Au secours du Temple

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Ils remirent le sceau comme prévu, puis Félis alla vérifier si sa monture se portait bien avant de la caresser un peu, histoire de la rassurer avant le départ.
Chacun vacant à ses préparatifs, La caravane semblait prête à partir. Alors que Félis se tenait au coté d’Aërandis, un homme portant un long manteau gris ainsi qu’une épée bâtarde accrochée dans son dos s’avança vers eux.
«Je me nomme Djokan. Je vous ais aperçu lorsque votre ami le halfelin m’a présenté le sceau. Je viens de parler avec notre employeur. Bien que j’ais des doutes concernant votre efficacité, ce n’est pas moi qui décide. Il parait que vous avez pas mal voyagé, vous aussi ? au moins, on ne s’ennuiera pas au coin du feu.»
Le ton était sincère bien que le personnage respirait le cynisme à cent mètres. Il tendit une main à Félis.
Visiblement, cet homme ne plaisait pas à la monture de Félis. Ou peut être, comme certain le croyaient, que l'hermine comprenait le langage des hommes et qu'elle n'appréciait pas du tout les paroles du mercenaire. Dans tous les cas, l'animal retroussa légèrement ses babine, dévoilant ainsi de longue canines bien affûtée, et se mit à grogner à l'adresse de l'homme. Il ne restait plus qu'à prier qu'Aërandis ne fasse pas une petite poussé d'agressivité, qui risquerait bien de coûter sa vie au mercenaire.
Serrant l’avant bras de Félis à la manière des guerriers, il jeta malgré tout un regard inquiet à l’hermine.
«Je ne crois pas. Je tenais juste à m’assurer que notre employeur n’avait pas engagé deux débutants de plus. Si votre réputation est justifiée, Félis, nous devrions nous entendre. L’itinéraire n’est pas vraiment risqué mais nous passerons près du Grand Marais. Il y a un risque sur ce segment de route. Des bandes de gobelinoides et de brigands, rien que l’on ne puissent gérer.»

Désignant Aërandis, il ajouta :
«Dois-je considérer ceci comme votre monture ou comme votre garde du corps ? Certaine rumeurs disent qu’il fut humain autrefois mais on dit aussi que vous sortez des Abysses, que vous avez affrontés des vampires et d’autres histoires de taverne, donc dans le doute… »
Félis fit lâcher son bras d'un geste brusque à l'homme. Puis d'un ton aussi sec, de ses yeux menaçants, elle lui répondit.

-Je vous prie de ne pas me toucher, nous n'avons pas gardé les moutons ensemble à ce que je sache. Il pourrait vous en cuire.

Tout en avançant, presque à lui marcher sur les pieds, elle continua, le doigt presque à lui poignarder la poitrine.

-Sachez ensuite que je ne suis pas une vulgaire "donzelle" qu'on peut aborder au coin de rue. Que vous me faites confiance ou non, que m'importe, on est ici pour le même travail alors tenez vos distances! Quant à ma réputation, elle ne tient guère mieux qu'à un fil. Avez vous déjà observer la mort dans les yeux, sentit la douleur dans votre chair? Quant aux rumeurs, faites en votre pesant d'or si vous le souhaitez et ne dénigrez plus jamais mon compagnon de route. Il a sacrifié déjà bien plus que vous ne le croyez.

Puis, elle se calma et avec un sourire presque cynique avant de reculer.

-Autre chose?
Les yeux écarquillés face une réaction aussi brusque, Djokan recula d'un pas instinctivement.
"Heu...non...ce sera tout"
Avec une guerrière aussi susceptible, ils auraient des problèmes, c'était certain.
C'était surtout l'allusion au fait qu'elle soit une "donzelle" qui l'avait surpris: il avait usé de la manière traditionnelle pour saluer un collègue.
D’un haussement d'épaule, il s'en alla chercher les deux autres mercenaires à la taverne.

"Il est un peu frustre et sarcastique dans ses paroles, mais on peut lui faire confiance"
La voix appartenait à l'un des marchands.
"Nous allons partir d'un moment à l'autre. votre ami a déjà pris place au coté du chariot de tête."
-Bien...

Elle rabattit sa capuche sur son visage. La guerrière avait fortement changée, comme si elle ne supportait plus la présence de quiconque, encore moins celle des hommes. La confiance ne faisait plus parti de ses registres apparemment. Elle se contenta de s'occuper du cheval et de l'hermine et attendit le départ, sur le qui-vive.
La caravane se mit en route, les six chariots avançant en cahotant dans les rues d'Eauforte. Après plusieurs heures de voyage, alors que le jour déclinait, le convoi fit halte. Cette première journée ayant été tout sauf épuisante, la dizaine de marchands et serviteurs décidèrent de veiller tard. Ils auraient l'occasion de somnoler demain sur le chemin.

