Au secours du Temple

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Le nain était sur le point de régler son compte au petit homme lorsque la voix de Félis lui apprit que ses camarades avaient mordu la poussière. Seul l’humain qui avait déclenché la rixe était debout, un énorme hématome à la mâchoire. Le nain lâcha sa hachette et recula vers son acolyte puis, d’un commun accord, ils prirent la fuite.

« On se retrouvera, Court-sur-patte !!!» lâcha le docker sans se retourner. Les badauds retournèrent à leurs occupations en murmurant, tandis que Court-sur-patte, le regard crâneur, toisait les restes de ses tortionnaires. Il s’adressa à Félis, un sourire jusqu’aux oreilles:
« Je savais que j’avais pris une bonne décision en négociant avec vous…»
Elle essuya son visage, puis sa faux du mieux qu'elle put. Puis, elle réajusta sa cape. Le regard qu'elle lâcha à l'halfelin était sans émotion, ni consistance.

-Tu ferais mieux d'épargner ta salive et de te dépêcher de me montrer le chemin.
Ronulf sursauta lorsque l'aubergiste bougea. Lorsque le calme revint, il constata avec amertume que la caisse qu'il pouvait distinguer sous le lit lui était inaccessible. "Cette nuit au moins" songea-t-il in peto. Mais lorsqu'il se releva doucement, son nez, relativement volumineux pour un halfelin, heurta le tiroir de la table de nuit qui s'était ouvert. Retenant un cri de douleur, Ronulf étouffa aussi un cri de joie.

La clef tant convoitée était là, sous ses yeux baignés de larmes refoulées. S'en emparant prestement, et veillant à ce que rien ne laissa supposer sa venue en ces lieux, l'halfelin sorti de la chambre et grimpa à l'étage, laissant la curiosité et l'impatience guider ses pas...
Court-sur-patte se remit en route sans un mot, continua la route menant au repaire de Jannot le Vif. Félis et lui passèrent devant une succession d’entrepôts en pierre, devant lesquels somnolaient des mercenaires payés pour surveiller les marchandises stockées. Néanmoins, au bout d’un moment, les riches entrepôts des guildes firent place à de plus modestes bâtiments, principalement des cabanes de pêcheur. La rivière scintillante, comme était surnommé le Delimbiyel, portait bien son nom car sa faune luxuriante faisait vivre de nombreuses familles. Le Halfelin stoppa devant un entrepôt servant à stocker le matériel de pêche. En bois, celui-ci comprenait visiblement un étage, au vu des fenêtres à barreaux qui garnissaient la façade.

« Nous y voilà. En principe, le Vif est de sortie toutes les nuits, sa profession oblige. Il soudoie les pêcheurs pour pouvoir loger ici et stocker le fruit de ses expéditions nocturnes.
J’ais travaillé comme informateur pour lui jadis, je sais comment entrer discrètement.»

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L’étage consistait en une succession de portes, une dizaine à vue de nez. L’une d’entre elles, indiquée par l’aubergiste comme celle de Frédéric Ripeni, portait une pancarte ornée du symbole de la ville et d’un texte. Une lanterne éclairait faiblement le couloir à l’approche de l’escalier. Les ronflements de certains pensionnaires passaient au travers des murs de bois.
En dehors de ça, aucun bruit ne venait troubler la nuit, sinon le son étouffé des pas de Ronulf.
Après avoir vérifié soigneusement qu'aucun piège ou qu'aucune alarme n'équipait la porte, Ronulf glissa la clef dans la serrure. Le petit bonhomme dû peser de tout son poids sur la poignée lorsque la porte s'ouvrit afin d'éviter à cette dernière de trop grincer, puis il la ferma doucement.

La pièce, baignée par la clarté de la lune, n'avait pas été rangée et témoignait encore du passage de l'assassin, quel qu'il fut.

Ronulf commença à inspecter soigneusement la chambre dans ses moindres recoins...
« Suivez moi, le bâtiment a une porte dérobée du coté de la rivière.». Après avoir contourné le bâtiment, Ils se retrouvèrent face à une porte munie d’un simple cadenas, que le halfelin crocheta sans mal. L’intérieur du bâtiment était plus vaste que ne le laissait deviner la façade. Un vaste espace au rez-de-chaussée abritait du matériel divers : filet de pêche, caisses fermées, poulies, chaloupes à l’abandons, cordage et une dizaine de tonneaux ouverts, remplis de sel. Le première étage consistait en fait en une large balustrade courant sur les contours de l’entrepôt, servant à manœuvrer des poulies afin de déplacer tel ou tel objet massif. Le plafond laisse voir la charpente, constituée de massives poutres, plongées dans l’obscurité, là où le reste des lieux oscillait entre ombres et lumières, selon les caprices de la lune.

