Ex-Libar n°:19: les textes

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Avec une journée de retard, dont je vous prie de m'excuser, voici donc les textes de cette dix-neuvième édition de l'Ex-Libar. Le thème proposé tenait en un mot: "cercles".

A vous de déterminer quel texte a votre préférence. Son auteur aura l'honneur d'animer la prochaine édition de l'Ex-Libar (la vingtième !) et d'en choisir le thème. Vous avez jusqu'au 21 juillet pour voter.

Bonne lecture !



Texte n°: 1

Citation :
Kallie ne sentait pas le danger qui courait derrière elle. Et jack avait le regard fixé sur elle. Il avait passé une nuit à préparer son matériel. Quel couteau choisir pour trancher l’épiderme délicat d’une femme sans le tacher ou l’abîmer ? Quel parfum de mort collera le mieux à sa triste besogne?
Kallie revenait de son travail, il faisait nuit, et elle avait l’habitude de prendre cette rue sombre, ou quelques réverbères toussants déversaient une lumière palote sur le pavé. Le vent soufflait une brise légère mais suffisante pour masquer les pas de son poursuivant.
Il devait agir maintenant : jack empoigna le bras de Kallie et l’entraîna dans un coin isolé, parmi un amoncellement de poubelles percées et malodorantes.

Kallie ne réagit pas , la terreur lui avait coupé la gorge et elle s’évanouit un instant à la vue du couteau de boucher qui fondait sur elle à la vitesse d’une balle de fusil.

Elle se réveillait et n’osait pas regarder le visage de jack. Il jubilait, les yeux exorbités, injectés de sang, il était pris alors d’une subite montée d’adrénaline en voyant ce corps chaud qui ne respirait plus que pour lui et dont il allait transpercer la faible armure.
Le couteau s’élevait de 20 cm, prêt à s’abattre sur le cœur quand soudain jack eu une vision machiavélique ; un flash ultra lumineux vint éblouir sa vue et il s’arrêta net dans son action de tuer. Il ne savait pas ce qu’il avait vu mais ça ressemblait à un halo lumineux d’une très grande intensité. Un cercle. Une aura.

Le cercle vint frapper l’esprit de Jack avec une telle force qu’il en laissa tomber le couteau dégoulinant de sang. Il avait bien frappé le cœur de Kallie. La femme ne lançait plus que quelques gémissements d’agonie et son corps réagissait encore aux nerfs, comme une bœuf dont on a coupé la carotide.
Jack ne comprenait pas ce qui arrivait. Ce cercle changeait tout son rituel : la mise à mort, la peur de sa victime, son agonie et l’extraction des viscères qu’il allait déjeuner le lendemain. Tout était bien préparé sauf ce cercle lumineux !
Soudain jack comprit ! Ce cercle c’était l’âme d’une sainte. Il avait une tué une madone, une enfant de Dieu dont le destin eut peut-être été de sauver des vies ou de semer la parole du Seigneur. Jack avait alors commis le meurtre qu’il ne fallait pas. Il avait mis au défi l’être suprême et il devrait alors en payer le prix : la mort.

Elle intervint 3 jours plus tard quand jack se jeta du haut d’un pont de londres. Il laissa un testament au milieu de ses instruments, dont on lisait qu’il légua à la science les fruits de ses recherches et cette phrase mystérieuse : Je ne veux plus voir ce cercle, ce cercle, ce cercle…

Cette histoire en partie véridique se déroula à la fin du XIXeme Siècle, en 1888. Un trait, deux cercles, deux cercles, deux cercles...


Texte n°: 2

Citation :
Les pierres qui coulent trop lentement fascinent les hommes brûlent le temps.


Moi je crache dans l'eau parfois. La tête qui coule trop lentement fascine ces poissons hors du temps.


D'une pensée inaccessible j'ouvre les mers, les pierres qui coulent trop lentement couvrent les vers dans mes artères.


Qu'est-ce que je m'emmerde !


Arrivée 7h54, yeux brûlés par les premiers reflets blancs sur la plage de Barcelone, gorge brûlante des 2 paquets fumés en chemin. Une mise en situation à la Bukowski, et bien que j'en aie le talent, je vous épargne les 3 chapitres descriptifs à la Hugo (cf. Notre-Dame de Paris Tome 3, Dieu ! On a beau être le plus habile des scribouilleurs, ça ne donne pas le droit d'emmerder les lecteurs comme ça).
On a une petite bagnole, laissée dans un de ces honteux parkings de ville à 3€ de l'heure même le week-end ! La gabelle des temps modernes, la dîme la taille la corvée ! On est venu s'éclater. Et ça commence : maintenant.