Djokan s'approcha de Félis et Ronulf, suivit par les trois autres mercenaires.
"Il nous faut nous mettre d'accord sur les tours de garde. Même si nous sommes encore trop proche d'Eauforte pour redouter une attaque, je préfère ne pas courir le risque. J'ai déjà posé un glyphe d'alarme sur le plus important des chariots mais je ne peux pas faire mieux. Ludwic et Bjorn, ici présent, se sont proposés pour prendre le premier tour. Des volontaires pour la suite ?"
Lorsque le mercenaire était venu voir Félis et Ronulf, l'hermine n'était plus là. D'ailleurs, personne dans la caravane ne l'avait vue. Mais Félis ne doutait pas, elle savait très bien où se trouvait l'animal. Les maigres rations distribuées ne suffisait pas à nourrir Aërandis, il était donc probablement parti chasser. Comme à son habitude, il devrait être de retour avant le lever du jour, et même s'il n'était pas là, il ne tarderait pas à les rattraper. Après tout, il n'y avait vraiment aucune raison de s'inquiéter pour quelqu'un qui avait survécu au corps à corps face à un balor, il était fort peu probable qu'une créature des environs puisse être assez puissante pour causer le moindre dommage à l'hermine.
-Aucun problème en ce qui concerne les tours de garde pour ma part, indiquez moi seulement mon ordre de passage. A moins que je ne le choisisse moi-même.

Les pensées de Félis allaient ailleurs, à Secomber. Quels événements vont-ils être confrontés? Est-ce qu'elle trouverait une solution pour Aërandis?
"Bien, Je prendrai le dernier avec Ronulf, vous prendrez le deuxième tour avec Vefur. Verfur ?"
Un Nain à la barbe blonde hocha la tête, les mains appuyées sur sa hache d’arme.

Voyant l'air absent de la semi dragonne, Djokan l'interpella à son tour, d'un ton digne d'un sergent.
"Felis ? vous êtes avec nous ? Le deuxième tour est pour vous. Et rappelez votre monstre, il sera plus utile aux pieds des chariots qu'à gambader en forêt."
-Sachez que mon "monstre" comme vous le dites, était un valeureux scalde qui a vaincu à lui-même un balor, alors un peu de respect si-ce-n'est-pas-trop-vous-demander gamin. Si vous voulez quelque chose de lui, allez le lui demander. Quant à mon tour, je n'y vois pas d'objection.
Djokan fronça les soucis mais ne répondit rien. Il n'avait certainement pas envie de partir à la recherche de l'Hermine et encore moins d'avoir à la ramener sans une solide escorte. courageux mais pas téméraire...


La nuit s’écoula lentement, la situation tendue entre Félis et le mercenaire étant éclipsé par la bonne humeur des marchands, lesquels ne lésinaient pas sur la boisson. Après avoir avaler leur ration, les voyageurs se préparèrent pour une nuit de repos, tandis que, par groupe de deux, ils montaient la garde. Les deux premiers mercenaires, Bjorn et Ludwic, de jeunes guerriers inexpérimentés, s’acquittèrent de leur tâche sans mal. Scrutant l’obscurité, ils attendirent patiemment l’heure de la relève pour réveiller l’humaine et le nain.
« M’dame, c’est vo’t tour. Réveillez vous »
Félis ne dormait que d'un sommeil très léger dû à sa paranoïa active, elle était déjà prête à prendre le tour, harnachée jusqu'aux dents. Quiconque aurait attaqué le camp qu'elle aurait été la première à le défendre. Sa Faux dégainée en main, elle arpenta les lieux autour, gardant toujours un oeil au moindre élément suspect et sur son compagnon de garde si quelqu'un s'avisait à chercher à le faire disparaître discrètement puis elle avec.
Au même instant, aux abords de la forêt, à quelques lieux au nord, Zorgan observait les lueurs du feu de camp. Ces voyageurs stupides croyaient pouvoir traverser le territoire du Grand Zorgan, Puissant chef de guerre devant qui tous s’inclinaient, sans payer un tribut ni même lui rendre hommage ?? Zorgan était fort, Zorgan était grand mais Zorgan n’était certainement pas magnanime !! Il interpella l’un de ses subordonnés :
« Hurf !! Toi, là !! va dire à Hordes Valeureuses et Invincibles qu’on lève le camps. Demain, nous chasser l’humain. »

Le subordonné hocha la tête et recula tout en baissant les yeux… avant de les lever au ciel d’exaspération.
Les "Hordes Valeureuses" consistaient en tout et pour tout en une trentaine de gobelins et une dizaine d’orcs, dont Zorgan était le chef. Sa position, il la devait à la force de ses coups, certainement pas à sa jugeote ou à son courage.
Hurlant d’une voix criarde à travers le petit campement, le gobelin réveilla ses camardes, prenant soin de rester à distance des orcs.
La nuit se déroula sans problème, même si le nain sembla piquer du nez plus d'une fois. alors que l'Aube approchait, Djokan s'éveilla pour prendre son tour de garde. Il s'approcha de Ronulf, le secoua légèrement jusqu'à ce qu'il entende un grognement, avant de se diriger vers Félis, laissant le nain, déjà à moitié endormi, s'écrouler de sommeil.
"quelque chose à signaler ?"
-Pas grand chose, pour l'instant.

