Roman 2 - Chapitre 2

Répondre
Partager Rechercher
Bon, ben voici le chapitre 2 pour les aficionados de la chose. Il est frais, il est printanier, pour l'instant ce n'est pas encore trop glauque... profitez-en

Chapitre I

----------------------------------------------------------------------------------
C’était une journée idéale pour se promener en forêt. Le beau temps de ces derniers jours se maintenait, et seules les brumes matinales empêchaient encore le soleil de briller vraiment. Il y avait beaucoup de vent, comme toujours. Ce n’était pas pour rien que les villageois appelaient cet endroit la forêt hurlante. L’air s’engouffrait avec un bruit de succion dans les innombrables racines, et ressortait avec un cri plaintif, familier désormais aux oreilles des trois jeunes gens. Ces bois portaient sûrement un autre nom sur les cartes officielles, mais cela importait peu. Même Mahlin, qui avait passé de nombreuses soirées à lire des tomes de géographie et à compulser de vieilles cartes, ne se rappelait plus de son appelation réelle. Pour lui, pour eux, ça restait la forêt hurlante.
" Je n’arrive pas à croire que le maître nous ait confié tout cet argent " fit Aarel, pensif. Il tournait et retournait dans ses grosses mains une bourse de cuir, semblable à celle que Barel avait lancée à Mahlin la veille, mais bien plus rebondie encore.
" Surtout que nous ne savons même pas ce que nous devons lui rapporter. Je suis sûr que l'alchimiste va essayer de nous rouler dans la farine lorsqu'il saura que nous n'y connaissons rien" Mahlin tripota nerveusement la dague qui se balançait à sa ceinture. Il ne savait pas s’en servir, bien sûr. Il n’avait jamais appris à se battre. Mais elle avait un côté rassurant, affectueux, dès lors qu’il parvenait à oublier sa fonction première. Si jamais ils rencontraient un loup, cela pourrait lui servir, peut-être. Il en doutait.

Aarel portait à son côté la hache dont il s’était servi tant et tant pour couper le bois. Elle avait aujourd’hui un lustre nouveau, et Mahlin ne doutait pas que le colosse se soit levé aux aurores pour affûter la lame sur la meule, dans la cave. Il rectifia sa supposition avec un baillement : on était aux aurores. Maudit mage et ses maudites missions. Et s’ils rencontraient plusieurs loups ?
" Il a dit que nous saurions bien assez tôt " fit remarquer Shani avec un petit rire. " Je crois ne jamais l’avoir vu aussi nerveux. "
" Et sa nervosité t'amuse ? " grommela Aarel en enjambant une branche tombée. C’était lui qui marchait en premier, taillant le chemin là où la végétation bloquait le sentier. Il parlait sans se retourner, concentré sur sa tâche, attentif à ne pas se perdre. " Il n’y a pas là matière à plaisanter, je trouve. Tout cela risque de nous retomber dessus ; c’est toujours pareil lorsqu’il cherche des boucs émissaires. " Ses épaules se creusèrent, comme s’il redoutait un châtiment quelconque. C’était ridicule. Barel avait beaucoup de défauts, et pouvait se montrer agressif ou arrogant, mais jamais encore il n’avait levé la main sur ses élèves.
" Oui, ca me fait rire. Il finira bien par se calmer et, en attendant, nous sommes hors de sa vue. Tout est donc pour le mieux. " Shani souriait tranquillement, respirant à pleins poumons. " Mais enfin, qu’est-ce que vous avez, tous les deux, à vous morfondre ainsi ? Vous vous plaigniez assez de rester confiné dans ce manoir poussiéreux, non ? Enfin l’occasion de marcher un peu ! "
" Tu as raison " fit enfin Mahlin en lui rendant son sourire. Ils se soucieraient bien assez tôt des colères de Barel. Pour l’instant, le soleil se levait, les oiseaux se réveillaient – était-il besoin de partir si tôt ? Il avait envie de dormir ! – et toutes ces querelles paraissaient diffuses. " Oui, tu as raison. Profitons de la journée ! " Il bailla " Enfin, de la matinée… ". Très tôt, vraiment.
La forêt devenait de plus en plus touffue au fur et à mesure de l’avancée, avec de temps à autres des passages dégagés, comme si la végétation avait volontairement épargné certains endroits pour se concentrer dans d'autres. Par moments, les lianes entrelacées bloquaient totalement la route, et Aarel avait à utiliser sa hache. Un éclair d’acier suffisait habituellement à libérer la voie, deux lorsqu’il devait s’attaquer à de véritables branches. Rarement plus.
" Dire que nous avons déblayé ce chemin à la fin de l’automne " ahana Aarel alors qu’ils rencontraient un obstacle particulièrement épineux. " A croire que ces plantes n’ont jamais entendu parler de froid et d’hiver ! "
" Oui, je m’attendais moi aussi à une marche plus aisée " fit remarquer Shani, une grimace figée sur le visage.

