A la télévision ce soir

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Quand Arte rediffuse, après la première diffusion en prime time, c'est toujours en VO. Quand ils diffusent la nuit, quoi, comme pour Gerry. Je sais pas s'ils imaginent gagner des spectateurs en passant des VF, mais moi ça me fait fuir (surtout que moi je les ai en allemand).
C'est mal de me provoquer comme ça sur Elephant, j'voulais aller manger de la charcuterie peu fine et au lieu d'ça je vais vous parler tambouille.

Pour Deleuze et l'image machin, non. Nous sommes ici en pleine image temps. Le temps pour le temps, des situations optiques et sonores pures, plus rien n'est moteur. Même l'acte de barbarie n'est la conséquence d'aucun autre évènement.


Nous parlions de ce film avec le jeune Dandal juste après être tombé par hasard sur l'Elephant de Clarke. Et les similitudes entre les deux films sont vraiment frappantes, beaucoup plus que ce à quoi je pouvais m'attendre. Pourtant c'est bien leur différences qui vont m'intéresser. Un peu comme quand Gus va nous reproduire quasiment à l'identique Psycho, l'intérêt se trouve dans les différences.

La réalisation de Clarke, décomposée en mini saynètes détachées, vacille entre des situations purement optiques et d'autres typiquement encrées dans le mouvement :alternance rythmique des parties différenciées, des dimensions relatives et des actions convergentes (imaginez deux types marcher l'un vers l'autre, plan sur le premier, puis le second, puis le premier, et ainsi de suite en accélérant jusqu'à la rencontre et action finale).

Gus Van Sant a pour sa part évacué tout le montage classique pour ne récupérer que la froide réalisation des scènes purement optiques et sonores de manière a s'inscrire dans la thématique de sa trilogie. Là où Clarke nous prépare parfois via le montage à une confrontation, chez Vans Sant les personnes tuées/tueurs sortent toujours de nulle part, d'un coup d'un seul.
Autre différence notable, chez Clarke tout est anonyme, aucun dialogue, que des lieux neutres. Alors que Van Sant nous situe l'action dans un évènement historique bien connu des spectateurs, et va même jusqu'à plus ou moins lier les personnages les uns aux autres. C'est finalement ces deux derniers points qui m'emmerdent le plus dans l'affaire.

C'est pourquoi Gerry reste mon préféré de tous. Et même s'il s'en va reprendre un fait divers, ce dernier reste parfaitement inconnu.
Il se détache de tout contexte. Le nom des personnages ainsi que le désert ne font qu'accentuer l'affaire.
Bref, il reste pour moi le plus pur des trois et sûrement le plus réussi.

C'est comme ça qu'il faut faire du cinéma !
Elephant est un bon film, mais il tire vraiment beaucoup trop en longueur. En résumé, l'idée est bonne, la réa pas à la hauteur, à mon sens. Il fait très contemporain, mais vraiment trop diffus, car trop long, ça gâche.
Je suis bien d'accord avec vous.
Arte est casse burnes avec sa nouvelle manie de grignoter les VOs.
Et Gerry est un chouette bon film.

Oui, je m'ennuyais.. me suis dit que deux trois banalités allaient passer un peu de mon temps..
Il était en multi-canal hein.

(Suffit de switch avec la touche NICAM machin chose.)
(Et d'avoir le télétexte quand on sukse un peu de l'anglais, comme moi. :< )

Editation : Ma vieille télé doit avoir plus de 10 ans, et ça fonctionne.
Citation :
Publié par Lullabies
Il était en multi-canal hein.
Bah pour ceux qui ont une très vieille télé ca nous fait une belle jambe le bicanal ...
Surtout qu'avant, sur ce foutu câble, on avait déjà la fonction pour passer en vo alors que maintenant on peut tout juste passer du français à l'allemand.
Ha il est beau le progrès !
Citation :
Publié par bou
Pour Deleuze et l'image machin, non. Nous sommes ici en pleine image temps. Le temps pour le temps, des situations optiques et sonores pures, plus rien n'est moteur.
Et ben disons que je suis pas du tout d'accord et que comme j'ai la flemme d'en dire plus ça fait de toi le grand vainqueur d'une tringle à rideau
Citation :
Publié par Kelis
En résumé, l'idée est bonne, la réa pas à la hauteur, à mon sens.
Je me disais exactement l'inverse. Un fait divers bien réalisé. Pas de scénario construit, mais une caméra agréable, qui donne envie de rester devant l'écran.

