Recherche Mëryl Désespérément (#2)

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(Par les Ténèbres, nous allons tous finir au fond du gouffre...) se dit Félis, Aërandis commençant à devenir bien trop lourd pour qu'elle puisse le supporter longtemps.
-Mariko! Si tu as des suggestions à faire, je suis toute ouïe! Je crains que nos compagnons soient en passable difficulté pour nous venir en aide...
Mariko suait à grosses gouttes. Les poids conjugués de ses deux compagnons étaient plus qu'elle ne pouvait supporter. Sa main glissait inexorablement de la poignée d'Higesori, et la seule pensée que la corniche ait pu ensevelir Darcia, Séréna et Eleldor la plongeait dans un abîme de souffrance...

A bout de force, la semi-esprit lâcha prise, et les trois aventuriers plongèrent dans le vide !

Une ombre plongea des nuées, et deux grosses pattes griffues, couvertes d'écailles blanches et de givre agrippèrent les infortunés compagnons ; puis avec le vrombissement de ses grandes ailes membraneuses, le reptile volant regagna la corniche et déposa les corps avant de se reculer pour les fixer de ses grandes pupilles argentées...
Félis eut la tête vide devant la rapidité de la chute, puis du sauvetage. Elle contempla le dragon blanc avec un air proche de la stupidité avant de se soucier plus avant des séquelles d'Aërandis. Sur ses gardes, elle s'occupa de leur infortuné compagnon, guettant les mouvements éventuellement suspects de leur sauveur. Au fond d'elle, son coeur battait à la chamade, à la fois d'appréhension et d'excitation. Elle rencontrait enfin un dragon dont la plupart du sang coulait en ses veines. Mais elle n'ignorait pas non plus les risques qu'ils pouvaient encourir...
Aërandis repris rapidement conscience. Même s'il avait été bien sonné par le coup du yéti, ce dernier ne lui avait infligé aucune blessure grave. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il vit le visage de la tieffeline penchée au-dessus de lui. Il voulut dire quelque chose, un remerciement, ou peut-être une question. Mais les mots moururent dans sa gorge lorsqu'il aperçut le dragon blanc. Ils étaient dans un sacré pétrin. Aërandis n'était pas en état de combattre un tel adversaire, ou s'il le faisait cela serait sûrement la dernière action de sa vie d'humain.
Deux jets de petits cristaux de glace sortirent des naseaux du dragon, puis, détournant sa lourde tête, le monstre se dirigea prestement vers la carcasse du yéti. Cinq coups de mâchoires suffirent à engloutir la dépouille. Le sang ocre contrastait vivement avec la blancheur de sa robe écailleuse, mais un frottement dans la neige nettoya sa gueule aussi sûrement qu'un bon coup de chiffon.

Puis le dragon parla :


- Je suis Rauhozel’înbaach-Lôlag Rosshvâ’Chkonn, gardienne de la passe des 8000. Par la volonté de Mystra, je suis enchaînée à cette montagne, dépouillée de mon avidité et attentive aux visiteurs. La dragonne cracha un petit objet brillant aux pieds de Mariko. - Voilà ce que vous cherchiez semi-esprit. L'une des armes de celle que vous venez réclamer. Profondément enfouie dans la chair du yéti depuis son passage, elle sera heureuse de retrouver son bien. Quand à toi Scalde, tu n'as rien à craindre de moi, je ne suis pas comme ceux de ma race qui hantent ton pays depuis la nuit des temps et pourchassent vos femmes et vos enfants. Et toi, Félis Dragonnès, la multitude de sangs disparates qui coulent dans tes veines te cause bien du soucis n'est-ce pas ? Abandonnes-toi à la part de bonté qu'il y a en toi. Alors tu connaîtra la sérénité... Vos compagnons sont indemnes, mais il leur faudra de nombreuses heures pour escalader l'avalanche qui leur a coupé la route loin en-dessous. Je vous attendrais au pied de la faille, après le prochain virage. Reposez-vous, car le mal vous suit de près.

La dragonne s'éloigna rapidement des trois compagnons, laissant de larges empreintes dans la neige, et disparu au coin d'un escarpement rocheux, laissant les aventuriers seuls, transis et perplexes...
Le scalde était abasourdi, cette rencontre semblait irréelle. Il venait de parler avec un dragon blanc... Il mit quelques temps à réaliser avant de se tourner vers ses compagnons pour leur demander ce qu'ils en pensait.