Ca commence par un galop fougueux sur le sable clair, un triolet léger et mousseux... héhé, mousseux.
Ca commence bien en réalité à la Cantina Machito, un rade un peu crasseux où on se remet du trajet nocturne. J'aime l'Espagne parce que les Espagnols te foutent la paix. Et à Barcelone, c'est encore mieux parce qu'on est pas vraiment en Espagne.
J'ai toujours du mal avec ces sentiments troubles d'appartenance populaire, je veux dire, tu pisses comme moi. Et quand tu bois, tu racontes l'histoire de tes femmes, comme moi. Alors, tu es quoi ?
9h13 : on se fait vider. Normal quand on casse un verre sur la table en criant qu'on emmerde les catalans. Donc, ciao.
La ville est à nous, pour le meilleur moment de la journée : la journée. Je ne suis pas balayeur, et pourtant, cette matinée, j'ai frotté du pavé, de quoi faire reluire de fond en comble cette ville salie par la nuit.
Et partout, la came. Je n'ai jamais vu une ville comme Barcelone. Donnez-moi 20min et un peu de fric dans n'importe quelle grande ville du globe et je vous ramènerai exactement ce dont vous avez besoin. Mais à Barcelone, les junkies crèvent la gueule ouverte dans les artères sombres de la place Reial, et les flics font acte de présence entre ses palmiers, ses arcades et ses touristes.
Troublant ?
Des mondes parallèles soigneusement séparés se heurtent gentiment sans jamais se mêler, 9h54, j'ai déjà la gerbe.
Carrer de la Volta del Remei, on trouve la plus étrange des statues : un oeil de rubis qui mate sombrement le ressac de la foule à ses pieds. Quelle impression ! La statue a une écharpe violette.
Incroyable, j'ai envie d'y prier. J'y prie.
10h48, je fais des bulles des savons. On a croisé un bambino, ah non c'est italien ça (comment dit-on en espagnol?), un gamin qui jouait avec un petit tube rempli d'un mélange eau-savon, vous savez, savourez ce vieux souvenir qui vous est offert. Et pour savourer, nous savourions, on savourait les mains tendus sur les Ramblas, comme des innocents aux mains pleines perdus dans un ballet féérique avec en premier violon : cette grosse bulle aux reflets bleutés et là ! le chef d'orchestre !une bulle fragile qui semblait diriger la marche...
Pause.
12h23 on mange un morceau en chemin vers la plage, un morceau un peu trop gros pour moi. Je crois que j'ai eu les yeux plus gros que le ventre.
Non, je veux dire, mes yeux SONT plus gros que mon ventre, à présent je les touche et les empoigne fermement, YEUX rentrez dans mes orbites ! Dans un éclair de lucidité, je me promets sincèrement de toujours faire attention à ce qu'on me donne à manger. Autour de moi des diables virevoltent et je perds connaissance.
15h36, la plage est à nous ou je suis à la plage, la nuance n'a plus beaucoup d'intérêt. Le soleil me crame encore les yeux (c'est toujours comme ça à Barcelone?), mais je vois plus loin mes potes Alpha et Beta qui tapent le ballon avec des locaux. Bien, je savoure le moment où mon cerveau réintègre doucement doucement lentement sa place habituelle. Mes idées se remettent en place, le soleil me brûle en me souriant, je m'étire et je vomis.
Ces formalités accomplies, je me relève plein d'amour (il est 16h08) pour aller rencontrer nos nouveaux amis. Une féline superbe s'approche en me disant « Hey, now you're ok Gamma? ». Le sourire qui accompagnait cette question, son ton sucré délicatement susurré, me font à moitié perdre la tête et je m'effondre entre ses bras pour reposer sur ses seins accueillants. Décidément, pas la grande forme. Ma panthère est néanmoins fantastique, c'est là ma consolation : sans se poser tant de question, elle m'accueille aimablement et m'offre ses douces rondeurs comme les plus tendres des oreillers pour me remettre de mes émotions. C'est entre un mauvais anglais et un mauvais français que nous faisons mieux connaissance, mais nos corps déjà se connaissent et on lutte contre le temps. 17H14.
Isolés dans notre bulle qui chatoie cette fois de violet, on aperçoit le groupe plus loin qui ça y est se remet en marche déjà se remet à marcher, dans un regard et un baiser on se lève pour les rattraper.
18h04 sur les pavés tout se remet à aller vite trop vite STOP ! moi je crie mais le temps lui passe passe les visages flous grimacent les gens sont terriblement moches, une vraie atteinte à l'esthétique.
Je cherche ma panthère, ma féline accueillante, je tremble sans avoir froid je veux avoir un but !


Alpha et Beta sont partis et ma panthère a disparu.
Je m'époumone dans un cri et me cramponne à cette rue.


AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH


C'est le cri.


Merde merde merde merde et plus encore, je suis paumé à Barcelone avec les idées à l'envers plus seul que dans un cimetière, vite une rencontre vite un instant pour oublier, vite un souffle de vie des gens pour m'échapper !
Je me mets à courir.
Tout droit devant moi, et j'accélère, et j'accélère, on m'a dit qu'il existait une limite de vitesse qui serait celle de la lumière. Mais je vais tellement plus vite qu'elle ! Les immeubles se déforment et les sons se mêlent horriblement et je n'arrive plus à distinguer les murs des pavés ou des gens !
Je me réveille la gueule en sang.
02h37... je n'ai plus rien sur moi, ni chaussures ni tabac ni argent. J'ai encore mon pantalon que j'attrape d'un air crâne en essayant de me relever.
Ralentir, je dois ralentir...à côté de moi une bouteille de bière pas encore finie...je porte vite fait le goulot à ma bouche, et j'en profite pour m'essuyer. Je me remémore vaguement la scène : rien de splendide, pas de grande histoire à raconter, à force de courir je me suis ramassé, et maintenant c'est mes dents que je ramasse (au sens figuré), mais au sens propre je suis sale et abandonné. Et pieds-nus. Viva Espana !


L'heure n'a maintenant plus d'importance car la nuit se promène. Et je rêve que je me promène avec elle, que nous marchons main dans la main. Je suis vulnérable et nu, aimant des particules nocturnes.


7h54, gare de Barcelone. Un quai de gare tellement banal. Devant la voiture 13, un homme pieds-nu, la tête baissée.




D'une pensée inaccessible j'ouvre les mers, les pierres qui coulent trop lentement couvrent les vers dans mes artères.




Moi je crache dans l'eau parfois. La tête qui coule trop lentement fascine ces poissons hors du temps.




Les pierres qui coulent trop lentement fascinent les hommes brûlent le temps.


Texte n°: 3

Citation :
“• Un paradigme est un ensemble d’a priori, d’axiomes, de croyances qui sont inconscients et cachés sous les discours, qui crée de l’évidence et donne un sentiment de réalité absolue. C’est un schème fondamental qui sert à délimiter, à limiter les phénomènes que nous observons et qui nous aide à percevoir le monde alentour. Pour garantir la solidité de notre environnement vraisemblable, nous créons des modèles, des lois, des certitudes apparentes, des approches, des théories, des outils, des principes… Bref, nous fabriquons petit à petit un mythe collectif qui prend forme comme l’unique Vérité absolue, avec un grand V, celle à laquelle tout le monde doit croire, sous peine de passer pour un ignorant ou pire.”