Au final je sais pas trop quoi en penser.
Tiens, moi aussi je vais donner mon avis sur Elephant que j'ai vu pour la première fois sur Arte.

Cette manière de filmer détaché et neutre est intéressante, un éloignement qui a provoqué chez moi une tension qui montait au fur et à mesure du déroulement du film m'attendant ensuite au final qui finirait par trancher, avec la violence inattendue, et c'est là que j'avoue avoir été un peu déçu.

Certes cette violence glacée fait froid dans le dos (ouais je marche sur les plates bande de Kerloken), cette absence de raison rend cette tuerie encore plus injustifiable mais justement tout cet éloignement rend difficile l'immersion vis à vis des personnages tout de même et ce malgré une image de grande qualité. Il y a un début de réponse avec la scène des boulettes qui sont lancés sur Eric ou Alex (je ne sais plus lequel d'ailleurs) mais ça s'arrête là.

Bref un bon moment de cinéma mais un peu frustré quand même.
Ce soir donc Gerry à 22h30 en VO !!

Sinon bon je vois bien que tout le monde s'organise pour me forcer à donner mon avis.

La force d'Elephant c'est justement de ne donner que très rarement de l'image temps et surtout de ne jamais tomber dans le piège du temps pour le temps.
Une fois entendu que le "résultat" final est connu à peu près de tous il n'y a aucun intérêt à jouer la carte du suspens et de l'attente ... au contraire.
Si je devais résumé en une expression ce serait en disant que loin de ressentir la durée et l'avènement de la fin j'ai plutôt eu l'impression d'être devant un gigantesque aquarium (spa péjoratif évidement).
On va me sortir la carte de la subjectivité qui justifie tout mais non, clairement Elepehant est un voyage à l'intérieur d'un espace relativement clos articulé autour des mouvements qui servent à explorer une gigantesque pause dans le temps.

[Pour prolonger sur Deleuze faut quand même pas oublier l'une des thèse fondamentale de Bergson cité par Deleuze.
Prenont le cas du verre d'eau avec un sucre dedans... Bergson nous dit que dans l'ensemble verre/eau/sucre il se produit mouvement de particule du sucre vers l'eau (Deleuze y ajoute la cuillère) ... il y a donc translation.
Mais il y a aussi (et surtout) changement d'état de "eau + sucre" à "eau sucrée" ... comme dit Deleuze "ce que Bergson avait compris au delà du mouvement c'est la vibration"... le mouvement entraîne des changement dans le tout.
Et c'est ça que je trouve fulgurant dans Elephant cette mise en scène d'une vibration, d'une pulsation organique (règne du mouvement là ou l'inorganique favorise l'image temps entre parenthèse).]

Et les personnages qu'invente Van Sant (parce que autant on peut douter de leur coté "inspiré de faits réels" au début, autant à l'arrivée on s'en fout) servent justement à créer des lignes de mouvements (de translation) dans cet espace et dans ce temps.
Ce qui pourrait faire croire à de l'image temps c'est que finalement Van Sant crée ses perso sur un mode existentialiste, il place un point de départ (existence) et les projette (un sorte d'essence kwa) ... mais c'est oublié que le temps empêche pas l'image mouvement !
C'est l'autre super théorie de Bergson :
Citation :
beaucoup plus profondément (...) le mouvement dans l'espace est une coupe temporelle du devenir ou de la durée.
(je développe pas désolé mais c'est fulgurant le type repense le temps comme une matière !!)
Et voila ce que fait Van Sant qui malgré une coiffure atroce est donc bien doué du coup.