Elle avait cessé de sourire lorsque sa robe s’était accrochée dans un buisson, une heure auparavant. Mahlin se demandait encore ce qui lui était passée par la tête pour enfiler une robe alors qu’ils devaient traverser une forêt. D’autant plus qu’elle en mettait rarement au manoir, quelques quolibets que ses habits de garçon aient attiré. Il réalisa soudain qu’elle désirait peut-être faire bonne impression au village. Après tout, ils étaient si souvent confinés entre eux dans le manoir qu’ils en avaient presque oublié que le monde ne gravitait pas autour d’eux. Que Shani se souciât de son apparence, voilà une découverte qui ne laissa pas de le surprendre. Son sourire s’agrandit alors qu’elle jurait de plus belle, les ronces lacérant l’étoffe. Cette journée allait être délicieuse.
Malgré tous leurs efforts, le soleil était déjà au zenith lorsque le sentier cessa enfin de serpenter à travers bois.
" Longue-Rivière, nous voici ! " fit Aarel avec un geste conquérant, s’effaçant pour laisser passer les deux autres.

Le sentier, une fois sorti de la forêt, bifurquait pour rejoindre une route pavée, quelques cent mètres plus bas. Et, dans le lointain, entre deux collines, se tenait leur destination. La lumière jouait sur des toits de chaumes en un brillant kaléidoscope. Le cours d’eau qui avait donné son nom à l’endroit serpentait entre les deux monts, au travers du village et de ses rues. Il prenait sa source dans les montagnes au nord… comment s’appelaient-elles, encore ? Mahlin essaya de rassembler ses souvenirs. Cela avait un lien avec une légende quelconque…Cela lui revint brusquement. Le Bastion des Ames. En aval, la rivière coulait sur des centaines de kilomètres, serpentant à travers de nombreux royaumes avant de finalement rejoindre un fleuve. Nulle part sa largeur ne dépassait une cinquantaine d’encâblures, et pourtant c’était le cours d’eau le plus étendu du Monde Connu… Tout cela, il se souvenait l’avoir vu sur une de ces vieilles cartes délavées qui traînaient dans le manoir.
Longue-Rivière n’était pas à proprement parler un grand village, mais ses maisons largement espacées le faisaient passer pour tel. La fumée des cheminées s’élevait droite dans le ciel. Pourquoi diable faire un feu durant la journée alors que la température était si douce ? Quelque chose dans ce tableau le fit froncer les sourcils.

Mahlin frissonna et resserra les pans de sa cape contre son corps. Non, on ne pouvait pas dire qu’il fasse chaud. Il faisait même plutôt froid. A vrai dire, au moment où ils étaient sortis de la forêt…
" Vous avez remarqué ? " fit-il en rabattant sa capuche sur la tête. " J’ai l’impression que la température a brusquement chuté. "
Shani lui lança un regard acéré.
" Je pensais que ce n’était qu’une impression, mais tu as raison. Il fait soudain diablement froid. "
" Le vent est tombé, également " constata Aarel.
Mahlin le regarda, les yeux écarquillés. Et puis il comprit enfin ce qui n’allait pas lorsqu’il avait regardé le village. La fumée des cheminées frémissait à peine. Non, pas le moindre souffle de vent de ce côté de la forêt.
" Je n’avais pas remarqué cela la dernière fois que nous sommes allés à Longue-Rivière. "
" Il faisait chaud, alors " observa Aarel. Il s’était mis torse nu durant leur progression à travers bois, et il remettait à présent sa tunique sans se soucier des nombreuses écorchures qu’il avait récoltées. " Le maître n’aurait eu aucun intérêt à modifier le temps lorsqu’il était si beau. "
Deux paires d’yeux convergèrent vers lui.
" Tu penses que c’est le maître qui… "
" Qui d’autre ? Vous pensez réellement que c’est un phénomène naturel ? Qu’il y ait une telle différence de température entre deux endroits situés à cinq pas de distance ? " Il recula jusqu’à la lisière des bois, et étendit le bras au maximum au travers des arbres. " On le sent bien, ici. Un vent tiède passe dans la forêt. Pas ici. "
" Tu crois vraiment qu’il est capable de faire cela ? De changer ainsi la température, je veux dire ? "
Aarel haussa les épaules.
" Je n’en sais pas plus que vous. Je ne fais que constater. "
Shani rentra dans la forêt, puis en ressortit. Pour battre autant des paupières, il fallait qu’elle fût réellement perturbée.
" Je n’aurais jamais imaginé que la magie permette de faire cela. "
" N’oublie pas que c’est un sorcier Vert " fit observer Mahlin. " Il doit être particulièrement doué pour tout ce qui touche à la nature. Je pense que c’est possible… " Il hésita. " Oui, je l’en crois capable. "
" Vous imaginez la puissance qu’il doit posséder pour englober toute la forêt dans un sortilège ? " murmura Aarel, rêveur.
Ils regardèrent les arbres avec la même expression de respect inquiet puis firent tous le signe de l'Arc-en-Ciel pour se protéger du mauvais sort.
" Parfois, je me demande ce qui a incité le maître à se retirer aussi loin du monde " fit Shani en plissant le nez. Elle posa sa main sur sa robe, à mi-chemin pour la lisser, et se redressa soudain en voyant que les deux n’observaient plus la forêt, mais elle. Ils semblaient se retenir de rire. La main hésita, puis reprit son mouvement. " Les dégâts ne sont pas irréparables, les dieux soient loués. C’est la seule robe que j’ai… "
Aarel gloussa. Le son paraissait déplacé chez lui.
" La seule robe que tu aies, et tu la mets lorsque tu sais que tu as une forêt à traverser ? "
" Elle ne me servait à rien au château " grommela Shani, les yeux baissés.
Les autres n’insistèrent pas.
" Nous avons mis plus de temps que prévu à franchir les bois. Il ne faut pas traîner. Il y en a encore pour une bonne heure de marche ! "

