Tout ça me rappelle une fable de la fontaine...vous chantiez ? et bien ...dansez maintenant
Plus sérieusement, étant entouré d'amis étudiants éternels approchant la trentaine, disposant d'une pompe à fric parentale et titulaires d'au moins 2 licences et 3 DEA (un scientifique pour assurer les arrières, un littéraire pour rattraper le temps perdu et un de philo pour faire le flambi sur les forums) je suis assez d'accord avec toi GB.
Petite nuance tout de même: je ne connais pas de d'environnement d'études supérieures qui prépare correctement ses étudiants aux réalités de la vie en entreprise, sauf médecine peut être mais les études sont inextricablement liées à la vie professionnelle par l'internat. Quelque soit leur domaine, les études ont toute en commun la culture d'un certain idéal de curiosité intellectuelle, de travail "pour soi" et d'enrichissement personnel. Je pense qu'au long de tes études de commerce, aussi pénible que tu aies pu trouver ces foutus modules de stat-éco, tu as tout de même pu élargir ta culture en droit, tout comme au long d'un cursus d'ingénieur tu peux t'investir à fond dans la construction d'un robot ou d'une fusée (c'est un exemple, je ne veux pas caricaturer)
Pendant les études on apprend. Et malgré les stages parfois obligatoires on ne prend pas forcément conscience de ce qui vient après. pendant 40 ans.
Parce le monde du travail c'est la production d'argent. C'est même la définition de l'entreprise. Si on t'apprend des trucs c'est pour produire plus efficacement. Si on te masse au boulot et qu'on envoie du parfum à ta femme c'est pour que tu te sentes bien avec ta boite pour produire plus. Si on te propose de travailler à domicile c'est pour travailler plus. Et ça, ça passe devant tout le reste. Une courbe d'apprentissage ne peut plus durer 5 ou 10 ans comme des études. Qques semaines tout au plus et basta. Et la production amène la répétitivité, la contrainte, et pour qui a une vie privée, l'ennui aussi.
Pour moi
c'est cette différence de fond qui fait que le passage des études au monde professionnel est violent. Au sens métaphysique du terme. On ne parle plus de 5 ans de vie dorée d'étudiant à faire des projets sans lendemain. On parle de 40 ans minimum à assumer un choix de vie qui se profile dès la 2nde et qu'on ne maitrise pas forcément. Quand on rentre dans le tunnel, on n'en voit pas le bout mais on sait qu'à la sortie on aura perdu cette richesse qui file inéluctablement: la jeunesse.
Que des secteurs se bouchent subitement, soit. Mais il est notoire que de longues études en socio ou en philo mènent à 2 choses en plus du chômage: l'enseignement, ou la noble profession de femme au foyer. Le premier nécessite de petites exigences pour un métier qui peut être un calvaire s'il n'était pas une vocation, le 2eme nécessite un conjoint ou des parents aisés. Dans un cas comme dans l'autre, je pense que le choix s'effectue en toute connaissance de cause dès la fin du lycée, et qu'il est fortement lié à un appui financier des parents. Pour simplifier le fils de paysan brillant il va directement choisir des études qui rapportent (Bourdieu,
les héritiers)
Et tout ça rejoint un peu ce que Caepolla disait sur le fil de philo: de tout temps les philosophes ont été ceux qui étaient dégagé des contraintes bassement matérielles de ce monde. Et personnellement ça se vérifie systématiquement autour de moi. Tant que les parents ne coupent pas le robinet pas question de ne pas en profiter. Des films comme Tanguy sont le reflet d'une angoisse adolescente déchirée entre envie de quitter le cocon et refusant de sauter le pas dans la vie professionnelle. Il ne manque plus que Fautvoir pour nous donner les us & coutumes du siècle dernier
Les plaindre ? nope. D'une part parce que mes camarades savent bien qu'ils vont en baver à l'insertion dans la vie active et se dirigent effectivement vers des boulots de profs, et d'autre part parce que je sais que quelque soit leur branche ils seront rattrapés tot ou tard par...la productivité. Qu'ils rêvent encore un peu...
Khro