Plus sérieusement pour moi l'intérêt se situe donc pas dans l'enchaînement ni les conséquence (décidément pas de constat morale ni même de justification) j'y voix une entreprise quasi spenglerienne de mise en scène d'une forme qui vie avant de se casser la gueule.

Et sinon à midi je vais manger des endives ... ah merde pardon je me laisse emporter par l'illusion que mon avis intéresse quelqu'un
Ha tu me fais plaisir ! Je ne suis pas d'accord, mais tu me fais plaisir.
J'espere récupérer internet ce soir pour avoir l'occasion de te répondre.
(Oui je n'ai plus internet, donc plus de télé non plus, et je n'ai même pas acheté mon Celine. Chienne de vie.)

Sinon moi ce midi c'est saucisson.
En même temps gaffe ... d'abord le problème c'est pas tant l'image-temps que de parler de temps pour le temps.
Le temps pour le temps c'est comme l'art pour l'art c'est de la merde ... d'où confuse quand je capte une insulte dans ce qui semble plutôt une approche positive du machin.

Accésoirement tout comme l'image mouvement empêche pas le temps elle empêche pas l'image temps.
Comme dit Deleuze :
Citation :
On va atteindre un nouveau type d'images qu'on va appeler images du temps. Là, pour nous, les questions se précipitent. Pourquoi les appeler images du temps et non pas images-temps ? Si on obtient des images du temps à partir des images-mouvement, ce sont forcément des images du temps. Pourquoi ? Parce qu'elles sont obtenues indirectement. Elles sont obtenues par la composition d'images-mouvement. D'où la question de savoir s'il n'y a pas d'autre conditions où on atteindrait à des images-temps directes ? Une image du temps directe, je pourrais l'appeler une image-temps. Mais en tant que j'appréhende le temps à partir et en fonction de l'image-mouvement, je peux seulement dire que c'est une image indirecte du temps. C'est une image du temps que j'obtiens par la composition d'images-mouvement, et après tout, ça semblait être une définition, parmi bien d'autres, du montage dans le cinéma, à savoir nous appelions montage la composition des images-mouvement telle, qu'en sorte une image indirecte du temps. Nous ne savons pas si les images-temps directes existent, mais si elles existent, elles se grouperont sous le titre général de chronosignes.
Ce qui change rien à mon avis sur Elephant mais bon je peux comprendre une autre vision.
Merde j'ai perdu ce que j'avais écrit. Bon bah c'est repartit.

Je disais donc que l'expression « le temps pour le temps » peut à raison paraître très conne, voir plus. Ce que je voulais maladroitement appuyer via cette douce idiotie c'est que la thématique de la trilogie de Van Sant reste bel et bien le temps. Il n'y a par exemple qu'à regarder, ou plutôt écouter, la musique de Gerry pour s'en rendre compte. Apres tout on ne peut choisir Arvo Part par hasard. Si les indices sont multiples, ils le sont selon moi encore plus dans sa réalisation.


A propos d’Elephant, là où je suis en désaccord avec toi c'est sur la classification de ses images, temps ou mouvement.
Cette histoire peut paraître de la branlette pour pas mal de personnes. Mais il faut se dire que ça permet de mieux appréhender l’intention première, le traitement et notre réaction vis-à-vis du film. Et puis on s’en branle, ton avis m'intéresse, j'imagine et espère que c’est réciproque et qu’il ira pourquoi pas intéresser un voir deux autres paumés.

Il est très juste de dire que l'on peut avoir des pointes d'image temps dans l'image mouvement, même si pour ce cas précis ce n’est en rien révélateur de l’utilisation d'un schéma global de l’image mouvement. Au passage je ne saisi pas trop pourquoi tu associes le suspense et l’attente à l’image temps puisqu’ils sont finalement des résultantes de l’image mouvement qui exploite le temps. L’image temps ne cherche pas une seconde à créer une tension dans l’attente d’un évènement, elle ira d’ailleurs traiter cet événement final comme un non évènement (c’est ce qui rend la chose si froide dans Elephant). Mais peut être que ta comparaison portait alors sur ce fameux « temps pour le temps », dans ce cas là je suis d’accord.


