Broc - Albion - Vide

 
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J’erre dans notre zone frontière, je venait guerroyer par ici afin de m’endurcir un peu, espérant ainsi devenir plus efficace face à nos ennemis. On peu défendre farouchement à la fois la terre, et notre mère nature. D’ailleurs elle même n’est pas faite que de compassion. Bref, après quelques tentatives infructueuses en Château Sauvage de trouver un petit groupe de combat qui accepterait ma présence, je décide de me risquer seule au cœur de ces terres hostiles que je ne connaît pas.

Je ne saurait dire pourquoi, ni dans quel but je pris quand même la route du nord, espérant on ne sait quoi, seule face au moindre danger. Peut être que je cherchait un choc, un affrontement qui réveillerait en moi ce je ne sait quoi qui semble dormir, cet étrange contenu d’un être, qui enfin le rend heureux. Chercher une once, un espoir de vie plus rayonnante dans cet endroit si inhospitalier, voilà bien une de mes idées saugrenues.

Je suivait la route pourtant, en plein centre, comme voulant inconsciemment provoquer le destin qui ne venait pas à moi. Mon regard, bien loin de guetter les sous bois et les bosquets, se laissait aller a baguenauder sur la moindre couleur de l’hiver. Par ici une feuille rouge, habillée par l’automne qui lui donne cette robe si magnifique. Par là le vert de ce roncier, résistant et protégé par ces épines, comme pour prévenir de sa mauvaise humeur.

Plus j’avançait, plus je laissait s’offrir à moi ces visions si anodines de la nature, et en même temps si belles. En route je croisait quelques forts dont j’oubliait le nom en quelques instants à peine. D’une route claire et balisée, j’en suivait une désormais imaginaire, tracée dans mon esprit comme une faille au creux de la terre, laissant entrevoir le fond des entrailles, le fond de l’âme. Ainsi donc, personne, même sur cette route ou pourtant j’espérait croiser … quoi, j’était bien incapable de le dire.

Quoi qu’il en soit, après de longues heures de marche au hasard des détours d’un arbre ou d’une crevasse, je me retrouvait au bord d’un petit lac. L’eau semblait si calme et me renvoyait sans fard l’image d’une jeune femme perdue, le regard ne se posant sur rien, presque aussi transparente que l’onde claire qui renvoyait son image. Je décide alors de m’asseoir un instant, pas pour me reposer, je n’était pas fatiguée, non, juste comme ça, peut être simplement pour profiter de cet instant de réalité qui s’offrait à moi crûment.

J’était le regard vide, fixant l’eau limpide bien plus que cette image qui la couvrait, cette image tellement crainte finalement. Quelques minutes passèrent, sans bruit, sans rien que le vide qui m’habitait. Et puis soudain … ma vision devint floue, ou bien le miroir de l’eau peut être, mais l’image changea doucement, et un visage familier m’apparu.

<< Grand Mère >>

Je ne pu retenir les mots qui s’échappèrent de ma bouche comme l’air dénué de vie que l’on rejette au loin. La surprise réelle, moins que le plaisir de revoir cette image si chère à mon cœur, me fit incliner la tête légèrement, le poids de l’incompréhension. Elle me regardait tendrement, posant un doigt sur sa bouche me signifiant de me taire. Je restait là, immobile, sans plus d étonnement de voir la femme qui m’éleva dans l’esprit de Mère. Et je restait silencieuse devant elle.

<< Ecoute Sydouce, écoute ce que te conte le vent à tes oreilles >>

Voilà bien longtemps que je n’avait entendu ce surnom qu’elle me donna dans ma plus tendre enfance. Sydouce, voilà bien un étrange surnom pour une fille comme moi. Mais c’était grand-mère, il ne me serait jamais venu à l’idée de lui faire la remarque. L’image dans l’onde se mit alors à souffler, comme pour pousser l’eau qui semblait recouvrir sa bouche, et je remarquait d’un coup le vent qui sifflait à mes oreilles. Il portait une voix douce et mélancolique, sa voix.

<<
Tu est triste et te crois vide de savoir donner,
N’écoute pas la vie qui te voile ton propre cœur,
Depuis longtemps déjà, la route tu connaît,
Tu sais bien qu’au bout rien ne meurt.

Tu est triste et te crois vide d’amour à recevoir,
N’entend tu pas les cris autour de toi, dans le noir,
Il est difficile d’être ce que l’on sait, de l’assumer,
Bien dur de progresser dans cette vie d’embûches parsemées.

Tu à compris pourtant pourquoi tu ressent les choses,
Pourquoi ton univers semble toujours si morose,
Ce n’est pas simple parfois de recevoir sans vouloir,
Ni de renvoyer par les mots sans ombres ni fard.

Tu peut croire à un don, ou bien une lourde peine,
Tu peut croire que tu paye un sombre passé,
Mais de tous les miroirs tu possède celui des reines,
Celui qui toujours renvoi la vérité.
>>

Je suis toujours là, immobile, écoutant ce que je ne suit sure d’entendre, regardant ce que je ne suis sure de voir, un instant plongée dans le froid de cette eau aux milles reflets, un instant gelée par la froideur de la réalité. Cette image de l’être aimé souffle encore quelques mots, les derniers.

<<
Un jour il entendra ton cri, un jour il sentira la chaleur de ton amour, jamais ne désespère devant la rage et le sang, et tu saura quand il sera là, le bon moment.
>>

Un coup de vent glacial vint aussitôt briser cette image sortant du renouveau. Un oiseau pousse un cri au dessus de ma tête. Je lui sourit. A peine remise de cette vision … incertaine, je reprend la route vers le nord. Pour m’apercevoir que j’était juste à coté de la Forteresse de Snowdonia. Ainsi donc mon errance n’a pas suffit, il me faudra encore et encore affronter la vie.

Mais malgré tout l’espoir que je porte, comprendra t’il un jour, … cet amour.

C’est encore plus perturbée et rêveuse qu’au départ que je prend par réflexe un cheval pour la capitale.
 

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