Félis alla regagner sa place, épuisée. Elle prépara, machinalement, avec soin sa couchette, réflexe de civilisation de Château-Suif. Elle s'y pelotonna, tel un chaton, mais l'arme à portée de main, la lame cachée sous l'oreiller. Puis, elle sombra dans le sommeil, seul instant où on ne pouvait la différencier d'une femme normale.
Une fois qu’il fut certain que la guerrière soit assoupie, Djokan s’approcha de Ronulf.
" Ronulf ? Je doute que nous subissions une attaque alors que Lathandre se lève déjà. J’aimerais en savoir plus sur votre amie. J’ai remarqué qu’elle n’était pas tout à fait humaine et la présence d’une Hermine géante à ses cotés me pousse à m’interroger d’avantage sur sa fiabilité. Si la moitié des rumeurs qui courent sur elle sont vrai, elle doit être quelqu'un de très dangereuse…aussi bien pour ses ennemis que ses amis. Vous pourriez m’en dire plus ? "
Ronulf, qui était encore passablement endormi mis du temps à comprendre la question.

- Hein ? Quoi ? Qui, Félis ? Oh, elle était encore pire avant l'histoire du Temple des 8000 quelque chose. Elle a encore du sang de Dragon qui coule dans ses veines certes, mais avant qu'elle et Aërandis (l'Hermine si vous préférez) ne se battent contre un Balor, elle avait aussi du sang de démon ! Belle et dangereuse je vous dis ! Mais ne vous en faite pas, Fröhnir, la soeur de Mëryl, celle que Félis à sauvé à cette occasion m'a raconté qu'on lui avait raconté que durant le combat elle avait définitivement perdu son côté démoniaque.

Ronulf bailla.

- Remarquez, ça ne l'empêche pas d'être redoutable. Je dois même avouer que parfois elle me fait un peu peur... si vous voyez ce que je veux dire...
Hochant la tête, Djokan répondit d’un ton neutre :
«Je pense que je comprend.Un combat contre les démons doit sûrement changer quelqu'un, cela doit revenir à combattre sa propre noirceur d'âme. Même si on triomphe, il reste quelque chose de votre ancienne vie.»

La lumière du jour était suffisante pour lire, aussi le mercenaire déplia-t-il une carte de la région.
Il la fixa au sol à l’aide de quelques cailloux.
«Nous sommes quelque part ici, proche de la haute forêt, à environ 30 miles d’Eauforte. Le voyage d’aujourd’hui nous fera traversé des plaines la plupart du temps, aussi devons nous en profiter pour couvrir un maximum de distance. Nous réveillerons les autres d’ici 3heures.»
Il ouvrir un livre à la reliure usée, renforcée par de nombreux lambeaux de cuir.
"Gardez l’œil ouvert, il me faut préparer mes sorts. Je vous laisse consulter la carte, « redoutable rôdeur »..."

Trois heures plus tard, Félis fut arraché au sommeil cher où elle se trouvait. Elle se prépara rapidement, passant de l'eau sur son visage pour se réveiller. Puis, elle s'occupa de son cheval en attendant le départ. Cependant, elle s'inquiétait un peu pour l'hermine. Et s'il ne revenait jamais à chacune de ses excursions?
Ronulf haussa les épaules et termina son tour de garde en grignotant un bout de pain et de fromage, sortis de son petit sac magique.

L'aube était magnifique et le soleil levant illuminait tout juste les cimes des arbres environnants lorsqu'ils se mirent en route. Ronulf dormait à moitié sur son poney, mais l'air pur et les grandes étendues lui faisaient un bien énorme.


- Pour une fois, c'est moi qui raconterais mes aventures lorsque je rentrerai au Théâtre des Illusions... A condition qu'il y ait de jolis combats... mais qu'est-ce que je raconte moi ! Pas de combats, surtout pas ! se murmura-t-il à lui-même.
L'hermine avait rejoint la caravane quelques kilomètres après qu'elle soit partie. On ne pouvait vraiment dire si la présence de l'animal aux côtés de la semi-dragonne effrayait ou rassurait les marchands. Une chose au moins était sure, nul ne pouvait les ignorer. Et bizarrement, lorsqu'elle était dans les environs, le silence se faisait autour d'elle, comme si, même les mercenaires les plus endurcis et les plus arrogants craignait de provoquer d'on ne sait qu'elle manière la colère d'Aërandis.
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