Ce que j’aime dans ton image d’aquarium (ne pas lire screen saver) c’est l’idée de flottement, de voyeur, tourner en rond.

Si la globalité du lieu est identifiée, clos comme tu dis, Gus Van Sant s’évertue pourtant à nous perdre dans les couloirs. Il cherche a rendre ces espaces quelconques et ne les exploite qu’indirectement via la promenade.

J’avoue que ta vision organique de la chose m’interpelle, mais je n’arrive pas à y adhérer. Pour moi les ensembles ne réagissent pas les uns aux autres, aucun schème sensori-moteur, tout juste des situations optiques, de l’errance. Finalement la seule interaction se trouve être la mort : mort des personnages et photographie (photo, mort, Barthes, tout ça…)(ouais j’ose timidement, mais n’hésite pas à me reprendre).

La translation des personnages comme tu en parles implique forcement que nous nous intéressions au point A de départ ainsi qu’au point B d’arrivée, à la transformation et donc au changement d'état de "eau + sucre" à "eau sucrée". Si chaque translation des personnages s’était ponctuée par un évènement tel qu’une mort nous aurions en effet été dans le schéma que tu décris, dans un schéma sensori-moteur. Or dans Elephant le mouvement ne crée aucun état nouveau.

Rappelons nous de ce que Deleuze nous raconte sur l’image-temps :

Citation :
Il se passe quelque chose dans le cinéma moderne qui n'est ni plus beau, ni plus profond, ni plus vrai que dans le cinéma classique mais seulement autre. C'est que le schème sensori-moteur ne s'exerce plus, mais n'est pas davantage dépassé, surmonté. Il est brisé du dedans. Des personnages pris dans des situations optiques ou sonores, se trouvent condamnés à l'errance ou à la balade. Ce sont de purs voyants, qui n'existent plus que dans l'intervalle de mouvement et n'ont même pas la consolation du sublime, qui leur ferait rejoindre la matière ou conquérir l'esprit. Ils sont plutôt livrés à quelque chose d'intolérable qui est leur quotidienneté même. C'est là que se produit le renversement : le mouvement n'est plus seulement aberrant, mais l'aberration vaut pour elle-même et désigne le temps comme sa cause principale. "Le temps sort de ses gongs" : il sort des gongs que lui assignaient les conduites dans le monde, mais aussi les mouvements du monde. Ce n'est pas le temps qui dépend du mouvement, c'est le mouvement aberrant qui dépend du temps. Au rapport, situation sensori-motrice -> Image indirecte du temps, se substitue une relation non localisable, situation optique et sonore pure -> image directe du temps.
Van Sant nous propose donc un labyrinthe spatial, un ordre chronologique brisé, une narration libérée de tout enchaînement sensori-moteur, des personnages condamnés à l’errance ou la balade.


Et là, je suis super content de partir en réunion pour écouter des ingé parler de trucs totalement incompréhensibles. J'vous laisse.
Gerry est un film de désert. Pas énormément de plus. On frise la supercherie, mais il réussit à l'éviter. Enfin, c'est le but du film de montrer une sorte de "panne" dans le caractère qui passe à l'écran, je suppose.