Il y en avait pour deux. Le froid rendait la progression désagréable. Aucun d’entre eux n’avait emporté de fourrure, ni même un simple manteau. Leurs capelines ne suffisaient pas à garder la chaleur, et ce fut d’un commun accord qu’ils accélérèrent le pas. Leur souffle, dans l’air, se condensait à peine sorti de leur bouche. Mais finalement ils arrivèrent aux premières maisons.
" Enfin ! " soupira Shani. Elle ne s’était pas plainte une seule fois de cette marche rapide, mais son soulagement, alors qu’ils entraient dans Longue-Rivière, était visible.
Il n’y avait pas beaucoup d’activité dans les rues. Quelques femmes étaient regroupées autour du lavoir, battant le linge avec énergie. Elles relevèrent la tête en les voyant arriver et se mirent à glousser entre elles. L’une d’elles, de haute taille et bâtie comme une bûcheronne, jeta un regard rapide à son linge en train de sécher, puis s’avança pour les accueillir. Elle stoppa à quelques mètres d’eux, essuyant ses mains sur son tablier.
" Par exemple, mais si ce ne sont pas les jeunes du manoir ? Mais oui, c’est bien eux ! Toi, mon garçon " elle désigna Aarel d’un geste rapide " on peut dire que tu ne passes pas inaperçu, avec ta tête dans les nuages ! Mais regardez-moi ce qu’il est grand ! Aarel, c’est ça ? Et vous devez être Shani et Mahlin, c’est bien cela ? " Elle ne prit pas la peine d’attendre une confirmation avant de hocher la tête et de continuer. " Oui, il me semblait bien. Un trio comme le vôtre, cela ne s’oublie pas dans la journée, je peux vous le dire ! Mais vos visites sont si rares, c’est tout de même dommage. Vous n’allez pas me dire qu’un peu de marche vous fait peur ? " Elle avisa soudain la robe de Shani, et ses yeux s’écarquillèrent. " Dieu du Foyer, mais regardez-moi ça ! Mais qu’est-ce que tu as fait subir à cette pauvre robe, ma fille ? On croirait que tu es passée dans un buisson de ronces ! Ce ne sont tout de même pas ces jeunes gens qui t’auraient joué un mauvais tour, non ? Ce serait bien ton genre, Mahlin.. Oh, ne prends pas cet air innocent, la petite Betingel parle encore du moment où tu l’as jetée dans la rivière ! Tu lui as fait une forte impression, on peut le dire ! Tombée amoureuse et malade, le même jour ! Non, les dieux savent que je t’aime bien, mon garçon, mais tu n’es vraiment pas fréquentable. Mais regarde ce que tu as fait à la robe de ton amie ! Tu l’as mise pour Toni Broadhelm, ma chérie ? Je ne crois pas qu’il soit là en ce moment, mais…" Soudain, elle parut se rendre compte qu’elle ne cessait de parler, et s’arrêta au prix d’un effort visible. " Mais je discute, je discute, je suppose que vous avez faim ? Oui, c’est sûr ! Venez, je vous accompagne à l’auberge. "

