Deux jets de petits cristaux de glace sortirent des naseaux du dragon, puis, détournant sa lourde tête, le monstre se dirigea prestement vers la carcasse du yéti. Cinq coups de mâchoires suffirent à engloutir la dépouille. Le sang ocre contrastait vivement avec la blancheur de sa robe écailleuse, mais un frottement dans la neige nettoya sa gueule aussi sûrement qu'un bon coup de chiffon.
Puis le dragon parla :
- Je suis Rauhozel’înbaach-Lôlag Rosshvâ’Chkonn, gardienne de la passe des 8000. Par la volonté de Mystra, je suis enchaînée à cette montagne, dépouillée de mon avidité et attentive aux visiteurs. La dragonne cracha un petit objet brillant aux pieds de Mariko. - Voilà ce que vous cherchiez semi-esprit. L'une des armes de celle que vous venez réclamer. Profondément enfouie dans la chair du yéti depuis son passage, elle sera heureuse de retrouver son bien. Quand à toi Scalde, tu n'as rien à craindre de moi, je ne suis pas comme ceux de ma race qui hantent ton pays depuis la nuit des temps et pourchassent vos femmes et vos enfants. Et toi, Félis Dragonnès, la multitude de sangs disparates qui coulent dans tes veines te cause bien du soucis n'est-ce pas ? Abandonnes-toi à la part de bonté qu'il y a en toi. Alors tu connaîtra la sérénité... Vos compagnons sont indemnes, mais il leur faudra de nombreuses heures pour escalader l'avalanche qui leur a coupé la route loin en-dessous. Je vous attendrais au pied de la faille, après le prochain virage. Reposez-vous, car le mal vous suit de près.
La dragonne s'éloigna rapidement des trois compagnons, laissant de larges empreintes dans la neige, et disparu au coin d'un escarpement rocheux, laissant les aventuriers seuls, transis et perplexes...
|