Vous me direz ce que vous en pensez.
Si je taille dans le vif en frôlant la quote war ça donnerait ça
Citation :
Publié par bou
la thématique de la trilogie de Van Sant reste bel et bien le temps.
N'ayant pas encore vu Gerry ni Last days je peux difficilement juger et certainement pas nier.
Dans l'ensemble les images que j'ai pu voir de Last days sont en tout cas plus portées sur l'image-temps mais en tout cas dans Elephant justement, sans nier l'importance du temps, je pense pas que ce soit "le" thème ... pour moi c'est surtout la vie et la mort.
Citation :
Mais peut être que ta comparaison portait alors sur ce fameux « temps pour le temps », dans ce cas là je suis d’accord.
Oui c'était ça... le temps pour le temps ce serait le time code dans le coin et la musique en crescendo.
Citation :
Si la globalité du lieu est identifiée, clos comme tu dis, Gus Van Sant s’évertue pourtant à nous perdre dans les couloirs. Il cherche à rendre ces espaces quelconques et ne les exploite qu’indirectement via la promenade.
Il s'agit pas d'identifier à proprement dit mais d'imposer certaine limites dans le tout (ouais c'est interdit par Deleuze mais tant pis).
Pour le coté quelconque même si je le trouve plus lié au fond (la banalité de l'horreur comme dit plus haut) qu'à la forme je suis totalement d'accord.
De même pour la promenade... mais pour ce qui est de se perdre pas vraiment... je pense par contre que l'idée est de donné un certains vertige ... par le mouvement.
Accésoirement, j'ai pas eu l'occaz de le revoir peut être donc que c'est juste dans mon souvenir que ces mouvement sont essentiellement centripète donc disons que j'ai rien dit
Citation :
Pour moi les ensembles ne réagissent pas les uns aux autres, aucun schème sensori-moteur, tout juste des situations optiques, de l’errance. Finalement la seule interaction se trouve être la mort : mort des personnages et photographie (photo, mort, Barthes, tout ça…)(ouais j’ose timidement, mais n’hésite pas à me reprendre).
Sans réagir les uns par rapport aux autres encore une fois l'idée est que le tout est composé d'éléments mais aussi de relations entre ces éléments. Les éléments n'agissent donc pas entre eux mais leur existence elle même induit une relation. Et par définition le mouvement entraîne forcement le bouleversement du tout ... ça peut paraître too much (ouais faut avouer quoi) de présenter les choses comme ça mais à mon avis c'est la dessus que se base la sensation organique.
D'ou l'idée d'aquarium, de fourmilière etc etc
Citation :
La translation des personnages comme tu en parles implique forcement que nous nous intéressions au point A de départ ainsi qu’au point B d’arrivée, à la transformation et donc au changement d'état de "eau + sucre" à "eau sucrée". Si chaque translation des personnages s’était ponctuée par un évènement tel qu’une mort nous aurions en effet été dans le schéma que tu décris, dans un schéma sensori-moteur. Or dans Elephant le mouvement ne crée aucun état nouveau.
Ben comme le dit Deleuze une suite de forme (A..B) enchaînée ce n'est finalement que faire du mouvement sans le faire exprès (le mouvement se fait dans votre dos).
Parce qu'encore une fois il ne faut surtout pas pensée uniquement le temps de manière linéaire (avec cause et conséquence) mais comme de la matière dans lequel chaque mouvement (j'insiste) est une coupe temporelle ... un "échantillon" de durée.
Là ou il y a je crois effectivement surgissement d'image temps c'est à mon avis dans cette somme d'image mouvement.
Reste que contrairement à toi il me semble assez clair que les mouvement se mêlent et se bouscule les uns les autres... rien que la scène ou le photographe prend le blond en photo et la fille passe derrière lui.
Citation :
Rappelons nous de ce que Deleuze nous raconte sur l’image-temps
Et je suis d'accord avec deleuze (genre ).
Citation :
Van Sant nous propose donc un labyrinthe spatial, un ordre chronologique brisé, une narration libérée de tout enchaînement sensori-moteur, des personnages condamnés à l’errance ou la balade.
C'est là qu'il y a finalement la seule différence de point de vue.
Abscence de schème sensori-moteur ... je peux pas adhérer à mon tour.
La camera est bien trop mobile, même si elle est quand même invisible il y a ce regard vaquant, indépendant et détaché.
Encore une fois j'y voit une vraie "sensation de mouvement" globale, loin des purges manifestes d'un Ozu, loin du règne de l'inorganique qui obligerait le temps à contaminer l'écran (sauf dans l'ouverture sur le ciel et même sur la voiture).
A mon avis Van Sant ne substitue jamais le rapport situation sensori-motrice -> Image indirecte du temps et je pense pas que l'errance et la ballade suffisent à faire pencher la balance. Bon c'est quand même très bien évidemment justement parcqu'on est a fond dans le sublime... le coté beau et horrible à la fois.

