Si je taille dans le vif en frôlant la quote war ça donnerait ça
Publié par bou
la thématique de la trilogie de Van Sant reste bel et bien le temps.
N'ayant pas encore vu Gerry ni Last days je peux difficilement juger et certainement pas nier.
Dans l'ensemble les images que j'ai pu voir de Last days sont en tout cas plus portées sur l'image-temps mais en tout cas dans Elephant justement, sans nier l'importance du temps, je pense pas que ce soit "le" thème ... pour moi c'est surtout la vie et la mort.
Mais peut être que ta comparaison portait alors sur ce fameux « temps pour le temps », dans ce cas là je suis d’accord.
Oui c'était ça... le temps pour le temps ce serait le time code dans le coin et la musique en crescendo.
Si la globalité du lieu est identifiée, clos comme tu dis, Gus Van Sant s’évertue pourtant à nous perdre dans les couloirs. Il cherche à rendre ces espaces quelconques et ne les exploite qu’indirectement via la promenade.
Il s'agit pas d'identifier à proprement dit mais d'imposer certaine limites dans le tout (ouais c'est interdit par Deleuze mais tant pis).
Pour le coté quelconque même si je le trouve plus lié au fond (la banalité de l'horreur comme dit plus haut) qu'à la forme je suis totalement d'accord.
De même pour la promenade... mais pour ce qui est de se perdre pas vraiment... je pense par contre que l'idée est de donné un certains vertige ... par le mouvement.
Accésoirement, j'ai pas eu l'occaz de le revoir peut être donc que c'est juste dans mon souvenir que ces mouvement sont essentiellement centripète donc disons que j'ai rien dit
Pour moi les ensembles ne réagissent pas les uns aux autres, aucun schème sensori-moteur, tout juste des situations optiques, de l’errance. Finalement la seule interaction se trouve être la mort : mort des personnages et photographie (photo, mort, Barthes, tout ça…)(ouais j’ose timidement, mais n’hésite pas à me reprendre).
Sans réagir les uns par rapport aux autres encore une fois l'idée est que le tout est composé d'éléments mais aussi de relations entre ces éléments. Les éléments n'agissent donc pas entre eux mais leur existence elle même induit une relation. Et par définition le mouvement entraîne forcement le bouleversement du tout ... ça peut paraître too much (ouais faut avouer quoi) de présenter les choses comme ça mais à mon avis c'est la dessus que se base la sensation organique.
D'ou l'idée d'aquarium, de fourmilière etc etc
La translation des personnages comme tu en parles implique forcement que nous nous intéressions au point A de départ ainsi qu’au point B d’arrivée, à la transformation et donc au changement d'état de "eau + sucre" à "eau sucrée". Si chaque translation des personnages s’était ponctuée par un évènement tel qu’une mort nous aurions en effet été dans le schéma que tu décris, dans un schéma sensori-moteur. Or dans Elephant le mouvement ne crée aucun état nouveau.
Ben comme le dit Deleuze une suite de forme (A..B) enchaînée ce n'est finalement que faire du mouvement sans le faire exprès (le mouvement se fait dans votre dos).
Parce qu'encore une fois il ne faut surtout pas pensée uniquement le temps de manière linéaire (avec cause et conséquence) mais comme de la matière dans lequel chaque mouvement (j'insiste) est une coupe temporelle ... un "échantillon" de durée.
Là ou il y a je crois effectivement surgissement d'image temps c'est à mon avis dans cette somme d'image mouvement.
Reste que contrairement à toi il me semble assez clair que les mouvement se mêlent et se bouscule les uns les autres... rien que la scène ou le photographe prend le blond en photo et la fille passe derrière lui.
Rappelons nous de ce que Deleuze nous raconte sur l’image-temps
Et je suis d'accord avec deleuze (genre
).
Van Sant nous propose donc un labyrinthe spatial, un ordre chronologique brisé, une narration libérée de tout enchaînement sensori-moteur, des personnages condamnés à l’errance ou la balade.
C'est là qu'il y a finalement la seule différence de point de vue.
Abscence de schème sensori-moteur ... je peux pas adhérer à mon tour.
La camera est bien trop mobile, même si elle est quand même invisible il y a ce regard vaquant, indépendant et détaché.
Encore une fois j'y voit une vraie "sensation de mouvement" globale, loin des purges manifestes d'un Ozu, loin du règne de l'inorganique qui obligerait le temps à contaminer l'écran (sauf dans l'ouverture sur le ciel et même sur la voiture).
A mon avis Van Sant ne substitue jamais le rapport situation sensori-motrice -> Image indirecte du temps et je pense pas que l'errance et la ballade suffisent à faire pencher la balance. Bon c'est quand même très bien évidemment justement parcqu'on est a fond dans le sublime... le coté beau et horrible à la fois.
Bref il en faudrait pas beaucoup pour que je tourne ma veste puisqu'encore une fois il y a grâce à ces mouvement reconstruction d'un temps ou plus exactement d'une durée.
On est d'accord sur A et B je crois pas sur le parcours entre les deux !
Et puis sur le fait que c'est un très beau film.
Par contre j'ai pas pigé la référence à Barthes