Le trio, qui avait subi le flot de paroles sans ciller, réagit soudain à cette dernière phrase. La marche et le froid les avaient affamés.
" Merci, dame Maud " fit Mahlin en s’inclinant courtoisement. Betingel ? La fillette avec les grandes tresses ? " Je dois dire que nous mourons de faim. Et un bon feu nous ferait du bien également. Nous… "
" Pour ma robe… " commença Shani au même moment, tâchant de rétablir un semblant de vérité. Mais la brave femme ne la laissa pas placer un mot.
" Froid ? Mais bien sûr que vous devez avoir froid, mes pauvres petits ! Non mais regardez donc comment vous êtes habillés ! Je n’avais pas remarqué ! Mais vous voulez donc attrapper la mort ? Se promener ainsi en hiver, il faut vraiment être fou… Mais venez, venez ! Mon mari a dû faire un bon feu "
Tout en parlant, elle agrippa Aarel par le bras et commença à le traîner vers l’auberge. Les autres suivirent, trop heureux d’échapper au froid. Les femmes, au lavoir, observaient la petite procession avec des rires clairs. Le jeune colosse attirait plus que sa part de regards, mais Mahlin n’était pas non plus oublié. Et les regards qui glissaient sur Shani se faisaient calculateurs. Heureusement, l’auberge n’était pas bien loin. Une enseigne de bois à la peinture écaillée proclamait Au Fil de l’Eau.
" Entrez, entrez ! Je vais vous apporter de quoi manger ! Ermhar, Ermhar, où es-tu, vieil incapable ? "
La porte claqua alors qu’elle rentrait d’un pas impérieux. Les gens qu’on ne trouvait pas dans les rues s’étaient visiblement réunis ici à en juger par le monde qui se pressait dans la salle commune. Partout les gens buvaient et discutaient. Certains fumaient de cet excellent tabac qui poussait à flanc de colline, et l’odeur douceâtre en était venue à parfumer la salle. Tous les regards se tournèrent vers eux alors qu’ils rentraient. Une vingtaine de paires d’yeux, curieux et scrutateurs. Puis tous retournèrent à leur boisson, à leur pipe, à leur conversation.
"Ermhar ! Que les vingt-sept vents t’emportent, où diable as-tu disparu ? "
" J’arrive, j’arrive ! "
La voix venait du sol, et était étouffée par l’épaisseur du plancher. Quelques secondes plus tard, on entendit des cliquetis, et une latte fut soulevée et posée de côté. La tête de l’aubergiste apparut. Il cligna des yeux.
" Tiens donc, cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ces oiseaux-là par ici ! " Tout en parlant, il sortit de la cave à la force des bras. Les deux bouteilles de vin qu’il portait dans les mains rendaient l’opération délicate, mais ses gestes étaient le fruit d’une longue habitude. " Donnez-moi une seconde, et je suis à vous ! Une seconde, pas plus. J’ai deux personnes à servir… une seconde.. "

Sans cesser de marmonner, l’aubergiste se dirigea d’un pas traînant vers une des tables de son établissement. Mahlin le regarda s’attabler avec les deux clients, deux paysans à en juger par leurs vêtements, et dissimula un sourire. Ermhar aimait autant parler que sa femme, et ne serait certainement pas de retour avant de bonnes minutes. Mais c’était bien le seul point sur lequel il ressemblait à sa douce moitié, constata-t-il comme à chaque fois qu’il venait au village. Cela ne laissait pas de l’étonner. Ermhar était un petit bonhomme sec et nerveux, fin comme un sabre, au visage secoué de tics. Le fait que dame Maud ne parvienne pas à l’engraisser malgré tous ses efforts était un sujet de plaisanterie courant.
Contrairement à ses prévisions, l’aubergiste revint réellement rapidement. Il s’essuya lui aussi les mains sur son tablier, et leur sourit chaleureusement.
" On se demandait ce que vous deveniez, vous autres, les gars du manoir. Et la donzelle, pareil. On se demandait. Vous savez ce que c’est, un village, on parle, on parle… c’est Toni Broadhelm qui va être content de te voir, Shani… dis moi, est-ce que tu n’aurais pas grandi ? Tu n’es plus une petite fille maintenant… enfin, je veux dire, tu n’en étais déjà plus une il y a six mois, mais… "
" Cesse donc de jacasser comme une pie et donne-leur de quoi manger " interrompit dame Maud. " Ces pauvres enfants ont marché des heures sans rien avaler. Dans le froid, avec ces vêtements ! Si ce n’est pas malheureux… "
" Comment donc ? Habillés ainsi ? Mais venez, venez, rapprochez-vous du feu ! "
La cheminée de l’auberge était un modèle du genre. Assez grande pour y faire rôtir un b½uf entier, elle abritait pour l’instant un feu ronflant. La chaleur dispensée était très agréable.
" Nous ne savons comment vous remercier " fit Aarel, embarassé. " Je veux dire, tout ce que vous faites pour nous… "
" Faire quoi ? Vous êtes morts de froid, vous pensez que je vais vous fermer la porte au nez ? Vous croyez donc qu’Ermhar n’a pas de c½ur ? " L’aubergiste tenta sans succès de prendre un air menaçant, mais ne réussit qu’à paraître ridicule. Il rit. " Votre Seigneur me paye bien, ca, je peux le dire ! Ne vous inquiétez pas, il y a toujours une place dans mon auberge pour les gens du coin, oui ! Pas comme ces étrangers, qui se croient tout permis ! " Il cracha sur le sol, puis sursauta et regarda nerveusement autour de lui si sa femme était par ici. Heureusement pour lui, dame Maud était allée récupérer son linge.
" Des étrangers ? " fit Shani en tendant ses bras vers les flammes. " Que viendraient-ils chercher par ici ? "
L’aubergiste alla pour parler, puis se ravisa.
" Ce ne sont pas des choses à discuter avec l’estomac vide, allez. Attendez-moi quelques minutes, je vous amène de quoi vous restaurer " Il fit quelques pas en direction de sa cuisine, puis fit volte-face avec un clin d’½il malicieux.
" Mais ne croyez pas que vous vous débarasserez de moi aussi facilement ! Je compte bien avoir des nouvelles du manoir, et du Seigneur Barel ! " Et sur ces mots, il disparut enfin.