Pierre est aveugle, mais il ne le sait pas. Vous avez certainement déjà croisé son chemin.
Il est né ici et a grandi là-bas. Ses parents étaient comme d’autres. Il a pu aller à l’école.
Aujourd’hui il est grand, il connaît, il sait.
Il connaît les études. ses vacances, ses stages, ses petits boulots, ses fiches de salaire. Et son entreprise. Il connaît les filles. ses premiers amours, la séduction, sa première fois, ses autres fois, ses pannes et ses exploits. Et sa femme. Il connaît les voyages. Ses premiers pas, du canapé au frigo, le bout de sa rue, sa ville, son pays, la tour effiel, l’avion. Et New York.
Il connaît les amis, son meilleur, ses camarades de classes, ses collègues de bureau, son partenaire de tennis. Et les autres.
Il sait aussi la fête, l’alcool, les clopes, les coups d’un soir, les voyages, sa boulangerie, les décolletés, les clips à la téloche, le journal du matin, le métro, ses mp3, internet, le porno, et même zizou. Les jeux-vidéos, la ceinture jaune au judo, les sorties en famille, doctissimo, sa nièce, les mariages et les enterrements, les cuisses musclées des turcs. L’histoire-géo, le stress des exams, les yaourts au bifidus actif, Zola, Socrate, et Mick Jagger. Les vues imprenables, les fous-rires, la liesse, la victoire et la défaite, les téléchargements illégaux, le scoutisme la messe et sarkozy. L’ennui, les larmes, le trou de la sécu, les tendinites, les ongles incarnés, la palme d’or à Cannes, les sièges en alcantara, les dons à la croix-rouge, son papi handicapé, les musées, et même les îles désertes. Le dernier cri, la honte, le top 50, la télécommande coincée sous le canapé, les albums photos, disney land, « thriller », les coups de soleil, les fourmis dans les jambes, les pluies battantes, le ski, le front national, l’astrologie, la grève, les « peut mieux faire » sur les bulletins, l’assurance vie, le découvert à la banque, les services publics, et une fois au moins le nouvel an avec Arthur.
Les plans foireux, la retraite qu’il n’aura pas, les concerts, les projets sur la comète, les rendez-vous dans 10 ans, les bagarres de rue, les excès de vitesse, la morve au nez, la tomate-mozza, le noms de quelques plantes, les fables de Lafontaine, la banlieue, le grand huit –surtout les trois-, le cinéma, les gribouillis dans la marge, et la clé usb perdue. Et même le reste, surtout le reste.

Quoi qu’on en dise, Pierre est plus ou moins comme vous et moi, le beauf de quelqu’un et l’idole d’un autre. Tout ça aurait pu être pire, santé, argent, amour, son horoscope est dans la norme. Pierre est un de nos semblables, il n’est ni heureux ni malheureux, il profite, et c’est tant mieux, des hauts et des bas qui s’offrent à lui. Il n’y a aucune raison qu’il soit montré du doigt, il a un bon fond, n’est ni coupable ni condamné.

Pourtant quelque chose ne tourne pas rond, il n’arrive pas à dire quoi, et étouffe. Ce n’est pas de l’ennui, ni une déprime passagère. Pourtant il sait apprendre, s’intéresser, découvrir, mais rien de tout ça ne dure, il se lasse. Le sentiment que ça pourrait être mieux. L’impression que sa vie n’est pas comme il l’entendait, même s’il sait faire la part entre rêves et réalité. Il est certain qu’il a plus d’esprit et d’énergie que sa vie ne lui permet d’exprimer. Pas qu’il regrette où qu’il veuille une seconde chance, mais il veut quelque chose, mais quoi ? Tout ça n’est pas suffisant.

Sans trop savoir comment ni pourquoi, il s’est laissé porter par la vie, il a su faire confiance et se méfier lorsqu’il le fallait. Il croyait aux droits de l’homme, au chômage, au système finalement, au début, il croyait même à dieu.
Heureusement, sa flamme n’est pas encore éteinte. La vie, le monde, et après ? Et pourquoi ? Une plus belle bagnole, une plus belle femme, plus de champagne, plus de rêves, plus de « progrès » , pour plus d’insécurité, plus de violence, plus d’excès, plus de revendications, plus de droits, plus de misère. Et toujours plus d’innombrables malheureux.

Les yeux en l’air, la tête dans les étoiles, il cherchait la vie la liberté la vérité. Pour cela il fallait prendre de la hauteur. Mais en fin de compte, il n’a trouvé que lui-même.
Aujourd’hui, du haut de sa pyramide solidement bâtie, il manque d’oxygène et le soleil lui tape sur la tête. C’est à le rendre de fou. Nous méritons mieux.

Ce matin, Pierre se lève sereinement, il boit son café noir, allume une cigarette, puis jette un œil à la fenêtre. Il descend lentement de son immeuble en téléphonant à sa mère dans les escaliers. Dehors l’air est frais et la lumière est douce, il fait une petite halte à la boulangerie pour acheter de quoi déjeuner. Souriant, il se dirige vers les berges du fleuve, puis s’installe sur un banc public. L’endroit ressemble à une petite plage avec de l’herbe à la place du sable. Il se dit que la ville a bien aménagé ce coin, et il n’a pas tort. Assis, le nez en l’air, il croise quelques sportifs courageux qui courent pendant que l’air est respirable.
Un homme à élu domicile juste ici, l’herbe est moins néfaste que les cartons pour son dos.
D’un signe de main, Pierre invite l’homme à partager son déjeuner. Heureux, l’homme s’installe à ses côtés sur le banc. Ils profitent de cet instant pour faire connaissance, et pour le remercier, l’homme lui glisse quelques mots :

« Tu flottes sur l'onde nocturne
La flamme est mon coeur renversé
Couleur de l'écaille du peigne
Que reflète l'eau qui te baigne

Apollinaire
C’est la première fois que vous brisez le cercle qui était le votre n’est-ce pas ? Merci pour le déjeuner. »


Texte n°: 4

Citation :
C’était à O, dans la forêt d’Antant, près des jardins de Milka…

Les villageois endimanchés, qu’elle avait toujours bien traité, festoyaient pour célébrer son anniversaire. C’était une petite femme, d’environ 1m60, menue (AAS référence : cul de 12), les cheveux blancs. Assise dans son fauteuil en osier, elle contemplait ses concitoyens avec bienveillance. Si l’on avait demandé son âge à ces mêmes personnes, aucun d’entre eux n’aurait su répondre, ils l’avaient toujours vu, elle avait toujours été là, elle avait toujours secouru les pauvres et les indigents…

Le manoir de Milka, était entouré par la forêt. Il n’était pas visible de la route, et il fallait bien connaître la région pour y arriver sans encombre. La forêt, sombre et noire, contrastait fortement avec les jardins en fleurs du manoir, petit îlot de vie dans un néant végétal.
Au centre des jardins, le manoir élançait ses tourelles vers le ciel, en un geste de défi.
Les deux ailes semblaient sœurs ennemies : l’une, noircie, à demi écroulée, enlacée dans les lianes, torturée par les siècles et les flammes, aurait pu être la demeure du malin. L’autre, bâtie de pierres blanches, élancée, résistante au fil des ans, donnait à celui qui la regardait, le sentiment de pouvoir y trouver refuge. Au milieu des fleurs, devant la demeure, un puits donnait sa fraîcheur à ce coin de verdure.