Bref il en faudrait pas beaucoup pour que je tourne ma veste puisqu'encore une fois il y a grâce à ces mouvement reconstruction d'un temps ou plus exactement d'une durée.
On est d'accord sur A et B je crois pas sur le parcours entre les deux !
Et puis sur le fait que c'est un très beau film.

Par contre j'ai pas pigé la référence à Barthes
Citation :
Publié par PH34R Darkmore
La caméra est bien trop mobile, même si elle est quand même invisible il y a ce regard vaquant, indépendant et détaché.
Encore une fois j'y voit une vraie "sensation de mouvement" globale, loin des purges manifestes d'un Ozu, loin du règne de l'inorganique qui obligerait le temps à contaminer l'écran (sauf dans l'ouverture sur le ciel et même sur la voiture).
Il m'est également toujours difficile d'imaginer une caméra mobile dans un schéma image temps. J'ai du mal à m'y faire puisqu'en bon élitiste je ramène toujours l'affaire comme tu dirai aux purges manifestes d'un Ozu. Meme si dans notre cas nous sommes dans une série de plans séquence, ce qui change pas mal la donne.

Pourtant quand je lis Deleuze nous raconter que les travellings de Resnais opèrent aussi une temporisation de l'image et forment une image temps directe. " Plutôt qu'un mouvement physique, il s'agit surtout d'un déplacement dans le temps " Avec à l'appui des films tels que L'année dernière à Marienbad. Alors ça m'intrigue. Et c'est encore pire quand il rajoute dans ses cours (et pas forcement dans le livre) :
Citation :
Publié par Deleuze
(...)ça n'empêche pas que dans beaucoup de cas, il n'y a pas plan fixe, pas plan séquence, il y a du mouvement, mouvement aussi bien de la caméra que mouvement saisi par la caméra. Oui, il y a mouvement, mais ce qui est important c'est lorsque le mouvement est réduit au jeu des images optiques sonores, peut-être est-ce que l'image alors, quoiqu'elle soit affectée de mouvement pour son compte, mais ce n'est plus du tout le même mouvement que dans le schéma sensori-moteur, peut-être que alors ces images optiques et sonores, même en mouvement, entrent fondamentalement en relation avec un autre type d'images qui, lui, n'est plus image-mouvement.


Sinon la référence à Barthes est la suivante.

En 1865, le jeune Lewis Payne tenta d’assassiner le secrétaire d’Etat américain, W.H.Seward.
Alexander Gardner l’a photographié dans sa cellule : il attend sa pendaison.

http://img513.imageshack.us/img513/5669/elkins31n4hx6.jpg
Alexander Gardner – Portrait de Lewis Payne (1865)
[size=2]
Citation :
Publié par Barthes ([/size]La Chambre claire, Note sur la photographie)
La photo est belle, le garçon aussi :
c’est le studium. Mais le punctum
c’est : il va mourir. Je lis en même
temps : cela sera et cela a été ;
j’observe avec horreur un futur
antérieur dont la mort est l’enjeu (…)
la photographie me dit la mort au
futur.
Ce qui me point, c’est la
découverte de cette équivalence.
(…) Devant la photo de ma mère
enfant, je me dis : elle va mourir : je
frémis (…) d’une catastrophe qui a
déjà eu lieu. Que le sujet en soit déjà
mort ou non, toute photographie est
cette catastrophe. (…) C’est parce
qu’il y a toujours en elle ce signe
impérieux de ma mort future, que
chaque photo, fût-elle apparemment
la mieux accrochée au monde excité
des vivants, vient interpeller chacun
de nous. »
(j'ai laissé quelques barbarismes, mais je pense que ça reste compréhensible malgré tout)

A mon humble avis l'utilisation de la photographie n'est pas anodine chez Van Sant. Le tissus narratif est suffisamment faible pour que chaque élément ai son importance. Quand l'idée m'est venue je me disais que c'était tout d'même sacrement farfelu, mais puisqu'après quelques recherches je ne semble pas être le seul à avoir ressentit la chose... Alors voila, je partage mes impressions.