Le trio se regarda un moment, avant d’éclater de rire.
" En quelques mois, j’avais presque oublié combien cette auberge était remarquable " rit Mahlin. La chaleur remontait doucement dans son corps engourdi.
" Comme tu avais presque oublié Betingel, hmm ? " fit Shani en lui pinçant le bras.
" Aie ! Arrête tout de suite ! Mais non, je ne l’ai pas oubliée… Je… enfin bon, nous ne sommes pas là pour discuter de cela, si ? Que fait-on ? Avec tout cela, je n’ai pas eu l’occasion de demander à dame Maud si l’alchimiste était toujours au même endroit. "
" Pourquoi ne le serait-il pas ? " fit Aarel, sincèrement surpris. " De plus, je pense que poser une telle question à dame Maud serait lui offrir bien trop d’occasions de raconter sa vie. "
" Tu exagères… " sourit Shani. " Elle n’est pas si commère que cela… " Même elle ne paraissait pas vraiment convaincue par ce qu’elle disait.
" Si tu le dis… mais je me rappelle encore les avertissements qu’elle nous a donnés la dernière fois au sujet de cet alchimiste. Comme quoi il frayait avec les démons, et autres balivernes. Elle a une sainte horreur de la magie… "
Mahlin gloussa.
" Si seulement elle savait… "
" Mais elle ne sait pas. Pour elle, Barel est un grand seigneur, et je m’en voudrai de bouleverser son quotidien en lui révélant la vérité. "
" La vérité ? Quelle vérité ? Il est atteint de la vérole ? "
Sans qu’aucun ne l’ait vu approcher, l’aubergiste était de nouveau parmi eux. Il portait dans ses bras maigres de lourdes assiettes remplies d’un gigôt fumant. L’odeur suffit à faire saliver le groupe.
" Non " rit Shani avec un air insouciant, " rien d’aussi grave ! Nous disions juste que le seigneur Barel avait déjà une femme, et que les qualités de marieuse de dame Maud ne pourraient s’appliquer ici. "
" Marié ? Le seigneur Barel ? Mais je ne l’ai jamais su ! " fit Ermhar, les yeux brillants. " Racontez-moi cela ! "
Les assiettes passèrent de ses bras à la table. Décidément, cela sentait bon. L’estomac d’Aarel se mit à gronder.
" Ahh, je suis vraiment désolé ! " fit l’aubergiste avec une moue navrée. " Vous avez bien mieux à faire pour l’instant que de raconter des histoires à un vieil homme ! Mangez, mangez, il sera bien temps de parler après ! "

Sans attendre d’invitation, il approcha une chaise. Shani regarda un instant son assiette, hésitante, puis commença à manger, arrachant la viande à délicats coups de dents. Aarel et Mahlin ne furent pas long à la rejoindre. C’était délicieux ! Un goût de venaison qu’ils expérimentaient bien peu dans le manoir, où la viande provenait des divers élevages du Maître.
" J’espère que cela vous plaît " observa Ermhar. " Ma femme parle beaucoup, mais c’est vraiment une très bonne cuisinière ! Et je ne me plains pas de mon apprenti, non plus… un brave garçon, un peu empoté, mais il y met de la bonne volonté. Vous savez… "
" Vous avez parlé d’étrangers ? " coupa Mahlin entre deux bouchées. Le jus lui coulait sur le menton, et il l’essuya d’un revers de main. Dieu du Foyer, que c’était bon !
" Des étrangers ? Ah, oui, les étrangers. Une belle idée, que j’ai eue, de vous en parler. Moi et ma stupide langue. Maud me dit toujours que je parle avant de réfléchir. Je n’ose pas lui faire remarquer qu’elle-même… mais oui, j’y viens, j’y viens. Attendez-moi une seconde. " Il se leva, et revint rapidement avec un pichet de vin à la main. Il s’en versa un verre et but une gorgée. " Oui, ils sont venus il y a deux jours. Des Traqueurs, comme ils s’appellent. Comme je vous le dis. Un nom bizarre, vous ne trouvez pas ? Ce sont ces mages des universités, là-bas dans les villes, qui recherchent les charlatans, ceux qui se prétendent sorciers sans avoir suivi une formation et obtenu un Sceau, vous savez ? Enfin, je dois dire que moi-même, je ne comprends pas grand chose à leurs affaires. Surtout qu’on se demande vraiment qui ils pourraient bien débusquer ici, puisque nous n’avons pas de mages, eh ? " Il rit. " Enfin, nous avons bien Pietr, notre alchimiste, mais ce bon à rien préfère boire du vin plutôt que ses mixtures infâmes. Remarquez, il n’est pas méchant, pas le genre de sorcier à avoir le mauvais ½il, et toutes ces choses-là… Et puis, il faut bien dire que ses remèdes marchent parfois. Non, c’est un brave homme, même s’il a tendance à boire trop. Alors, vous voulez savoir ce qu’on leur a répondu ? "
Les trois acquiescèrent d’un même mouvement. Ils ne savaient pas qu’il existait de tels Traqueurs, mais à bien y réfléchir, cela paraissait logique. Eux-mêmes, lorsque leur formation serait terminée, iraient s’affilier à l’Ordre de leur prédilection. Les mages étaient des gens tellement différents des autres, et comment en serait-il autrement quand les volcans pouvaient se réveiller sur l’un de leurs caprices ?.
" ‘Il n’y a pas plus de sorcier ici que de boue sur vos bottes’, voilà ce qu’on leur a répondu ! Et si vous voyiez leurs bottes et leur uniforme impeccable, vous comprendriez pourquoi on leur a dit ça ! Mais ça ne leur a pas plu, vous savez. Ils disent qu’ils sont le " bras armé de la justice ", ou une autre bêtise comme cela. Enfin, je ne sais pas pour vous, mais je les ai vraiment trouvés déplaisants. Et ils n’ont pas apprécié mon vin. " L’expression amère de l’aubergiste montrait clairement l’affront qu’il avait ressenti. " Ils ont dit qu'il était convenable pour un village, vous entendez ? Convenable ? Alors que je reçois parfois des habitants de Bois-Rouge ici, qui veulent en ramener chez eux. Et vous savez ce que je leur réponds ? Non, je leur dis. Non, ce vin ne bougera pas d’ici. Si vous voulez en boire, il faut venir dans mon auberge ! Et ces moins-que-rien qui arrivent d’on ne sait où, qui vous regardent comme si vous sentiez le purin, et qui dénigrent mon vin ? J’ai essayé, pourtant, j’ai essayé de les mettre à l’aise, de leur sourire, vous comprenez ! C’est mon travail, après tout, tout le monde n’est pas aussi agréable que vous… Eh bien, ils m’ont dit que je parlais trop, et que je les empêchais de réfléchir. Qu’ils avaient à discuter entre eux, et que je ferais mieux de m’occuper de mes clients ! Non, mais quelle audace ? Dame Maud était prête à les jeter dehors. Vous savez comment elle est… Mais je… tenez, les voilà ! "