La forêt d’Antant était le sujet de moult légendes, toutes plus terrifiantes les unes que les autres, des histoires aussi féériques que maléfiques circulaient sur son compte. Tour à tour attrayante et effrayante, cette forêt entraînait chez le voyageur égaré un sentiment mêlé de curiosité et de méfiance. Les elfes, lutins et autres fées, arbres qui parlent et se déplacent, étaient monnaie courante en ces contrées éloignées. Cette atmosphère magique tenait les villageois à distance, ceux-ci se gardant bien de s’y aventurer. C’est pour cela que la fête avait lieu dans la prairie jouxtant l’église du village…

Le fête battait son plein. De grandes tablées avaient été dressées, chargées de victuailles à partager entre les convives. La viande, les fruits, tout s’étalait à profusion sur les rôtissoires, les étals et dans les plats. L’hydromel, la cervoise et le vin coulaient à flot, entretenant l’ivresse. Ici et là, des groupes chantaient et dansaient. C’était la joie d’un jour de fête où l’on oubliait les tracas de la vie quotidienne.

Au bout du village, venant vers la prairie, une charrue apparue, menée par un paysan, l’air rustre, vêtu de haillons, l’haleine chargée, le visage buriné et le nez patatoïdement rougeau. Il se dirigeait vers la table des notables du village : s’y trouvait le bourgmestre, le notaire, l’apothicaire, le médecin, le curé et Milka… Le vieux bonhomme tortillait entre ses mains sales et cagneuses son couvre-chef, l’air terrifié. « Ola l’Fanfoué, tu nous y rejoins pou’la feste ? » lui cria l’un des convives.

Le pauvre homme, sans répondre, se mit à genou près de Milka, prit sa tête entre ses grosses mains et d’une voix rauque et tremblante, lui dit « mon petit Olive, il a pas reparu depuis qu’il a mené paître le troupeau ce matin. » Le vieux éclata en sanglot, anéanti par l’idée qu’il pourrait avoir perdu définitivement cet enfant qu’il avait si mal su aimé jusqu’à présent…

Petit à petit, un murmure parcouru l’assemblée, la nouvelle se répandit et le silence se fit. Impressionnant, lourd, pesant.
Un sanglot de femme, des regards inquiets sur les enfants, un calme sombre et angoissant…

Il nous faut là préciser que ce n’était pas le premier.
Depuis des années, les disparitions n’étaient plus à compter…
Voyageurs, villageois, enfants, sans distinction aucune, sans prévenir, soudainement, le plus mystérieusement du monde.
Voulez-vous savoir ce qu’il pouvait se passer dans la forêt d’Antant ? Faites-vous partis des sceptiques que les contes de fées laissent de glace… ?

Il s’était laissé par mégarde envahir par ses pensées, marchant comme un somnambule sur les chemins, suivant un papillon, une fleur, une couleur, une odeur…
La lueur du soleil qui se jouait de lui à travers les feuilles.
Il était comme ensorcelé par cette forêt qui l’attirait, et il marchait sans prendre garde au temps qui s’écoulait. Le chant des oiseaux rythmait ses pas, pulsant comme le cœur vivant de la forêt.
Les elfes et les fées dans leur jeu l’avaient entraîné, sans qu’il ne pût résister, jusqu’à finalement déboucher dans cet endroit enchanteur que personne n’aurait imaginé.
« La demeure de Milka » pensa-t-il à voix basse, il en avait si souvent entendu parler…
Il admirait le tapis de fleurs printanières qui s’étalait sous ses pieds nus et remarquais devant la maison un puits. La soif l’assaillit et il ne pensait plus qu’à boire.

Un trouble apparut dans le puits, déplacement concentrique de l’eau autour d’un tout petit point, élément perturbateur de cette surface si paisible.
Un point noir, profond, sombre comme une tâche d’encre de chine sur un cahier d’écolier.
Un point, cerclé de bleu, azur, comme la pureté d’un ciel d’été.
Lui-même prisonnier d’un bigarro d’albâtre rougit par les larmes qui se noyaient dans l’eau du puits. Un œil, un tout petit d’œil d’enfant, ceint d’un autre cercle, d’une teinte indéfinissable, passant par le noir, le bleu, le violet, le vert olive… Olive… Cette tâche au milieu d’un visage d’enfant, se reflétant dans le puits...


Il s’essuya les yeux, trempa les mains dans le puits, se rafraîchit le visage et se décida, résigné, à rentrer.


Texte n°: 5

Citation :
Il était minuit. La pleine lune éclairait la colline d'une lueur lugubre, diffusant sa pâle lumière à travers un rideau de nuages. Tout était calme. Exceptés peut-être quelques animaux nocturnes, profitant de clarté inhabituelle pour déguster les pattes de quelques rongeurs dodus et trop aventureux. Exceptés également quelques hommes en état d'ébriété quittant la taverne du coin pour rejoindre leurs chaumières, chantant des airs paillards à tue-tête. Et exceptées surtout trois demoiselles qui dansaient nues autours d'un feu, prononçant d'étranges mots.

- Huglu balabu clapété, chanta la première, une mince jouvencelle à la chevelure de feu.
- Bak huna kadavir, clama la seconde, une adolescente plus boulotte dont l'acné peinait à quitter le visage.
- Sedur flud kolir, murmura la troisième, une blonde plus âgée.
Terminant leur danse, elles s'asseyèrent sur l'herbe humide et observèrent le feu qui crépitait, dissipant les ombres de la nuit.
- L'est pas censé se passer quelque chose là ? demanda la première.
- M'semble que les flammes étaient censées devenir vertes, ou quelque chose comme ça. M'ont l'air tout à fait oranges là. Ptèt un peu bleues par endroit.
- Silence, leur ordonna la troisième, laissez-moi vérifier dans le grimoire.
- C'est pas un grimoire, se moqua la première, c'est "La sorcellerie pour les nuls" ...
- Taisez-vous. Voilà : "Pour invoquer le démon Moth Amôn ; Par une nuit de pleine lune, allumez un feu au sommet d'une haute colline. Préparez le sacrifice au centre d'un cercle de pierres, dansez autours du feu et prononcez la formule magique en annexe B-3.
- On n’était pas obligés de se déshabiller en fait ...
- C'est pour faire plus sorcières, les sorcières ça danse nue sous la pleine lune, c'est tout. Si on veut être reconnues officiellement comme le cercle des sorcières de Grimouille-roi-sur-Lette, faut qu'on fasse sorcières.
- Pourquoi un cercle, demanda la boulotte, on est trois, on devrait plutôt être un triangle non ?
La blonde soupira et se plongea dans ses pensées, essayant de comprendre pourquoi le rituel ne fonctionnait pas.
- Notre sacrifice n’était peut-être pas assez conséquent, proposa la rousse.
- Pourquoi ? Ils sont super bons les sandwich thon-mayonnaise de ma mère. Elle a mis une rondelle de tomate en plus.
- Alyssa n'a pas tord, reprit la blonde ...
- Sandrine ...
- Chut, qu'est-ce que je viens de te dire a propos de faire sorcières ? C'est vrai qu'on essaye d'invoquer un seigneur démoniaque, il faudrait peut-être revoir notre offrande à la hausse.
- J'ai un paquet de chewing-gums dans mon sac. Peut-être que les démons aiment faire des bulles, proposa Alyssa.
- Il me reste deux euros du déjeuner. Tu crois que l'euro a cours dans les dimensions des ténèbres Drusilia ?
- Bah je sais que les démons sont avides de richesses en tout cas, répondit la blonde. Mettez tout ça avec le sandwich.
Les deux filles s'exécutèrent, disposant les offrandes autours des toasts généreusement garnis, puis se rassirent.
- Et maintenant on fait quoi ? demanda Alyssa.
- On attend et on se tait, lui souffla Drusillia.