-"Et maintenant, que faisons nous ? Il a bien dit que le mal nous suivait de près, quelqu'un a-t-il une idée de ce que cela peut signifier ?"

Le scalde semblait visiblement secoué par la rencontre.
La tieffeline restait dubitative, ne pouvant relever l'extraordinaire situation qu'ils venaient de vivre.

-En tout cas... si le mal nous suit, il faut déjà savoir qui il est, ce qu'il veut et le neutraliser... et surtout, agir en groupe et discrètement. Quelqu'un aurait une idée en attendant que nos compagnons puissent nous rejoindre?
Le scalde ferma doucement les yeux, puis sembla se concentrer intensément. Il commença à murmurer une douce mélopée, celle-ci s'amplifiait, s'amplifiait, avant de mourir subitement dans la gorge de l'humain. Ce dernier rouvrit les yeux, il était en nage, et son regard reflétait une grande tristesse.

-"Je n'arrive toujours pas à faire appelle à la magie du chant, je suis désolé..."
- Pas de magie ? demanda Mariko. - nous sommes peut-être dans une zone ne magie morte ? Cela expliquerai que Séréna n'ai pas pu intervenir pour nous sauver. Elle, Darcia et Eleldor vont devoir nous rejoindre à pied alors. Je suggère que nous nous reposions un peu, je n'ai pas très envie de revoir un dragon de si près tout de suite... Sur ce, elle passa le couteau de Mëryl dans sa ceinture, et rengaina Higesori, attendant les suggestions de ses compagnons.
-Déjà Sir Aërandis a besoin de repos et de soin, nous devrions nous mettre à l'abri et que quelqu'un fasse le guet pour repérer l'arrivée de nos compagnons... ou de l'ennemi.

Elle passa un bras sous celui du scalde et l'aida à se lever qu'il le voulait ou non, le soutenant et attendit la réponse de ses compagnons.
Mariko se dirigea vers un affleurement rocheux qui faisait un petit surplomb avant le virage. L'endroit offrait une protection contre le vent et une vue imprenable sur les escaliers qui serpentaient contre le flanc de la montagne.

- Nous devrions pouvoir faire du feu ici, hélas, je n'ai plus de petit bois dans mon paquetage. Et vous ?
Félis secoua la tête.

-On pourrait toujours faire un cercle de pierre et improviser du feu avec des morceaux de chiffon, à moins que Sir Aërandis en ait...
Aërandis secoua tristement la tête: "Nous ne sommes pas dans une zone de magie morte, je sens bien la présence des échos lointains du chant ici, seulement, je n'arrive plus à m'y accorder... Par contre, vous trouverez un peu de bois sec dans mon paquetage."

Aërandis n'avait pas bougé pendant tout le temps où il avait parlé. A priori, son combat contre le yéti et sa tentative pour faire appelle à la magie du chant l'avait complètement vidé de ses forces.
Mariko alluma un petit feu sous la corniche et se réchauffa les mains, impatiente de venir à bout de cette aventure, de retrouver Mëryl, de terminer sa formation avec Darcia et de connaître enfin ce si terrible ennemi qui les poursuivait depuis si longtemps sans se faire voir...
Aërandis s'était appuyé contre la paroi et commença à penser ses blessures. Il semblait triste quelque part. Plus attrister par sa propre impuissance que par la tournure que prenait les évènements. Et encore une fois, il n'avait pas été capable de remplir son rôle au sein de l'équipe, et d'après ce que ses camarades avaient dit, ou plutôt d'après ce qu'il n'avait pas dit, il avait compris qu'encore une fois il avait été sauvé par la tieffeline. Il ne comprenait décidément pas la semi-démone. Après tout, ce qu'il ne comprenait pas, s'était ce qu'il pensait d'elle, voir ce qu'il n'osait penser.

Alors qu'il s'occupait de ses propres blessures, il prenait toujours garde à cacher ses bras, du moins, autant qu'il pouvait. Car depuis leur passage dans la tour des nains, ses bras étaient marqués de longues traces noires. Ses veines avaient explosées lors de l'afflux magique, et elles se rouvraient encore régulièrement lorsqu'il forçait de trop. Il refit les larges pansements qui couvraient ses avants-bras. Puis, en évitant de trop se déplacer, il tira sa harpe à lui pour entonner un petit chant. C'était un chant triste et amer qui parlait des larmes de Séluné. Comme une plainte muette qui sortait du coeur du scalde.
Bonté... tel était le verdict du dragon. Félis regardait, morose, les champs de neige et l'horizon. Douce facilité que les mots, les actes en était il de même? Elle eut une furtive pensée pour la captive, quels terribles événements l'avaient menée là-haut? Si seulement la tieffeline pouvait se débarrasser de ses origines elfiques et démoniaques... Elle revint vers le feu et remarqua que l'humeur du barde n'était pas au beau fixe non plus. Poésie, un luxe des aventuriers délaissés par la chance, se dit elle.
Une fois réchauffée, Mariko s'éloigna de l'abri et approcha de la falaise. Loin en dessous, elle pouvait maintenant distinguer les minuscules silhouettes de Darcia, Eleldor et Séréna, toujours bloqués par l'avalanche. Leur progression était lente et difficile et la semi-esprit estima qu'il leur faudrait plusieurs jours pour les rattraper. Elle s'en retourna auprès de ses deux compagnons restant pour leur annoncer la nouvelle.

- Nos amis sont loin et leur chemin est obstrué par la neige tombée de la corniche. Il leur faudra de très nombreuses heures avant qu'ils ne nous rejoignent. D'après le dragon, le temple n'est plus très éloigné, peut-être devrions-nous avancer ?
Aërandis hocha doucement la tête: "Je pense que nos amis devraient être en mesure de faire face au danger quelqu'il soit. En attendant, allons donc voir si nous pouvons faire quelque chose pour Mëryl. Si un combat est à venir, son aide nous sera précieuse."
Félis se contenta de garder le silence. Elle hocha simplement la tête pour acquiescer Aërandis et Mariko. Elle songeait à la menace qui planait sur eux, et réfléchissait à ce qu'elle pouvait être.
Mariko imita le hochement de tête de Félis, et d'un air résolu, réajusta son manteau et se dirigea vers l'angle de la corniche. Elle déboucha sur la fin de l'escalier, coupé par un immense gouffre dont le fond était perdu dans les ténèbres. Aucun pont, pas un endroit qui puisse permettre la traversée...

Alors qu'elle cherchait le dragon des yeux, la masse blanche de l'immense reptile se détacha de la parois de la montagne qui lui faisait face, et l'énorme animal vin se poser devant elle, dans un tourbillon de neige.


- Trop de temps vous avez perdu ! Le mal est déjà passé. Par les abymes il a traversé, se frayant un chemin dans les boyaux de la terre pour ressortir il y a quelques instants par la crevasse. Traverser vous devez, si sauver le temple des 8000 vous voulez ! Montez sur mon échine, je vous aiderez...

Mariko hésita, elle jeta un coup d'oeil vers les murs du temple qu'elle pouvait apercevoir sur le sommet tout proche, puis vers ses deux compagnons restant. Alors que le doute l'assaillait, la lumière rouge d'Higesori s'alluma. L'épée réclamait du sang, le mal était à portée et le courage et l'honneur aussi. Alors, soufflant dans ses mains, elle grimpa sur le dos du dragon !
La demi-dragonne suivit Mariko, non sans sortir son cimeterre à deux mains. Malgré ses appréhensions croissantes, le plaisir du combat montait dans ses veines. Un fin sourire mauvais éclairait son visage, comme à chaque fois avant une bataille. Elle n'ignorait rien des risques mais c'était plus fort qu'elle. La hâte et la rage dictaient ses actes.
Aërandis ne savait pas quoi faire. Suivant le reste du groupe, il suivit les deux femmes sur le dos du dragon, alors qu'au même moment le doute et la peur assaillait son esprit. Le combat contre le yéti l'avait vidé de ses forces, et ses dernière tentatives d'utilisation de la magie du chant s'étaient soldées par de cuisants échecs. Il savait qu'il lui restait une solution, mais il ne pourrait l'utiliser qu'en dernier recourt... Et même s'il le faisait il n'était pas sur des résultats.

L'avenir n'avait donc rien de joyeux pour le scalde, et, c'est les tripes nouées par la peur qu'il se positionnait sur le dos du dragon blanc. Qu'est ce que l'avenir pouvait bien lui réservait, il n'en savait rien. Tout ce qui lui restait, s'était l'envie de protéger ces deux farouches guerrières. Mais en serait-il encore capable ? Serait-il encore capable de faire résonner haut et fort le chant de ceux du clan de l'hermine ? Pour lui qui était la mémoire de son peuple, saurait-il se montrer à la hauteur des hauts faits de ses ancêtres ? Il ne le savait pas... Mais il ferait tout pour.
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