Les assiettes étaient finies depuis un bon moment, posées sur un coin de la table. Les trois jeunes gens écoutaient avec attention, digérant lentement. Mais au geste de l’aubergiste, leurs yeux se braquèrent sur l’escalier.
Neuf hommes descendaient à la queue-leu-leu dans un chatoiement de couleurs. Deux d'entre eux semblaient être des mages. L’un portait une robe blanche, l’autre une violette. Une corde était nouée autour de leur taille en guise de ceinture. L’homme en violet, en plus de sa toge, était drapé dans un manteau au capuchon relevé sur sa tête, de sorte que la lumière des torches glissait sur lui sans jamais révéler son visage. Le capuchon se tourna vers les trois jeunes gens, et Mahlin sentit un frisson le parcourir, sans raison apparente. Avec effort, il détacha son regard des sorciers pour observer les autres étrangers.
Ceux-ci n’étaient certainement pas des sorciers, plutôt des soldats. Tous portaient cotte de mailles, cape blanche et bottes blanches. Mais leurs tuniques étaient toutes dissemblables, arborant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Rouge, Orange, Jaune, Vert, Bleu, Indigo, Violet. Une épée se balançait à leur ceinture, dans des fourreaux blancs. Ils étaient aussi différents de visage qu’ils étaient semblables dans leur habillement, mais tous arboraient la même expression fermée, le même rictus de condescendance polie. Leurs mains gantées effleuraient parfois le pommeau de leur épée, comme par mégarde. Ils semblaient prêts à dégainer à la moindre menace, prêts à bondir alors même qu’ils se positionnaient en demi-cercle autour du mage en robe blanche. Leurs yeux, inquisiteurs, passaient et repassaient sur les fermiers présents, comme pour évaluer la menace potentielle qu’ils pouvaient représenter. Mahlin grimaça. C’était une véritable petite armée qui venait de s’installer à Longue-Rivière.
Neuf paires de bottes claquèrent sur le parquet de l’auberge. Effectivement, aucune boue ne les souillait, malgré le long voyage qu’ils avaient sûrement dû effectuer. Cette propreté, c’était le point commun entre ces hommes. Cela, et l’air de suffisance intolérable qui s’affichait sur leur visage. L’homme en blanc fit un signe, et les autres s’arrêterent. Il se détacha du groupe pour marcher vers l’aubergiste. Il était de taille normale, mais l’autorité qui émanait de lui le faisait paraître plus grand. C’était un mage, dans une campagne reculée où sa seule présence devait inspirer le respect et la terreur. Ses cheveux étaient courts, impeccablement coupés, et ses yeux brillaient dans la lumière des torches.