Prenons par exemple cette scène centrale et peut être clef où l'ont voit Michelle commencer à courir sans raison (apparente) au moment où Elias prend en photo John qui se donne une claque sur la fesse. On y retrouve les trois points de vue de Barthes, le sujet, le photographe et le spectateur (en gros). Et nous avons une réaction du spectateur disproportionée.
Enfin vous voyez ou je veux en venir, mais ça me semble toujours tellement farfelu que je ne préfère pas m'embêter à développer plus que cela !
L'idée ne bouge pas, le seul contact entre les différents ensembles reste toujours la mort.


http://img513.imageshack.us/img513/1509/elephant06qh0.jpg



Par contre et au passage, il est amusant de voir que le jeu vidéo auquel jouent les deux tueurs se passe dans un désert ou il faut tuer des gens anonymes habillés d'un pull noir avec une grande étoile centrale. Ca devrait vous rappeler un certain film qui passe en ce moment même, bon film à tous !
Marrant j'ai fait exactement la même focalisation sur le Photographe ... mon coté mono-maniaque sans doute.
Mais honnêtement j'ai plié ça un peu rapidement derrière une figue un poil godardienne .... dans le sens hommage au cinéma primitif comme dans Les carabiniers.
Ajouté à une façon pour Van Sant de se mettre dans le film à travers un artiste (empathie avec les personnages et avec le drame "réel")
M'enfin l'idée de Barthes est intéressante j'ai été un peu vite ... surtout qu'avec Elephant on est en plein dans le punctum je trouve.

Sinon histoire de noyé le poisson Deleuze je dirais quand même que le gars est un peu chat-foin quand il dit qu'il ne fait qu'un taxinomie des images ... c'est à la fois plus que ça et même pas ça ... du coup difficile sans doute de classer scrupuleusement les images.

Enfin bref ce soir Clean d'olivier Assayas à 20h40 en VO
Bah Assayas j'ai vu Paris s'éveille récemment (encore sur Arte) et j'ai aimé mais sans plus.
Par contre un type qui a livré avec Irma Vep un film honnête, autocritique et touchant (un "film d'auteur français" qui n'en est pas un quoi) ne peut être totalement mauvais... rien qu'avec ce film quand je pense réal français d'aujourd'hui je pense Assayas.

Ah et j'ai vu Gerry mais j'en dirais pas mieux parce que bon hein ça suffit.
Juste un truc
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Selon des potes à moi Gerry/Affleck n'existerait pas !!
Perso ma vision du film a été biaisée par le fait que j'avais ça en tête dès le départ donc je trouve effectivement que ça marche mais à votre avis ?
Plus précisément c'est la scène du rocher qui joue ... il n'a pas pu grimper sur le rocher et pourtant il y est !

Mais en même temps vous me direz il conduit la bagnole au debut (mais bon on peut faire ce qu'on veut au ciné).

M'enfin l'idée d'un voyage initiatique dans le désert pour se débarrasser d'un double c'est marrant je trouve.... adolescence toussa ?
Assayas a fait plein de bons films (Fin Août Début Septembre, et même Demonlover). C'est un bon gars, avec un beau discours sur le cinéma. Je regarderai sans doute Clean.
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Pour ma part je dirai qu'il s'agit de la meme personne. Deux facettes d'un meme personnage qui se revellent l'une à l'autre. Puis ca va avec le coté marche initiatique à travers le desert et tout ca.
Ou sinon on peut dire que c'est juste deux types qui se perdent dans le desert et que t'y vois ce que tu as envie d'y voir !


Ha non Dandal, tu n'es pas honnête. Enleve Connie Nielsen de Demonlover et dis moi ce qu'il en reste ! Coquin.
Ce soir à 20h40 sur Arte, le plus grand film du monde : Rio Bravo d'Howard Hawks. C'est de là que vient mon avatar, tiens. Il y a John Wayne, Dean Martin, Ricky Nelson, et la sublime Angie Dickinson.

RioBravo.jpg

Un gang terrorise une petite ville, Rio Bravo, qui vit sous sa coupe réglée. Le shérif, John T. Chance (John Wayne, mais c'est aussi le pseudonyme que prendra plusieurs fois John Carpenter pour faire le montage de ses films), met en place une équipe de bras cassés pour chasser ces voyous hors la ville. S'ensuit un véritable siège du bureau du shérif.

La bande-annonce.

Que dire ? C'est probablement le film d'action le plus influent de tous les temps. Les remakes cachés sont légions (Assaut de Carpenter, Aliens de James Cameron, 300, Zombie...), c'est un modèle total d'un point de vue filmique. Mais la plus grande force de ce film, au milieu d'une virtuosité totale (Yannick Dahan expliquait hier dans Opération Frisson la difficulté qu'il avait à décortiquer le cinéma de Hawks, tant chaque plan semble évident, parfait, imparable), c'est l'humanité qui s'en dégage.

http://www.citecinema.com/Histoire-Du-Cinéma/Genres-Cinematographiques/Le-Western/Rio-Bravo.jpg

Il y a de l'humour (Hawks n'a jamais voulu se prendre trop au sérieux, et prend un malin plaisir à faire passer la statue du Commandeur John Wayne pour un nigaud qui ne sait pas s'y prendre avec les femmes), il y a des chansons magnifiques (personnellement, sans doute ma scène préférée au cinéma), il y a des personnages d'une beauté sidérante (Dean Martin joue un alcoolique qui veut raccrocher pour se prouver qu'il n'est pas un moins que rien, Ricky Nelson un jeune morveux qui veut devenir un pistolero...), c'est écrit, filmé, monté à la perfection...

Il s'agit là d'une véritable leçon de grammaire cinématographique. Pour ceux qui veulent comprendre ce qu'est le cinéma de genre (et aussi la "petite forme" au sens de Deleuze) doivent voir ce film, il englobe tout ou presque. Pour comprendre l'Amérique, aussi, ça aide beaucoup d'avoir vu ce film.

Je vous boude si vous ne le regardez pas.

Allez, une chanson à pleurer pour la route :

La plus belle scène de tous les temps.
Je développerais pas sur Rio Bravo mais juste pour dire que sur Arte y'a aussi :
Citation :
19h00 Morricone dirige Morricone
(Allemagne, Italie, 2005, 43mn)
Réalisateur: Giovanni Morricone
Interprète: Chor des Bayerischen Rundfunks


Dirigés par Ennio Morricone, l'orchestre et le choeur du Bayerischer Rundfunk interprètent ses plus grands succès.

Ennio Morricone est l'un des premiers compositeurs à avoir mélangé musique orchestrale, musique pop et techniques d'avant-garde. Il a signé les bandes originales de films aussi célèbres que Il était une fois dans l'Ouest, Il était une fois en Amérique, Mission, Les incorruptibles... À l'automne 2004, il s'est produit pour la première fois en tant de chef d'orchestre, dirigeant l'orchestre et le choeur du Bayerischer Rundfunk dans quelques-unes de ses compositions les plus célèbres. Un "Maestro" avec des extraits de films commentés par le compositeur.
Ouais mais nan va po être possible, pasque sur F2 ya Troy et que mass tri-shot à la 2H >> *
En plus c'est de la culture qd meme: c'est avec Homer ( pas Simpson, l'autre, .. les noobs quoi )

Bon sérieux , le western même culte... mouais quoi.
Pis bon j'ai du mal avec John Wayne irl ( oué je sais l'Oeuvre =/= l'Artiste toussa..).

Sinon Morricone iroxx faut avouer.
Citation :
Publié par Darkmore
Je développerais pas sur Rio Bravo mais juste pour dire que sur Arte y'a aussi :
Wai, et j'suis deg' a mort. J'ai tout loupé.

(Et pas de podcast'machin sur arte.fr. :/ )
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