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La pièce, en désordre, semblait avoir été fouillée à la hâte. Néanmoins quelque chose clochait… durant son inspection des lieux, Ronulf trouva 26 pièces de cuivre sous le matelas, ainsi que la plupart des possessions de la victime. En fait seul la bourse, l’invention et les plans de celle-ci semblaient avoir disparus. Un anneau en argent, de facture grossière avait également échappé à l’attention de l’assassin. Le lit, maculé du sang du disciple de Gond, ne révéla aucune surprise réelle.
A y regarder de plus près, nombres d’objets aillant une certaine valeur avaient été oublié lors du cambriolage. Que ce dernier soit une mise en scène ne serait pas étonnant.
Félis se méfia immédiatement de l'endroit, il était trop bien arrangé afin de pouvoir prendre par surprise les visiteurs incongrus.

-Et où cache t'il son butin? chuchota t'elle
Rassuré à l’approche de la fin de sa mission, Court-sur-patte se montra extrêmement serviable. Se dirigeant au centre de l’entrepôt, il désigna une caisse renforcée.

« J’ignore si c’est la cachette de son butin, mais c’est de là qu’il sortait notre paye pour les informa… »
Il n’eut pas le loisir de finir sa phrase qu’il fut violemment projeté en avant, s’étalant de tout son long sur le planché. Il y resta plus de temps qu’il ne lui aurait fallu pour se relever. En observant plus attentivement, Félis vit qu’un carreau d’arbalète était figé entre ses omoplates.
« La récompense des traîtres. Je déteste être doublé.»

La voix provenait de la balustrade, où un humain de taille moyenne se trouvait, un arbalète désormais vide entre les mains. Guère plus qu’une ombre, il apparu tout de même en pleine lumière lorsqu’il passa à proximité de l’une des fenêtres. Un homme d’une trentaine d’année, les cheveux noirs et un bouc impeccablement taillé, une carrure fluette et une expression arrogante dans ses attitudes. D’avantage le genre de personnage que l’on s’attend à trouver dans une école d’escrime pour jeunes nobles. Malgré cela , ses yeux ne pouvaient caché la froide détermination propre aux professionnels.

«Vous devez être la soi-disant voleuse lancée à mes trousses, je présume. Les camarades de cet avorton m’ont avertit que vous me cherchiez. Je pense que vous m’avez trouvé…».
Sur ce, jetant au loin l’arbalète désormais inutile, il enjamba d’un saut la balustrade, se réceptionnant sans mal sur une pile de caisse avant de profiter de son élan pour s’élancer à nouveau, atterrissant à 5 mètres de Félis. Dans la continuité de son mouvement, il dégaina sa rapière, la tenant dans sa main gauche, la pointant vers Félis, un sourire ironique sur les lèvres.
«…voyons maintenant si vous pouvez m’attraper»
La semi-dragonne soupira, elle savait que c'était une embuscade depuis le départ. Elle craqua de façon désagréable son cou puis ses épaules en un court étirement.

-Enchantée... Vraiment, vous les hommes me flattez énormément... Vous m'admirez tous tellement que vous ne pouvez vous empêcher d'essayer de me trancher la gorge.

Son ton était nettement plus sarcastique, avec une certaine lassitude dans ses propos.

-Je suppose que vous refuserez de répondre à mes questions.

Elle se mit en garde. Elle savait que son arme avait plus d'allonge que sa rapière, et vu l'agilité de son adversaire, il valait mieux le laisser venir et l'observer qu'attaquer bêtement. Puis, elle se chuchota à elle-même, comme une courte prière avant la bataille.

-Par les Ténèbres...
Jannot le Vif déclencha les hostilités, attaquant la rapière haute, l’abaissant en visant le cœur, utilisant seulement partiellement son allonge pour testé les réflexes de son adversaire. Comme la semi dragonne dévia sans mal son attaque, il opta pour une série de feinte rapide, agrémentée d’attaques basses, tentant d’avantage de blesser que de porter un coup fatal.
« Répondre à vos questions ? dois-je en conclure que vous ne cherchez pas à m’égorger ?»
Malgré ses paroles, il ne diminua pas la cadence de ses attaques.
Félis analysa la cadence des coups, puis su la parade... Elle bloquait ses coups hauts avec la lame et ensuite les bas avec le manche métallique dans une curieuse danse.