" Nous allons explorer la région " fit sobrement le Traqueur. " Voici pour vous. "
Il produisit une bourse de bonne taille, l’ouvrit et en tira une poignée de pièces brillantes. L’aubergiste, son sourire habituel remplacé par une grimace obséquieuse, s’inclina bien bas et l’argent changea de main. Mahlin remarqua la réticence masquée d’Erham à toucher la main du mage, comme s’il avait craint de se salir. La même expression de dégoût méprisant traversa fugitivement le visage de l’homme en blanc.
" Gardez-nous les chambres pour deux jours encore. Nous restons un peu dans la région. "
" Bien, messire "
Erhmar s’inclina de nouveau, puis regarda ce que l’homme lui avait donné. Il lâcha une exclamation de surprise, puis son sourire cauteleux revint.
" Messire, c’est bien plus que ce que je vous ai demandé ! "
" La moitié seulement paie nos chambres. Le reste sert à acheter quelques renseignements " Le regard de l’homme en blanc se posa lentement sur chacun des consommateurs ; tous paraissaient soudain très occupés à boire ou jouer. " Je sais comment les choses vont, dans ces petits villages de campagne. Vous êtes tous en cheville avec vos… vos ‘soigneurs’. A moins que vous les appeliez des ‘rebouteux ‘? " L’homme sourit, un sourire froid qui jamais n’atteignit ses yeux. " Quoi qu’il en soit, je veux des informations sur eux. Les gens étranges, ceux qui sortent dans les bois la nuit, ceux qui entendent des voix. Ceux qui guérissent les blessures, et ceux qui se font payer pour cela. Je veux tout savoir. Tout. " Il s’arrêta un instant. Au pied de l’escalier, les guerriers observaient une immobilité de statue, si ce n’était pour leurs yeux qui bougeaient en tout sens, à l'affût du moindre danger. Mahlin frissonna lorsque ces regards impavides se posèrent sur lui. Shani et Aarel avaient le visage fermé. Le mage violet s’était détourné et l’ennui transparaissait dans l’affaissement de ses épaules. " Je crois savoir que vous avez un alchimiste, dans les environs ? "

Il se tut. Un silence de mort tomba sur la salle.
" Il faut que j’aille planter quelques graines " grommela un fermier, dans un coin de la pièce. Il se leva et quitta l’auberge d’un pas précipité. Sur le pas de la porte, il se retourna pour en héler un autre.
" Tu viens, Jonas ? "
Le dénommé Jonas eut un sourire d’excuse qui exprimait bien trop de soulagement, et lui aussi se hâta hors du bâtiment.
" C’est la fin de l’hiver, il y a des tâches qui n’attendent pas. Moi-même… " constata un autre à haute voix. Des murmures lui répondirent. Bientôt, la salle fut vide de ses clients habituels. Aucun des Traqueurs n’avait bougé. L’homme en blanc leva un sourcil amusé.
" Il semblerait que beaucoup de vos clients aient peur de nous. Il n’y a aucune raison. Nous ne sommes agressif qu’envers nos ennemis. Ceux qui se mettent en travers de notre route, ou… " sa voix devint caressante " … qui nous cachent quelque chose. "
L’aubergiste se redressa. Il n’y avait plus trace de son sourire obséquieux, et encore moins de sa gaieté habituelle. Il regarda les pièces, dans sa main, et compta soigneusement. Quelques-unes atterrirent dans sa poche. Les autres, les plus nombreuses, il les repoussa sur la table.
" Reprenez votre argent. Ce ne serait pas honnête de me payer pour rien. Je n’ai pas vos renseignements. Je ne connais pas d’alchimiste par ici. Ou de rebouteux. Ou de sorcière, ou de vampire, ou de démon. Maintenant, je vous souhaite une bonne journée, mais je doute que vous trouviez quoi que ce soit par ici. Nous sommes un village paisible, dans une région paisible. "
L’homme en blanc hocha la tête, l’air pensif. Il ne fit pas un geste vers l’argent repoussé vers lui.
" Souhaitons-le, aubergiste, souhaitons-le. Pour le village, et pour vous. Bon après-midi. "