Il ne se passa rien pendant vingt bonnes secondes. Puis, soudainement, le feu se mit à changer. Les flammes crépitèrent, devinrent de plus en plus grandes avant de prendre une teinte vert pâle inquiétante. Les demoiselles, effrayées, retinrent leur souffle, à la fois intimidées et excitées par ce qui se déroulait devant leurs yeux. Puis, ce fut l'explosion. Un souffle puissant jaillit du centre du foyer, projetant un nuage de poussières et de fumée opaque. Les apprenties sorcières toussèrent et fermèrent les yeux, étouffées par les vapeurs nauséabondes. Quand elles les ouvrirent a nouveau. La fumée et le feu avait disparus. A l'endroit où se trouvaient auparavant les flammes se dressait une étrange petite créature. Courte sur pattes, humanoïde tout en étant faite de formes très rondes, elle dégustait tranquillement le sandwich au thon, émettant de petits bruits de mastication désagréables. Elle avait des lèvres énormes, de petits nasaux étroits et ses grands yeux globuleux lui donnaient un air résolument stupide.
- B'soir, leur dit-elle, d'une petite voix aigue.
- Euh ... bonsoir, lui répondirent-elles en coeur d'une voix mal assurée.
- C'pourquoi, demanda-t-elle d'un ton impatient.
- Pourquoi quoi ? demanda Drusillia.
- Bah, vous m'avez invoqué non. Les flammes, les formules, les signes, l'offrande, tout ça, c'était pas pour une danse folklorique je suppose ?
- Vous êtes Moth Amôn ? demanda la deuxième sorcière (baptisée Antica pour l'occasion) d'une voix dissimulant difficilement son étonnement.
- Ben oui, c'est bien moi que vous invoquiez non ?
- C'est que, commença Alyssa, on vous immaginait plus grand, du genre quatre bons mètres de haut quoi ...
- ... avec de grandes dents pointues et tout, poursuivit Antica.
- ... et peut-être quelques tentacules avec de grosses griffes au bout, finit Drusillia.

Le démon soupira, puis avala la dernière bouchée de son sandwich avant d'entamer son paquet de chewing-gums.
- Ah, ces jeunes. Vous imaginez un peu le bordel quand on fait quatre mètres de haut pour trouver un appartement dans la dimension des ténèbres ? L'aurait fallu que je paye une taxe supplémentaire pour les habitations de grande taille, sans parler du coût des terrains avec cette putain de crise du logement. C'est pas avec des conneries de sacrifices à deux euros et un sandwich que je vais pouvoir me payer ça.
- Et un packet de chewing-gums, ajouta timidement Alyssa.
- Et vous pensez que c'est pratique les tentacules griffus pour travailler ? poursuivit la créature sans lui prêter attention. Et comment je ferais pour mâcher sans risque de me déchiqueter la gencive avec des chicots de trente centimètres de long ?
- Pardonnez notre impertinence, ô démon, lui dit Drusillia qui avait retrouvé son assurance, venons-en a ce qui nous préoccupe.
- Je vous écoute.
- Il y a cette prof, mademoiselle Blaatheschrümpf, elle nous cherche des ennuis depuis le début de l'année. Ce serait bien s'il pouvait lui arriver un accident, si vous voyez ce que je veux dire.
Le démon secoua tristement la tête.
- Ah, ces débutantes, soupira-t-il d'un air de mépris.
- Quoi ? s'exclamèrent les trois filles à l'unisson.
- Vous auriez pu vous documenter un minimum. Je ne suis pas un démon qui blesse des gens ou les tue, je suis le démon des petits désagréments.
- C'est quoi, un démon des petits désagréments ? demanda Antica.
- Ben vous savez, quand par exemple vous sortez de chez vous et que vous constatez que vous avez oublié les clés sur la table de la cuisine, ou quand vous sortez de la douche et que vous vous rendez compte qu'il n'y a plus de serviettes propres, ou alors encore quand vous lisez un livre et que le vent tourne les pages et vous fait perdre votre passage. Eh bien tout ça c'est moi.
- Oh, soupirèrent les sorcières.
- Bon ben je vais prendre congé moi, désolé de ne pas avoir pu vous être utile, le sandwich était bon en tout cas.
Et il disparut dans un petit "pouf" ridicule accompagné du "clac" d'une bulle de chewing-gum venant d'éclater.
Déçues, les trois adolescentes se rhabillèrent et rentrèrent chez elles.
Le lendemain en classe, mademoiselle Blaatheschrümpf cassa quatre fois sa craie au tableau, mais elles ne touchèrent plus jamais à la sorcellerie.


Texte n°: 6

Citation :
Cercles,
--
Profane


Sur une tombe inscrit
Un chant, une mélopée
Un cercle, la vie.


La pierre engravée
D'un espoir, d'une mélodie
Chantant la vie et l'après.
Deux cercles, l'infini.


Saches voyageur
Paysan, sage ou dément,
Que sa fraîcheur,
Son parfum lancinant
Sera ta dernière demeure.
--
Premier contact,


Flottant bien à l'abri
Né d'une étreinte et de rancœur
Une secousse, un bruit
Te voilà catapulté à l'extérieur.


Les mains rêches du docteur,
Au contact froid de l'acier tu gémis,
Te manipulent sans douceur.


L'air s'engouffre dans tes poumons
La lumière t'aveugle
La tête résonne de son
De toute tes forces tu beugles,
Ah tu n'es vraiment pas mignon
Petite chose rose et fripée
Qui ne doit la vie qu'a un caisson.


Laissons le là pour un moment...
--


La vie est ainsi faite
En grandissant il faut
Concéder la défaite
Ou subir, en porte-à-faux
La rougeur d'une mine défaite
Et en avant, l'école attend.
--
Grandir


On dit que grandir c'est subir
Mais grandir seul est il pire
Que l'atonement désiré
Par les mioches attroupé,
Ignoré des adultes pépères.
Finalement il eu mieux valu
Grandir seul que solitaire.
--
Magie


Nul besoin d'invocation,
de vierge ou de sang,
En chacun de nous vis un démon.


Nul besoin d'évocation,
De livres ou de chants,
En chacun de nous vis un dragon.


Nul magie en ce monde ne les garde enchainés
En mon sein. Dans mon cœur
Réside les créatures des profondeurs,
À mon âme noire liés.


Ces êtres soumis, encerclé de volonté,
Peu m'importe tes prières et sanglots
Aveugle au péril tu les a réveillé
Pour ce fait Mortelle tu seras châtiée.
--
Travail


Les années ont passée
Les filles et les pays ont défilé
Les souvenirs et la poussière se massent
Mais l'appartement reste vide
Remplit de fantômes et d'écho.
L'absence caractérise la vie
D'avion en avion sautant
Franchissant le vide de sa vie
Le petit homme à grandit.
--
Relatives


La famille est un poid
Qui s'allège avec les années
Quand on reste seul en tout cas
Car la plupart veulent l'augmenter
Seul les amis la voient prospérer
Si comme moi, il suivent la voie
De l'humanité.
--
Fin.


Seul il a vécu, seul il est resté
D'un accident il est né
Il a bien vécu, bien malgré
Les autres, les humains
Mais un accident est si vite arrivé
Il le sait.
L'avion vole sans incident
Ainsi caracole le pélican
L'oiseau du réacteur
fait sa dernière demeure
L'avion s'unit à l'océan dans
Une étreinte dépourvue de chaleur.
--
Epilogue


Nul ne sait ce qu'il advient
Quand nous passons le pont
Le cercle de la vie est passé


Je vous laisse le soin d'imaginer
Le cercle de mort, la vie à venir.


Texte n°: 7

Citation :
Une feuille parvient miraculeusement à la messagerie privée de La Clef, miraculeuse car il semble évident qu’elle a effectuée à plusieurs reprises le trajet d’un bureau à la panière destinée à disparaître, pliée, déchirée, truffée de ratures et de tâches

Disparue, ma vie est un enfer.

J’ai, ne riez pas ! J’ai … des manies vis-à-vis des banalités. Dans l’univers médical, ils appellent cela des T… des T… Rah ! Il ne s’agit pas ici évidemment de bégaiements, c’est justement un exemple flagrant de l’handicap, il faut le dire, l’handicap de ma vie.
Des TIC, rah presque pas de TAC c’est sûr ni TIC TAC d’un mécanisme bien huilé, TAC TIC peut être, déstabilisant le plus habile des stratèges. Bref je suis pétri de réflexes maniaques, très amusants vus de l’extérieur mais extrêmement pénible à vivre de l’intérieur.

Des récits ? Afin d’échafauder des thèses farfelues sur ma petite vie, être le sujet de faits étayés et authentifier une bien pénible vérité. Cependant je laisserai le lecteur arrêter lui-même un avis.

Allez ! Je me lance, je me jette à l’eau, un exemple immense celui-ci, à la tête d’un véhicule arrivé au cercle des Champs Elysées de Paris –lui et bien d’autres par ailleurs- je l’effectue en intégralité, il est impératif que je le réalise en entier avant de prendre l’avenue incriminée, vital dirais-je ! Imaginez le même cirque, chaque cercle d’un itinéraire minutieusement évité, malheureusement la tendance du siècle, c’est d’en disséminer à chaque artère, deux misérables départementales perpendiculaires et pan, un minable architecte du bitume décide les travaux nécessaires de ces maudits cercles ralentissant mes déplacements, je préfère le train au final.

Autre exemple de ma vie mutilée ? Des achats dictés et précis : un cadran carré afin de lire l’heure (vive la technique et l’affichage digital), des fermetures éclairs aux manteaux, chemises, jeans et autres vêtements, scratch aux chaussures de rigueur et ainsi de suite. Pas de cahier à spirales, de bagues, CD, DVD même les K7, de préservatifs (navré mesdames), de pièces (heureusement il y a la carte bancaire), de parapluie (vive la capuche) …

Le dernier achat utile et devenu indispensable, c’est la canne ! Pas que je claudique, hein ? Mais c’est mieux que de m’arrêter à chaque pneu de véhicule (même une bicyclette, c’est dire !) et d’effectuer un cercle sur ce dernier avec l’index dessinateur, la canne s’avérant à l’usage plus discrète. Marcher dans la rue est d’ailleurs devenu un calvaire : pneus divers (bus, bicyclette, landau, patin, …) messages publicitaires gavés à plusieurs reprises de cette lettre maudite, las panneaux signalétiques circulaires (sens interdit …) et j’en passe.

Il devient évident au vu de cette liste étayée, peu exhaustive, que le lecteur averti saisira l’immense intérêt que j’attache à vivre tel un reclus dans l’appartement récemment acquis.

Je le sens, j’attise l’intérêt, çà brûle d’impatience, quelle en est la cause ?

Une femme. Aussi simple et banal que cela mais aux yeux … Des yeux aussi magnifiques que les siens c’était inhumain. Chaque réveil était rythmé par un rite immuable et intense, de l’index gauche puis l’autre, dessiner ces cercles parfaits sur ces paupières fermées, attendant avec frénésie qu’elles s’écartent révélant ce magnifique bleu des mers du Sud, instants magiques tant rêvés et vécus d’une palpitante vie à deux brisée dans l’élan, elle n’aimait guère cette impulsivité cyclique. Ces instants magiques tant aimés à jamais perdus, vivre dans un passé éternellement ressassé de réflexes maladifs afin de remplacer le vide laissé par cette femme. Six années maintenant qu’elle est partie, à elle le cercle vertueux et parfait face au cercle vicieux de mes néfastes manies.

Imaginez ma stupeur à la lecture du sujet de La Clef. Etait-ce délibéré de sa part ? Je sens que je m’égare et qu’en plus de mes manies une autre maladie apparaît. Il me reste au final ce rite diablement handicapant et l’incapacité d’aller plus avant dès que surgit cette lettre maudite, une atteinte à ma vie privée, cette lettre est à l’évidence un échec patent. Espérant vivement que ma requête puisse être entendu, je demande instamment le retrait pur et simple du sujet de La Clef.

Merci d’avance.


Texte n°: 8

Citation :
Hounga Hounga...

Le signe du clan. Il faut faire la différence avec Hoünga hoünga.
Mais je vous passerai les détails.

Cette oeuvre dont je transmet l'existence, est transmise par voie orale depuis la nuit des temps.

Le secret. Immuable,discret, se perpétue, rien ne l'arrête.

Imaginez seulement, que de part la volonté d'une seule personne le plus grand secret de l'humanité peut disparaître.

Je cesse donc ce monologue.

Pour vous relater, mot pour mot, la création.

Hounga Hounga. Deux fois. Le compte est bon.
La tribu de nomade dont mes ancêtres faisaient partis, revenait de la chasse, et ce signal indiquait qu'ils ne revenaient pas bredouille.

Elipse, le fils du chef du village, dont les cheveux étaient mélangés "naturellement"d'après ses dires avec de la glaise, avait toutefois une mauvaise nouvelle.

Ils ont tué un mammouth ! SACRILEGE. Les mammouths, ces dieux divins ne doivent pas être attaqués sous peine du courroux des cieux.
Une fois, le feu c'était abattu sur la terre après cette offense.

Il faut cacher ce meurtre. Le premier mensonge de l'histoire...
Toutes les traces laissées par ma tribu omettes cet élément. Peinture sculpture. Seule la parole a survécue.

Elipse, remua tant bien que mal ses cheveux empâté de terre, pour expliquer le problème aux siens.

"Il faut évacuer le dieu avant la nuit. Sinon ils nous verront de parts leurs yeux lumineux".

Ni une ni deux, les hommes n'étant plus présents au campement, un groupe de jeune mené par Elipse se hâta de rejoindre les adultes.
Une fois sur place ce spectacle répugnant les fit vomir. Sauf Elipse.

Le mammouth était énorme. Et gris. Incroyable détail qui ne pouvait s'expliquer que de part son importance dans la caste des mammouths.

Les hommes avaient commencé à le découper. Le sang semblait former une rivière.
Toutefois comment déplacer tant de viande avant le coucher de la grande lumière...

Elipse, dont son nom vous a déjà révélé la solution. Trouva.


L'ennemi de la grande lumière sont les petites lumières...c'est en cherchant auprès des dieux que nous trouverons la solution.

Pour contrer les dieux de la nuit, il décidé d'imiter le dieu de la lumière.
Ni une ni deux, il l'imita. Deux rondins de bois, un tibias en guise de charnière.

La roue était crée. Le mal était caché.


Texte n°: 9

Citation :
Et c’est l’alcool encore une fois qui amena son réconfort. Mathieu avait bu quelques bières, quelques excellentes bières venues de Belgique, quelques whiskies aussi. Mais au final tous les alcools étaient bons ; même la vodka qui gèle l’âme, celle qui frappe et qui violente, cette vodka qui mord et qui glace. Mathieu avait tout de même préféré la chaleur du houblon doré, qui éclairait l’air de manière étrange. Car c’était une lumière qui modifiait sa perception. Désormais il n’était plus dans ce lieu, ni a ce moment, la vitesse s’était accélérée, l’alcool avait modifié le temps : « Aujourd’hui tout s’accélère, demain, qui sait, tout s’arrêtera. » Les mots coulèrent et s’embrouillèrent dans son esprit. Les alcools commencèrent à se mêler, ils formèrent une pièce autour de lui. Et rien ne pouvait arrêter ce cercle qui se refermait ; lentement les murs se rapprochèrent. « Le temps s’arrête, tout simplement ».
Mais une fille s’approcha et bouscula sa réflexion. Pour lui, lorsque une personne entre dans cet espace, plus rien ne compte, excepté le plaisir, et le bonheur de ce moment de sérénité. Ce moment qui s’étend inlassablement dans cette petite pièce où, à deux, on a pu se recroqueviller. C’était le bonheur ; et tous les excès devenaient une réalité insouciante qui les embrassait et les entraînait loin de là, à l’extérieur, sans normes, sans contraintes, sans conséquences, sans réalité. Le bonheur à l’état pur, à deux, réunis par le hasard d’une liqueur ambrée qui les éclairait intimement sous une nuit étoilée.


« Pourquoi les étoiles se rapprochent ? » Zélia se posait tant de questions. Que faisait-elle près de ce lac ? Où était-elle d’ailleurs ? Pourquoi l’herbe ne cessait de se dérober sous ses pieds ? Au fond, elle ne cherchait plus les réponses, elle ne cherchait même plus à se retenir. Elle buvait, voila tout. Car plus rien n’avait de sens, l’herbe, le lac, les sous-bois, tout était flou, gris, terne, incompréhensible, intouchable et inapprochable. Et puis il y eût une forme noire devant elle, une forme qui l’attirait inexorablement. Un centre de gravité, avec de nouvelles règles et un nouveau départ, un nouveau système qui l’aspirait. Elle ne comprenait plus, mais elle se logea contre sa poitrine et, presque contre son gré, elle l’embrassa. Il se laissait faire. Ses lèvres avaient un goût de miel, un peu sucrées et pourtant un peu amères. Elle y logea sa langue. Et bientôt ce nouveau monde se renversa, les étoiles s’éloignèrent rapidement, les arbres s’envolèrent : il ne restait plus que le sol, ce doux oreiller de mousse qui les accueillit. « Qui est-il ? Qu’importe. » Avec ce corps, avec ce sol, elle s’était faite une nouvelle chambre, un lieu qui ressemblait à son enfance. Un lieu de sécurité, de fraîcheur, de nouveauté, de mystère. Un anneau de calme à l’abri de la tempête extérieure.


« Pourquoi partir ? Pourquoi revenir dans cette fade réalité ? » Mathieu se demandait pourquoi il devrait sortir de cette pièce qu’ils avaient construite ensemble après quelques verres. Là où ils s’étaient rencontrés, enlacés, embrassés, délaissés. Il n’y vit aucune raison, rien ne l’obligeait à partir. « Je ne veux pas.» Ils reprirent quelques gorgées et laissèrent l’alcool les encercler. Lui, il pensa surtout qu’il ne fallait pas que ça s’arrête, mais pourtant, tout deux eurent consciences que quelque part, il y avait une limite : trop c’était finir dans une cage, c’était finir écrasés par des murs trop resserrés, c’était finir par être séparés et laissés seuls dans le néant, seuls dans un océan de douleurs muettes. Et pourtant le petit cercle se réduisait inlassablement. Ils pouvaient vomir, se rafraîchir, bouger, rester impassible ou fixer de toute leur volonté un point immobile, comme une dernière limite à la douleur. Mais tout ça ne changeait rien, car bientôt ce sera la souffrance qui parcourra leur corps, et se seront des spasmes qui se propageront dans leur chair… Cependant, ils restèrent là, ils burent quelque peu, encore… Ils pensèrent que tout les obligeait à s’arrêter : le matin, la fête, la réalité, les douleurs, la souffrance, la peur, la crainte ; que tout cherchait à empêcher leur bonheur. Et insouciants, ils préférèrent la douleur d’une solitude partagée à la souffrance d’une foule terrorisée. Et ils burent encore, lui s’échappait, elle refusait ; ils énoncèrent clairement qu’ils avaient tort. Puis, ils s’oublièrent, ils oublièrent les autres et leurs mauvais jugements ; et, dans une extase partagée, ils se séparèrent du monde et de la vie. Chacun souffrait dans son petit cercle, chacun cherchait l’absolu, cette condition déjà effacée sous les traces d’une réalité renaissante, qui n’avait ni goût, ni buts, ni attraits. Ils s’éloignaient. Plus loin.
__________________
Je vous dis comment je perçois la vie. Comment elle vient à moi. Parfois, elle s'appelle Micheline, parfois Germaine mais cela reste la vie.

Xenaph
Bon textes lu, certains moins en détail que d'autre, une question de style sans doute. En tout cas j'aime beaucoup l'histoire des petites sorcières (le 5), et quelque chose me plait également dans le dernier.

Je suis surprit qu'il y ait autant de textes et relirais cela demain à tête reposée.
Et on peut avoir le nom des auteurs, ou par soucis de neutralité, on doit se contenter des œuvres ? ( Ceci dit en passant, mon vote est fait [6] et le 3, me plait aussi pas mal )

Le succès du 1 me laisse perplexe sans vouloir offenser son auteur .

'Fin, bref, c'est de la belle verve globalement.
Citation :
Publié par [Todos !] Elmo
Le succès du 1 me laisse perplexe sans vouloir offenser son auteur .
Je suis d'accord, l'histoire est intéressante mais je trouve le style bancal.
Citation :
Publié par john_rimbo
Le fait que ce soit le premier doit jouer, les gens ont ptèt la flemme de lire les autres, imo faudrait laisser quelques jours aux gens pour lire avant de pouvoir voter

J'ai pensé la même chose...

Citation :
Je suis d'accord, l'histoire est intéressante mais je trouve le style bancal.
Oui mais on dirait une intrigue de feuilleton fantastique de France 2 pendant l'été.
( toujours sans vouloir offenser son auteur hein )
Citation :
Publié par TabouJr
Depuis l'Ex Libar 15, les votes n'étaient plus anonymes.

Qu'est-ce qui a motivé le retour aux votes anonymes ?
Même question, ça évitait le vote de compte fake. Ou alors, laissez l'anonymat mais mettre le sondage accessible qu'avec un peu d'ancienneté.
L'organisateur de l'Ex Libar étant le gagnant de l'édition précédente, ce ne sera pas toujours La clef et ce ne sera pas toujours un modo.

Maintenant, je ne vois pas trop où est l'abus à demander ce qui a motivé le changement, et les remarques d'Ed me paraissent tout sauf "abusées".

@en dessous : Rien ne me choque. J'observe juste que depuis l'Ex Libar 15, les votes n'étaient plus anonymes. Comme ils le sont redevenus, je demande pourquoi. En ce qui me concerne, que ça soit anonyme ou pas ne me choque ni ne m'inquiète, ça me rend juste perplexe, d'autant plus que rares étant les votants qui commentent, l'identité des votants pouvaient être intéressante pour les auteurs. Ed suggère que le non anonymat des votes avait des avantages et semble aussi s'interroger sur les raisons du passage aux votes anonymes. Ni lui ni moi ne sommes choqués, je pense, on demande juste.
Citation :
Publié par TabouJr
L'organisateur de l'Ex Libar étant le gagnant de l'édition précédente, ce ne sera pas toujours La clef et ce ne sera pas toujours un modo.

Maintenant, je ne vois pas trop où est l'abus à demander ce qui a motivé le changement, et les remarques d'Ed me paraissent tout sauf "abusées".
Jusqu'à la 9ème ou 10ème édition, ça a toujours fonctionné comme ça. Je ne vois pas ce qui vous choque...
J'ai une théorie du complot, comme quoi l'auteur du 1er texte aurait soudoyé La Clef pour passer l'Ex Libar en Anonyme afin de faire voter 12 comptes fakes...

Alors La Clef !! Combien il a payé ?!

ok ! je ressors...
Citation :
Publié par [Todos !] Elmo
Oui mais on dirait une intrigue de feuilleton fantastique de France 2 pendant l'été.
( toujours sans vouloir offenser son auteur hein )
Ok, mais j'ai lu le début et la facon d'écrire m'a bien plus gêné que l'histoire en elle même. J'ai scanné la suite, il y a comme un problème de rythme.
M'enfin bon... on dirait que l'on conteste déjà...
Moi ce sont les category mistakes et expressions sans aucun sens qui me perturbent

Citation :
Kallie ne sentait pas le danger qui courait derrière elle.
Citation :
Quel parfum de mort collera le mieux à sa triste besogne?
Citation :
la terreur lui avait coupé la gorge
Tu comprend rien rimbo a l'art, c'est des formules de style et tout et pis ça a un sens profond...

...

Ouais bon c'est vrai que ça est du la belle fautes d'expression.

Edit : S'mieux la ?
Citation :
Quel parfum de mort collera le mieux à sa triste besogne?
Perso j'aime bien celle là, ca me fait penser au Parfum...
Le reste ok.

En fait en plus des votes des téléspectateurs par SMS il faudrait un jury du staff JoLien n'ayant pas participé à l'édition. Le tout afin d'avoir un gage de neutralité.
Je ne pense pas que la situation soit due à une utilisation de fake, mais plutôt d'amis ou juste parce que le texte est en premier.
Ou alors c'est qu'il a des qualités entre insectes que nous sommes incapables de percevoir.

Bon retour au boulot, a pluche.
Citation :
Publié par TabouJr
Depuis l'Ex Libar 15, les votes n'étaient plus anonymes.
Qu'est-ce qui a motivé le retour aux votes anonymes ?
Une erreur.

J'ai cherché à la corriger hier mais le sondage une fois posté, il semble qu'un modérateur ne puisse plus le modifier. Je vais voir si Doudou a des pouvoirs d'administration supplémentaires.

Si on ne peut rien faire, je proposerai la solution suivante: que les votes se fassent au sein d'un message, dans le fil lui-même. Cela permettra, en plus, qu'ils soient quelque peu argumentés. Je me demande même si cela ne pourrait pas être retenu pour les éditions suivantes.
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