-Contrairement à vous et vos semblables... non... je cherche à m'informer... sur l'invention que vous avez volé, peut-être... Et restituer plans et objet à qui de droit...

Au moment où elle bloquait un coup bas avec le manche, elle pivota brutalement son arme de façon à entraîner la rapière et le désarmer.
L’arme de Jannot failli lui glissé des mains lorsque la faux pivota brutalement. Néanmoins, en bretteur qualifier, il recula d’un bon à sa gauche, tout en rabattant son arme contre lui. L’instant d’après, dépliant son bras, il effectua un large mouvement horizontal qui blessa Félis à la cuisse droite. Une simple entaille, rien de plus. la mine satisfaite, presque moqueuse.

«J’ais gagné le premier sang. Il faudra faire mieux que ça... Vous informer, disiez vous ? Vous serez bien la première chasseuse de prime à vous souciez de ma culpabilité.»
Malgrè ses paroles, une lueur d'admiration perçait dans son regard. Il n'était pas insensible à un coup ingénieux. La lame basse, il chargea, se fendant de toute son allonge, visant le flanc droit de Félis.
Les dents de la jeune femme se firent voir un instant sous la douleur furtive. Elle contre-attaqua immédiatement à son coup bas, comme un animal blessé, abaissant la lame redoutable sur sa rapière, appuyant de toute la force de son bras. Mais ce n'était qu'une feinte car, de l'autre bras, elle tira de son fourreau à manche caché, une dague de lancer qu'elle lança immédiatement. Elle se doutait qu'elle offrait une ouverture, dans ce cas, son pied lui serait utile pour faire reculer son adversaire.

-Si je gagne le combat, me réponderez vous?
La dague blessa Jannot à l’épaule, arrachant un morceau de cuir tandis qu’il reculait d’un bon. Cette guerrière avait bien plus de force que lui. S’il voulait gagné, il faudrait qu’il utilise sa vitesse à son paroxysme. Portant rapidement sa main droite à l’épaule, il fit une courte pause alors que Félis reprenait elle aussi son souffle. Il hocha la tête affirmativement.
«Si vous gagnez…»

Et sur ce, il repassa à l’attaque, lançant une attaque particulièrement vicieuse avant de l’interrompre. La rapière réapparu soudainement dans sa main droite, passant ainsi les défenses de Félis, parvenant cette fois à l’atteindre au flanc gauche. Le cuir, plus solide qu’il n’y paraissait, absorba une bonne partie de l’impact.
«Une autre surprise pour vous : je suis ambidextre»
Les rayons de la lune se reflétèrent un instant dans les yeux d'un turquoise intense de la jeune femme. Un sourire étrange sur les lèvres, Félis avait compris quel était le genre de l'adversaire... et ce serait sa plus grande faiblesse. Elle replia la faux sur son torse comme un salut, le visage tourné dans l'ombre.

-Je n'ai jamais aimée les surprises...

Soudain, elle prit son élan et appuya brutalement la lame de son arme à terre, s'appuyant dessus pour faire le bond le plus prodigieux possible. Elle passa au-dessus de son adversaire et comptait bien se servir de lui comme appui pour éviter de tomber, et lui porter occasionnellement un coup par derrière. C'est là que Jannot s'aperçut qu'elle tenait une lame entre ses dents et qu'elle s'en servirait sans nul doute lors de son saut.
De surprise, Jannot recula (et oui encore…), levant instinctivement sa rapière pour se protéger. Avec un peu de chance cette furie s’empalerait dessus. Cela ne sembla pas suffire, le saut amenant Félis bien au dessus de la garde du roublard. Lors de la descente, elle parvint à décocher un coup de dague à Jannot, lequel grimaça sous la douleur. Le coup suivant fut une attaque particulièrement sournoise qui le fit trébucher. La tactique risquée de Félis s’était avérée payante. Mais c’était sans compté sur l’extraordinaire agilité de son adversaire, qui se remit debout dans un mouvement fluide.
« Il …faut…croire que moi non plus, je n’aime guère les surprises !!»
Sur ce, il repassa à l’attaque, sa lame enchaînant les estocs, passant plusieurs fois d’une main à l’autre sans que les yeux ne puissent suivre. Il fallait qu’il en finisse vite, s’il laissait le temps à la semi dragonne, elle l’aurait à l’usure au vu des dernières blessures.
Il était beaucoup trop rapide pour elle, et le moindre coup bien visé pouvait lui être dommageable, voir mortel en vue de sa constitution. Mais c'était mal connaître Félis. Elle recula à son tour, par petits bonds et renversa les caisses d'un mouvement ample de son arme.

-J'allais oublier... mon petit nom est garce pour ceux qui m'adorent. précisa t'elle avec un ton particulièrement railleur.

Les caisses faisant obstacles à la vue des deux adversaires, elle se précipita sur le côté. Ayant retenu la position de son ennemi, elle essaya de balayer le manche de son arme au ras du sol, de façon à le renverser si possible.
Jannot esquiva les caisses sans mal, repéra un mouvement rapide à la périphérie de son champ de vision. Par réflexe, il se retourna pour faire face mais ses jambes furent fauchées malgré tout. Tandis qu’il chutait, il contracta tous ses muscles, près à agir. Au contact du sol, il donna un bref coup de rein, effectuant une roulade vers son adversaire. Sa main droite s’attarda au niveau de sa botte tandis que de sa rapière, il poussait l’arme de Félis vers haut. La seconde d’après, se redressant d’un bond à moins de 20 centimètres de la semi-dragonne, il lui planta une dague profondément dans l’aisselle du bras gauche, avant d’être projeté en arrière par la réaction de Félis. Il s’écroula parmi les débris des caisses, le souffle court, ses blessures l’empêchant de bouger.

« Votre blessure est …plutôt grave …et je m’y connais. Une chance pour …vous que je n’utilise pas de poison. Dans notre intérêt commun, je ...pense qu’il ...vaut mieux cesser ce combat.».
Toute ironie avait disparue de ses paroles alors qu’il tentait de reprendre son souffle.
« alors ? qu’en …pense tu... garce ? »
Elle retira douloureusement la dague de son aisselle avec un "Gnii" de souffrance. Félis reprit son souffle, toujours sur ses gardes, une main sur la blessure. Son front perlait de sueur, elle s'assit lourdement sur une caisse. Rien en elle n'évoquait la moindre once de féminité, ni le souvenir d'une quelconque appartenance à un stéréotype particulier.

-Oui... je pense... Même gravement blessée, je suis encore capable de riposter, gare... huf, allez vous coopérer enfin?
Sortant une fiole en verre de sous sa cape, il la déboucha à l’aide de ses dents, en but une bonne lampée et la rebouchonna.
« Pourquoi pas ? De toute façon, je n’irais pas loin dans mon état avec votre ami à fourrure dehors »
Agitant la fiole encore à moitié pleine, il la lança à Félis qui la rattrapa en vol.
« Buvez sans crainte, ce breuvage m’a remit sur pieds plus d’une fois »
Elle sniffa la bouteille, méfiante. Pourtant, elle finit par la boire. Après quelques instants où son souffle haletant se calma, elle reprit la parole.

-Est-ce bien vous qui avez tué ce disciple de Gond? Pour quel employeur auriez-vous fait cela?
« Je vais sans doute vous surprendre mais, non, je ne suis pas mêlé à cette affaire. Pas directement en tout cas. Bien que je n’hésite pas à trancher quelques gorges quand c’est nécessaire, je suis avant tout un cambrioleur, pas un assassin. Mais j’imagine que personne n’y croira.mais si vous êtes prête à entendre ma version des faits...»
Ses blessures semblaient régressées lentement, sans doute le résultat de la potion.
[HRP]Beau duel ^^[/HRP]

Ronulf inspecta l'anneau d'argent à la lueur de la lune, espérant y déceler enfin un véritable indice, ou tout du moins la marque du fabricant. Les disciples de Gond n'étaient pas vraiment riches habituellement ; en tout cas rarement pour se payer des bijoux tels que celui-ci, même si ce dernier n'était pas une merveille...

Il grappilla les pièces de cuivres et regagna sa chambre aussi doucement qu'une souris.


- Groumpf, j'espère que Félis aura plus de chance que moi...
Courbée, la main sur le haut de sa cuisse, elle fit un geste, paume vers le ciel de l'autre. Elle redressa

-Allez-y, je vous écoute.

[hrp]merchi houf : p[hrp]
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