Il leva la main en un salut martial, et les autres Traqueurs lui emboîtèrent le pas pour sortir de l’auberge, dans le même ordre que tout à l’heure. Le mage violet fut plus lent à suivre, mais il partit enfin. Erhmar les suivit du regard, et resta un instant sans parler, écoutant le martèlement des bottes s’éloigner dans l’air vif. Puis il cracha par terre. Cette fois, il ne prit pas la peine de chercher son épouse du regard.
" Et ils sont comme cela depuis hier. Puant l’arrogance et la richesse, nous regardant de haut comme si nous étions des moins que rien. Non, mais vous l’avez entendu ? A me demander de trahir mes amis pour.. pour de l’argent ! "
Il donna un coup de poing sur la table, et de l’or scintilla alors que les pièces s’éparpillaient sur le sol. Il ne leur jeta pas un regard. De la sueur coulait sur son visage, qui pouvait être dûe, en partie, à la chaleur dégagée par la cheminée. Et en partie par le regard glacial qu’il avait dû affronter.
" On ne peut pas dire que vous arriviez au meilleur moment, mes pauvres " fit-il en grimaçant. " Je crains bien que ces neuf là nous causent des problèmes. Mais que voulez-vous que j’y fasse ? Je ne crois pas que je puisse me permettre de leur refuser mon toit ; ils ont l’air décidés… damnés mages ! Si seulement l’empereur voulait bien tous les faire pendre !" Il eut un sursaut en réalisant ce qu’il venait de lire, et jeta un regard inquiet vers la porte.
" Et…et Pietr ? " souffla Shani. Ce ne fut qu’à ce moment que Mahlin réalisa que lui aussi ne respirait plus depuis quelques secondes.
L’ aubergiste hocha la tête.
" Je ne me fais pas trop de souci, c’est un vieux roublard. Quelqu’un doit déjà l’avoir prévenu, il a dû se cacher dans un de ses nombreux repaires. Non, ce qui m’inquiète vraiment, c’est les langues trop agiles de certains de nos fermiers… Mais oubliez que je vous ai dit cela. " Au prix d’un violent effort, il fit réapparaitre son sourire. " Mieux vaut parler d’autre chose. Ces hommes ne méritent pas une conversation. Vous restez, ce soir, oui ? J’ai une bonne nouvelle pour vous ! "
" C’est que… " fit Aarel, hésitant.
Il était normalement prévu qu’ils prennent rapidement commande chez l’alchimiste, puis qu’ils reviennent à la nuit au manoir. Mais les choses étaient désormais plus compliquées. Il était inutile d’espérer retrouver Pietr ce soir. Certainement, maître Barel serait compréhensif s’ils expliquaient la situation. Et puis, ressortir par ce froid…
" Oui, nous restons " trancha Mahlin. Shani parut sur le point de dire quelque chose, puis se ravisa.
" Parfait ! Vous ne pourrez hélas pas dormir à l’auberge, à cause de ces damnés Traqueurs, mais je doute que vous ayez apprécié leur proximité de toute manière. Mais je suis sûr que vous trouverez facilement à loger chez les uns et les autres. " Il eut un sourire malicieux. " Oh oui, j’en suis sûr ! Mais je ne vous ai pas encore dit la bonne nouvelle ! Vous aurez la chance d’entendre un barde, un vrai, ce soir ! "
Les trois se mirent aussitôt à parler en même temps, mais ce fut Aarel qui réussit à s’imposer avec sa voix de basse.
" Un barde, un vrai ? Ici ? "
Il se rendit compte au moment où les mots sortaient, qu’il avait peut-être l’air trop dédaigneux, mais l’aubergiste ne le prit pas en mauvaise part.
" Oui, ici. C’est décidément la semaine des étrangers ! Il est arrivé ce matin, luth en bandoulière. M’a proposé de jouer ici ce soir contre un repas et un lit, pensez si j’ai accepté ! Je ne sais pas ce que cela va donner, mais ce village a connu bien trop peu de distractions ces derniers temps. Et ces Traqueurs rendent le monde nerveux, j’aurais été prêt à payer bien plus pour redonner le sourire à Longue-Rivière. " Il eut un gloussement. " Et puis, bien sûr, les villages voisins ont été avertis, du moins je l’espère. Bois-Rouge, tout au moins. Je suis prêt à parier que certains vont faire le voyage rien que pour ça. Et pour mon vin, bien sûr ! Ohhh, je sens que la soirée va être bonne ! "
Il rit de contentement, et rit de plus belle en voyant trois paires d’yeux émerveillés. Un barde ! C’était si rare, par ici. La soirée s’annonçait bien.
Citation :
Publié par Jean Pignon
Des carrés remplacent chaque apostrophe, et certain point d'exclamation et peut être d'autre chose.
les oe-liés

faut pas faire un copy/paste depuis word greugreu, ca passe pas

Citation :
C’était une journée idéale pour se promener en forêt
Et tout le texte est plein de carrés comme cette phrase
Citation :
Publié par Masklinn
les oe-liés

faut pas faire un copy/paste depuis word greugreu, ca passe pas


Et tout le texte est plein de carrés comme cette phrase
Mais je ne vois pas de carrés dans la phrase que tu viens de copier, moi...

Bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c'est bizarre...
y a plus de carré, j'imprime, je lit et j'édite

(je mettrai mon doc word mis en forme prêt a l'impression en dispo qqpart pour ceux qui ont la flemme)

ah l'impression est finie je reviens



edit : mmh ca commence a prendre forme, il est louche ce mago...
<repense au Nom de la Rose avec l'Inquisition>
Post
Je ne sais pas - quand je poste du bureau, il semble y avoir un problème, alors que le même copier/coller fait chez moi n'en pose aucun.

C'est peut-être une question d'ancienneté, l'ordi sur lequel je bosse est une daube infâme avec NT dessus... sinon, je ne vois pas.

A ce sujet, le chapitre 3 est prêt mais je n'ai pas la moindre idée de comment faire pour vous le poster de manière lisible...
Ce chapitre m'a moins emballé que le précédant... je sais, pas, je n'étais pas de l'humeur je pense... pourtant j'accroche toujours autant ton style... bref, chais pas ...


avis a chaud :

L’air s’engouffrait avec un bruit de succion dans les innombrables racines,

Un bruit de succion ?
Je vois pas trop comment il fait, le vent… tu m’éclaire ?


Que Shani se souciât de son apparence, voilà une découverte qui ne laissa pas de le surprendre.

Je ne comprend pas la fin de la phrase… ?


Vala vala
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés