une bataille, m'assurant qu'il n'ait rien..il n'avait rien.
Leiliel s'est marié. Par toutes les Ombres qu'est-ce qui lui a prit de se museler ainsi, enfin..Elle s'en satisfait, elle en est même heureuse.
D'autres que je retrouve ici et là, Imladrair, Vârghas, Miline...Môr'haun aussi, et Fanélia..
Fanélia et son hôte, car c'est à son tour d'être éprise du malin !
Est-ce une manie à la fin ? ça devient récurent ses histoires de démons qui s'insinuent dans les corps, trop récurent ! Ne peuvent-ils pas faire original ? Ou moins catastrophique !
Je m'énerve, seule, à ressasser mes pensées, assise à mon feu de camp.
Je l'attends..
J'essaies alors de songer à mieux, et c'est tout naturellement que je me suis mise à La prier, pour ensuite voguer jusqu'à..'lui'.
Héça..
Qu'est-ce ?
Un mot ancien, il veut dire, fuir ou rester, cela dépend du contexte.
Héça !
Tu le savais, tu n'aurais pas pu te tromper sur son sens, tu le savais, tu n'aurais pas pu te tromper sur mon ton et comment je l'employais..Tu le savais, mais tu es partit.
Ahhh j'en ai assez ! Depuis combien de temps j'entretiens ce feu ? Les seuls répits que je m'accorde sont prétexte a aller chercher du bois en Teldrassil pour nourrir les flammes encore et encore..
Deux lunes, deux lunes que je prends soin de ce misérable brasero, comme l'on veille un malade, tout autant de lunes que je n'ai pas dormit, c'est plutôt moi la souffrante ! La fatigue ronge mon esprit déjà bien trop fiévreux !
-Bonsoir, Enfant d'Elle
J'étais penchée, m'activant avec une précaution exagérée pour un si pauvre foyer, à rassembler les escarbilles à l'aide d'un bâton, sous mon bras gauche, je tenais serré contre moi des amas de bois que je destinais a la curée du feu.
J'ai tout lâché sous la surprise, les branches tombant sur mes pieds dans un bruit sourds, mais mon cri (plus de stupeur que de douleur, d'ailleurs), lui ne fut pas si atténué.
J'hurlais même de bon coeur, relâchant toute pression..Du moins j'essayais.
Je me retourne alors pour l'apercevoir, souriant..presque fier..
Oui il l'était ! C'est la première fois qu'il me surprenait, et il se réjouissait de m'avoir duper.
Pourquoi tromper est-il si plaisant ?
-J'aurai du être moins discret peut-être ?
Ce sourire, cet impérissable sourire..A y est, de nouveau je suis agacée
-C'est malin..Moins discret, non, mais plus rapide sûrement !
-Le temps n'était pas venue, fille de la nuit, et le vent ne soufflait pas en ta direction
-Oui oui, je connais ton éternel langage mystique. Et il m'est souvent ennuyeux !
-Tellement ennuyeux que tu m'attendais.
Là il marque un point, j'avais beau dire, j'avais beau détester, je l'attendais..Comme d'autres..
C'est contradictoire, et illogique en réfléchissant bien.. peut être était-ce une raison a autant de chaos autour de moi.
-Je n'ai que peu de temps, Ayame..
-Comment ça peu de temps, mais enfin je suis là depuis deux lunes a patie...
-Je n'ai que peu de temps, alors n'en perd pas trop
C'est aussi la première fois, qu'il me coupe la parole.
L'Aïeul, être de légende, sans nom, sans âge, sans attaches aussi..
Je l'attendais, je l'ai appelé, il est là..Et je ne sais quoi lui dire en vérité.
Au fond, je n'ai rien besoin de lui dire.
Car ce qui ne s'avoue pas, ce ressent.
Il me prit alors la main, et comme a mon habitude, j'ai, presque mécaniquement, un mouvement de recul, assez brusque, puisqu'il semble un instant tendu après mon geste.
Mais il insiste, et retire mon gant.
Je détourne la tête, pour ne pas voir ma main, mais également pour ne pas voir sa réaction..étrangement j'ai peur de le décevoir..
Il m' examine, je ne le vois pas faire, mais je sens ses doigts jouer avec les miens, un moment même, j'aurais juré qu'il les comptait.
-ça a commencé
Je hoche la tête, en signe d'affirmation, gardant toujours le silence, et mon regard loin de lui.
-Mais tu ne m'attendais pas pour parler de ça..Jamais tu ne m'attends pour parler de toi.
-Non je..Fanélia, Môrh'aun, loe..Le mage.
-Les Ombres, donc.
-Oui.
-Et bien ?
-Et bien quoi?
-Tu ne me pose pas de questions ?
-Je n'ai jamais eu besoin de t'en poser auparavant ! Sans cesse tu te mêle de tout et de rien, en jouant ton sage aux connaissances fabuleuses !
Je me suis encore emportée, qu'importe, il me connaît, même si jamais on ne parle de moi, il ne m'en tiendra pas rigueur.
- Et toi avant, avait-on besoin de répondre à tes questions ? Attendais tu des réponses, des confessions ? Agissais tu seulement après avoir eu des révélations ?
Je sens le feu brûler mes joues, pas notre feu de camp a nos pieds, non, c'est le feu de la colère qui m'empourpre.
Non, je n'ai jamais attendu quoi que ce soit.
Car je ne demande rien, je fais, j'obtiens par indiscrétion.
Non je n'attends pas réponse, lui non plus d'ailleurs, puisqu'il me salue de son sourire si imperturbable et pourtant si franc, avant de disparaître à la lisière du bois de Teldrasil.
Peu de temps avait-il dit rester..Peu de temps, et il ne fallait pas que j'en perde..C'était ça, finalement, ma réponse.
Il me l'avait donné des le début, sans avoir encore demander quoi que ce soit..
Source et fin de tout, ce devait être la clé.
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